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c. 6.

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AN. 813. par-là réduits à la pauvreté fe croyent enfuite les crimes permis, comme le larcin & le pillage. Si c'eft avoir quitté le monde, que de fuivre la paffion d'acquerir, jufques à corrompre par argent de faux témoins pour avoir le bien d'autrui, & de chercher des avoüez & des prévôts cruels, intereffez & fans crainte de Dieu ? Ce que l'on doit dire de ceux, qui fous prétexte de l'amour de Dieu & des faints, transferent des reliques d'un lieu à l'autre, y bâtiffent de nouvelles églifes, & exhortent avec grand empreffe. ment tous les fideles à y donner leurs biens.On veut ainfi paroître mériter devant Dieu & le perfuader aux évêques pour arriver à une plus grande dignité. Nous admirons comment il fe peut faire, que celui qui prétend avoir quitté le fiecle & ne veut point fouffrir qu'on l'appelle féculier, ne laiffe pas de porter les armes & de garder les biens.

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Quoique tout Chrétien doive confiderer ce qu'il promet au baptême, c'eft toutefois aux ecclefiaftiques à en montrer l'exemple. Il faut donc examiner foigneufement ceque c'eft qu'accomplir ou violer cette promeffe; & quel eft ce Satan à qui nous avons renoncé, de peur de le fuivre fans y penfer. Par quel canon, ou par quelle regle il eft ordonné de faire quelqu'un clerc ou moine malgré lui, & de remplir les communautez de perfonnes viles? De quelle utilité eft à l'églife qu'un fuperieur de communauté foit plus curieux d'y avoir un grand nombre de fujets, que de les avoir bons, & de les faire bien chanter ou bien lire, plutôt que bien vivre? car quoiqu'il faille avoir soin du chant & de la lecture, la perfection des mœurs eft plus importante. Et quoiqu'il foit bon que les églifes foient bien bâties & bien ornées, l'ornement de la vertu eft préferable, les bâtimens

tiennent à l'ancienne loi, c'eft la correction AN 811. des mœurs, qui appartient proprement au nouveau teftament. Si Jefus-Chrift & les apôtres font nos modeles, nous avons bien à changer dans la difcipline de l'églife. Ces deux mémoires font fort utiles pour connoître les mœurs du clergé & la vertu de l'empereur.

On raporte au même tems un lettre circulaire qu'il envoya à tous les archevéques de fon royaume, dont on a l'exemplaire adreffé à Odilbert de Milan, &fon fait que l'empereur adref fa des lettres pareilles à Magnus archevêque de Sens, à Jean d'Arles, à Amalarius de Tréves; à Leidrade de Lyon. Il y prie l'archevêque de lui faire favoir comment lui & fes fuffragans inftruifent les prêtres & le peuple touchant le baptême ? Pourquoi l'on fait d'abord l'enfant cathécumene; ce que c'est que le fcrutin, quelle eft l'explication du fymbole, ce que c'est que les renonciations, les exorcifmes & les autres cérémonies du baptême?

ap. Alcuin,

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V not. Bal. cap t. 1 p.

1070 & Mabill. to.

I.

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I.

LII.

Mort de

Michel Cu

empereur. Theoph. an. Sup. n. 25. V.Prudent. Peri Steph. hym. 10. verfus 10 6.

9. p. 413.

En Orient l'empereur Nicephore s'étoit rendu fort odieux, par fon avarice & fon impieté. Nicephore. Il étoit ami paffionné des Manichéens, ou Pauliciens, qui étoient en Phrygie & en Lycaon'e 10palate près de fon pays : il aimoit leurs oracles & leurs fuperftitions, jufques là que quand le patrice Bardane fut déclaré empereur, il les appella pour le vaincre par leurs preftiges. Il fit attacher un taurau à un poteau de fer par les cornes, panché vers la terre dans une foffe ; & le fit ainfi tuer, mugiffant & fe roulant dans la boue, qui étoit une ancienne fuperftition venuë des Perfes. Il fit auffi moudre à l'eavers l'habit de Bardane, avec certains enchantemens & crut l'avoir réduit par-là à fe foûmettre. Il donna lieu à ces Manichéens de vivre librement dans fon empire, où ils féduifirent plufieurs efprits Tome X.

E

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AN. 811 Cang. C. P. p.17.Goar.

in Theoph. $150. P 4.4.

Theoph. p.

499..

legers. Il prit le parti d'un faux hermite nommé Nicolas, qui demeuroit à C. P. près l'exocione; & qui avec quelques autres blafphemoit contre les faintes images. L'empereur trouvoit mauvais, que le patriarche les reprit; & fe plaifoit à exciter des querelles entre les Chrétiens; afin qu'on n'eut pas le loifir d'obferver fon impieté. Il ordonnoit aux officiers militaires de traiter les évêques & les clercs comme des efclaves; & de fe loger par autorité dans les évêchez & les monafteres. Il blâ moit ceux qui avoient autrefois donné à Dieu des offrandes d'or & d'argent, & vouloit que l'on convertit en ufages profanes les biens confacrez aux églifes. Il pretendoit que tous les empereurs fes predeceffeurs n'avoient point fçû gouverner, & ne reconnoiffoit point de providence ni de puiffance au deffus d'un prince qui fçait fe con

duire.

Dès l'année 808. fixieme de fon regne, il y eut une grande conjuration contre lui: en laquelle eurent part des évêques, des moines & trois officiers de la grande églife, le fyncelle, le facellaire & le garde-chartes; & il les fit auffi feverement punir que les feculiers, par le foüet, le banniffement & la confifcation. Entre plufieurs tributs extraordinaires' qu'il impofa la huitième année de fon regne, il taxa les habitans des lieux de pieté,hôpitaux d'orphelins, de pelerins, de vieillards, égiifes, monafteres de fondation imperiale; & leur fit payer un droit de cheminées depuis la premiere année de fon regne: Il fit mettre leurs meilleurs heritages en economat fous la main de fes officiers, & chargea les fonds qui leur reftoient de toutes les Theoph.an. impofitions, enforte que plufieus payoient le 9. 414.C double de ce qu'ils devoient porter. Enfin l'an 811, au mois de Mai en partant de C. P. pour

P. 402.

mar

marcher contre les Bulgares: il ordonna à Ni- AN. 811. cetas patrice & logothete general, de hausser les tributs des églifes & des monafteres. Le patrice Theodofe un de fes plus fideles ferviteurs lui dit: Seigneur, tout le monde crie contre nous, & s'il nous arrive accident, on se réjouira de notre perte. L'empereur Nicephore répondit: Dieu m'a endurci le coeur, que peutil arriver de bon à ceux qui font fous ma main ? N'attens de Nicephore autre chose que ce que

tu vois.

Theoph. p.

415.

Avant que de partir pour cette campagne, il Vita Th.c. fit un dernier effort pour gagner faint Theodo- 53. re Studite, par quelques magiftrats qu'il lui envoya: mais Theodore leur répondit, comme parlant à l'empereur: Vous deviez vous repentir, & ne pas rendre le mal fans remede: mais puifque non content de vous jetter dans le precipice, vous y entraînez les autres : l'œil qui voit tout vous déclare par ma bouche, que vous ne reviendrez point de ce voyage. En effet, étant entré en Bulgarie le plus fort, & ayant plufieurs fois refufé la paix, que le roi Crumne lui offroit: ille pouffa au defefpoir, fe trouva enfermé, fut attaqué & tué dans fa tente, la nuit du vendredi vingt-cinquiéme de Juillet 811. indiction quatrième, après avoir regné huit ans Pita & près de neuf mois. Les Bulgares fe joüerent de la tête; & leur roi Crumne fit faire une coupe de fon crane, pour s'en fervir dans les feftins folemnels: fuivant l'ancienne coûtume des Scithes. Plufieurs patrices & toute la fleur de l'armée chrétienne périt en cette occafion. Il y eut grand nombre de captifs, que les Bulgares encore payens voulurent faire renoncer à la foi. Ils leur firent fouffrir plufieurs tour. mens: couperent la tête aux uns, pendirent les autres, percerent les autres de fléches, le refte

E 2

mou

Stud.

Th.

Herold. .

IV. c. 65.

Menol. 23. jul Martyr. R. d. Me. nol jul.

AN. 811. mourut en prifon. L'églife honore ces martyrs le vingt-troifiéme de Juillet. Le premier jour du même mois les Grecs font mémoire du patrice Pierre qui ayant été pris en la même occafion, & s'étant fauvé, embrafla la vie monaftique,& fe retira au mont Olympe avec faint Joanice: après la mort duquel il revint à C. P. & demeura dans une églife qu'il avoit bâtie au lieu nommé Evandre, où il mourut illuftre par fa vertu & fes miracles.

The ibid.

Staurace fils de Nicephore fut aufli tôt recon. nu empereur; mais comme il avoit été tellement bleffé qu'il ne pouvoit vivre, deux mois après on déclara empereur Michel Curopalate furnommé Rangabé, qui avoit époulé Procopia fille de Nicephore, & foeur de Staurace. Il fut reconnu publiquement le Jeudy fecond jour d'Octobre, indiction cinquième, la même année 811. & couronné le même jour fur l'ambon de la grande églife par le patriarche Nicephore, qui lui avoit auparavant fait promettre par écrit, de conferver la foi orthodoxe, de ne point répandre le fang des Chrétiens, & ne point maltraiter les clercs ni les moines. Staurace ainfi abandonné fe coupa les cheveux, prit T'habit monaftique de la main de Simeon fon parent, & mourut de fa bleffure l'onzième de Janvier fuivant.

L'en pereur Michel étoit magnifique & libéral. A fon couronnement, il donna au patriarche cinquante livres d'or, & vingt-cinq au cler gé; & fit de grandes largelfes, pour réparer les injuftices de Nicephore. Comme il étoit catholique & zelé pour la relgion, le fchifine de l'églife de C. P. l'affligeoit ; & il ne ceffa point d'exhorter le patriarche & tous ceux qui pouvoient concourir à la paix, jufques à ce qu'il les réunit avec Platon, Theodore Studite & lon

fre

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