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Voyage de Béotie, p. 317.

dans les deux piéces pour placer le corps; il eft travaillé à
l'outil, & n'a pas tout-à-fait un pied de profondeur à
l'endroit du plus grand vuide. Les piéces ainfi évui-
dées, n'ont guère que deux pouces fix lignes d'épaiffeur;
mais aux deux extrémités cette épaiffeur eft de quatre
pouces huit lignes, & la piéce de devant a été taillée de
maniére qu'il peut y avoir affez d'espace par le bas pour
recevoir les pieds de la mumie. Ces deux pièces, le deffus
& le deffous font affemblées & jointes enfemble par fix
tenons du même bois, trois de chaque côté, encaîtrées
dans des mortoises faites pour les recevoir. La longueur
totale du creux deftiné pour recevoir le corps, n'a que
cinq pieds. Les bandelettes faifoient une augmentation
affez confidérable, & à l'égard de la réduction que
le
defféchement caufoit au corps, elle ne diminuoit jamais
rien de la hauteur des fquélétes; d'où je conclurois prefque
que cette caiffe a été deftinée pour une femme. J'avoue
qu'il fe trouve des hommes d'une auffi petite ftature; mais
le plus grand nombre des caiffes & des mumies que l'on a
examiné dans l'Europe, nous apprend que les mieux tra-
vaillées & celles qu'on recherche davantage, ont été
préparées pour des femmes ; c'eft en effet le fentiment de
plufieurs de ceux qui en ont écrit. Les peintures dont cette
caiffe a été ornée font prefque toutes effacées, principa-
lement fur le devant, où il ne refte qu'un peu de dorure
& du bleu fur une épaule, & cette dorure n'a été faite
qu'avec du cuivre. On voit encore fur la partie de derriére
des ornemens peints en noir für un fond verd, fans aucune
forte d'hieroglyphe. Enfin les vers commencent à la percer,
& nous aurions grand besoin dans ce pays de l'onguent
que
Paufanias dit que l'on faifoit à Chéronée avec des
rofes, & qui défendoit le bois des vers & de la pourriture.

No. II.

N°. II.

JE pofféde deux figures femblables à celle que j'ai fait graver fous le N°. II. la plus haute a treize pouces, l'autre n'en a que douze, fans compter une emboëture d'un pouce qui fervoit à les enclaver l'une & l'autre fur quelque planche, & à les faire tenir droites. Leurs peintures & leurs dorures se diftinguent encore fort aifément; mais elles ont quelques différences, foit dans la diftribution des mêmes couleurs, foit dans le deffein des ornemens. Enfin elles font également maffives & d'un feul morceau : aussi je me fuis contenté d'en rapporter une. Nous avons vû plus haut que les Egyptiens plaçoient par magnificence, ou plûtôt par superstition, plus ou moins de ces fortes de petites représentations autour des grands Seigneurs & des gens riches. Il y en a une de cette espéce deffinée & placée à la tête de chacune des principales figures, dans le tombeau que Maillet a fait graver.

N°. III.

CETTE tête, qui conjointement avec une des figures précédentes, m'a été envoyée d'Egypte par M. de Lironcour, eft un mafque qui, fuivant l'ufage des Egyptiens, avoit été mis à plat fur les bandelettes qui couvroient le visage d'un mort. Il eft de bois de fycomore, haut de cinq pouces quatre lignes, plat fur le derriére, & convexe dans la partie antérieure. La sculpture en eft auffi mauvaise la peinture; ni l'une ni l'autre ne fuppofe de goût pour ces beaux Arts.

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que

le bœuf

Il n'y a rien de plus célébre en Egypte que Apis, & rien de plus fingulier que les marques qui le caractérisoient. Elien a prétend qu'elles étoient au nombre de vingt-neuf, mais il ne les fpécifie point. Hérodote dit

F

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fimplement que cet animal étoit noir, à l'exception d'une tache blanche & quarrée qu'il avoit fur le front; il ajoûte qu'on lui voyoit un aigle empreint fur le dos, un escarbot à la langue, & des poils doubles à la queue. Ces traits fuffifent pour faire juger que la figure gravée dans cette Planche, représente le boeuf Apis.

No. I. II. III. & IV.

CETTE figure eft de bronze, & elle a quatre pouces fix lignes de hauteur, & fix pouces de longueur. Elle a été fondue d'un feul jet. Je puis affûrer qu'elle eft d'un beau travail, & qu'elle ne peut être mieux confervée dans toutes fes parties, à la réferve des cornes de l'animal qui font caffées, & de l'ornement qui étoit entre ces deux cornes. Le corps eft couvert d'une houffe richement brodée. On voit au N°. IV. fur le garrot, dont je donne le développement, un scarabée volant, fur la croupe un aigle dont les aîles font éployées ; un très-beau collier N°. III. & fur le front, ou le devant de la tête, qui eft deffinée féparément & de face au N°. II. un Delta, ou plûtôt un triangle bien marqué.

Je vais examiner ces caractères diftinctifs, & les éclaircir autant que je le pourrai, en les rapportant aux témoignages des anciens Auteurs.

1 Dans les représentations du boeuf Apis que j'ai examinées en plufieurs cabinets, ou qui ont été publiées, cet animal eft prefque toûjours couvert d'une houffe. C'eft une preuve qu'il avoit cet ornement lorsqu'on le faifoit paroître en public. L'aigle que l'on voit fur fa croupe, eft à la place que lui affigne Hérodote; mais l'efcarbot, qui, fuivant les Hiftoriens, fe trouve dans la bouche du boeuf Apis, eft ici représenté fur le garrot. La feule raifon que l'on puiffe donner de cette différence, c'eft que l'Artifte n'ayant pas voulu que ce fymbole fût caché, au lieu de le mettre dans la bouche de l'animal, a pris le parti de le reporter dans

Marc. lib.22.c.13.

un lieu où il fût visible,&où il pût être placé avec fymmétrie par rapport à l'aigle. Pline & Ammien Marcellin difent Lib.8.c.46. Amm. que le boeuf Apis avoit au côté droit une figure du croiffant de la Lune; & c'eft ainsi qu'il eft représenté fur les médailles d'Hadrien & d'Antonin le Pieux, frappées en Egypte, & fur un marbre confervé dans le cabinet d'Odefcachi. Ce T. II. pl. 98. fymbole ne paroît point ici, apparemment parce qu'il est caché fous la houffe; & d'ailleurs on y fupplée en plaçant le disque de la Lune entre les cornes de l'animal'; car il faut obferver en premier lieu, qu'on voit fur la tête de celui-ci les traces d'un autre corps, indépendantes de la racine des cornes qui fubfifte encore : & en fecond lieu, que prefque toutes les figures du boeuf Apis qui font ornées de houffes, ont en même temps le difque de la Lune fur da tête. Il n'eft donc pas vraisemblable que l'on eût négligé d'enrichir celui-ci de cet ornement néceffaire, d'autant plus que les Egyptiens admettoient peu de variété dans les chofes qu'ils avoient une fois reçues. Le difque de la Lune que l'on voit entre les cornes de celui-ci, étoit argenté & très-poli; ce qui joint à la couleur noire du bœuf, produifoit un effet brillant & majestueux. Il s'accordoit d'ailleurs avec la tache blanche que celui que j'explique avoit fur le front. Hérodote dit que cette tache étoit quarrée; mais je crois qu'il s'eft gliffé une faute de Copistes dans le texte de cet Hiftorien, & qu'au lieu de dire que cette tache étoit quarrée, il faut dire qu'elle étoit triangulaire. La différence des mots Grecs qui expriment ces deux idées eft fi peu fenfible, que je ne crois pas cette correction trop hazardée; (a) elle est appuyée fur deux raisons : la premiére eft que toutes les figures du boeuf Apis que j'ai vûes, ont fur le front un triangle simplement tracé par des lignes quelquefois incruftées d'argent, ou

(a) Voici le paffage d'Hérodote. Εὼν μέλας, ἐπὶ μὲν τῷ μετώπῳ λευκὸν Πετράγωνον, ἐπὶ ἢ τῶ νώτε αετὸν

tinaoo.A la place de ces deux mots
λευκὸν τετράγωνο»,on peut lire λευκόν
Τι τρίγανον.

f. 56.

formées par une feuille du même métal qui rempliffoit la totalité du triangle. C'eft en effet la tache blanche dont parle Hérodote : & il eft certain que dans ces fortes d'occafions, les monumens font les meilleurs commentaires des Hiftoriens. La feconde raison eft tirée de la De lfid. & Ofirid. théologie des Egyptiens. Plutarque nous apprend qu'ils comparoient la nature divine à un triangle rectangle, dont un des côtés repréfentoit l'intelligence; le fecond la matiére, & le troifiéme l'ordre qui réfultoit du concours de l'intelligence avec la matiére. Le bœuf Apis étant, felon le même fyftême, le fymbole d'Ofiris ; & Ofiris n'étant pas diftingué de cette intelligence qui avoit fécondé la matiére, & qui, conjointement avec elle, avoit produit l'ordre rien n'étoit plus fimple que de réunir ces grandes idées dans le bœuf Apis, & de placer fur fon front ce triangle mystérieux, plûtôt qu'une tache quarrée, dont la forme n'a aucun rapport connu avec les points fondamen taux de la théologie Egyptienne.

PLANCHES XIII. & XIV.

N. I.

LE Sphinx de bronze que l'on voit dans cette Planche, ne fçauroit être mieux confervé, eû égard à la longue fuite d'années qui se font écoulées depuis le temps qui l'a vû faire; s'il n'y manquoit quelques doigts, principalement à la main gauche, il feroit dans tout fon entier. Il a dans fa plus grande longueur un pied quatre pouces huit lignes: fept pouces depuis le fommet de la tête jusqu'à l'endroit fur lequel il pofe, & trois pouces trois lignes de hauteur à la croupe. L'intention de l'ouvrier a été de le fondre creux, les feuls bras font massifs; mais en faisant fon noyau & les cires, il paroît s'être peu foucié que le bronze fût par-tout d'une égale épaiffeur, puifqu'en certains endroits il a jusqu'à dix lignes, & que dans d'autres il n'en a que cinq.

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