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prétend être dépouillez de leurs biens: mais AN. 813nous n'avons trouvé fur ce fujet aucune plainte contre nous. Car il n'y a prefque perfonne qui donne de fon bien à l'églife, fans recevoir autant, ou le double, ou le triple des biens de l'églife en ufufruit: avec convention d'en laiffer joüir fes enfans ou fes parens, qu'il a défignez: & nous leur avons offert la faculté de retirer ces biens alienez par leurs parens, dont ils étoient déja exclus par la loi, pour les tenir de l'églife en benefice : c'eft à-dire, en fief, comme on a parlé depuis On avertira les comtes & les juges, de ne point recevoir en témoignage les perfonnes viles & indignes: parce que plufieurs comptent pour rien le parjure.

C. 34

Les monafteres où la regle de S. Benoît a été obfervée, feront réformez fuivant cette regles car en quelques-uns il y a peu de moines à qui leurs abbez en ayent fait promettre l'obfervance, parce qu'eux-mêmes vivent plus en chanoines qu'en moines. On ne fe preffera pas de donner le voile aux jeunes veuves, jusqu'à ce qu'elles foient bien éprouvées; on ne le donne- c. 18% ra pas même aux jeunes filles avant vingt-cinq ans fans neceffité.

Chacun de ces cinq conciles envoya fes de

C 273

crets à l'empereur, qui les fit examiner & com- An. Eging. parer en fa préfence à Aix-la-Chapelle, dans Ann. Mo une grande affemblée qu'il y tint au mois de fac.tom. To Septembre cette même année 813. En confe. conc 1287. quence il fit publier un capitulaire de vingt-huit articles, contenant ceux de ces canons, dont l'execution avoit plus de befoin de la puiflance temporelle, Les deux derniers articles n'étoient point dans les canons des cinq conciles, & portene: On s'informera s'il eft vrai ee que l'on - 2** dit, qu'en Auftrafie les prêtres découvrent pour de l'argent les voleurs fur leurs confeffions. On

F 6

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c. 28.

AN. 13. s'informera auffi des hommes fujets au droit de faïde, qui font du trouble les dimanches & les fêtes; ce qu'il faut abfolument empêcher. On appelloit faïde dans les loix barbares le droit qu'avoient les parens d'un homme tué, de vanger fa mort par celle du meur

bift. droit. Fr. n. 24 Cang. gloß.

VII.

Louis.cou

ronné em

pereur.

6.

Egink. vita

C. 9, Ep. 2. 20

trier.

L'empereur Charles avoit fait venir d'Aquitaine le roi Louis, qui reftoit feul de fes trois fils; car Pepin roi d'Italie étoit mort en 810. laiffant d'une concubine un fils nomé Bernard, Theg. 5. & Charles roi de Germanic, l'aîné de tous, étoit mort l'année suivante 8 1 1,fans laiffer d'enfans. Louis étant donc arrivé à Aix-la-Chapelle, l'empereur fon pere y tint une grande affemblée avec les évêques, les abbez, les ducs, les comtes & tous les François. Il les exhorta à être fideles à fon fils, & leurs demanda à tous s'ils vouloient bien qu'il lui donna le titre d'empereur. Ils répondirent que cette pensée venoit de Dieu. Le dimanche suivant Charles prit fes habits royaux avec la couronne en tête, marcha à l'églife, & s'avança jufqu'à l'autel confacré en l'honneur de N. S. J. C. le plus élevé de tous, & Y fit mettre une autre couronne. Après qu'ils eurent long-tems prié lui & fon fils, il lui parla devant toute l'affemblée des prélats & des feigneurs, l'exhortane premierement à aimer & craindre Dieu, & garder en tout fes commandemens, à proteger les églises, avoir de la tendreffe pour les fours & fes freres encore jeunes, ce devoient être les enfans des concubines, Drogon, Theodoric, & Hugues ; d'aimer fes neveux & tous fes parens. Honorez, ajoûta-t'il, les évêques comme vos peres :aimez le peuple comme vos enfans: reprimez les méchaus, pour les ramener au chemin du falut; foyez le confolateur des moines

&

& des pauvres : établiffez des officiers fideles, AN. 877 craignans Dieu & defintereffez: n'en deftituez aucun qu'avec connoiffance de caufe ; & montrez-vous toujours irrépréhenfible devant Dieu & devant les hommes.

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Charles ajoûta plufieurs autres avis, & demanda à fon fils s'il étoit réfolu de les obferver. Louis répondit qu'avec l'aide de Dieu il les obferveroit de tout fon cœur. Alors Charles lui ordonna de prendre de fes propres mains la couronne qui étoit fur l'autel, & la mettre fur fa tête, lui faifant ainfi connoître qu'il ne tenoit l'empire que de Dieu. Louis fe mit la couronne en tête: le peuple s'écria: Vive l'empereur Louis, & celebra ce jour avec une grande joye. Charles rendit graces à Dieu en difant avec David: Beni foyez-vous, Seigneur, qui avez mis aujourd'hui mon fils fur mon trhône à mes yeux. Enfuite ils entendirent la meffe & retournerent au palais, le pere appuyé fur fon fils, qui le foutenoit en marchant. Peu de tems après Charles le- renvoya chargé de préfens magnifiques : ils s'embrafferent tendrement & répandirent beaucoup de larmes, comme s'ils avoient prévû qu'ils ne fe reverroient plus. Ainfi l'empereur Louis retourna en Aquitaine au mois de Novembre 813.

L'Empereur Charles demeura à Aix-la Chapelle, ne s'occupant plus que de prieres, d'aumônes & de la correction des livres facrez. Car il employa la fin de fa vie à rendre très-corrects les textes des quatre évangiles, y travaillant avec des Grecs & des Syriens. Toute fa vie il avoit eu un grand zele pour la religion & une pieté fincere. Il ne manqua jamais, autant que fa fanté lui permit, d'aller à l'église le matin & le foir, & d'affifter aux nocturnes & aur facrifices. Il avoit grand foin, que tout s'y fit

3. Rege:1

VIII.
Pieté de

Charles.
Theg. 6. 7

:

avec toute la bienséance poffible, & avertiffoit fouvent les cuftodes des églifes de n'y rien fouffrir d'indécent. Il les fournit abondamment de vafes d'or & d'argent & d'habits facerdotaux en forte que pendant le faint facrifice aucun des clercs, pas même des portiers, ne servoit dans fon habit ordinaire. Il orna particulierement fa chapelle d'Aix, d'or, d'argent, de luminaire: les balluftres & les portes ètoient d'airain. Il y fit apporter des colomnes & du marbre de Rome & de Ravenne : ne pouvant en avoir d'ailleurs. Il corrigea très-exactement la maniere de lire & de chanter, étant parfaitement inftruit de l'un & de l'autre ; & toutefois il nelifoit pas publiquement, & fe contentoit de chanter bas & avec les autres. Ce font les paroles d'Eginhart qui montrent qu'en ce temslà les plus grands feigneurs ne dédaignoient pas de faire dans l'églife les fonctions de chantres & de lecteurs; & nous en voyons auffi des preuves à C. P

Charles ne bornoit pas fes aumônes à son empire fi vafte: Il les étendoit au-delà des mers, en Syrie, en Egypte, en Afrique, à Jerufalem, à Alexandrie & à Carthage. Il envoyoit de l'argent par tout où il favoit que les Chrétiens vivoient dans la pauvreté. C'étoit le principal motif qui lui faifoit cultiver l'amitié des princes infidéles, pour procurer du foulagement aux Chrétiens qui vivoient fous leur domination. Entre les lieux de pieté, il avoit une veneration finguliere pour faint Pierre de Rome. Il envoya pour fon tréfor une très-grande quantité d'or, d'argent, de pierreries & des préfens immenfes pour les papes. Pendant tout fon regne il n'eut rien plus à cœur que de rétablir la ville de Rome dans fon ancienne dignité: & non feulement défendre & proteger, mais orner & en

richir l'églifé de S. Pierre ; & toutefois, ajoûte AN. 8144 Eginhart, durant un fi long regne, il n'y fit que quatre voyages de devotion. Réflexion qui montre combien les pelerinages étoient fréquens.

Tant de loix en faveur de l'églife ne font pas les moindres preuves de la pieté de Charles. Je les ai rapportées en leurs tems: mais il en faut marquer encore une, dont on ne fait pas la date, & qui n'eft pas moins confiderable. L'em- Lil.v.cap. pereur y parle ainfi : Nous voulons que tous 366 al 288 nos fujets Romains, Francs, Allemands & les autres qui y font nommez, obfervent cette fentence, que nous avons tirée du code Theodofien: Quiconque ayant un procès en demandant ou en défendant, en quelque état de caufe que ce foit, aura choifi le jugement de l'évêque, lui fera auffi-tôt envoyé nonobftant l'oppofition de la partie adverfe: & ce que l'évêque aura décidé fera executé, fans qu'il foit permis de fe pourvoir contre fon jugement. Le témoignage d'un feul évéque fera reçû par tous les juges fans difficulté, & on n'en entendra point d'autre dans la même affaire. Cette loi fe trouve effectivement à la fin du code Theodofien, comme étant de Conftantin adreffée à Ablavius préfet du prétoire : mais les plus favans critiques la croyent fuppofée, & nous n'en voyons point d'execution depuis Conftantin jufqu'à Charles. Il eft vrai que l'autorité qu'il lui a donnée, la croyant véritable, à fervi de prétexte aux évêques des fiecles fuivans; pour étendre bien loin leur jurif diction.

Au mois de Janvier 814. la fiévre prit à Pempereur Charles au fortir du bain. Il crut la guérir à fon ordinaire par l'abstinence, ne prenant pour toute nourriture qu'un peu d'eau:

Cod.Th.libe

xvi poft.

tit. 22.

I X. Mort de Charlema

gne

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