Imágenes de páginas
PDF
EPUB

N°. IV.

Je dois à M. Pignon, ci-devant Conful au Caire, cette brique ou morceau de terre cuite, portant sept pouces en quarré. La terre en eft blanche, ainfi que celle des morceaux précédens; mais elle eft d'un grain plus fin, & d'un travail plus délicat. Quoiqu'on n'y remarque pas un bon goût de deffein, elle a pourtant quelque chofe de grand : en forte que le temps qu'on a employé à conduire cette tête d'Ifis à ce degré de perfection, fait naître l'idée d'un peuple qui aimoit ce qu'il faifoit, & qui croyoit ne pouvoir apporter trop de foin aux ouvrages qui fortoient de fes mains. Les matiéres les plus communes, comme les plus précieuses, étoient travaillées avec la même attention & la même propreté. La tête d'Ifis eft ici représentée avec la dépouille d'une poule de Numidie. C'eft une coëffure particulière aux Reines d'Egypte, & qui avoit quelque chofe de magnifique.

PLANCHE XVI.

N. I.

La fingularité de ce petit bronze le rend précieux. C'eft un finge représenté à mi-corps, & fortant d'une plante dont la tige forme une gaîne. Son maintien grave & férieux feroit naître l'idée d'un badinage malin, fi l'on pouvoit foupçonner les Egyptiens d'en avoir jamais fait, furtout en matiére de culte. La forme du capot dont il eft habillé, & dont la tête eft recouverte, fe trouve fur d'autres monumens du même pays. La gaîne qui porte cette figure eft terminée par une pate d'oifeau qui me paroît moderne, & ajoûtée pour rendre le morceau plus ftable, n'imaginant pas que celui qui a fait joindre ce pied à la gaîne ait eû deffein de rendre la figure plus recommendable. S'il a voulu le faire paffer pour un attribut de la figure. &

augmenter la curiofité de ceux qui le verroient, il devoit
le mieux exécuter, c'eft-à-dire, le traiter dans le goût des
Egyptiens. Comment ce fauffaire, si c'en est un, n'a-t-il
pas pensé que cette addition étoit contre l'ufage de ces
peuples, qui n'ont jamais fait pofer leurs figures fur un
pareil pied? & vraisemblablement celle-ci, avant que
d'être altérée, n'en avoit point; elle étoit destinée
être placée à l'extrémité de quelque bâton, & portée à la
main dans les proceffions, comme je l'ai déja fait observer
lorfque j'ai décrit la petite figure d'Horus, rapportée fous
le N°. I. de la Planche IX.

No. II.

pour

lib. 2. c. 8,

Ce petit bronze extrêmement rare & bien confervé, a un pouce & quelques lignes de hauteur. Il représente un Cercopithéque accroupi, & tenant de ses mains ou de fes pates une table chargée d'hieroglyphes. Ce Cercopithéque eft une efpéce de finge, qui ne diffère du Cynocéphale Arift. Hift. anim dont j'ai parlé plus haut, Pl. IX. N°. I. qu'en ce que ce dernier eft plus gros & plus fauvage, & que fa tête approche plus de celle du chien. La table Ifiaque préfente plus d'une fois le Cercopithéque dans la même attitude qu'on lui voit ici; mais il n'y tient pas cette table chargée d'hieroglyphes. N°. III.

Ce petit Sphinx de bronze dont la hauteur eft de vingt lignes, & la longueur de quatorze, eft affez bien confervé quant à la forme générale; mais les détails ont un peu fouffert. On diftingue feulement un retable chargé d'hiéroglyphes & attaché fur fa poitrine. Je crois qu'il avoit fur la tête une fleur de lotus. Cette figure eft affife, tandis que celles de cette espéce font ordinairement couchées ; & les attributs dont elle eft ornée m'ont paru mériter quelque

attention.

PLANCHE XVII.

No. I. & II.

CE morceau de bronze a dans la totalité de fa longueur neuf pouces trois lignes, & dans fon quarré deux pouces quatre lignes. L'une de fes extrémités fe termine par une faillie en contrehaut, ou par un talon dont une des carnes eft abattue en chamfrain; & à cette même extrémité eft une ouverture quarrée qui paroît avoir été faite pour recevoir un autre corps pareillement quarré qui entroit dans celui-ci, & s'emboëtoit avec lui; car cette ouverture donne entrée à un canal exactement rond, qui regne intérieurement dans toute la longueur du bronze que je décris, & qui eft formé avec tant de régularité, qu'on s'apperçoit bien qu'il n'a pu avoir d'autre destination. S'il m'eft donc permis de hazarder là-deffus quelque conjecture, je penfe que ce morceau de bronze étoit une efpéce de tenon, qui retenoit un morceau de bois ou d'une autre matiére dans quelque piéce d'affemblage. Le talon qui eft à fon extrémité étoit fait pour le mieux affujettir; peut-être auffi fervoit-il à fermer un tuyau. J'avoue néanmoins que la méchanique n'en eft pas trop aifée à concevoir. Ce qui me détermine à penfer ainfi, c'eft que les Egyptiens, en mémoire de ce que l'inondation du Nil arrivoit dans le temps que le Soleil parcouroit le figne du Lion, étoient, à ce qu'on affûre, dans l'usage de terminer par des têtes de lion, les tubes & les autres conduites qui portoient l'eau dans leurs bains, & le vin dans leurs preffoirs; c'està-dire, que ces tubes & ces conduites étoient fermés à leur orifice par des clefs dont la tête étoit en forme de lion, & dans ce cas, ce feroit ici une de ces clefs. La tête de lion qui eft fur celle-ci eft du plus grand caractère; on ne fçauroit en admirer affez l'excellent goût & la grande maniére. C'est un ouvrage fait dans le temps où les Arts

étoient en Egypte dans toute leur fplendeur. Quelque foin que le deffinateur que j'ai employé ait apporté pour en faire fentir toute la beauté, je dois avertir qu'il n'y a réussi que très-imparfaitement. Je la donne dans deux afpects, on la voit de profil & jointe avec le corps, auquel elle tient au N°. I. elle se montre de face au No. II.

No. III.

JE joins à ce morceau le deffein d'une pierre gravée en creux fur une cornaline un peu pâle, mais fort brillante. Son travail & le goût de fon deffein ne peuvent entrer en aucune comparaison avec l'ouvrage du même genre, que j'ai rapporté à la Planche VI. N°. IV. Cet Egyptien ou ce Prêtre, car il me paroît avoir une efpéce de voile fur la tête, y porte auffi un ornement ou une plante que la vraisemblance & l'habitude nous feront regarder comme des feuilles de lotus. D'ailleurs la petiteffe du volume empêche d'en décider fûrement, mais la figure eft placée dans un fort petit bateau, très-peu proportionné à la grandeur de l'homme. Les ornemens qui le terminent à la pouppe & à la proue, ne reffemblent point à ceux que j'ai rapportés dans la Planche IX. au No. II. ce qui prouve qu'ils n'étoient point particuliérement confacrés, & que la forme en étoit arbitraire. Quoique la chose ne mérite guère d'être rapportée, un de ces ornemens étoit appellé (a) acroftolium par les Romains.

(a) L'Acroftole étoit la partie la plus que les Vénitiens mettent à la proue de élevée de l'ornement de la proue, ap- leurs gondoles. L'ornement de la pellé séaos. Il étoit fait en croc, & on pouppe étoit appellé en Grecqλ×501, peut le comparer aux fers polis & tran- & en Latin aplustre. chans en maniére de cou de canard,

[ocr errors]

PLANCHE XVIII.

N°. I. & II.

Ces deux Cylindres ont été trouvés en Egypte. Celui du N°. I. est d'un très-beau lapis lazzuli, fort riche en couleur; il a un pouce il a un pouce de hauteur, & huit lignes de diamétre. Le N°. II. a quinze lignes dans fa hauteur, & six lignes de diamétre; & la pierre de ce dernier morceau est une efpéce de jafpe d'un verd jaunâtre qui n'a aucun attrait. L'un & l'autre de ces Cylindres est chargé de figures & de caractères qui font gravés en creux, & qui regnent dans tout leur pourtour. On les trouvera développés audeffous de chaque Cylindre. Le travail en eft des plus uniformes, furtout celui du Cylindre rapporté fous le N°. II. & ce dernier a même été effacé par le temps en quelques endroits : mais ce n'eft pas feulement le genre du travail qui rend ces deux monumens très-difficiles à expliquer, c'est la nature même des fujets qui jette fur chacun tant d'obfcurité, que je n'aurai que des doutes à propofer. Ce que je puis affirmer avec plus de vérité, c'eft que l'un & l'autre font des efpéces d'amulettes qu'on fufpendoit au cou par le moyen d'un cordon. Ils font percés de part en part, & il n'en faut pas davantage pour ma conjecture. Ce que je puis avancer encore avec quelqu'apparence de Diod. Sic. lib. 2. certitude, c'eft qu'ils ont été faits à l'usage des Perfes. Les Amm.Marc./.23. figures représentées fur le N°. I. ont des robes longues, flottantes, & femblables à celles que les Auteurs attribuent à cet ancien peuple. Les bandes qui bordent ces robes rappellent l'idée des couleurs vives & différentes dont elles étoient effectivement ornées. L'habillement de la figure la plus voifine des caractères hiéroglyphiques, femble avoir un vêtement hériffé de poils, & pourroit bien être cette forte de robe que les Perfes connoiffoient fous le nom de caunacas. Indépendamment de ces rapports,

Juftin. lib. 12.

Diod. Sic. l. 6.

Ælian. de anim. 1.5. c. 21.

Schol. in Vefp. Arifto, h.

[ocr errors]
« AnteriorContinuar »