Simmagifi. 22.12. Syllée dans le fiége de C. P. la huitiémé année XLIV. de l'empereur Theophile, qui eft l'an 836. & Jean Lece. il le tint fix ans. Les catholiques le nommoient nomante par mépris Jannés, du nom d'un des magiciens : C. P. patriarche de Pharaon, L'empereur Michel le Begue l'avoit fort aimé, comme favorable à fon héréfie, s. Niceph, & diftingué par fa fcience; & l'avoit donné Chron. pour précepteur à fon fils Theophile, qui le fit Suplxlvr. Tyncelle & enfin patriarche. On dit qu'il lui 1.43. avoit impofé par les preftiges, & entre autres par celui-ci. Une nation infidelle & barbare ra- 2 Timu 8. vageoit les terres des Romains, fous la conduite post.Th.lib. de trois chefs : l'empereur Theophile en étoit fort allarmé, mais Jean le raffura ainfi. Il y avoit dans le cirque une ftatuë d'airain à trois têtes. Jean y fit venir trois hommes robuftes avec chacun un marteau très-pelant, & s'y trou va lui-même, au milieu de la nuit, déguisé en féculier. Il prononça tout bas quelques conjurations, par lesquelles il prétendoit faire paffer fur ces têtes la puiffance des trois chefs enne mis: puis il commanda aux trois hommes de frapper en même tems de toute leur force, deux têtes furent rompuës entierement, la troifiéme fut feulement panchée, fans être féparée du corps. Auffi les ennemis fe diviferent, & fe battirent entre eux: un des chefs défit les deux autres, le troifiéme demeura maltraité, & ils furent obligez de fe retirer. Les hiftoires de ce tems là font pleines de femblables faits, qui font voir que les Grecs croyoient fort aux prédictions & aux charmes. Le patrice Arfaber, frere du patriarche Jean, & confideré de l'empereur, avoit une maison de campagne fur le bord du Pont-Euxin près de C. P. où le Patriarche alloit fouvent. On difoit qu'il y avoit fait faire un appartement foûterrain, dont l'entrée étoit cachée; & que là il faifoit a me. XLV. Soufrances thodius. Sup. l.xlvi. น. 45. T'ita c. I.n. 61 mener des belles femmes, même des religieufes dont il abufoit. Qu'il y exerçoit avec elles fes enchantemens, confultant le foye des animaux, des baffins pleins deau, ou des morts, qu'il faifoit revenir pour prédire les chofes futu res. Tel étoit ce patriarche VI. du nom de Jean. Le confeffeur Methodius avoit été tiré du féde S. Me- pulchre, où il étoit en prifon, un peu avant la mort de Michelle Begue. Il en fortit comme un mort refluscité, n'ayant que la peau & les os, & pas un cheveux à la tête. Etant à C. P. il demeura en fon particulier, parce qu'il n'y avoit point de monaftere exempt de l'héréfié. Il frequentoit les moines & les autres confeffeurs, qui avoient fouffert comme lui pendant la perfécution: il voyoit des fénateurs ; & quelquefois auffi des hérétiques, & il en convertifioit, par la force & la douceur de fon efprit & fa profonde connoiffance des écritures. On en parla à l'empereur Theophile, quile fit venir, & lui dit: Après ce que vous avez fouffert, necefferez-vous jamais d'exciter des troubles par de vaines difputes, pour un fujet aufli leger que images? Methodius lui répondit: Si les images font fi méprifables, pourquoi n'ôtez-vous pas les vôtres avec celles de Jefus-Chrift, pour être glorifié avec lui: au lieu de les multiplier & les relever tous les jours comme vous faites? Car on honoroit toûjoursles images des empereurs, Theophile irrité de ce difcours, le fit attacher à des courroyes nud jufques à la ceinture; & lui fit donner devant & derriere fix cens coups de foüet. Comme il étoit demi-mort, & tout en fang, il le fit defcendre par un trou dans une cave du palais : d'où quelques perfonnes pieufes le tirerent la nuit, & le firent panfer. Mais l'empereur confifca la maison où on l'avoit re $2.8. ics AN. 834. tiré. Toutefois voyant qu'il ne pouvoit rien gagner fur Methodius par la violence, il voufur effayer la douceur; & l'ayant fait venir il. conferoit amiablement avec lui, & témoignoit prendre plaifir à lui voir réfoudre les objections tirées de l'écriture. Enfin il lui ordonna de lo ger dans le palais avec fes officiers; ce qui donna occafion à Methodius d'en defabufer plufieurs & les plus confidens de l'empereur, & de l'adoucir lui-même, enforte qu'il n'avoit plus tant d'averfion pour les catholiques, nî tant de confiance en fon opinion. L'empereur poft. The depuis ce tems avoit toujours Methodius au- lib. 3.24. prés de lui, & le menoit même à la guerre, tant pour fatisfaire fa curiofité, en lui faifant diverfes queftions, que pour s'affurer de lui. Car comme il favoit le credit que Methodius avoit à C. P. parmi les grands & tous les catholiques, il craignoit qu'en fon abfence il n'excitât quelque revolte pour le rétablissement des images. XLVI. Suite de la miffion de faint An fcaire. Sup. n. 3 En occident faint Anfcaire archevêque de Hambourg alla à Rome, fuivant l'ordre de l'empereur Louis; accompagné des évêques Rotade de Soiffons&Bernold ou Bernalt deStrasbourg, & d'un comte nommé Gerold. Le pape Gregoire IV. leur accorda ce qu'ils demandoient, c'eft-à dire, la corfirmation du nouvel vitas. Anf. archevêque de Hambourg: & declara Anfcai- 20. Coint. re fon legat chez toutes les nations voisines, an. 830.2. Suedois, Danois, Sclaves & autres, où Dieu 5. ouvriroit la porte à la prédication de l'évangile; conjointement avec Ebbon archevêque de Reims, qui avoit été chargé de cette mission par le pape Pafcal, environ dix ans auparavant. Le pape ordonna que les fuccefleurs d'Anfcaire feroient confacrez au palais de l'empereur jufques à ce que le fiege de Hambourg cut des fuf- so, Tome X. fra Sup. liv. XLVI. 2. poft. vitam s. Anfch. 7. 121. ibid. & Vita. 21. AN. 834. fragans, & accorda le pallium à Anfcaire & à fon églife à perpétuité. Tout cela paroit par le decret du pape Gregoire IV. Saint Anfcaire étant revenu en France fit encore confirmer l'érection de fon fiege par les lettres de l'empereur Louis dattées d'Aix-la-Chapelle, le quinziéme de Mai, la vingt-uniéme année de fon regne, indiction douzième; c'est-à-dire, l'an 834. Enfuite il commença à exercer les fonctions dans fon nouveau diocefe, & attira à la foi beaucoup de payens, par l'exemple de fa vertu. Il achetoit les enfans Danois ou Sclaves, & rachetoit des captifs, pour les élever dans le fervice de Dieu ; & il en envoyoit à fon monaftere Adam lib. de Turholt en Flandres. Des moines de l'ancienne Corbie, qui l'accompagnoient, lui fervirent utilement à la propagation de la foi : & il avoit apporté plufieurs reliques de quatre faints évêques de Reims : faint Sixte, faint Sinnice, faint Maternien & faint Remy, qu'Ebbon lui avoit données. Il mit celles de faint Sixte & de faint Sinnice à Hambourg; & les autres en d'autres lieux de fon diocefe. $. c. 19. XLVII. ment de Louis. Ebbon fut dès la même année 834. arrêté & Rétabliffe- enfermé dans l'abbaye de Fulde, par ordre de l'empereur Louis, qui ne demeura pas long. l'empereur tems en l'état violent où fon fils Lothaire l'avoit réduit. Car Louis & Pepin, fes deux auAftronom. tres fils, armerent pour le délivrer, & Lothaine pouvant leur refifter, laiffa l'empereur fon pere en liberté à faint Denis en France. Ceux qui étoient auprès de lui l'exhortoient à reprendre les marques de la dignité imperiale: mais il ne voulut point fe preffer, & attendit au lendemain, qui étoit le fecond dimanche de careme, premier jour de Mars 834. Ce jour il voulut être reconcilié à l'églife par le miniftete des évêques, & recevoir de leur mainľ'épée qu'ils lui avoient ôté, non pas la couronne, AN. 835. qu'il ne tenoit que de Dieu. vcoint.an. Au mois de Février de l'année fuivante 835. il tint à Thionville un parlement, qui eft auffi compté entre les conciles. Il s'y trouva plus 830 # 57. de quarante évêques. Drogon évêque de Mets 834. 2. 4y préfidoit comme diocefain & archichapelain; car il avoit reçû depuis peu cette dignité, & on lui donnoit par honneur le titre d'archevêque. On voit enfuite huit métropolitains, Hetti de Treves, Orgar de Mayence, Ragnoard de Rouen, Landran de Tours, Aldric de Sens, Nothon d'Arles, Ayoulfe de Bourges & Ebbon de Reims, qui y fut amené de Fulde. Entre les évêques les plus connus font Freculfe de Lifieux, Jonas d'Orleans, Erchanrad de Paris, Hubert de Meaux, Badurad de Paderborn, Rotade de Soiffons, Hildeman de Beauvais, Modoin d'Autun, Faova de Châlons. Narr. Clers Rem. Duck. to. 2. p 31. Flod. 11. c. 20. Flod ibid. On commença par declarer nul tout ce qui avoit été fait contre l'empereur Louis. Chacun des évêques prefens en donna un libelle foufcrit de fa main, & ils jugerent à propos d'aller à Mets pour rendre plus folemnelle la rehabili tation de Louis, en la faisant dans l'églife cathedrale. Ce fut le dimanche de la quinquagefime, dernier jour de Février. Là Drogon évêque de Mets monta fur l'ambon & lut tout ce qui avoit été fait à Thionville, pour le retablissement de l'empereur. Enfuite Ebbon monta fur la même tribune, & confeffa publiquement, qu'il avoit porté un jugement injufte contre l'empereur fon maître, en le foûmettant à la peni- ' Hincm. &c tence publique, après qu'il eut été injuftement predeft. c. déposé de la dignité imperiale fur de fauffes ac-36 p. 3. 4. cufations: reconnoiflant qu'il y avoit été juftement rétabli Il en fit fa déclaration foufcrite de fa main qu'il prefenta à l'empereur; & elle fut |