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émbraffa la doctrine des Motazales, efpece d'hé- AN. 833. retiques entre les Mufulmans, qui mêloient à la religion une philofophie trés-fubtile: foutenant Bibl. Or.p. qu'il ne falloit point diftinguer les attributs de 144 Dieu de fon effence, ni dire qu'il fait par fa fcience, ou qu'il juge par fa juftice: mais par fon effence. Its difent auffi que la parole de Dieu, c'est-à-dire, leur Alcoran, a été créée dans un fujet: au lieu que les autres Mufulmans la tiennent incréée & éternelle; & Almamon pu- Elm.p.136) blia un décret fur ce fujet, où il foûtenoit, que l'Alcoran étoit créé, & qu'Ali étoit après Mahomet la créature de Dieu la plus parfaite, ne mettant ainfi l'Alcoran qu'au troifième rang. Il perfecuta même fur la fin de fon regne ceux qui ne recevoient pas ce decret.

p. 138.

Depuis ce tems les Mufulmans continuerent v. Traité d'étudier les fciences, c'est-à-dire, la philo- des études fophie, les mathématiques, & la medecine. Les a 6. parties de la philofophie, qu'ils cultiverent le plus, furent la dialectique & la metaphyfique : des mathematiades, l'atithmetique, la geome trie, & l'aftronomie: de la medecine, la botanique & la chimie. Ces études s'étendirent par rout où regnoient les Mufulmans, & confequent en Espagne. Le fucceffeur du calife Almamon, fut fon frere Mahomet Almoutalem fils d'Aaron, qui regna huit ans.

par

Elm. c9

140.

XLII.

Patriar ches d'O

rient.

Sup 1.XLV.

2. 56.

Pendant le regne d'Almamon, le patriarche Melquite d'Alexandrie étoit Chriftofle, qui tint le fiege trente-deux ans; & eut pour fucceffeur Sophrone, la quatrième année d'Almoutasem, c'eft à-dire l'an 836. Il étoit favant, & philo. fophe, & il tint le fiege treize ans. Marc pa- Ewych. pi triarche Jacobite d'Alexandrie mourut fous Al- 440. mamon, l'an 211. de l'hegire, 826. de J. C. & Elmac. p. eut pour fuccefleur Jacob, qui tint le fiege dix 140.Chron. Or. p. 1096. ans & huit mois. De fon tems les monafteres

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ruinez fous fon prédéceffeur furent rétablis & AN. 833. les moines y retournerent. Les Jacobites racontent, que ce patriarche reffufcita le fils d'un gouverneur nommé Macaire, qui donna le tiers de fon bien aux pauyres, & bâtit à Jerufalem une églife pour les pelerins Egyptiens. Denis patriarche Jacobite d'Antioche étant venu trou. ver le gouverneur d'Egypte, demeura quelques jours chez le patriarche Jacob. Job patriarche Melquite d'Antioche vivoit encore: mais à Jerufalem le patriarche Thomas mourut la feptiéme année d'Almamon, & eut pour fuccef- Eutych. P. feur Bafile, qui tint le fiege vingt cinq ans. 428. C'étoit l'état des églifes d'Orient.

XLIII.

Souffran

ces de S.

& de faint Theopha

ne.

Vit ap.Sur. 26. Dec Ca

A C. P. l'empereur Theophile continuoit de perfecuter les catholiques, pour la veneration des images. On lui défera entre autres Theo- Theodore dore de Jerufalem & fon frere Theophane, que l'empereur Michel fon frere avoit maltraitez, & exilez pour la même caufe. Theodore fut encore fouetté cruellement, & relegué avec fon Wave dane l'illa Anhuíía. Niais deux ans après l'empereur Theophile les fit revenir à C. P. fans rappeller les autres exilez: car il fouhaitoit paffionement de gagner ces deux freres.. Theodore racontoit ainfi ce qui fe paffa en cette occafion, dans une lettre à Jean évêque de Cyzique.

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Celui qui étoit chargé des ordres de l'empereur étant arrivé à l'isle Aphufia, nous mena en grande diligence à C. P. fans nous en dire le fujet. Nous arrivâmes le huitiéme de Juillet. Celui qui nous conduifoit ayant vu l'empereur, eut ordre de nous enfermer auffi tôt dans le prétoire. Six jours après, c'est-à-dire, le quatorziéme du même mois, on nous mena à l'audience de l'empereur. Comme tout le monde favoit le fujet pour lequel on nous amenoit, nous

n'en,

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n'entendions que des menaces. Óbéiffez au pltitôt à l'empereur, difoient les uns; d'autres: Le démon les poffede, & des difcours encore pi res. Environ la dixième heure, c'est-à-dire, quatre heures après midi, nous entrâmes dans la fale dorée: le gouverneur marchant devant nous: il fe retira, & nous laiffa en prefence de l'empereur, qui nous parut terrible & animé de colere. Après que nous l'eûmes falué, il nous dit d'un ton rude d'approcher plus près: puis il Hous demanda le païs de notre naiffance. C'eft, dîmes-nous, le païs des Moabites. Il ajoûta: Qu'êtes-vous venu faire ici ? Et fans attendre notre réponse, il commanda qu'on nous frap pât au vifage. On nous donna tant & de fi grands coups, que nous tombâmes à terre tout étourdis: & fi je n'euffe pris celui qui me frappoit par le devant de fa tunique, il m'auroit auffi-tôt jetté fur le marche-pied de l'empereur. Mais je me tins ferme, jufques à-ce qu'il fit ceffer de nous frapper.

Il nous demanda encore, pourquoi nous tions venus à C. P. voulant dire que nous n'y devions pas venir, fi nous ne voulions embraffer fa créance. Et comme nous baiffions les yeux fans dire mot, il fe tourna vers un officier qui étoit proche, & lui dit d'une voix rude & regardant de travers: Prenez les,écrivez fur leurs vifages ces vers rambiques, & mettez-les entre les mains de deux Sarafins, pour les emmener en leur païs. Un nommé Christodule, qui avoit compofé ces vers, étoit là, & lês tenoit. L'empereur lui ordonna de les lire, & ajoûta: Ne te mets pas en peine s'ils font beaux ou non. Un des affiftans dit: Ces gens-ci, feigneur, Poft.Th.p: n'en meritent pas de plus beaux. Il y douze vers: dont le fens étoit : Ceux-ci ont pa ru à Jerufalem comme des vaiffeaux d'inique

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é, pleins d'une erreur fuperftitieufe, & ont été chaifez pour leurs crimes, s'en étant fuis à C. P. ils n'ont point quitté leur impieté. C'eft pourquoi ils en font encore bannis, étant infcrits fur le vifage, comme des malfaicteurs.

Saint Theodore continue ainfi fon recit: Après lecture de ces vers l'empereur nous fit ramener au prétoire: mais à peine y fûmesnous entrez, qu'on nous ramena en grand hâte devant l'empereur, qui nous dit: Vous direz fans doute quand vous ferez partis, que vous vous êtes mocquez de moi; & moi je veux me mocquer de vous, avant que de vous renvoyer. Alors il nous fit dépouiller & foüetter, commençant par moi. L'empereur crioit toujours, pour animer ceux qui me frappoient & je d.fois cependant: Nous n'avous rien fait contre vôtre majefté. Seigneur, ayez pité de moi. Sainte Vierge, venez à nôtre fecours. Mon frere fut enfuite traité de même, & après qu'on nous eût déchirez de coups, l'empereur nous fit fortir.

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Mais auffi tôt on nous fit revenir, & un receveur nous demanda de la part de l'empereur: Pourquoi vous êtes-vous réjouis de la mort de Leon & n'avez-vous pas embraffé la même créance que lui? Nous répondîmes: Nous ne nous fommes point réjouis de la mort de Leon: nous ne fommes pas venus vers lui, & nous ne pouvons pas changer nôtre créance

› comme

yous qui la changez felon les tems. Le rece veur ajouta N'etes-vous pas venus fous le régne de Leon? Non, dimes nous, mais fous le prédéceffeur de l'empereur, c'eft-à-dire, fous Michel le Begue. Nous revinmes au prétoire: & quatre jours après on nous préfenta au préfet; qui après plufieurs menaces nous ordonna d'oLéir à l'empereur. Nous dîmes › que nous é

tions prêts à fouffrir mille morts, plûtôt que de communiquer avec les hérétiques. Le préfet revint aux careffes, & nous dit: Communiquez feulement une fois, on ne vous demande pas davantage: j'irai avec vous à l'églife, allez enfuite où il vous plaira. Je lui dis en foûriant: Seigneur, c'eft comme qui diroit à un homme: Je ne vous demande autre chofe, que de vous couper la tête une feule fois, après quoi vous irez où vous voudrez. On renverferoit plûtôt le cid & la terre, que de nous faire abandonner la vraye religion. Alors il ordonna que l'on nous marquât au vifage, & quoique les playes des coups de fouet fullent encore enflammées & fort douloureuses, on nous étendit fur des bancs, pour nous piquer le vifage, en y écrivant les vers. L'operation fut longue, & le jour venant à manquer, il fallut ceffer. Nous dimes en fortant: Sachez que cette infcription nous fera ouvrir la porte du paradis, & qu'elle vous fera montrée en prefence de J. C. Car on n'a jamais rien fait de femblable: & vous faites paroître doux tous les autres perfécuteurs. C'èft ainsi que Theodore parloit dans fa lettre.

Après que lui & fon frere eurent été aing traitez, on les remit en prifon le vifage encore fanglant: puis à la perfuafion du Patriarche Jean, on les envoya en exil à Apamée en Bithynie, où Théodore mourut quelques tems après, de vieilleffe & de maladie : & comme l'empereur avoit défendu de leur doner la fepulture, fon PoftTh lib. frere Theophane conferva le corps dans un coffre de bois, & fit des hymnes à fa loüange, car il étoit poëte fameux pour le tems. Michel fyncelle de l'églife de Jerufalem fut auffi arrêté, & tenu long-tems en prifon avec plufieurs autres moines.

1.7.15.

Jean Leconomante avoit fuccedé à Antoine de

Syl

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