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en ôtage au roi Charles pendant la guerre le AN. 792, toi le retint, il fur tonfuré, inftruit dans les lettres, & mis dans le clergé de Virsbourg: où il fe diftingua tellement par fon mérite qu'il en fut tiré par l'ordre du roi, pour être le premier évêque de Paderborn : ce fiege demeura fujet à la metropole de Mayence comme celui de Virsbourg. Les Saxons s'étant entierement revoltez l'an 792. Charles marcha contre eux, & ils fe foumirent fans combat l'an 794. mais ils fe fou- tenf. &c. leverent encore en 795.& plus ouvertement en 798. & c'eft ce qui obligea le roi à y faire ce dernier voyage. Ces revoltes des Saxons étoient toujours accompagnées d'apoftafie contre la religion chrétienne.

Ann.Egin,

Fuld. Me

XIII.

Retractation de Fe

Dans ce même tems que Charles étoit à Paderborn en 799. il envoya à Urgel Leidrade archevêque de Lion, Nerride archevêque de lix d'UrNarbonne, Benoit abbé d'Aniam, & plufieurs gel. autres, tant évêques qu'abbez, pour perfuader Felic. Felix de quitter fon erreur, & fe foûmettre au confeß. fid. jugement de l'églife. Ces prélats étant arrivez à Alcun. adv. Elip. Urgel, reprefenterent à Felix ce qui s'étoit paffé lib. 1. init. au concile tenu à Rome la même année, & comme on y avoit condamné fa lettre à Alcuin. Ils l'inviterent à venir devant le roi; & lui donnerent parole, qu'il y auroit toute liberté de produire les paffages des peres, qu'il prétendoit favorables à fon opinion. On peut mettre au nombre des conciles cette affemblée d'Urgel. Elle y fut tenue apparemment pour reparer fur les lieux le scandale que Felix y avoit caufé, & l'archevêque de Narbonne, qui y affiftoit, étoit le metropolitain de la province.

Felix fe laiffa perfuader & vint à Aix-la-Chapelle, où le roi Charles paffa l'hiver de cette année 799. qui commençoit la trente-deuxième de fon regne. On y tint l'affemblée des feigneurs

&

AN. 799.

p. 858.
ap. Alcuin

P. 998.

& des évêques en prefence du roi. Felix y pro duifit en toute liberté fes autoritez; les prelats le combattirent & le convainquirent par raison, fans aucune violence. Il fe rendit & renonça à fon erreur, mais à caufe de fes frequentes rechutes il fut dépofé de l'épifcopat & relegué à To.7.Conc Lion, où il paffa le refte de fes jours. Il donna fon abjuration par écrit en forme de lettre adreffée à fon clergé & fon peuple d'Urgel, où il fe qualifie jadis évêque, & raconte ce qui s'étoit paflé dans ce concile d'Aix-la-Chapelle, & comme il y avoit été convaincu par les autoritez des peres, entre-autres de faint Cyrille, de faint Gregoire, de faint Leon qu'il ne connoiffoit pas auparavant;& par l'autorité du concile tenu depuis peu à Rome, par l'ordre du roi Charles contre fa lettre d'Alcuin. Il déclare enfuite, qu'il eft revenu de tout fon cœur à l'églife univerfelle, & qu'il fe repent de fon erreur, promettant de ne plus croire ni enfeigner que Jefus Chrift, felon la chair, foit fils de Dieu adoptif ou nuncupatif; mais qu'en l'une & l'autre nature, il eft le vrai fils unique de Dieu Il exhorte fon église à croire cette doctrine avec l'églife univerfelle, à prier pour lui, & faire ceffer le fcandal qu'il avoit caufé, Il ajoûte à la fin un grand paffage de Nestorius, & plufieurs autoritez des peres pour le refuter.

Ap Alcuin $.995.

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On rapporte au même tems une lettre d'Elipand à Felix, par laquelle toutefois il le fupofe encore dans fon erreur. Elle eft pleine d'in, jures contre Beat & contre Alcuin, & n'eft remarquable que par deux chofes, par la barbarie duftile, dont le latin eft fi corrompu, que l'on y voit le commencement de l'Espagnol vulgaire, & par l'âge d'Elipand, qui dit que le vingt-cinquième de Juillet il eft entré dans fa

qua

quatre-vingt-deuxième année; ainfi il devoit Ax. 729.) étre né peu de tems après l'entrée des Arabes en Espagne.

XIV.

tions contre

Pafcal &

Cependant le pape Leon retournoit à Rome, accompagné d'archeveques, d'évêques & de Informacomtes, & par toutes les villes où il paffoit, on le recevoit comme fi c'eût été faint Pierre luiCampule. même. Il arriva à Rome la veille de faint An- Ant. dré, vingt-neuviéme de Novembre, la même année 799. & tout vint au devant, le clergé, le fenat, la milice, le peuple, les femmes mêmes, & jufques aux diaconelfes & aux religieufes. Il y avoit auffi diverfes troupes d'étrangers, François, Frifons, Saxons & Lombards. Ils vinrent tous au-devant jufques à Ponte-Mole, portant des bannieres, & chantant des cantiques fpirituels, & le conduifirent à faint Pierre, où il celebra la meffe, & ils communierent tous. Le lendemain il entra à Rome, & logea au palais de Larran.

Quelques jours après les évêques & les feigneurs qui l'avoient accompagné, s'affemblerent dans la falle de ce palais qu'il avoit fait bâtir pour informer des accufations intentées contre lui par Pafcal, Campule & leurs complices. Ces commiffaires envoyez par le roi Charles étoient dix, favoir fept évêques & trois comtes; les évêques étoient Hildebalde archevêque de Cologne, Arnon de Salsbourg, Bernard évêque de Vormes, Hatton de Paffau, Jeffé d'Amiens, Cunibert & Flaccus, dont on ne fait pas les fieges. Après qu'ils eurent éxaminé l'affaire pendant une femaine & plus, ils ne trouverent aucune preuve contre le pape Leon, c'eft pourquoi ils firent arrêter les accufateurs, & les envoyerent en France.

Arnon avoit fuccedé dans le fiege de Juva

XV.

Arnon archevêque de Salf. bourg. Sup. XLIV

2.3.
v. Coint.
781.8.125.
& 796.
12.122.

Coint 798.

52.48.

Vita S.Rup ap. Canif $0.6.

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ve, Salsbourg à Bertric, qui ne le tint qu'un an après la mort de faint Virgile. Le roi Pepin, fils de Charles, ayant fubjugué les Huns en 796. & étendu l'empire François jufques au Drave, chargea l'évêque Arnon d'inftruire dans la religion chrétienne ces nouveaux sujets mêlez de Huns & de Sclaves, jufques à ce que le roi Charles fon pere vint fur les lieux. En 798. Valderic, archevêque de Paffau, étant mort le roi Charles fit rendre au fiege de Salsbourg la dignité de métropolitain de Baviere qu'il a voit auparavant ; & chargea le nouvel archevêque Arnon d'aller chez les Sclaves, & y affer mir la religion. En effet il confacra des égli fes, ordonna des prêtres, inftruifit le peuple; & à fon retour rapporta au roi qu'il y avoit un grand fruit à faire, fi on y établiffoit un évêque. Le roi lui ayant demandé s'il avoit un fujet propre, il lui nomma Theodoric, & par fon ordre le facra évêque, puis avec le comte Gerold, ille conduifit en Sclavonie, le mit entre les mains des feigneurs, & lui recommanda le pays des Carenthiens, & leurs confins au couchant du Draye jufques à l'endroit où il fe décharge dans le Danube. L'archevêque Arnon donna tout pouvoir à l'évêque Theodoric fur ce pays de prêcher, de bâtir, & dédier des églifes, d'ordonner des prêtres,& d'établir toute la difcipline eccléfiaftique à la charge feulement de reconnoître la fuperiorité du fiege de Juvave. Arnon de fon côté continuoit à travailler avec un grand zele à la converfion de ces nations. Sa prudence le rendoit aimable aux feigneurs & aux peuples, qui lui étoient tellement foumis, qu'il fe faifoit obéir en leur envoyant non-feulement une lettre, mais dụ papier blanc. Il faifoit manger à fa table tous les efclayes Chrétiens, & leur donnoit à boire dans

:

dans des coupes dorées : tandis que leurs maî- AN. 800. tres payens étoient affis dehors comme des chiens, & on leur mettoit devant eux du pain, de la chair & du vin, pour se fervir eux-mêmes. Quand ils demandoient pourquoi on les traitoit ainfi on leur répondoit: N'ayant pas. été lavez au bain falutaire, vous n'êtes pas dignes de communiquer avec ceux qui ont pris une nouvelle naiffance. Cette conduite les excitoit à fe faire inftruire; & ils s'empreffoient, à recevoir le baptême.

Le roi Charles ayant passé l'hiver à Aix-la- Ap.Egiz. Chapelle, en partit à la mi-Mars de l'an 800. pour vifiter les côtes de l'Océan, déflors attaquées par les pirates Normans. Il celebra la fête de Pâques, qui étoit le dix neuvième d'Avril, au monaftere de Centule ou de faint Riquier, dont Angilbert étoit abbé, puis il paffa à Rouen, & de là à Tours, prier au tombeau de faint Martin, & voir Alcuin, à qui il en avoit donné l'abbaye, mais il fut obligé d'y fejour-. ner, à caufe de la maladie de la reine Luitgarde fon époufe, qui y mourut le quatrième de Juin. De-là le roi revint par Orleans & Paris, à Aix-la-Chapelle, & au commencement d'Août à Mayence, où il tint l'affemblée des Seigneurs, nommée depuis parlement, & y réfolut fon voyage d'Italie.

Cependant il renvoya en Espagne les deux archevêques, Leidrade de Lion, & Netride de Narbonne, avec Benoît abbé d'Aniane trèscelebre en ces quartiers, pour achever d'éteindre l'herefie de Felix d'Urgel. Alors Alcuin compofa un traité pour répondre à la lettre d'Elipand, divifé en quatre livres: dont les deux premiers font, la refutation de fa lettre, les deux autres établissent la verité catholique. Alcuin les envoya aux évêques pour les lireTome X.

B

pen

XVI.

Traitè d'Alcuin

contre Eli.

pand.
Alcuin in
Elip lib 1.
Alc. ep.18.

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