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AN. 822.

En cette affemblée l'empereur Louis témo Agob. de gna un grand défir de réformer tous les abus indifp. c 2, troduits par la negligence des évêques & des feigneurs. Les principaux loüerent extrême. ment fon deffein. L'abbé Adalard venerable par fon grand âge, dit que depuis le tems du roi Pepin,il ne fe fouvenoit point d'avoir vu traiter plus dignement de l'utilité publique, pourvû que l'obéiffance & l'execution répondit aux réfolutions. Agobard étoit alors archevèque de Lyon, ayant fuccedé a Leidrade, qui au commencement du regne de l'empereur Louis fe reAde. Chr. tira à Soiffons dans un monaftere. Agobard

XLVII

Election des évêquest

Cap lib 1. 6.83 Cap Baluz 20.1.8.553. to. 7 conc. p.1479.

vCoint an. $22. n. 12. &c.

avoit été chorévêque de l'églife de Lyon, & en fut ordonné évêque du confentement de l'emreur & de tous les évêques des Gaules. Il affiftoit à cette affemblée, & lui parla fortement contre P'ufurpation des biens ecclefiaftiques par les laïques: foutenant que violer les canons étoit un attentat contre Dieu même, & que l'on alleguoit en vain des neceffitez nouvelles, que Dieu auroit bien prévûës, lorfqu'il avoit infpiré à fon églife d'établir ces regles pour être éternellement obfervées.

Il eft certain qu'en ce pailement d' Attigni on: fit un capitulaire, & il paroît affez vrai-femblable que c'eft celui de ving-neuf articles que l'on raporte ordinairement à l'ai 816.

Le fecond article eft conçu en ces termes: N'ignorant pas les facrez canons, & voulant que l'églife jouffe de fa liberté : nous avons accordé que les évéques foient élus par le clergé & le peuple, & pris dans le diocefe même, en confideration de leur mérite & de leur capacité, gratuitement & fans acceptica de perfonnes. On a vû en divers endroits de cette hiftoire, combien les élections des évêques avoient été troublées par la puiffance feculiere, depuis la

do

dominations de Francs & des autres barbares.

L'empereur Louis fut le premier, qui par cette Serm. prefe ordonnance rendit à l'églife fa premiere liberté. to. conce On rapporte à ce même tems un petit traité de p. 1800. l'élection des évêques; compofé par Florus diacre de l'églife de Lyon. Suivant les canons,ditil, & la tradition apoftolique, le fiege étant vacant, un du clergé de la mêine églife doit poft. Agob. être choifi, par le confentement unanime du 1.2.p. 2546 même clergé & de tout le peuple. On le nomme dans un decret autentique, puis il est confacré par les évêques en nombre legitime, & cette ordination eft censée un jugement de Dieu, fuivant S. Cyprien. Il eft conftant que les évêques ont été ainfi ordonnez par toute l'églife, fans confulter aucunement la puiffance temporelle, pendant près de quatre cens ans. Et depuis que les princes ont été Chrétiens, il eft évident, que ep. 52. al les ordinations des évêques font demeurées $5. ad Anpour la plupart dans la même liberté: car quand il n'y avoit qu'un empereur, il n'étoit pas poffible de lui donner connoiffance de tous les évêques qui devoient être ordonnez en tant de vaftes païs, d'Afie, d'Europe & d'Afrique.

Quant à la coûtume qui s'eft depuis établie en quelque royaume, de confulter le prince pour Fordination des évêques: elle fert à entretenir la charité & la paix avec la puissance feculiere; mais ce n'eft pas une condition neceffaire pour autorifer l'ordination, qui ne fe donne point à la puiffance royale, mais feulement par l'ordre de Dieu & le confentement de l'Eglife. Car-l'épifcopat n'eft pas un prefent des hommes, mais un don du S. Efprit. C'est pourquoi le prince peche grievement, s'il croit faire une liberalité, de ce qui n'eft donné que par la grace divine. Florus apporte enfuite les exemples de l'ordination de S. Martin & de S, Eucher de Lyon.

L'em

ton.

XLVIII. Autres reglemens

C. 34.

C. 6.

C. 16.

6. 27.

C. I.

. 1. p.301.

Hincm. de

divor. t. I. 2. 574.

L'empereur confirme dans le même capitu laire la regle des chanoines & celle des moines, qui avoient été faites à Aix-la-Chapelle, puis il pourvoit à plufieurs abus dans les matieres ecclefiaftiques.

Les ferfs ne pourront être ordonnez, qu'ils n'ayent été affranchis par leurs feigneurs'; & ceux qui auront été ordonnez par surprise,feront dépofez. Les ferfs de l'églife feront affranchis publiquement au coin de l'autel, avant que d'être ordonnez, quand ils en feront trouvez dignes. Il eft deffendu aux évêques de Lombardie d'exiger ni ferment, ni prefens de ceux qu'ils ordonnent, comme ils faifoient par le paffé. On voit ici que ce capitulaire n'a étê fait qu'après la mort de Bernard, avant la quelle l'empereur Louis n'avoit point de ju rifdiction en Lombardie. Il eft defendu de chercher la verité par l'examen de la croix. J'ai marqué ailleurs ce que c'étoit que cet examen. Les deux parties fe tenoient debout devant une croix & celui qui tomboit le premier perdoit fa caufe.

Agobard en parle dans fon traité contre le prétendu jugement de Dieu: c'eft-à-dire contre les épreuves du feu & de l'eau, & les combats finguliers autorifez par la loi des Bourguignons. Il montre que c'eft tenter Dieu, d'employer ces moyens pour connoître la verité; & rapporte ce fujet quantité de paffages chois de l'écriture, premierement du nouveau teftament, puis de l'ancien: mais c'eft principalement le duel, quil attaque en cet écrit.

On croit que c'est à ce même concile d'Attigni, que l'empereur Louis renvoya les plaintes d'une femme noble, nommée Northilde, contre Agembert fon mari: mais les évêques en renvoyerent le jugement aux laïques ma

Aftron, an

817.

rez, comme mieux inftruits de telles matieres, & des loix feculieres: ordonnant à la femme de s'en tenir à leur jugement à la charge que fi elle fe trouvoit coupable & demandoit penitence, les évêques la lui impoferoient, inivant les canons. Les nobles laïques furent trés contens de cette discretion des évèques, qui ne leur ôtoient point le jugement de leurs femmes & n'entreprenoient point fur la ju rifdiction féculiere. On vit bien-tôt un effet fenfible des reglemens, que l'empereur Louis avoit fait pour la reformation du clergé : car les évêques & les clercs quitterent leurs ceintures garnies d'or & chargées de coûteaux ornez de pierreries: les éperons & les habits pretieux qui les faifoient reffembler à des laiques. Quelque tems après le parlement d'Attigni Capit, to.. l'empereur Louis étant à Tribur près de Mayen- p.626 to.7 ce, confirma cinq articles que les évêques a conc.p.519 voient dreffez l'année precedente au concile de Thionville, pour la sûreté des perfonnes ecclefiaftiques. A ce concile de Thionville tenu l'an 8 21. affifterent trente-deux évêques, dont quatre étoient métropolitains, Aftolfe deMayence, Hadabald de Cologne, Hetton de Treves, & Ebbon de Reims : les autres évêques de Gaule & de Germanie y envoyerent des deputez, L'occafion des canons qu'ils y firent fut le meurtre d'un évêque nommé Jean, tué en Gascogne d'une maniere honteufe & inouic. Il fut donc ordonné que celui qui auroit maltraité un soudiacre, feroit penitence pendant cinq carêmes,, & payeroit à l'évêque trois cens fous, outre la compofition de la loi envers l'offencé. Si le foudiacre eft mort, le meurtrier fera penitence les cinq années entieres, & payera 400 fous, ou tre la compofition au triple. Les fous de ce Mon. p 96. tems-là en valoient quarante des nôtres, c'est-à

C.I.

Le blanc.

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XLIX.

cement de

Mab. act. 1. 6 p.20.

dire deux de nos livres de compte. On taxe à proportion les injures faites aux diacres & aux prêtres, dont le meurtrier eft condamné à douze ans de penitence, & 900. fous d'amende. Quant à celui qui a tué volontairement un évêque il s'abftiendra de chair & de vin toute fa vie, quittera le fervice de guerre, & ne pourra fe marier. Les évêques refolurent de demander à l'empereur & aux feigneurs la confirmation de ce reglement, à caufe des amendes qui regardoient la puiffance temporelle.

C'eft ce qui leur fut accordé en 822. où les mêmes articles furent renouvellez quant aux amendes pecuniaires, fans parler des peni tences & l'empereur ajouta: Si quelqu'un n'obéit pas à ce decret, outre la fentence canonique, il ne pourra tenir de benefice, c'està-dire, de fief, en notre royaume : & fes aleus, c'eft-à-dire, fes biens propres, feront confifquez. Il tiendra prifon jufques à ce qu'il fatisfaffe à l'églife. Les feigneurs approuverent ee decret, & y foufcrivirent, & les ecclefiaftiques chanterent le Te Deum, en action de graces.

S. Eigil abbé de Fulde étant mort, Raban Commen- lui fucceda cette année 822. Il étoit né à MayenRaban ce vers l'an 777. & fut mis dans le monaftere de Fulde des fon enfance. En 801. il fut ors donné diacre, l'année fuivante fon abbé l'envoya à Tours, avec un autre moine nommé Hatton, pour apprendre les arts liberaux & l'écriture fainte fous Alcuin: qui donna à Raban le fournom de Maur fuivant la coutume des favans de ce tems-là, de joindre un nom latin à leur nom barbare. Raban étant révenu de Tours gouverna l'école de Fulde, qui fut trés-celebre de fon tems. Elle avoit une ample bibliotheque, & il en fortit des docteurs fameux pour

tou

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