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fans force. Les uns ont entierement perdu la foi, les autres la confervant ne laiffent pas de communiquer avec des heretiques. Il en refte neanmoins qui n'ont point fléchile genou devant Baal: & nôtre patriarche tout le premier. Mais les uns ont été outragez & fouettez,d'autres mis en prifon & réduits à un peu de pain & d'eau: d'autres envoyez en éxil: d'au-tres habitent dans les deferts, les montagnes & les cavernes. Quelques-uns ont fini leur martyre fous les coups de foüet, quelques uns ont été jettez la nuit dans la mer enfermez dans des facs. Enfin on anathematise les percs, on celebre la mémoire des impies on nourrit les enfans dans l'erreur, par le livre qui a été diftribué aux maîtres d'écoles. On n'ofe parler de la faine doctrine. Le mari fe défie de fa femme, tout eft plein d'efpions, pour avertir l'em-pereur, fi quelqu'un parle contre fes inten tions; s'il ne communique pas avec les hereti-ques; s'il a une image, ou un livre qui en parle; s'il a reçu un exilé, ou fervi un prifonnier. Quand il eft découvert, auffi-tôt il est pris, dé-chiré de coups, banni. Cette crainte rend les maîtres foumis à leurs efclaves. J'implore done au nom de tous vôtre affistance: quand vousne pourriez nous fecourir que par vos prieres, elles nous feront très-utiles en ce preffant be-foin.

Il envoya au patriarche d'Antioche la même lettre qu'à celui d'Alexandrie: mais celle qu'il adreffa au patriarche de Jerufalem eft differente. Vous êtes, dit-il; le premier des patriar ep. 15 ches, quoique le cinquième en nombre à caufe de la dignité du lieu ou Jefus-Chrift a vécu. Il le prie de favorifer le moine Denis porteur de la lettre, pour rendre les autres dont il étoit chargé, apparemment aux deux autres patriarches:

ép: 16, ep, 173

& aux abbez de Palestine. Car Theodore écrivoit auffi à l'abbé de la Laure de faint Sabas & à ceux de faint Theodofe, de faint Chariton & de faint Euthymius: avec toutes ces lettres étoient des copies d'un écrit des Icono claftes, & de la réfutation faite par faint Theodore.

Quoiqu'il témoigne n'attendre autre fruit de cés lettres que des prieres: il y en avoit encore un bien grand, de faire voir par les réponses let confentement de toutes les églifés, en faveur des faintes images: car ces Orientaux n'étoient point retenus par la crainte de l'empereur de G. P. Le patriarche Melquite d'Alexandrie étoit Chriftofle, celui d'Antioche étoit Job. Il ne paroît de réponse ni de l'un ni de l'autre: mais ily en eut certainement de Thomas patriarche Melquite de Jerufalem, qui étoit entré dans ce Sup. liv. fiege, l'an 811. & le tint dix ans, comme il a XLV.n.56. été dit, c'eft-dire, jufques à l'an 821. 11 enVit ap Sur. Voya même à C. P. pour foutenir la caufe de 26 Dec. to. l'églife deux moines de faint Sabas; nommez 66p. 1094. Theodore & Theophane. Ils étoient freres, &

de Jerufalem. Theodore fut mis dès l'enfance dans ce monaftere,pour y apprendre les lettres & la pieté: ce qui montre qu'en Orient,auffi bien qu'en Occident les monafteres avoient des écoles. Il fut ordoné prêtre par le patriarche, & un vieillard, dont il étoit difciple prédit qu'il fouffriroit un jour le martyre. Il étoit fort inftruit, & compofa même des livres pour la défénfe de la verité. Etant arrivé à C. P. avec lon frere Theophane, il fe prefenta premierement au patriarche Theodote, & lui reprocha hardiment fon herefie. Enfuite s'étant rencontré devant l'empereur Leon, il lui parla avec la mê me liberté. L'empereur le fouffrit d'abord, par respect pour la vertu le fit venir & l'entretine

aloifir. Mais le voyant infléxible; il le fit foüetter avec son frere Theophane, & les envoya à l'embouchure du pont Euxin, avec ordre de ne leur donner ni noutiture ni habits: La mort de l'empereur Leon fut caufe qu'ils n'y demeurerent pas long-tems: ce qui femble montrer qu'ils ne vinrent à C. P. qu'en

820..

Le pape

ep: 155

Le patriarche Theodote de C. P. écrivit de XXXIV/ fon côté au pape Pascal & lui envoya des apocrifiaires: mais le pape ne voulut pas les voir, fofitient & les renvoya de loin. Saint Theodore Studite les catho-liques. l'en remercia par une lettre, où il dit ; Vous êtes dês le commencement la fource pure de la foi orthodoxe: vous êtes le port affûré de toute l'églife, contre les tempêtes des heretiques, &. la ville de refuge choifie de Dieu pour le falut. Virs ap: Il chargça de cette lertre fon difciple Epipha- Bol. 14 ne: à qui il en donna auf une pour Methodius Jun 1.969.apocrifiaire du patriarche Nicephore à Rome. 1l étoit Sicilien, né à Syracufe, de parens no. bles & riches. Il apprit la grammaire, l'histoire, & l'art d'écrire en notes, & étant en âge d'homme, il vint à C. P. avec beaucoup d'ar-gent dans le deffein de s'avancer dans les charges de la cour & de vivre fplendidement : mais › un faint moine, à qui il avoia fon deffein, luis confeilla de chercher plûtôt les biens éternels, & Methodius perfuadé par les difcours, fit pro-feffion dans le monaftere nommé, Chenolac, fondé par faint Etienne fous Leon Ifaurien.. Methodius accepra volontiers la commiffion d'aller à Rome pour le mettre à couvert de la fan-p.97_6. perfecution de Leon l'Armenien. Mais il ne relâcha rien dans ce voyage de l'obfervance: mo-naftique.

Le pape Pafcal envoya des legats & des lettres à C, P. pour foutenir la cause des images

Boll. As

AN. 817. mais ce fut fans effet, finon d'encourager les ca tholiques, voyant le premier fieège de l'église déclaré pour eux. De fon côté le pape ayant rebâti de neuf à Rome l'églife de fainte Praxede, qui menaçoit ruine, y transfera plufieurs corps faints des cimetières ruïnez & abandonnez, & fonda au même lieu un monaftere pour des Grecs où ils faifoient jour & nuit l'office en leur langue. On croit que c'étoit pour ceux qui se retiroient pour lors à Rome fuyant la perfecu tion. Le pape donna à ce monaftere des revenus fuffifans en fonds de terre & en maisons; & orna magnifiquement l'églife de fainte Praxede, jufqu'à mettre fur l'autel un ciboire ou baldaquin de huit cens livres d'argent.

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roi d'Italie.

Eginb. an.

817. 818. Aftronom. Theg. c.22.

23. 24.

Chr: Moif.

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Cependant Bernard roi d'Italie indigné du! Revolte de couronnement de Lothaire, fe revolta contre Bernard l'empereur Louis fon oncle: qui ayant marché promptement contre lui, le parti fe diffipa, & Bernard fe rendit avec plufieurs de fes compli ces. C'étoit en 817. L'année fuivante ils furent jugés à Aix-la-Chapelle; & quoique l'affemblée des François les eût condamnez à mort, l'empereur fe contenta de leur faire crever les yeux. Mais Bernard en mourut trois jours après ayant regné quatre ans & cinq mois depuis que Charlemagne fon ayeul l'eut declaré roi. Trois évêques complices de fa revolte furent déposez par leurs confreres, & envoyez en des monafteres. C'étoit Anfelme de Milan & Vulfolde de Cremone, tous deux fujets de Bernard & Theodulfe d'Orleans né en Lombardie. L'empereur Louis craignant quelque attentat pareil de fes trois jeunes freres Drogon, Hugues & Theodoric, les enferma dans des monafteres, après leur avoir fait couper les cheveux.

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XXXVI.

Saint Eigil

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Ratgar abbé de Fulde fut dépofé vers le même tems. Il étoit-né de parens nobles en Ger-

ma

to. S. Alt

manie, & avoit fuccedé l'an 802. à Baugulfe AN. 818., fucceffeur de S. Sturme. Ratgard orna magnifi- abbé de quement le monaftere, & cultiva les études: Fulde. mais il fe rendit fi odieux par fa dureté, que Vita Eigil dès l'an 81 r. douze moines allerent préfenter à p. 227. Charlemagne une requête, contenant plufieurs Ibid. p.260) plaintes contre lui, entre autres qu'il aboliffoit les fêtes pour augmenter le travail, qu'il n'avoit point d'humanité pour les infirmes, & les vieillards: qu'il faifoit des bâtimens exceffis, qu'il negligeoit l'hofpitalité, & recevoit trop facilement des novices, fans éprouver leurs mœurs. L'empereur Charlemagne fit examiner l'affaire par Riculfe archevêque de Mayence & par trois autres évêques, qui appa ferent le trouble pour un tems: mais il recommença foust le regne de Louis ; & il envoya des moines d'Occident, c'est-à-dire, de Gaule, qui firent depofer l'abbé Ratgar l'an 817. & rétablirent la tranquilité dans le monaftere.

Alors les Moines ayant obtenu de l'empereur' la permiffion d'élire un autre abbé, choifirent tout d'une voix Eigil venerable vieillard, difci ple de faint Sturme, dont il a même écrit la vie. Il étoit né dans le Norique : fes parens, qui Pétoient auffi de faint Sturme, le lui envoye rent tout jeune, & ille fit inftruire dans l'école du monaftere. Il s'excufoit fur fa vieilleffe & fes infirmitez, pour ne point accepter la charget d'abbé toutefois il fut amené à l'empereur, qui approuva l'election; & Heiftolfe fucceffeur de Riculfe dans le fiege de Mayence lui donna la benediction abbatiale: c'étoit l'an 818. Le gouvernement d'Eigil fut très doux il ne fai-foit rien fans le confeil des freres. Il fervoit lui-même à table le jour de Noël pour montrer l'exemple: il obtint même de l'empereur que Ratgar fon predeceffeur fut rappellé d'exil::

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