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Louis.

fa

Jean, que l'on gardoit long-tems après, & qui gueriffoit des malades. Lazare furyêcut plufieurs années à l'empereur Theophile. XXXIII. En France l'empereur Louis s'attira par Revolte foibleffe un étrange traitement. Ermingarde fa contre premiere femme lui laiffa trois fils, qu'il dél'empereur clara rois tous trois : il affocia à l'empire Lothai. Sup liv. re, qui étoit l'aîné, & lui donna l'Italie ; l'Azly.2.27. quitaine à Pepin, qui étoit le fecond; & au troifiéme, nommé Louis, la Baviere. Après la mort de leur mere il époufa Judith, dont il eut en 823. un quatriéme fils nommé Charles. Sa mere voulut auffi lui affûrer un royaume, & l'empereur Louis en 829. lui donna, à ce titre, ce que l'on nommoit alors Allemagne, c'eftà-dire, le haut Rhin, avec la Retique, & une Theg.c.35. Nithard. t. partie de la Bourgogne. Lothaire & Louis é1. Aftron. toient prefens, & parurent y consentir. Lothaire même promit d'être le protecteur de an. Egin. 829 Vir. Charles; mais il s'en repentit bien-tôt ; & l'emVala n. 7. pereur Louis, ou plutôt Judith, pour se for to. 5. Att. tifier contre le fils du premier lit, fit venir SS. Ben. p à la cour Bernard comte de Barcelone & gou

an. 829.

495.

verneur de la frontiere d'Espagne, fils de faint Guillaume de Gelone : à qui l'empereur Louis donna la charge de chambellan, alors la premiere du palais.

Bernard homme ambitieux & violent fomenta la divifion entre le pere & les enfans: changea plufieurs officiers, & fe rendit odieux à la plupart des feigneurs. Il étoit fi bien avec l'imperatrice, qu'on les accufoit ouvertement d'un commerce criminel; & l'on en vint bien tôt à Ann. Met. une revolte declarée. Au printems de l'année 830. tandis que l'empereur Louis vifitoit les côAftron. tes de l'Ocean, marchant vers la Bretagne : PeAn. Bertin. $30. pin roi d'Aquitaine s'avança avec une grande armée jufques à Paris, & de-là à Verberie.

$29.

L'em

AN. 830.

C. 10.

L'empereur Louis fe trouvant le plus foible,
congedia Bernard, qui fe fauva à Barcelone :
enferma Judith dans le monaftere de N. D. de
Laon, & fe retira lui-même à Compiegne. Pe-
pin fe fit amener Judith, qui fe voyant mena-
cée de mort, promit de prendre le voile de
religieufe, & de perfuader à l'empereur d'em-
brailer auffi la vie monaftique. On la mena ¦à
l'empereur, qui lui permit de prendre le voile;
mais pour lui, il demanda du tems, pour dé-
liberer s'il feroit couper les cheveux. Judith fut
conduite à Poitiers & enfermée dans le mona.
ftere de fainte Croix. Lothaire arriva ensuite, &
enfin Louis roi de Baviere; & les trois freres fe
trouverent à Compiegne. L'empereur leur pe via Vale
re les appaifa, témoignant être content de ce
qui s'étoit paflé ; & promettant de ne rien faire
à l'avenir que par leur confeil. Il conferva
donc pendant tout cet efté le nom d'empereur,
quoique Lothaire eût tout le pouvoir effectif.
Mais au mois d'Octobre de la même année 8 30.
on tint à Nimegue un parlement, où l'empe- Aftron
reur Louis foûtenu par les feigneurs de Germa-
nie reprit fon autorité. D'abord il exila l'ab-
bé Hilduin, qui étoit venu à l'affemblée, ac-
compagné de gens armez contre fa défense. Il
l'envoya en Saxe; où il demeura quelque tems
dans la nouvelle Corbie. Vala abbé de l'ancien
ne Corbie fut auffi exilé: car il étoit entré
dans le parti des rebelles, perfuadé de tous
les crimes que l'on imputoit à Judith & à Ber-
nard, & que ce dernier en vouloit à la vie de
l'empereur Louis. Il fut relegué prés du lac de
Geneve, & renfermé dans une caverne inaccef-
fible. Là on lui envoya le moine Pascase fon
confident, pour lui faire avouer qu'il étoit cou-
pable: mais Vala ne put jamais fe refoudre à
parler contre la confcience. Car il n'avoit eu

que

AN. 831, que des intentions droites, & avoit crû neceffaire, pour le bien de l'état, de s'opposer à la tyrannie de Bernard. Il fut enfuite transferé à Noirmoutier dans l'ifle Hero, & enfin renvoyé à fon monaftere de Corbie.

Theg. c. 36. 37.

Jeffé évêque d'Amiens, qui s'étoit déclaré entre les chefs de la revolte, fut déposé à Nimegue par les évêques. Le jugement des autres coupables fut remis à un parlement, qui fe tienAnn. Met. droit au mois de Février fuivant. Cependant 829. Ber

830.

XXXIV.
Commen-

on jugea en celui-ci, que l'imperatrice Judith, injuftement féparée de l'empereur Louis, lui feroit rendue fuivant les canons & par l'autorité du pape Gregoire, qui apparemment avoit été confulté. Judith fut auffi-tôt mandée, & revint auprés de Louis: à la charge de fe prefenter au prochain parlement, pour le défendre des crimes dont on l'accuferoit : & jusques-là l'empereur ne lui rendit point les honneurs dûs à fa dignité. Le parlement fut tenu à Aix-la-Chapelle au mois de Février 831, comme il avoit été convenu. Judith s'y prefenta devant l'empereur & fes fils. Le peuple demanda fi quelqu'un la vouloit accufer: perfonne ne parut, & elle fe purgea par serment, fuivant la loi des François, de tout ce qu'on lui avoit impofé. On jugea les coupables qui avoient été arrêtez à Nimegue: & ils furent trouvez dignes de mort: mais l'empereur leur donna la vie, & fe contenta de les faire garder en divers lieux, les clercs dans les monafteres: encore en rappella-t'il plusieurs dès la même année.

Pendant ces troubles & l'exil de l'abbé Vala, Pafcafe Ratbert écrivit fon fameux traité du cement de corps & du fang de Nôtre-Seigneur. Il fuc Pafcafe élevé dès fon enfance dans le monaftere de Ratbert, Notre-Dame de Soiffons par la charité des re

ligieufes, à qui il en témoigna fa reconnoiffan· ce toute la vie. Il y fut confacré à Dieu, & y reçut la tonfure; mais enfuite il revint dans le monde, & vécut long-tems en féculier. Enfin il fe retira dans le monaftere de Corbie, fous la conduite de l'abbé Adalard l'ancien ; & s'y appliqua à l'étude avec tant de fuccès, qu'il fut enfu te chargé d'inftruire fes confreres, & acquit une grande réputation. Il avoit très-bien appris les lettres humaines; mais fa principale étude fut de l'écriture fainte & des peres : & même avant que d'être abbé, il expliquoit à la communauté l'évangile aux jours folemnels. Toutefois il ne manquoit ni à l'office, ni à aucun autre devoir de la vie monaftique; il n'employoit à l'étude que le tems qui lui reftoit & qu'il pouvoit dérober; ayant principalement pour but d'éviter l'oisiveté.

> enrre au

Mabill. praf. 10. 6. 35. 4. Ibid. elog

1.122.

Supil xlvi.

.7.

Il eût plufieurs disciples à Corbie tres, le jeune Adalard, qui gouverna l'abbaye à la place de l'ancien: faint An caire, depuis archevêque de Hambourg: Hildeman & Odon, tous deux évêques de Beauvais, & Varain abbé de la nouvelle Corbie. Ratbert travailla luimême à la fondation de ce monaftere, & il y accompagna en 822. l'abbé Adalard, & Vala fon Sup. xlvi. frere. En 826. après la mort d'Adalard, il fut n. 50. député par la communauté de l'ancienne Corbie, pour obtenir de l'empereur Louis la con

firmation de l'élection de Vala : & en cette oc-
cafion, comme un feigneur lui demandoit
pourquoi ils avoient choifi un homme fi feve-
re, il répondit: qu'il falloit prendre pour guide
celui qui marchoit devant les autres. L'empe-
reur Louis l'envoya en Saxe en 81. apparem
ment à l'occafion de la miffion'de faint Anfcai-
re, & l'employa encore depuis dans les affaires
des églifes & des monafteres. Enfin l'abbé Vala
Tome X.
N l'efti-

AN. 831. l'eftimoit tant, qu'il ne faifoit prefque rien fans lui, ni affaire, ni voyage. Tel étoit le moine Ratbert, qui prit le furnom de Pascase, suivant l'ufage des favans de fon fiécle, de joindre un nom latin au nom barbare.

XXXV.

Traité de Pafcafe fur Puchari

ftie.

Vers l'an 830. il écrivit la vie de faint Ada. lard fon abbé, & l'année fuivante il compofa fon traité de l'euchariftie, à la priere de fon difciple Varin, furnommé Placide, qui après avoir été moine de l'ancienne Corbie, étoit abMabill id. bé de la nouvelle, ayant fuccedé à faint AdaProfat.. lard en 826. Pascale écrivit cet ouvrage d'un 16. Pafch. ftile fimple, en faveur de ceux qui n'étoient trolog. pas encore inftruits des lettres humaines : c'eftà-dire, des moines de la nouvelle Corbie : & fon but étoit principalement de faciliter inf truction des jeunes Saxons, que l'on éleyoit dans ce monaftere: auffi comparoit-il fa doctrine au lait des enfans. L'ouvrage n'eft point contentieux, mais purement dogmatique : Palcafe y expofe fimplement la doctrine de l'églìfe & s'il combat quelque erreur en paffant c'est l'incredulité des ignorans & des mauvais catholiques, ou quelque ancienne héréfie; car il n'y en avoit point de nouvelle fur cette matiere. En ce traité Pafcafe enfeigne principaleinent trois chofes que l'euchariftie eft le vrai corps & le vrai fang de Jefus-Chrift, que la subftance du pain & du vin n'y demeure plus après p. 1555 la confécration; & que c'eft le même corps qui eft né de la Vierge. Ce qu'il exprime aina dès le commencement du livre: Encore que la fi gure du pain & du vin foit ici, on ne doit y Croire autre chofe après la confécration que le corps & le fang de Jefus-Chrift. Et pour dire quelque chofe de plus merveilleux, ce n'eft pas une autre chair que celle qui eft née de Marie, quia fouffert fur croix, qui eft fortie du fe pulcre

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