Imágenes de páginas
PDF
EPUB

AN. 835. fur gardée dans les archives de l'églife de Mets, Alors les fept autres archevêques chanterent

fur l'empereur les fept oraisons ordinaires pour Ann. Ber- la reconciliation des penitens ; puis les évê. . 835. ques prirent la couronne fur l'autel, & la mirent fur la tête. Tout cela fe fit pendant la messe, & tout le peuple en rendit graces à Dieu par des acclamations de joye.

XLVIII.

d'Ebbon.

On retourna à Thionville, & on y proceda Dépofition contre les évêques coupables, dont la plupart avoient fui en Italie fous la protection de Lo. thaire. Hildeman de Beauvais, qui étoit prefent fe juftifia. Agobard de Lyon & Bernard de Vienne furent dépofez: le premier pour ne s être point reprefenté, ayant été appellé tois fois: le fecond pour avoir fui aprés s'être prefenté. Les évêques obtinrent, pour l'honneur de l'épifcopat, qu'Ebbon fut jugé dans la facriftie hors de la prefence des laïques. Etant preffé de rendre raifon de fa conduite, il fe plaignit, que l'on ne fe prît qu'à lui de ce qui avoit été Aftronom. fait en prefence de tant d'autres évêques: mais

ep. Car. ad

Nicol.

ils s'excufoient fur ce qu'ils n'avoient pû éviter d'être prefens à l'attentat commis contre l'empereur,foûtenantqu'en effet ils n'y avoient point confenti. Alors Ebbon se voyant abandonné de tout le monde, fit venir un reclus nommé Framegaud, & l'envoya à l'imperatrice Judith, avec une bague qu'il avoit autrefois reçuë d'elle pour lui envoyer quand il auroit befoin de fon fecours. Elle eut égard à fa priere, & obtint des évêques,qu'ils appaiferoient l'empereur fans dépofer Ebbon dans les formes. Il demandą donc du tems, & fe choisit lui-même des juHincm. ib. ges, comme les canons le permettoient. C'é77.con. p. toit Ayoulfe archevêque de Bourges, Badurad éveque de Paderborn & Modoin évêque d'Autun. Après leur avoir fait fecretement & con

1699.

[ocr errors]

feffion, il donna au concile un libelle figné de fa main en ces termes: Moi Ebbon indigne é vêque reconnoiffant ma fragilité & le poids de mes pechez, j'ai pris tels & tels pour mes confeffeurs & mes juges, & leur ai fait ma confeffion fincere: cherchant le remedé de la penitence, & pour le falut de mon ame, je renonce au miniftere épifcopal, dont je me reconnois indigne pour les pechez que je leur ai confeffez en fecret, afin que l'on puiffe confacrer un autre à ma place, qui gouverne dignement l'églife, que j'ai mal conduite.Et afia que je ne puiffe jamais faire aucune reclamation pour y rentrer, j'ai foufcrit ceci de ma main. Dans la foufcription il fe qualifioit: Ebbon cidevant évêque.

AN. 835

Il prefenta cet écrit au concile, le confirma de vive voix, & donna encore trois autres témoins, Nothon archevêque d'Arles, Theodo ric évêque d'Arras & Achard évêque de Noyon. Eufuite tous les évêques du concile dirent leurs avis felon leur rang, & le condamnerent fuivant fa confeffion à être privé du miniftere épifcopal. Puis Jonas d'Orleans dicta la fentence à Elie prêtre, & depuis évêque de Chartres, qui fut dattée du quatrième jour de Mars, l'ant 835 vingt-troifiéme de l'empereur Louis. Les évêques qu'Ebbon avoit pris pour témoins déclarerent publiquement à fa priere qu'il leur avoit confeffé un tel peché, qu'il n'étoit plus digne de faire les fonctions epifcopales; & que s'il l'avoit commis avant fon ordination, il n'auroit pas dû être ordonné évêque. Les évêques prefens foufcrivirent, au nombre de quarantetrois; & par ordonnance du Concile, Drogon de Mets & Hetti de Tréves donnerent cet écrit à Foulques defigné fucceffeur d'Ebbon dans le fege de Reims. Foulques étoit abbé de faint

1

AN. 835.

Narr. Cler.

Rem

XLIX. Autres affaires de l'églife Gallicane. Segeb.an, 815.

Sup.1.

XXXVI. 2.

56.

Chron. En golifm. Tranfl. s. fib.b. 10. 5. act. p.139.

fup. lin.

XXXVI 11. 1. 59,

Remy & corévêque de Reims: & il n'en fut pas encore ordonné évêque, parce que l'empereur vouloit avoir fur la dépofition d'Ebbon le confentement du pape, à qui il envoya pour cet effet Godefroi abbé de S. Gregoire dans le diocefe de Bafle. Après ce jugement Ebbon fur renvoyé au monaftere de Fulde, d'où quelque tems après il fut tiré, pour être mis fous la garde de Freculfe évêque de Lisieux; & enfuite fous Bofon abbé de faint Benoist fur Loire : car il ne fut point en liberté tant que vêcut l'empereur Louis.

Cette même année 835. l'empereur Louis, toûjours appliqué aux ceremonies de la reli gion, ordonna que la fête de tous les faints feroit celebrée par toute la Gaule & la Germanie, le premier jour de Novembre. On l'obfervoit déja à Rome depuis plus de deux cens ans, fuivant l'inftitution du pape Boniface IV. & Louis l'établit à la folicitation du pape Gregoi re IV. & du confentement de tous les évéques. Une des hymnes de cette fete où nous difons: Oftez la nation infidelle des pais des Chrétiens, fe rapporte aux incurfions des Normans, qui commençoient à être frequentes. Cette même année 85, ils entrerent dans l'ifle d'Hero ou Noirmouftier; ce qui obligea l'année fuivante l'abbé Hibolde de s'adrefler à Pepin roi d'Aquitaine, pour demander du fecours. Mais on jugea que cette ifle ne pouvoit être défenduë, & qu'il valoit mieux en ôter le corps de faint Filebett; ce qui fut executé la même année 836. le feptiéme de Juin, & il fut depuis transferé en divers lieux. S. Filebert étoit le fondateur de l'abbaye de Jumieges, qui vivoit du tems du roi Dagobert.

Anfgife abbé de Luxeu de Fontenelle, & de faint Germer, mourut à Fontenelle cette année

AN. 8350
Sup. to. 14.
Acta to. 5.
657.

$35. & y eft honoré comme faint. On voit toutefois par les liberalitez exprimées dans fon teftament qu'il avoit des biens propres, tout abbé regulier qu'il étoit, & que fes richeffes étoient grandes. Il donne à fon monaftere de Fontenelle cent livres d'argent, & à cinquante autres monafteres, au moins une livre d'argent chacun. Or ces livres étoient de douze onces poids de marc, valant vingt fols douze deniers: car toutes ces monnoyes étoient d'argent. Ainfi les cent cinquante livres font 125. marcs. Ce Mon. p. 95. même teftament fait connoître les principaux monafteres qui fubfiftoient alors en France.

Le Blanc

L.

Areopa

Hilduin abbé de faint Denis, ayant pris part à la revolte des enfans de l'empereur Louis, fur gitiques chaffé de la cour en 830. & envoyé en Saxe à la d'Hilduin. nouvelle Corbie, aprés avoir été dépouillé de Teg.c.6. fes abbayes & de la dignité d'archichappellain. Aftron. Mais l'année fuivante il rentra dans les bon

Flod. LLL

1.7.come.

577.

nes graces de l'empereur, qui le rappella, & lui bife c rendit les deux abbayes de faint Denis & de faint Germain prés de Paris. Ce prince ayant éré reconcilié folemnellement la premiere foisdans l'églife de faint Denis, voulut en témoi gner fa reconnoiffance envers ce faint, & écrivit une lettre à Hilduin, par laquelle il lui ordonna de recueillir tout ce qui fe trouvoit concernant faint Denis, tant dans fes œuvres, que dans les hiftoires grecques & latines, & les autres memoires, particulierement les actes de fp. lib. fon martyre, & tout ce qu'Hilduin avoit tiré x1111. des archives de l'églife de Paris: de reduire tout en un corps d'hiftoire fuivie, & d'y joindre la révelation faite au pape Eftienne II. dans la méme églife, avec les hymnes & l'office noc turne de faint Denis. Enfin de recueillir fepa rement dans un autre volume tout ce qu'il avoit

trou

[ocr errors]

AN. 835. trouvé de ce faint; c'est-à-dire, les pieces originales, dont il tireroit son hiftoire.

ap Sur. 9. Oct. to. p. 725.fisp.

liv. n.36.

LIII 2.22.

7.58.

[ocr errors]

En execution de cet ordre, Hilduin compofa une histoire de faint Denis, où il foutient que le premier évêque de Paris eft le même que faint Denis l'aréopagite, converti par faint Paul: ce que perfonne, que l'on fache, n'avoit encore écrit jufques là. Il le fait auffi auteur des écrits attribuez à faint Denis l'aréopagite, incon. nus aux cinq premiers fiecles: & citez pour la premiere fois par les Eutyquiens dans la conference tenue à C.P. vers l'an 53.1. Hilduin dit que faint Denis, aprés avoir goufup. xxxui. verné quelques années l'églife d'Athenes, fubftitua un autre évêque à la place, & prit le chemin de Rome, pour aller trouver faint Pierre & faint Paul. Mais qu'il n'y attiva qu'a-, prés leur martyre, & fous le pontificat de faint Clement qui l'envoya dans les Gaules, pour en être l'apôtre, lui donnant plufieurs compagnons. Ils arriverent à Arles; Denis vint à Paris ville royale & celebre par les affemblées. des Gaulois & des Germains. Il y bâtit une églife, y établit des clercs, convertit grand nombre d'infideles, fit plufieurs miracles. L'empereur Domitien en étant averti, envoya en Gaule un gouverneur nommé Fefcennius Sifnius, qui étant arrivé à Paris fit prendre l'évêque Denis, l'archiprêtre Ruftique & l'archidiacre Eleuthere, & leur fit fouffrir plufieurs tourmens. Saint Denis fut foüetté, grillé, exposé aux bêtes, jetté dans un four, attaché à une croix & remis en prifon avec plufieurs fideles: où comme il leur celebroit la messe, l'heure de la communion étant venuë, Jesus-Christ parut avec plufieurs anges, & le communia de fa main. Enfin les trois faints furent menez à Montmartre, & eurent la tête tranchée à

coups.

« AnteriorContinuar »