aumônes. Il en envoya de fon tréfor à toutes AN. 799. les villes metropolitaines, & des dalmatiques epift ad off. & des chapes à toutes les églifes épifcopales to.7 Conc d'Angleterre, comme il témoigne dans une p. 1130. lettre à Offa, roi des Merciens : enfin Charles Matth. Veftm. pour monument éternel de fon amitié envers Adrien, compofa fon épitaphe en vers latins élegiaques. Le roi Offa étoit le douzième roi des Merciens, defcendu de Penda, premier Chrétien. Il commença à regner l'an 756. mais ayant tué Ethelbert, dernier roi d'Eftangle, & ufurpé fon royaume en 794. il fit le pelerinage de Rome fur la fin du pontificat d'Adrien ; & obtint un privilege en faveur du monaftere qu'il vouloit fonder en l'honneur de faint Alban, dont il avoit trouvé les reliques.

Le même jour de la fépulture du pape Adrien, on êlût fon fucceffeur Leon III. Il étoit né à Rome, & dès fon bas âge il avoit été élevé dans le palais patriarchal de Latran, où il apprit le pfeautier, l'écriture fainte, & toute la difcipline ecclefiaftique. Il fut ordonné foudiacre, & enfuite prêtre du titre de fainte Sufanne fes mœurs étoient pures, fes difcours éloquens, fon courage ferme. Quand il trouvoit quelque moine diftingué, ou quelqu'autre ferviteur de Dieu, il étoit continuellement avec lui à s'entretenir des chofes divines & à prier. Il faifoit l'aumône avec gayeté. & y excitoit les autres; vifitoit les malades, & les exhortoit par l'écriture fainte. Menant une telle vie, il étoit aimé de tout le monde, particulierement du veftiaire, ou maître de la garde-robe du pape fous la conduite duquel il étoit. Aufi fut-il élû pape tout d'une voix le jour de faint Etienne vingr fixiéme Decembre 795. par tous les évêques, les grands, le clergé, & le peuple de

Ro

V, Leon III,

pape.

Anaft.

AN. 796, Rome, & il fut ordonné évêque le lendemain jour de faint Jean l'Evangelifte, qui cette année étoit un dimanche. Il tint le faint fiege vingt cinq ans cinq mois & dix-fept jours. Quoiqu'il fut très doux, il ne laiffoit pas d'être ferme pour la défenfe des droits de l'églife: il rendoit juftice à tout le monde, & faifoit de grandes liberalitez. Il augmenta les diftributions du clergé, & fit aux églifes de Rome tant & de fi grandes & de fi riches offrandes, que le dénombrement en feroit trop ennuyeux.

Egin. annal. an.

796. to 2.

Duch.p. 248.

Si-tôt qu'il fut pape, il envoya au roi Charles des legats chargez des clefs de la confeflion de faint Pierre & de l'étendait de la ville de Rome, avec d'autres prefens; & le pria d'envoyer quelqu'un des feigneurs de fa cour, qui reçut le ferment de fidelité des Romains pour les affurer dans fon obfiffance. Le roi envoya Angilbert abbé de S. Riquier, avec une grande partie du tréfor que Henry duc de Frioul avoit apporté de Pannonie la même année, après avoir pillé la Ringe ou capitale des Huns. Angilbert étoit auffi chargé d'une lettre, en réponse de celle du pape, qui commence ainf:

: Ayant lû votre lettre & le decret de votre élection, nous avons eu une grande joye: de ce qu'elle a été faite unanimement: comme auffi de ce que l'on nous rend l'obéiffance & la fidelité qui nous eft duë. Et enfuite: Nous vous envoyons Angilbert, un de nos plus familiers ferviteurs, que nous avions refolu d'envoyer a votre predeceffeur mais comme tous les prefens étoient prêts, la nouvelle de la mort de notre bienheureux pere a retardé fon départ : Nous l'avons chargé de conferer avec vous de tout ce qui regarde la gloire de l'églife, & l'affermiffement de votre dignité,

:

&

& de notre patriciat Enfin il exhorte à faire AN. 796. obferver par tout les canons.

Il y avoit une inftruction pour Angilbert, portant qu'il avertira le pape fur fes devoirs, tant pour la pureté de fes mœurs, que pour l'obfervation des canons & le gouvernement de l'églife. Reprefentez-lui fouvent, dit le roi, que cette dignité eft de peu d'années; & que la récompenfe de celui qui s'en acquite bien eft éternelle. Parlez-lui fortement pour l'extinc tion de la fimonie, & lui representez tout ce dont vous favez que nous nous fommes plaints enfemble. Comme ces deux lettres fe trouvent entre les œuvres d'Alcuin, il y a apparence qu'il les avoit composées au nom du roi, & il y enjoignit une en fon nom au pape Leon.

ap. Alcuin

7.82,

P 10781

On croit que ce fut de ces prefens du roi ep. 72. Charles, & de ces dépouilles des Huns, que Anaft. le pape au commencement de fon pontificat fit faire tant de vales & d'ornemens precieux pour les églifes de Rome. On y exprime entr'autres des couloirs d'argent doré, fervant à purifier le vin qui devoit être confacré. On remarque une grande falle dans le palais de Latran qu'il fit incrufter de marbre, & orner de colomnes & de peintures en mofaïque. Il en reste une encore aujourd'hui où faint Pierre eft reprefenté afis, ayant trois clefs fur fes genoux, & à fes deux côtez le pape Leon à droite, le roi Char Alam piles à gauche, tous deux à genoux. D'une main riet Later. faint Pierre donne au pape un pallium, & de l'autre au roi un érendart chargé de fix rofes. Au deffous eft une infcription qui porte: Saint Pierre donnez la vie au pape Leon, & la victoire au roi Charles.

VI.

Eglifes

Quenulfe roi des Merciens, fucceffeur d'Offa, ayant appris la mort du pape Adrien, écrivit à d'AngleLeon, le priant de le regarder comme fon fils terre.

adop

t

P. 1109.

AN. 796. adoptif, & lui promettant une parfaite obéïftom. 7 conc fance, puis il ajoute : Vous favez que le roi Offa a le premier entrepris de divifer en deux le diocese de Cantorbery, à caufe de l'inimitié qui étoit entre lui & l'archevêque Iambert, & le peuple de cette ville; & qu'à fa priere le pape Adrien fit ce qui ne s'étoit jamais fait, en donnant le pallium à l'évêque des Merciens: c'étoit l'évêque de Lichefeld, qui fut alors fait Pom.7.com archevêque. Nous ne blâmons toutefois ni l'un

P. 1148. ni l'autre, croyant qu'ils regnent avec JesusChrift: mais nous vous fupplions de nous écrire ce que nous devons obferver, afin qu'il n'y ait point chez nous de fchifme. Il le prie auffi d'examiner les plaintes d'Athelrade ou Adelard, alors archevêque de Cantorbery, & accompagne fes lettres d'un prefent de lix-vingts

marcs.

V. Cang. L'archevêque Athelrade avoit été auparavant glof Man- abbé de Malmesburi, & depuis évêque de Vincheftre. Il fut lui-même porteur de cette lettre; & le pape fut fi content de fa fcience & de fa vertu, qu'il lui donna une réponse très-favorable; par laquelle il lui accorde le pouvoir d'excommunier même les rois & les princes foumis à la jurifdiction, qui violeront les commandemens de Dieu aparemment pour donner plus de poids aux cenfures par le refpect du faint fiege. Au refte le pape rend à l'archevêque toute l'autorité, qu'avoient eue fes predeceffeurs ; fuivant l'ordre établi par faint Gregoire, tant pour l'ordination & la confirmation des évê. ques, que fur les monafteres. En execution de ce decret, l'archevêque Athelrade tint un concile à Becaneld, où affifta le roi Quenulfe, & y défendit aux laïques d'ufurper les biens des églifes, c'étoit l'an 796. fecond du regne de Quenulfe; dix-fept évêques & quelques abbez

foul

1

foufcrivirent à ce décret. Vers le même tems le AN. 7971 même roi fit auffi tenir un concile en Northumbre, dont le royaume étoit étemt : le dernier roi Ethelbert ayant été tué en 794. Ce concile fut tenu à Finchal. Echanbald. archevêque d'Yorch y préfida, & on y ordonna le rétablis fement de l'ancienne difcipline: principale'ment l'observation de la Pâque.

melm. kv.

II. c. S.

Quelque tems avant ce concile, c'est-à-dire, Simeon Dl'an 793. cinquième du regne d'Ethelred, qui eft le même qu'Entelbert, les Danois ou Normands firent une defcente en Angleterre, pillant de tous côtez, & tuant les prêtres, les moines & les religieufes: le feptieme de Juin ils vinrent à l'églife de Lindisfarne, dont ils ren. verferent les autels, & pillerent tout le tréfor. Ils tuerent quelques-uns des moines; en emmenerent d'autres, en chafferent plufieurs après les avoir dépouillez & traitez indignement, en jetterent quelques uns dans la mer. Mais après qu'ils fe furent retirez, les moines qui avoient pû leur échapper: fe réunirent près les reliques de faint Cuthbert leur patron; & le fiege epif. Sup. liv. copal ne laiffa pas de fubfifter encore long-tems en cette églife.

En Orient lejeune empereur Conftantin fut emprifonné par les artifices de fa mere Irene, qui avoit gagné les principaux officiers; & on lui creva les yeux avec tant de violence, qu'il en mourut. C'étoit le famedi dix-neuvième d'Août 797. indiction cinquième. Il avoit regné en tout près de dix-fept ans; & Irene en regna feule encore cinq. Auffi-tôt elle rappella les éxilez; entre autres faint Theodore: faint Platon fut auffi délivré de fa prifon. Le patriarche Taraife lui fit des excufes de n'avoir pas tenu la même conduite que lui, & l'invita à la réunion, qui fe fit entr'eux, moyenant la punition du prêtre

Jo

XL.n. 43.

VII. Mort de Conftantin

Irene seule Theoph an. 7. p. 398.

Vit.S Plan

• S. #. 30.