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les regardoient comme des amulettes, & qu'en les fufpendant au cou, ils avoient encore la liberté d'en tirer des empreintes, quand ils vouloient appofer leur cachet.

Je donnai cette belle pierre à M. le Comte de Thoms, lorfqu'il fit fon dernier voyage de Paris : elle a, fans doute, eu le même fort que les autres antiques qui compofoient fon cabinet.

PLANCHE XX X I.

N°. I.

PARMI les différentes danfes en usage chez les Etrufques, il y en avoit une où l'on étoit armé de toutes piéces, & qui entroit dans les cérémonies de la Religion. Mrs. Buonarotti & Gori en ont rapporté plufieurs preuves tirées des monumens; & celui que je produis en fournit une nouvelle. C'est une figure de bronze dont la tête eft couverte d'un cafque, la poitrine d'une cuiraffe, & les jambes de bottines. Ĉette armure femble ne convenir que pour le combat: mais l'attitude de la figure annonce des difpofitions plus pacifiques. Si l'on fait attention que fon vifage frais & riant ne refpire que la joie, & qu'en général fon âge ne répond guère à la façon dont elle eft armée, on ne doutera plus que ce ne foit un danfeur. Les armes & les ornemens dont elles font enrichies ont beaucoup de relief; ce qui me perfuade qu'elles n'étoient que de toile, ou d'autres matiéres dont le poids n'étoit pas incommode. Le cafque eft furmonté d'un animal qui me paroît être une lionne, mais dont la tête eft caffée: le petit doigt de la main droite manque auffi à la figure : les prunelles de fes yeux font creuses, & n'ont pû recevoir que de fort petites pierreries. Les deux mains ont certainement tenu des attributs qui ne fubfiftent plus: & j avoue que plus je lis le Dialogue de Lucien fur la danfe, & plus cette figure me rappelle les pantomimes dont cet Auteur nous a laiffé une defcription

que

affez détaillée. Ce genre de danfe, felon lui, étoit venu d'Italie ; & l'on pourroit préfumer, fans pouffer trop loin les conjectures, qu'il a pris naiffance en Etrurie. Le goût du deffein de cette figure n'eft pas des meilleurs, & le genre du travail n'est pas ordinaire. Il me paroît feulement l'un & l'autre font d'un temps bien poftérieur à celui de plufieurs morceaux que j'ai rapportés, & qui précédent celui-ci. Je parlerai plus bas des bottines dont les jambes de ce danfeur font couvertes, & j'ajoûterai feulement qu'il eft pofé jufte & à plomb fur le pied gauche, dans l'action de fauter & de courir, & que toute la figure est difpofée à ce mouvement. Elle a huit pouces fix lignes de hauteur, & a été fondue fans plinte ni focle, pour être apparemment placée fur un piedestal à volonté. Elle est d'ailleurs réparée avec beaucoup de foin.

N°. II.

CETTE danseuse auffi de bronze, & présentée des deux côtés, a cinq pouces fept lignes de haut avec fa plinte ou fon piedestal fondu en même temps que la figure. Ce morceau n'est point antique : mais, foit par la fonte, foit par le goût de la gravûre de fes ornemens, il a un rapport affez jufte avec les monumens Etrufques; & il eft fi aifé d'y remarquer la plupart des conditions, qu'un grand nombre d'Antiquaires établiffent comme des moyens de reconnoître cette forte d'antiques, que je me fuis déterminé à le faire graver. Il y en a même beaucoup de ce genre dans plufieurs cabinets de l'Europe. Je ne m'excuserai point d'y avoir été trompé, fur le lieu où j'ai trouvé ce bronze, non plus que fur le cas que l'on en faifoit; mais j'avouerai que le hazard m'ayant mis fous les yeux une quantité confidérable de figures du Japon, j'ai reconnu fans peine qu'elles avoient le même goût de deffein ; que la fonte étoit pareille; & qu'enfin le travail en étoit abfolument femblable. J'en avertis ici, afin que ceux qui

s'appliquent à l'étude de l'Antiquité, ne s'accoûtument point à décider avant que d'avoir fait toutes les recherches poffibles.

N°. III.

l'on

CE vafe, ou cette efpéce de burette, eft haut de neuf pouces, & fon diamétre en a un peu plus de quatre. J'en pofféde treize pareils, qui ont depuis trois jusqu'à onze pouces de hauteur. Il n'y en a qu'un qui foit noir : les autres font ornés & travaillés dans tous les genres que les Etrufques ont employés dans leurs ouvrages de terre cuite. J'ai préféré celui-ci, non à cause de fa forme, car elles font toutes également agréables dans leurs différentes proportions; mais parce que les figures que voit fur ce vafe m'ont paru remarquables. N'auroit-on pas voulu y rappeller le fouvenir d'un athléte qui avoit remporté le prix dans quelque jeu de la Gréce, ou dans ceux que l'on célébroit en Etrurie ? Le cheval, la palme, la nudité de la figure, le chapeau dont la tête eft couverte, tout cela ne fuffit-il pas pour donner à cette explication quelque probabilité ? Il est vrai que le chapeau femble avoir des aîles: mais les Artistes Etrufques accoûtumés à en donner à plusieurs de leurs Divinités, ont peut-être fait graver avec cet ornement un de leurs citoyens qui s'étoit diftingué par fa légéreté. J'ajoûte que M. Baudelot en expliquant un bas-relief antique, où se trouvoit un fujet Mém. de l'Acad. à-peu-près femblable, a cru de même qu'il repréfentoit un athléte.

Le deffein de ce morceau eft d'un très-bon goût. Il y a même des finesses dans le trait. Ce qui me fait croire qu'il ne remonte pas à la plus haute antiquité; & que les Etrufques avoient vû d'excellens ouvrages Grecs en ce genre, lorsque celui-ci a été fait dans leur pays.

Buonarotti, & Dempfter, p. 70.

Gori, Muf. Etruf. tom. z. p. 374.

des Belles-Lettres, tom.1. hift. p.193.

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CE beau vase eft de terre, & très-bien confervé. J'ai été d'autant plus fenfible au plaifir de le trouver dans le cabinet du Comte Peralta, dont j'ai fait l'acquifition, qu'il prouve ce que j'ai avancé plufieurs fois, que les Etrufques ont accommodé à leurs ufages & à leurs maniéres les fecours qu'ils ont tirés des Egyptiens, & qu'ils ont imité cette Nation, fans la copier fervilement. En effet, on voit fur une des faces de ce vase un homme couché sur un lit, & une femme ou un jeune homme debout. Ce groupe fe rencontre fréquemment, & dans la même difpofition fur plufieurs monumens Egyptiens; mais il représente toûjours une mumie, & l'homnie qui travaille à la préparer. Ici la figure couchée a le vifage découvert & colorié; elle a les pieds féparés: & la femme ou le jeune homme debout à les bras étendus, & paroît implorer du fecours pour le mourant, en s'adreffant à un aftre que l'on apperçoit dans un coin de la compofition, & qui eft vraisemblablement le Soleil. On en diftingue fans peine la forme, auffi-bien les bras, le vifage & les pieds de la figure debout, quoiqu'ils n'aient été peints qu'avec une couleur blanche dont la tenue eft fort peu folide.La gravûre fait fentir fuffifamment ce qui eft gravé fur l'autre côté du vase. C'est un grand ferpent qui fe replie fur lui-même. Il a une barbe, de petites aîles placées en différens endroits de fon corps, & des pieds de cerf. Pour entendre ceci, il faut obferver que Saturn. I. 1. c. 17. le Soleil, qui, felon Macrobe, ne s'éloigne jamais de l'Ecliptique, fuit néanmoins dans fa route un cours tortueux, & femblable aux finuofités d'un ferpent; & fe C. 20. fouvenir que dans un autre endroit le même Auteur ajoûte l'on a défigné le Soleil par la figure d'un ferpent, parce que les dragons rajeuniffent tous les ans en fe dépouillant de leur ancienne peau. On a déja vû que le globe du Soleil eft représenté fur une des faces de ce

que

que

monument:

monument : & qu'il l'eft fur l'autre face par l'emblême d'un ferpent aîlé, auquel on a donné des pieds de cerf, pour marquer peut-être la rapidité avec laquelle le Soleil fournit fa carriére. On voit à côté du ferpent une chouette pofée fur l'angle d'un corps folide, qui paroît être un tombeau. Les Egyptiens regardoient cet animal comme le fymbole des mauvais Génies. Si les Etrufques ont adopté cette idée,tout le fujet représentera une perfonne mourante, pour laquelle une autre perfonne adreffe des vœux au Soleil, afin d'écarter les mauvais Génies qui commençoient à s'approcher du tombeau. En conféquence de cette explication, je prendrois ce vafe pour une urne fépulchrale. Les ornemens qui accompagnent les deux faces que je viens de décrire font fages, & différens de ceux que l'on voit ordinairement fur les vafes Etrufques. Ils répondent à la nature des chofes représentées. La couleur rouge mife comme couverte, eft employée avec beaucoup d'art, & fe trouve très-bien difpofée avec la noire. L'une & l'autre font placées fur la couleur naturelle de la terre; mais elle est bien cuite, & parfaitement travaillée. Ce vase a dix pouces & demi de hauteur, sept pouces trois lignes de diamètre. La figure couchée a quatre pouces, & celle qui eft debout en a trois & demi.

PLANCHE

No. I.

XXXIII.

CE beau vafe eft malheureusement en fort mauvais état. On y voit les débris d'une sculpture admirable. Il a cinq pouces de hauteur, & environ deux pouces neuf lignes de diamétre. Il étoit enrichi d'un bas-relief dont je ne puis préfenter que les ruines elles font développées fous le même N°. J'avoue que j'ai vû bien peu d'exemples d'un pareil ornement fur les monumens Etrufques. Il me paroît que l'on a voulu repréfenter Caffandre traînée par les

N

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