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frere Jofeph l'archevêque de Theffalonique, qu'il rappella de leur éxil. La principale condi tion de l'accord fut l'expulfion du prêtre Jofeph l'econome qui fut une feconde fois chaflé de l'églife. Le pape Leon approuva cette paix & la confirma par lettres car l'empereur avoit auffi employé fa médiation. Et comme un abbé nommé Antoine avoit peine à fe rendre & demeuroit encore en prifon, Theodore lui écrivit pour le ramener, & l'exhorter à ne plus faire difficulté de rentrer dans la communion du patriarche avec lequel Theodore lui-même demeura parfaitement uni déflors.

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LIII.

Le patriar che Nicephore écrit au pape

to.7 cone p

Depuis cinq ans & plus que Nicephore étoit patriarche de C. P. il n'avoit point encore envoyé au pape fa lettre fynodique felon la coûtu me: parce que l'empereur Nicephore ne lui en avoit pas laiflé la liberté. Il fatisfit alors à ce devoir, en même tems que l'empeur Michel envoya des ambaffadeurs à l'empereur Charles Th. p. 419. pour lui demander fon amitié. Nous avons la lettre du patriarche Nicephore au pape Leon, qui eft très longue fuivant le mauvais ftile du tems. Nicephore y rapporte l'histoire de sa vie: fon emploi à la cour, fa retraite, fon ordination forcée. Il met fa confeffion de foi ample 126. & théologique, qu'il finit en déclarant qu'il de- Sup. n 338 mande l'interceffion des faints & qu'il honore P. 1215. leurs relique, & leurs images. Il reçoit les fept conciles œcuméniques, & prie le pape de fu- p.1203. pléer ce qu'il peut avoit omis dans cette confeffion. Il s'excufe d'avoir tant tardé à lui écrire, comme en ayant été empêché par force majeure. Il recommande au pape Michel métropolitain de Synnade porteur de la lettre, & marque ainfi les préfens dont il laccompagne: un reliquaire d'or, ayant un cristal d'un côté, & de l'autre un émail, & enfermant un autre

&c. an. 812.

AN. 811. reliquaire, où font des particules de la vraye croix, une tunique blanche & une chafuble châtaigne, l'une & l'autre fans coûture une étolé & un manipule brodé d'or; le tout enveloppé An Eginh proprement dans un linge fcellé de plomb. L'évêque Michel, qui fut chargé de cette lettre, avoit été envoyé par l'empereur Michel à l'empereur Charles, avec deux protofpataires ou premiers écuyers pour confirmer la paix. Ils vinrent à Aix-la Chapelle en 812. en reçûrent le traité par écrit, & reconnurént Charles pour empereur, le nommant en grec Basileus comme leur maître, puis pafferent à Rome, où ils recurent encore le même traité de paix de la main du pape dans l'églife de faint Pier

LIV:
Mani-

orient.

re.

L'empereur Michel dès le commencement de chéens en fon regne décerna peine de mort contre les Ma nichéens ou Pauliciens, & fit couper la tête à Th.p.439. plufieurs: mais le patriarche Nicephore & d'autres perfonnes pieufes l'empêcherent de paffer outre à l'execution de fon ordonnance: difant qu'il valloit mieux leur donner lieu de faire pénitence, & foûtenant qu'il n'eft pas permis aux ecclefiaftiques de condamner à mort. Ils fuivoient en ce point l'ancienne tra dition de l'églife; & toutefois l'abbé Théophane, celebre par fa doctrine & par fa vertu, rapportant ce fait dans fon hiftoire, traite d'ignorans & de mal intentionez ceux qui donnoient à l'empereur un tel confeil : & prétend montrer par l'écriture, qu'il faut faire mourir de tels heretiques, à caufe de leurs abominations & du culte qu'ils rendoient aux démons: foûtenant qu'il étoit impoffible qu'ils fiffent pe

nitence.

Ces heretiques, que l'on nommoit alors Pauliciens ou Athinganes, étoient répandus en Phry

Cedr to 1.p.

432.

sup. liv. xxXVIII.

24.

gie & en Lycaonie: mais leur principale réfidence étoit en Armenie, province voisine de la Perfe & autrefois fujette à fon empire. Or la Perfe éroit la fource de Manés & de fa fecte. Elle prit une nouvelle face vers le milieu du feptième fiecle. Car fous le regne de Conftantin, ou plûtôt Conftantin petit fils d'Heraclius. Il y avoit un Armenien nommé auffi Conftan- Petr. ficul. tin dans le Bourg de Manalade près de Samo- p. 40. fate. Il reçût dans fa maifon un diacre captif, qui venoit de Syrie, & retournoit en fon pays: portant deux livres, l'évangile & les épitres de S. Paul qu'il donna à Conftantin en reconnoif fance de fon hofpitalité. Conftantin, qui étoit Manichéen, voyant que fa doctrine étoit en hotreur à tout le monde, à caufe des blafphêmes & des impuretez qu'elle contenoit, réfolut de la renouveller, & de ne faire lire autre livre que ces deux, l'évangile & faint Paul, mais de les expliquer de manierè qu'on y trouveroit toute la doctrine de Manès. Il fupprima donc tous les livres des Manichéens ; & d'autant plus volontiers, que l'on puniffoit de mort ceux qui les avoient, fuivant les loix des empereurs Chrétiens. Il rejetta les rêveries des Valentiniens & leurs trente Eones: la fable de Manès fur l'origine de la pluye, qui étoit la fueur d'un jeune homme courant après une fille, & quelques autres abfurditez pareilles: mais il conferva les impuretez & les abominations de Bafilide. C'eft ainfi qu'il réforma le Manichéïsme : enforte que fes fectateurs ne faifoient point de difficulté d'anathématifer Scythien : Boudas & Manès lui-même : mais ils tenoient pour des apôtres Conftantin & ceux qui le fuivirent. Car viII 2.0. Sup. liv. Conftantin montrant à fes difciples fon livre de 11. 12. S.Paul, leur difoit : Vous êtes les Macédoniens, & je fuis Silvain, que Paul vous à envoyé. Il

Sup. liv. 11. 8. 27

quitta fon bourg de Manalale, & vint s'établir à Ciboffe petite ville, près de Colonie en Armenie; où il demeura vingt-fept ans, & féduifit grand nombre de gens du pays. Enfin l'empereur en étant averti y envoya un officier nommé Simeon: avec ordre de faire lapider Conftantin & pardonner à fes difciples, comme trompez par ignorance, pourvû qu'ils fe réuniffent à l'églife. L'ordre fut executé: Simeon accompagné d'un officier du pays nommé Triphon atla fur le lieu: les prit tous & les mena à Colo. nie. Là il fit attacher Conftantin, & ordonna à fes difciples de le lapider; mais ils l'épargnerent, hormis un nommé Jufte, qu'il avoit adopté quelques années auparavant, & inftruit foigneufement dans la doctrine. Celui-ci obéit à l'ordre de Simeon, & donna à Constantin un tel coup qu'il en mourut. Il demeura en ce lieu un monceau de pierres qui conferva la mémoire de cette execution.

Simeon, fuivant l'ordre de l'empereur voulut réunir à l'églife les difciples de Conftantin: mais loin de fe convertir, ils pervertirent Simeon lui-même. Car comme il étoit ignorant dans la religion & d'un efprit leger: à force de les interroger, il aprit leur doctrine & s'en laifla perfuader. Il revint à C. P. & demeura trois ans chez lui, puis il s'enfuit fecretement, vint à Ciboffe, & raffembla les difciples de Conftantin, dont il devint le fucceffeur, & fe nomma Tite, pour le donner auffi un nom de difciple de faint Paul. Mais au bout de trois ans il eut une grande difpute avec Juste, au fuColof.1.16. jet du paffage de l'epître aux Coloffiens où il eft dit de Jefus-Chrift, que par lui tout a été créé au Ciel & en la terre, & le refte. Jufte preffa Simeon en difant: Peut-être tromponsnous les peuples, & nous rendrons compte de

leurs ames au jour du jugement. Simeon ne ceda point, donna toûjours des explications forcées aux paroles de l'apôtre: mais Jufte alla trouver l'évêque de Colonie, pour en apprendre le vrai fens, & lui découvrir toute la caba le. L'évêque fans differer en avertit l'empereur. C'étoit Juftinien fecond, qui ordonna qu'on leur fit à tous le procès; & que ceux qui demeureroient opiniâtres fuffent brûlez. Cela fut exécuté, on alluma un grand feu auprès du monceau de pierres, qui étoit le tombeau de Conftantin, & on les y confuma tous.

L.V.

Pauliciens.

P. 37.

p' 39.

Un Armenien nommé Paul fe fauva avec fes deux fils Genefius & Theodore; & fe retira à Suite des Epifparis, village près de Phanarie en Cappadoce: où avoient déja enfeigné deux freres, Paul & Jean, Manichéens fameux, fils d'une femme de Samofate nommée Callinique ; & de ce premier Paul les Manichéens prirent le nom de p. 49": Pauliciens. Le fecond Paul étant donc arrivé à Epifparis, établit dans fon école fon fils Genefius, qu'il nomma Thimothée, mais il s'éleva une grande divfion entre lui & fon frere Theodore parce que chacun pretendoit avoir reçu la grace divine de l'efprit, & ils demeurerent ennemis toute leur vie. L'empereur Leod Ifau rien ayant oui parler d'eux fit venir Genefius à C.P. & l'envoya au patriarche, qui lui dit : Pourquoi avez-vous renoncé à la foi orthodoxe ? Ge nefius répondit: Anathême à qui renonce à la foi orthodoxe, entendant fous ce nom fon hérefie. Le patriarche ajoûta: Pourquoi n'adorez-vous pas la croix ? il repondit : Anathême à qui n'adore pas la fainte croix: mais il entendoit par la croix, Jefus Chrift étendant les mains en forme de croix. Le patriarche lui demanda encore, pourquoi il n'adoroit pas la mere de Dieu, & il repondit anathême à qui n'adore ES

pa s

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