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coups de hache devant l'idole de Mercure. Un grand nombre d'autres fouffrirent le martyre avec eux; mais le corps de faint Denis fe releva & prit la tête entre fes mains, étant conduit par des anges. Une dame nommée Catule fit retirer les trois corps de la Seine, où les payens les avoient jettez; & les enterra dans fon champ, au lieu où eft l'église & le monafere. Telle eft l'histoire rapportée plus au long par Hilduin.

7.

Il mit à la tête la lettre de l'empereur Louis Sur-rom. 5. & fa réponse: où il indique les originaux,dont P. il dit avoir tiré ce recit. Savoir les prétendus écrits de faint Denis, un Ariftarque hiftorien grec, dont on ne trouve ailleurs aucune memoire un Visbius, qu'il prétend avoir été témoin occulaire du martyre de faint Denis ; & fous le nom duquel on trouve encore un petit écrit, mais fi abfurde & d'un ftile fi barbare, qu'il ne merite aucune créance. Hilduin s'ob jecte l'autorité de Gregoire de Tours, plus anclen que lui d'environ trois cens ans, qui ne met faint Denis premier évêque de Paris que fous sup.lib.v l'empereur Decius: & il n'y répond qu'en ac- n..49. cufant Gregoire de fimplicité.

Inter Opa Ce recueil d'Hilduin porte le titre d'Aréopa- s. Dion gitiques; & il fut fi bien reçû que la plupart de ceux qui ont écrit depuis ont confondu les deux faints Denis d'Athenes & de Paris, & ont attribué à ce faint les œuvres qui portent le nom de Paréopagite. Les Grecs mêmes ont donné dans cette erreur, dès le tems d'Hilduin: comme on voit par l'éloge de faint Denis compofé parMichel fyncelle de Jerufalem,& par l'hiftoire de fon martyre attribué à Methodius depuis patriarche de C. P.

Toutefois Ufuard & Adon dans leurs martyrologes, compofez peu de tems aprés la mort

AN. 836. d'Hildain diftinguent les deux faints Denis, mettant celui d'Athenes le troisième d'Octobre, & celui de Paris le neuviéme : & les Grecs dans leurs Monologes mettent aussi celui d'Athenes le troifiéme d'Octobre, quoiqu'ils le confondent avec celui de Paris. Les favans du dernier hecle ont découvert l'erreur, qui avoit prévalu depuis Hilduin, & ont démonDion. tré la difference de ces deux faints, que l'é. Tillemont. glife de Paris honore à present chacun en fon jour.

Sirmond de dub. Dion La noi de

to. 2 p.133. $6·5. 10. 4. 2.442.712. LI.

tion de S.

Vitus en
Saxe..

Tranf. S. Viti n. 3. to. s. act. p. Scz..

Sup. live

X.LI LI.. n. 17.

Pendant qu'Hilduin étoir en Saxe, au nouveau monaftere de Corbie, il vit le grand déTrandafir qu'avoit l'abbé Varin d'y transferer de France quelque corps faint, pour affermir la religion dans le pais. Il lui promit que fi Dieu le rétabliffoit dans fa premiere dignité, il lui donneroit quelqu'un de ceux qui étoient en fon pouvoir. Peu de jours après Hilduin rentra dans les bonnes graces de l'empereur Loais, qui donna auffi à Varin abbé de Corbie, le monafte re de Rebais, au diocefe de Meaux. Alors il pria Hilduin de lui donner le corps de S. Vitus; que Ful rad abbé de S. Denis avoit apporté en France du tems du roi Pepin, à son retour de Rome, apparemment en 756. On dit que Vitus étoit un enfant de douze ans, qui fouffrit le Tillemont. martyre dans la Lucanie, avec Modefte & Cref20. 1. pag. centia, fous l'empereur Diocletien; & l'église les honore tous trois le quinziéme de Juin. Fulrad ayant donc apporté le corps de S. Vitus, le laiffa à un de fes parens, qui lui fit bâtir une églife dans fa terre, & donna le tout ensuiteà l'abbaye de S. Denis.

Boll. 15. Fun.to. 20.

p. 1013.

129,0

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Hilduin donna cette relique à Varin du confentement de l'empereur Louis, de l'évêque de Paris & des nobles du diocese. La délivrance s'en fit folemnellement dans l'églife de S. Denis, le

dimanche dix-neuvième de Mars 836. Le corps AN. 836. faint fut porté premierement à Rebais : à sainte Croix, aujourd'hui S. Faron de Meaux, & en plufieurs autres lieux: enfin il arriva en Saxe, à la nouvelle Corbie, le treizième de Juin, ayant fait pendant ce voyage plus de quaran te miracles, qui font fpecifiez, avec les noms des perfonnes & des lieux, dans l'hiftoire de cette tratation, dont l'auteur étoit préfent. Le concours du peuple y fut fi grand, qu'à un mille & plus autour du monaftere, la campagne étoit couverte de tentes, de perfonnes nobles de l'un & de l'autre fexe, qui s'y étoient rendues de toutes les parties de la Saxe. Et toute fois, dans une fi grande multitude, on n'entendoit ni parole deshonnête, ni raillerie, ou badinage: on louoit Dieu jour & nuit; les hom mes & les femmes, faifant des cours féparez, veilloient au tour de l'églife, repetant fouvent Kyrie eleifon. Ainfi fe palla la nuit de la veille. & le jour de la fête; & comme il s'y fit encore plufieurs miracles, le bruit s'en étant répandu,

on

y accourut de tout le païs, riches & pauvres, fains & malades; enforte qu'il fembloit que perfonne ne fut demeuré dans les maifons. Telle étoit la devotion de la Saxe nou. yellement Chrétienne.

LII.

Tranfla.

Libor.c.7.

Dans le même-tems Badurade fecond évêque de Paderborn, dans le diocefe duquel étoit la nouvelle Corbie, travailla auffi à enrichir tion defaint fon églife de quelque relique infigne. Il voyoit Libore, la difficulté de détacher de les anciennes fuper- Tranf. S. titions ce peuple groffier, qui ne croyoit ap Sur 28. point ce que les perfonnes doctes lui difoient Juh p.345% de la puiffance divine, à moins qu'il n'en vit des effets devant les yeux, & n'en reçût des bienfaits fenfibles: comme les guerifons miraculeuses, qui fe faifoient ordinairement par

Q 6

lès

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Cenom.

Mabill. to. 3. Anal. p. 6.61

les corps faints. Il ordonna donc un jeûne, & fit une proceffion avec fon peuple: après quoi Dieu lui infpira d'envoyer en France à la ville du Mans demander des reliques à l'évêque, qui étoit alors Aldric. Badurad obtint pour cet effet des lettres de l'empereur Louis, & envoya une députation de clercs & de laïques, dont le chef étoit un prêtre nommé Ido, qui fit une courte relating de ce Voyage.

Ces députez de Paderborn arriverent au Mans l'an 836. indiction quatorziéme, le 28. d'Avril. L'évêque Aldric les reçût favorableGefta epif. ment, & leur accorda ce qu'ils demandoient. Pour l'execution il affembla dès le lendemain fon clergé avec David fon corévêque, & propofa de donner aux députez le corps de S. Liboire quatrième évêque du Mans, qui gouverna cette églife quarante-neuf ans depuis le grand Conftantin jufques à Valentinien, & fut enterré par faint Martin. Aldric trouva d'abord de la refistance à fa propofition; mais enfin ayant obtenu le confentement de l'assemblée, il marcha avec fon clergé & les députez à l'églife des douze apôtres, bâtie hors de la ville par faint Julien premier évêque du Mans, qui y étoit enterré avec fes premiers fucceffeurs. On en tira le corps de faint Liboire, que les députez emporterent: il fut reçû avec folemnité par tout où il paffa, à Chartres par l'é. vêque Bernouin, à Paris par Ercanrad; & cette tranflation fut accompagnée de grand nombre de miracles. Enfin ils arriverent à Paderborn le jour de la Pentecôte, qui cette année 836. étoit le 28. de Mai.

LIII.

S. Aldric

du Mans.

Gefta. 10. 3. Mifcell Bal

Aldric évêque duMans étoit de lapremiere nobleffe des Francs, tirant auffi fon origine en parnie des Saxons, des Allemans & des Bavarreis.

A

P. 387.

A l'âge de douze ans fon pere le mena à la AN. 836. cour, & le recommanda à Charlemagne & à fon fils Louis, à qui il fe rendit trés-agreable, Boll. to. & à toute la cour. Aprés avoir fervi le prince pendant le jour, il veilloit pendant la nuit pour prier fecretement & chanter des pleaumes dans Féglife de N. Dame d'Aix-la-Chapelle. Un jour comme il prioit à fon ordinaire, ayant atteint Pâge de puberté, il fe fentit infpiré de quitter le monde, pour fe donner entierement au fervice de Dieu. Mais craignant que ce ne fût une tentation, il pria Dieu pendant fix mois de lui faire connoître fa volonté; & au bout de ce terme fe trouvant fortifié dans fon deffein, il demanda au roi la permiffion de fe retirer ; & l'ayant obtenue à peine, il s'en alla à Mets avec une penfion du roi pour lui & pour deux clercs,

Il fut trés-bien reçû par l'évêque & le clergé de Mets: & on lui donna folemnellement l'habit clerical. Il apprit le chant Romain,la grammaire & la fuite de l'écriture fainte: puis au bout de deux ans Tévêque, qui étoit Gondulfe, l'ordonna diacre dans l'églife de faint Etienne. Trois ans après il fut ordonné prêtre par Drogon: : enfuite par le choix du clergé il fut chan tre, chargé du foin des écoles, & enfin primicier ayant infpection fur tout le clergé de là. ville & du diocefe, & des monafteres. L'empereur Louis fur fa reputation le fit venir à la cour malgré lui, & le prit pour fon confeffeur: Il y demeura quatre mois, après lefquels Fran con évêque du Mans étant mort, Landran archevêque de Tours, Roricon comte du Mans & tous les nobles du diocefe, avec le clergé & le peuple, élûrent Aldric pour leur évêque. to. 3. Mif L'empereur y confentit, Drogon donna fes di- cell. p.1410 miffoires, adreffez tant à l'archevêque de Tours, 143

qu'à

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