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P. 316.
Athen. l. 4.

Tite-Live, lib. 7.
Tert. de spect. c. 2.
Ath. 1. 4. p. 153.
Id. c. 15. p. 700.
Supl. à Dempfter,

p. 103.

étoient propres. Quelques traits répandus dans les Auteurs que nous avons, prouvent que ce peuple étoit courageux, qu'il étoit puiffant, & qu'il eut pendant un temps l'empire Diod. Sic. l. 5. de la mer. Le luxe dans la fuite diminua confidérablement fes forces, l'énerva même, & le prépara par dégrés au joug des Gaulois & des Romains. Il étoit fuperftitieux à l'excès, toûjours occupé à tirer des préfages du vol des oifeaux, ou à étudier la volonté des Dieux dans les entrailles des victimes. Il fe livroit avec paffion aux jeux, & aux fpectacles, qui faifoient partie de fa Religion, & qu'il enfanglanta le premier par les combats de Gladiateurs. Cependant il aima les Arts, & les cultiva avec fuccès. M. Buonarotti a cru qu'il en devoit la connoiffance aux Egyptiens, & a conjecturé de-là que les Etrufques defcendoient de cet ancien peuple. Quoique cela foit incertain, il faut avouer qu'il n'eft pas difficile de fçavoir quel L. 18. p. 806. pays a été la fource & le berceau des Arts. Strabon dit que les murs des temples Egyptiens étoient ornés d'ouvrages de fculpture, femblables aux plus anciens ouvrages des Grecs & à ceux des Etrufques. Ajoutez à ce témoignage que ces deux Nations ont également été dans l'usage de représenter fur leurs monumens des gryphons & des lions aîlés, & de graver des infcriptions fur les statues mêmes; & Pline, . 36. c.13. que les pyramides élevées fur le tombeau de Porfenna ne permettent pas de douter qu'il y ait eû un commerce réci proque entre les Egyptiens & les Etrufques. On ne peut en fixer l'époque : mais il remonte fans doute à des temps fort reculés. Ce qu'il y a de fûr, c'eft que les Etrufques s'écartérent du goût & des ufages qu'ils avoient d'abord reçûs. Ils eurent dans leur Religion des cérémonies particuliéres, & dans leurs Arts des pratiques que les Egyptiens n'avoient pas connues; auffi leurs monumens qui fe trouvent poftérieurs à ce changement, n'ont rien confervé de la maniére Egyptienne. Le goût & les ufages des Grecs ont auffi yarié: & fi nous ne lifions dans l'hiftoire l'origine

& les progrès des connoiffances qui les font admirer de la poftérité, leur commerce avec les Egyptiens feroit encore plus douteux que celui des Etrufques avec ce même peuple. Mais comment chez les Etrufques, qui ont emprunté tant d'usages des Egyptiens, ne trouve-t-on aucune trace des embaumemens & des cérémonies introduites pour honorer la mémoire des morts? Elles n'ont pas apparemment été reçûes en Etrurie. Ce qui femble condamner l'opinion de ceux qui croient que les Etrufques ont été une Colonie Egyptienne : car les nouveaux peuples ont toûjours confervé les principaux ufages de ceux à qui ils devoient leur origine.

Après ces réflexions générales, je vais dire quelque chofe de chacun des Arts cultivés par les Etrufques, & dont il nous refte de belles productions fur des monumens fans nombre. Un Ordre d'Architecture fut inventé en Etrurie dans le même temps que les Grecs convinrent de s'affujettir aux quatre Ordres qu'ils nous ont laiffés. Une pareille invention eft le fruit d'un talent décidé pour l'Architecture; elle ne peut s'établir que par une longue fucceffion de temps; & pour la mettre en vogue, il faut conftruire beaucoup d'édifices fuperbes, où elle foit heureusement exécutée. Quelque brillante qu'ait donc été la réputation de celui qui inventa l'Ordre dont je parle, il est à préfumer qu'il n'a été reçû de toute la Nation qu'après qu'on en a eû remarqué l'effet. D'où il eft aifé de conclure que les Etrufques avoient l'intelligence néceffaire pour perfectionner l'Architecture, & que leur goût les portoit à élever des bâtimens réguliers.

Tous les monumens rapportés par les Auteurs modernes qui ont écrit fur cette Nation, tels que Dempfter, Buonarotti, Gori, & l'Académie de Cortone, prouvent que les Etrufques connoiffoient toutes les parties de la Sculpture, & même la gravûre des pierres. Rien n'eft plus capable de confirmer ce qu'ils ont avancé, qu'un paffage de Pline, où L. 34. 6. 7.

cet Hiftorien affûre qu'il y avoit deux mille ftatues à Bolfena : & dans le même chapitre il parle d'une statue d'Apollon haute de cinquante pieds. Enfin les Anciens & les Modernes font mention d'une quantité considérable d'ouvrages de sculpture qu'on voyoit dans l'Etrurie : & je ne doute pas que les uns & les autres n'aient été frappés de la beauté de ces monumens. Cependant ils ont négligé le détail de ce qui en fait le mérite. Ils auroient dû, par exemple, paffer moins légérement fur le travail exquis des vafes, en relever l'élégance & la variété, & faire fentir les agrémens de la maniére dont ils font traités. En effet, quelle pureté ne remarque-t-on pas dans leurs formes? quelle fageffe dans quelques-uns de leurs ornemens courans ! quelle légéreté dans le travail de la terre! quelle jufteffe dans la pofition de leurs anfes! Toutes ces parties où regne un goût formé par le vrai, font trop fouvent répétées, pour qu'on puiffe les attribuer au hazard. Les Etrufques n'auroient pas produit tant de morceaux inimitables, fans une connoiffance parfaite de l'Art, jointe aux plus heureuses difpofitions naturelles; en forte que tout ce qui eft forti de leurs mains a un caractère original qu'on ne fçauroit confondre avec aucun autre.

Quoiqu'il ne nous refte point de monumens de leur peinture, il eft certain que cet Art leur fut connu, & qu'ils le mirent fréquemment en pratique. Les opérations les plus fimples préparent ordinairement aux plus compofées; & puifqu'il y avoit parmi eux d'habiles Graveurs, & de célébres Sculpteurs, on doit croire qu'ils excelloient auffi dans la peinture. Les deffeins que nous voyons fur leurs vafes & fur la plus grande partie de leur poterie de Voyez l'expli- terre, font exécutés de maniére à être en quelque forte cation de ce tra- inaltérables. Il est vrai qu'ils ne nous offrent tout au plus que trois ou quatre couleurs, & qu'ils ne nous font naître que l'idée d'une peinture mise à plat, & fans aucune dégradation; mais ils prouvent que la peinture étoit pratiquée

vail,

N. 1.

Pl. XXIX.

en

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En Etrurie, felon l'ufage ordinaire aux autres Nations: car il faut pofféder un Art, en connoître à fond toutes les finesses & toutes les parties, pour en représenter l'effet au Spectateur, non-feulement par un moyen équivalent, mais encore convenable à la matiére que l'on emploie, & dont les différences sont si grandes, qu'elles exigent des opérations abfolument oppofées. Telles font les réflexions que l'on fait fur ce travail, après avoir examiné avec attention les ouvrages de terre cuite qui nous viennent des Etrufques.

On ne peut donc refufer à ce peuple un goût für & décidé pour les Arts. 11 fuffit, pour s'en convaincre, d'observer la variété & la différence les que temps ont mifes dans leurs maniéres de deffiner, mais plus encore l'habitude ancienne & conftante où ils étoient de manier la terre, de travailler le marbre, & de fondre & retoucher les métaux. Je remarquerai en finiffant qu'Arimnus, un de leurs Rois, jugea à propos d'envoyer fon throne au temple de Jupiter Olympien, & qu'il fut le premier des étrangers qui se distingua par une pareille offrande.

PLANCHE

XXVII.

N°. I.

Paul. Voyage d'Elid. 4.5.c. 126

XCVII.

CETTE figure de bronze dont la hauteur eft de quatre pouces cinq lignes, a fur la tête une efpéce de capot, & une fimple tunique couvre la moitié de fon corps. M.Gori Muf. Etru en a fait graver une dont le capot eft prolongé de chaque côté, & dont la tunique defcend jufqu'aux talons. Comme ce vêtement étoit propre aux gens de la campagne, il conjecture que ce bronze repréfentoit la Divinité qui préfidoit à leurs travaux. Celui que je pofféde eft d'une très-haute antiquité : la groffiéreté de l'ouvrage & le mauvais goût de l'Artifte en font une preuve évidente. Je l'ai fait deffiner fous trois afpects, pour faire mieux fentir

L

la bizarrerie de fon ajustement. Sa plinte très-mince & fondue avec la figure eft percée de trois trous, felon la fuperftition des Etrufques, dont on verra l'explication plus bas.

No. II.

CETTE figure d'Hercule haute de fix pouces & une ligne eft très-bien confervée. Il ne manque à ce bronze que les attributs qu'elle tenoit dans fes mains. Quoique de la même fabrique que la précédente, elle eft d'un travail moins ancien. J'en ai une autre qui n'a que que deux pouces de hauteur: & le cabinet du Roi en conferve deux ou trois qui préfentent peu de différences; mais aucune ne reffemble aux quatre que l'on voit dans le Museum Etrufcum, Planche LXX.

PLANCHE XXVIII.

N°. I.

La rudeffe du deffein fait juger que cette figure a été faite 'dans l'enfance de l'Art: mais la fonte en est d'une beauté digne des plus grands Maîtres. On ignoroit la maniére d'exprimer les plis des drapperies; & au lieu des ornemens dont on auroit voulu enrichir celles-ci, on fe contentoit d'y fuppléer par des points, comme nous en voyons dans ce bronze. Il me paroît une des plus anciennes figures que nous ayons des Etrufques. La féparation des bras & des pieds, une forte d'action & de mouvement qu'on obferve dans la figure, les points même qui marquent les plis & les ornemens, le goût du deffein & le caractère de la tête & de la coëffure, tout en un mot n'a que des rapports très-éloignés avec les Egyptiens. Je croirois donc que cette figure & celles qui lui reffemblent ont précédé le commerce des Etrufques avec l'Egypte. Ce bronze a cinq pouces cinq lignes de haut. Il femble représenter une Divinité qui doit être mise au rang des plus anciennes que l'on voit dans le

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