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Job patriarche Melquite d'Antioche vivoit AN. 842: encore, & Denis étoit patriarche Jacobite de la même ville. A Jerufalem Jean patriarche Melquite fut ordonné la feptième année de Moutafem, 839. de Jefus-Chrift, & ne tint le fiege que trois ans. Car les habitans de Jerufalem s'étant élevez contre lui & le chargeant de toutes fortes de reproches, il craignit leur aversion, & renonça par écrit à son fiege. C'est ce que nous connoiffons de l'état des églifes

d'Orient.

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IV.

Michel

A Conftantinople l'empereur Theophile fut fi vivement touché de la prife d'Amorion & Mort de du refus que fit le calife de recevoir rançon Theophile. des prifonniers, que les entrailles s'enflammerent: & il but pour fe rafraîchir de l'eau de empereur. hift Theop neige, qui lui caufa la dyffenterie. Il en mou- liv. 111. rut le vingtiéme de Janvier 842. après avoir 34. regné douze ans & trois mois. La perfécution qu'il fit toute fa vie aux faintes images & aux catholiques a rendu fa memoire odieuse: toutefois il fit des actions éclatantes de juftice. It fe picquoit de favoir la mufique, & faifoit chanter dans l'églife des hymnes & des verfets de fa compofition. On dit même qu'un jour folemnel Ibid. n. 164 il battit la mesure dans la grande églife de C. P.

& donna à cette occafion cent livres d'or au

clergé.

Son fils Michel encore enfant lui fucceda, Poft.Theop fous la conduite de l'imperatrice Theodora fa lib. vi. mere, avec un confeil que Theophile lui avoit laiffé, compofé de l'eunuque Theoctiste revêtu de deux grandes charges à la cour, du patrice Bardas frere de l'imperatrice, & de fon oncle Manuel maître des offices, originaire d'Armenie. Dès le tems qu'il y commandoit, plufieurs abbez de divers monafteres étant de fes amis l'avoient inftruit de la créance catholique touchans

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AN. 842. chant les images; & alors étant tombé malade, les moines de Stude, en qui il avoit grande confiance, le vinrent voir; & lui promirent qu'il gueriroit promptement, s'il entreprenoit le retabliffement des faintes images. Il le promit & reéouvra la fanté.

V. Fin desIconoclaftes.

Manuel ayant donc communiqué fon deffein aux deux autres tuteurs de l'empereur, & les ayant perfuadez de donner à son regne cet heureux commencement: il alla trouver l'imperatrice Theodora, & lui fit la même propofition. Elle répondit: Je l'ai toûjours fouhaitté, & je n'ai jamais ceffé d'y penfer mais j'en ai été empêchée jufques à prefent, par la multitude des fénateurs & des magiftrats, attachez à l'héréfie des Iconoclaftes, par les métropolitains & principalement par le patriarche. C'est celui qui a fomenté les foibles femences de cette erreur que l'empereur mon époux avoit reçûë de fes parens; & l'a pouffé par les preffantes exhortations, à traiter fi mal tant de faints perfonnages. Qui vous empêche donc maintenant reprit Manuël, de donner au peuple cette joye? Auffi-tôt elle appella un officier nommé Conftantin, & l'envoya au patriarche Jean Leconomante, pour lui dire: plufieurs moines & d'autres perfonnes pieufes m'ont prefenté requête, pour le rétabliffement des faintes images : fi vous en êtes d'accord, l'églife reprendra fon ancien ornement; finon quittez le fiege, fortez de C. P. & vous retirez à votre maison de campagne, jufques à ce que l'on tienne un concile, où vous affifterez. Car on veut vous y juger, & vous montrer que vous foûtenez une

erreur.

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Constantin trouva Jean couché fur un lit de repos, en une des chambres du palais patriarcal; & après qu'il lui eut dit ce dont l'impe

ratrice l'avoit chargé: Jean répondit feulement, AN. 842. qu'il prendroit confeil, & le renvoya auffi-tôt. En même tems il prit une lancette & s'ouvrit les veines du ventre, pour perdre beaucoup de fang, fans fe mettre en danger: ainfi le bruit fe répandit en un moment dans l'église, que T'imperatrice avoit envoyé affaffiner le patriarche, & ce bruit vint jufques au palais,

a

vant que Conftantin y fut retourné. Le patrice Bardas fut envoyé, pour s'informer exa&tement de la verité du fait, & trouva que les playes avoient été faites exprès, joint le témoignage des domeftiques propres du patriar che, & la lancette qui fut reprefenté. Jean étant ainsi convaincu, fut chaflé de l'églife, & tenfermé dans fa maifon de campagne, nom. mée Pficha.

L'imperatrice fit affembler dans le palais un concile, qui fe trouva très nombreux, parce qu'outre les catholiques, il y vint plufieurs de ceux qui avoient fuivi le parti des hérétiques, & qu'ils avoient fait évêques. Ils anathematiferent les ennemis des faintes images, & confirmerent le fecond concile de Nicée, & après avoir déposé Jean Leconomante, i's élûrent patriarche de C. P. Methodius, qui avoit tant fouffert pour la religion fous Michel le Begue & fous Theophile. Alors l'imperatrice Theodora dit: Comme je vous accorde le rétabliffement des faintes images, je vous prie de m'ac corder une grace: c'eft d'obtenir de Dieu le pardon du peché que l'empereur mon époux a commis fur ce fujet. Methodius répondit au nom de toute l'églife: Notre pouvoir, Madame, ne s'étend point fur les morts. Nous n'avons reçu les clefs du ciel que pour l'ouvrir à ceux qui font encore en cette vie. Il est vrai, que nous pouvons auffi foulager les morts, quand

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leurs

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AN. 842. leurs pechez étoient legers, & qu'ils ont fair penitence mais nous ne pouvons abfoudre ceux qui font morts dans une condamnation manifefte. L'imperatrice reprit : lorfque l'empereur mon époux étoit prêt de mourir, je lui representai, le plus fortement qu'il me fut poffible, les fuites terribles de fa moit, s'il perfiftoit dans l'heréfie: la privation des prieres, les maledictions, le foûlèvement du peuple dans cette grande ville. I témoigna du repentir & demanda des images: je les lui préfentai, il les baifa avec ferveur, & rendit ainfi l'esprit entre les mains des anges. Elle confirma ce récit par ferment; & les prélats perfuadez de fa vertu, fur ce témoignage, & fuppofé que la chofe fut ainfi, déclarerent par écrit que Dieu feroit mifericorde à Theophile. Toutefois plufieurs demeurerent perfuadés qu'il étoit mort impenitent, & que Theodora n'avoit ainsi parlé que pour l'affection qu'elle lui portoit.

Methodius fut donc ordonné patriarche de C. P. l'an 842. & le premier dimanche de Carême felon les Grecs, qui felon nous feroit le fecond, il paffa la nuit en prieres avec l'imperatrice & tout le peuple dans l'églife de nôtre Dame de Blaquernes, d'où le matin ils allerent en proceffion à fainte Sophie: la mete y fut celebrée & les images rétablies folemnellement. Enfuite l'imperatrice donna un feftin dans le palais à tout le clergé & aux confeffeurs, qui avoient fouffert pendant la perfecution, & elle continua cette fête toute fa vie. On la nomma la fête de l'Ortodoxie, comme qui diroit, du rétablissement de la religion catholique, & l'églife Grecque la celebre encore le même jour, c'eft-à-dire le dimanche qui termine la premiere femaine de Carême. On y chante à l'offi. ce de la nuit une hymne du confeffeur Theo

pha

V tia.c. 15, ap. Sur. 16.. Dec. Sup. V xlvi.

42.

phane de Jerufalem, qui fut ordonné arche- AN. 842. vêque de Nicée, en récompenfe de fes fouffrances, & on y lit une legende qui contient l'hiftoire de l'héréfie des Iconoclaftes, mêlée de quelques fables. Le matin on fait la proceffion, où on porte la vraye croix & les images; & on y chante un canon ou hymne attribué à faint Theodore Studite, mais qui paroît plûtôt fait après la mort. Tout cela fe lit dans le Trifo- Sup.l.xli, dion, qui contient l'office Grec du carême, & ainfi finit l'hérefie des Iconoclastes, environ fix-vingts ans après que l'empereur Leon Ifau

rien l'eut introduite.

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Claude de Turin, qui feul en Occident avoit foûtenu cette héréfie, étoit mort depuis quel- Fin de Joque tems: c'est-à-dire avant l'empereur Louis pas d'Ofle Débonaire. De fes commentaires fur l'écri- leans.

ture, celui de l'épître aux Galates eft imprimé, mais il s'en trouve plufieurs autres manuf crits en diverses bibliotheques: favoir fur le Le vitique, fur le livre de Ruth, fur faint Mathieu, fur l'épître aux Romains, les deux aux Corinthiens, l'épître aux Ephefiens. L'empereur Loüiis ayant reçû fon écrit contre l'abbé Theodemir touchant les images, & l'ayant fait examiner par les plus habiles gens de fon palais, le défaprouva,&en envoya un extrait à Jonas évêque d'Orléans, pour le refuter. Jonas y travailla, & l'ouvrage étoit déja bien avancé, quand il apprit que Claude étoit mort. Alors il crut que fon erreur étoit éteinte avec lui, & résolut de n'en pas écrire davantage. Depuis il apprit par des perfonnes dignes de foi, que Claude avoit laiffé des difciples: qu'outre fon erreur conrre les images, il avoit renouvellé l'Arianif me, & en avoit compofé des écrits qu'il avoit laiffez dans les archives de fa maifon épifcopale. Ces confiderations & les exhortations des

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Sp.

xlvu. u.

10. Bibl.

PP. Lugd. Lab ferip, p. 228.

Mabill 1. Anal.p.46 Dupin 9. frcle. ch.1. 30. Jonas pref

in lib. de imag.

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