Imágenes de páginas
PDF
EPUB

AN. 800.

P. 939.

XVII. Vertus

Alcuin.

Epift. 3.

Ep 17.19. 23. &c.

pendant le chemin, & les examiner, avant
qu'il les donnât au public. Il marque ainfi dans
le premier livre la fuite de cette affaire, adref-
fant la parole à Elipand. Avant que je vinsse en
France par ordre du roi Charles, votre erreur
fut examiné à Ratisbonne, le roi préfidant à
l'affemblée, & Felix prefent, & elle fut con
damnée par l'autorité des évêques. Le pape A-
drien l'avoit auffi condamnée; mais Felix re-
tourné en vos quartiers, voulut à votre suscita-
tion la reveiller. Quand je vins en ce pays, je
Jui écrivis une exhortation charitable, de fe
réunir à l'églife catholique : à quoi il s'efforça
de répondre par un gros livre, où il découvroit
toute votre erreur. Je l'ai refuté par fept livres
qui ont été lûs & approuvez en presence du roi
& des évêques. Enfin la trente-deuxième année
du
regne de Charles, Felix a été appellé, &
eft venu volontairement à Aix: où ayant été
oui en presence du roi, des feigneurs & des
évêques, & convaincu par la verité, il a rendu
gloire à Dieu: & ayant confeffé la vraye foi,
eft entré dans l'unité catholique, avec les dif-
ciples qui étoient prefens, Je vous confeille
mon venerable pere, de fuivre l'exemple de
fon humilité avec vos difciples.

Le roi Charles avoit invité Alcuin à faire avec lui le voyage d'Italie: mais il s'en excufa, fans être touché du reproche que le roi lui faifoit, de préferer les toits enfumez de Tours, aux palais dorez de Rome. Nous jouiffons ici, dit-il, de la paix que vous nous avez procu rée, & Rome fondée par la difcorde des freres, en retient encore ce mal, & vous oblige pour l'appaifer, à quitter votre aimable fejour de Germanie. Il prioit fouvent ainfi le roi de le laiffer jouir de la folitude, qu'il a voit toujours aimée; & enfin s'excufant fur fon

grand

grand âge & les infirmitez, il ne fortit plus AN, 899, de Tours.

Pour le retenir en France, le roi lui donna deux abbayes, péu de tems aprés qu'il y fut venu pour la feconde fois; Ferrieres au diocefe de Sens, & faint Loup de Troyes: il lui donBa enfuite faint Joffe fur mer, & enfin la fameufe abbaye de faint Martin de Tours l'an 796. après la mort d'Ithier. Alcuin remit l'obfervance dans cette maison, dont les religieux vivoient partie en moines, partie en chanoines; il acheva la fondation du monaftere de Cormery, commencée par fon predeceffeur, & y envoya vingt moines. Cette abbaye dépend encore de faint Martin de Tours, & a dans fa dépendance le prieuré de Pont fur Seine, au diocefe de Troyes, qui vient d'un hôpital fondé par Alcuin.

Il avoit la difpofition du revenu de ses abbayes, & comme leurs terres étoient peuplées de ferfs, Elipand de Tolede lui reprochoit d'en avoir jufques à vingt-mille. Ces richelles lui étoient à charge: il s'en plaignoit à fes amis, & il obtint enfin la permiffion de fe demettre de l'abbaye de faint Martin en faveur de Fridugife: & de celle de Ferrieres, en faveur de Sigulfe, tous deux fes difciples. Il étoit tout occupé de l'étude & de la priere: il lifoit, il compofoit, il enfeignoit. Il celebroit tous les jours la meffe, & des meffes differentes chaque jour de la femaine: c'est-à-dire,qu'il y affiftoit, ou y fervoit comme diacre; car il n'eut jamais de rang plus élevé dans l'églife. On lui attribue le don de prophetie & des miracles; & nous voyons dans les lettres beaucoup de zele pour la religion, de tendreffe pour fes amis, & une grande modeftie, pour foûmettre les écrits à la cenfure d'autrui.

[blocks in formation]

Sup. L. XLIV. n $4 vita c. 6. Mah. pig. 67.8

&c.

Praf. a.

Ep.

Ep. v.

Vita n. 25.

XVIII.

Ecole de France.

Alcuin eft regardé comme le reftaurateur des lettres en France, du moins comme le principal inftrument du roi Charles pour ce grand ouvrage. Il témoigne en écrivant à ce prince, qu'il ne tenoit pas à eux deux que l'on ne formât en France une Athene chrétienne; & l'on 1. voit par les écrits qu'il travailla à renouveller prefque toutes les études. Il enfeigna premierement dans le palais, le roi tint a honneur d'être fon difciple, & lui donnoit toujours, en lui écrivant, le titre de maître & de precepteur. Il aprit de lui la rethorique, la dialectique, & principalement l'aftronomie : à la. quelle il employa beaucoup de tems & de travail. On voit plufieurs lettres où Alcuin repond à fes queftions fur le cours de la lune. Charles étoit éloquent, & s'exprimoit facilement, & avoit appris les langues étrangeres. Il parloit auffi bien le Latin que le Tudefque, qui étoit fa langue maternelles pour le Grec ill'enten doit mieux qu'il ne le prononçoit,

Egin, vita.
Car

Outre le roi Charles, Alcuin inftruifit encore dans le palais, les princefles Gifele & Rictrude fes filles, Angilbert depuis abbé de CenV. epift.93. tule, Riculfe depuis archevêque de Mayence, & quelques autres. Après Alcuin, cette école, du palais fut gouvernée par un Ecoffois, ou plûtôt Irlandois nommé Clement: & Claude Efpagnol, difciple de Felix d'Urgel, & depuis évêque de Turin, y expliqua l'écriture fainte. cette école continua fous les rois fuivans; & comme elle avoit une bibliotheque, il eft à croire qu'elle étoit fixe à Aix-la-Chapelle, fejour ordinaire des rois.

Ep. 9 epig. 199.V.M. bil. praf. in fec. 4.

3. Launoi de Schol.

L'école de Tours ne fut pas moins celebre, & Alcuin y enfeignoit l'écriture fainte, la gramEpift. 11. maire, l'aftronomie & les autres fciences. Ily forma plufieurs difciples, dont les plus fameux

[ocr errors]

furent Raban archevêque de Mayence; Simeon évêque de Vormes, Sigulfe abbé de Ferrieres, Almalarius furnommé Fortunat. Outre ces écoles, il y en avoit auffi en plufieurs monafteres. Nous verrons bien-tôt celle de Lion qui devint une des plus celebres.

Theodulfe alors évêque d'Orleans, eft regardé comme un des reftaurateurs des lettres, & dans fon capitulaire il fait mention de deux fortes d'écoles de petites pour les enfans, que chaque curé devoit tenir dans fa paroiffe, de grandes pour l'inftruction des cleres en divers lieux dans l'églife cathedrale de fainte Croix, & dans plufieurs monafteres, principalement faint Aignan d'Orleans, faint Benoît fur Loire, & fainr Lifard de Meun. Les autres monafteres les plus fameux pour les écoles furent Corbie, Fontenelle, Prom, Fulde, faint Gal, faint Denis & faint Germain de Paris, faint Germain d'Auxerre, Ferrieres, Aniane, & en Italie le Cap. Aquif mont Caffin. Nous avons vu que le roi Charles 870. des l'année 789. avoit ordonné l'établiffement Sup L. des écoles dans tous les évêchez & les monafteres. Il renouvella fouvent cette ordonnance, & dans le capitulaire de Thionville en 80s. il recommande outre les autres études celle de la médecine.

Les écrits d'Alcuin montrent l'état des études de fon tems. Premierement on y trouve un petit traité des fept arts liberaux, qui femble être tiré de Caffiodore, & ils comptoient ainfi ces arts Grammaire, Rhetorique, Dialectique, Mathematique divifé en quatre parties, Arithmetique, Mufique, Geometrie, Aftronomie. Alcuin fit un traité plus ample de grammaire, & une de les lettres au roi Charles fait voir combien il avoit à cœur de rétablir l'ortographe, qui en eft le fondement, & que la bar

B. 3.

ba

XLIV 45.' c. s. p. 4210' tom. 1.capi

tul.

XIX. Ecrits d'Alcuin.

P. 1246.

[ocr errors]

Epift. 6.

barie des deux derniers fiecles avoit prefque fait oublier. Il fit auffi un traité de rhetorique & un de dialectique en forme de dialogues avec le roi Charles. Mais la plupart de les œuvresfont des explications de l'écriture fainte, & des traitez de theologie.

Luc. XXII.

38. Ep.7.

On voit dans tous ces écrits plus de travail que de genie, plus de memoire que d'invention. & de choix. Avec toute fa grammaire, fa thetorique, fa dialectique, il ne parle le latin ni purement, ni élegamment fon ftile eft chargé de paroles inutiles, d'ornemens affectez, &. de penfées communes ; & fes raifonnemens font: fouvent peu concluans: mais ces défauts lai font communs avec les autres écrivains de fon fiecle. Ils n'ont rien d'original, & ne nous apprennent que les faits de leur tems. Ce qu'ils ont fait de meilleur, eft de maintenir la tradition de la fainte doctrine de l'églife, & de nous conferver les bons livres de l'antiquité facrée & prophane: que nous n'aurions plus fans. les foins qu'ils ont pris d'en recueillir & multiplier les exemplaires. Ce qui eft de moindre dans les auteurs de ce moyen âge, font leurs Poëfies. La plupart n'y entendoient autre fineffe, que la verfification; & leurs vers ne font que de la profe mefurée, fouvent plus plateque la fimple prose, à cause de la contrainte

du vers.

On trouve dans les écrits d'Alcuin quelques points de difcipline ecclefiaftique, qui meritent d'étre remarquez. Ils explique les deux glaives. dont il eft parlé dans l'évangile dans un fens allegorique: mais fans les appliquer aux deux. puiffances temporelles & fpirituelles comme on. a fait depuis. Il exhorte le roi Charles à prendre grand foin de la converfion des Saxons &. des Huns nouvellement foumis de ne leur point

« AnteriorContinuar »