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fon autorité fervit beaucoup à foûtenir les catholiques contre les perfécutions de Leon l'Armenien & de Michel le Begue. Enfin la paix étant rendue à l'églife fous le gouvernement de l'imperatrice Theodora, faint Joannice déja parvenu à une extrême vieilleffe, fe renferma dans une cellule étroite au monaftere du mont Antide.

L'imperatrice Theodora renouvella le traité de paix avec Bogoris prince des Bulgares, & lui rendit fa fœur qui étoit captive, en échange du moine Theodore furnommé Couphara, que les Bulgares avoient pris long-tems auparavant. La fœur de Bogoris pendant fa captivité demeurant à la cour de C. P. étoit devenuë bonne Chrétienne, & ayant appris à lire, elle s'étoit fort bien inftruite de la religion, & en avoit conçu une haute idée A fon retour elle ne ceffoit d'exhorter fon frere à embraffer la foi, dont il avoit déja reçû quelques legeres inftructions par le moine Theodore. Il demeura encore attaché à fon ancienne fuperftition: mais ces femences fructifierent en leur

tems.

XXIV.

Aliance u avec les Bl

gares. poft.Th.lib 48.13-140

XXV.

Pauliciens.

Petr. Sicul. p. 70. Sup. L.XLV. n. 54.

L'imperatrice entreprit enfuite de convertir les Pauliciens ou Manichéens d'Armenie, & de Revoltedes les défaire, fi elle ne les pouvoit convertir. L'empereur Michel Curopalate les avoit poursuivis, comme il a été marqué; & Leon l'Armenien, -fon fucceffeur, en avoit auffi fait mourir grand nombre, c'eft-à-dire, tous ceux qui le trouverent dans les lieux de l'obéillance des Romains. Les ordres vinrent jufques en Armenie à Thomas évêque de Néocefarée, & à l'exarque Paracondace, qui firent mourir les chefs de la fecte, mais enfuite quelques-uns des difciples des Sergius, que l'on nomme en grec Aftates, cest-à-dire; vagabonds, égorgerent l'exarque en

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tra.

V Cedr.to. 1. p. 433.

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trahifon d'autres nommez Cynochorites, our chiens de campagne, tuerent le métropolitain Thomas. Les Aftates s'enfuirent à Melitine en Armenie: & l'émire des Sarrafins leur donna le lieu nommé Argaous, où ils fe fixerent, ceffant d'être vagabons; & s'y raffemblerent de toutes parts. De-là ils commencerent à piller les terres des Romains. Sergius ayant demeuré quelques années à Argaous, avec les difciples, fut tué par un nommé Zanion de Nicopo. lis, qui l'ayant trouvé fur la montagne comme il faifoit des planches,lai arracha fa hache des mains & lui en coupa la tête. C'étoit fous le re gne de l'empereur Theophile, vers l'an 8 3 5. Car Sergius avoit été chefde la fecte pendant trente-quatre ans depuis le regne d'Irenée. Ses difciples les plus intimes furent Michel, Canacoris, Jean l'invisible, Theodote, Bafile Zofime & plufieurs autres.. Ils n'élurent point de chef comme auparavant, mais ils demeurerent tous égaux; & avoient au deffous d'eux des. prêtres, qu'ils nommoient notaires.

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Ils étoient en cet état, quand l'imperatrice Theodora entreprit de les détruire. Elle envoya pour cet effet trois officiers, qui en firent perir environ cent mille, tant pendus, que décapitez. ou noyez dans la mer, & leurs biens étoient confifquez pour l'empereur. Theodote ftratége, ou gouverneur d'Orient, avoit fous lui un officier. nommé Carbeas de cette fecte des Pauliciens, qui outré de douleur de ce que fon pere avoit été pendu, s'enfuit avec cinq de la même fecte, à Melitine, où ils furent reçus par l'émir des Mufulmans: De-là ils allerent trouver le calife, qui leur fit beaucoup d'honneur ; & ayant fait leur traité peu de tems après, ils marcherent avec les Mufulmans contre les Romains, pleins

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de grandes efperances, parce que leur nom. AN. 8450. bre étoit fort accrû. Ils entreprirent même de rétablir leur ville d'Argaous, bâtirent celle d'Amara: & comme leur multitude augmentoit toujours, ils fonderent une nouvelle ville, qu'ils nommerent Tephrique ou Tibrique. Car-beas y établit fa réfidence, pour être plus indé-pendant des Musulmans de Melitine, & plus féparé des autres hommes. Ainfi il étoit entre ́ l'Armenie & les terres des Romains. Ceux qui lui obéiffoient lui en étoient plus foumis

&

lui aidoient à faire des captifs, & il vendoit aux Mufulmans ceux qui ne lui vouloient pas obéir. Il ravageoit la frontiere des Romains vers le Pont Euxin, donnant retraite à tous ceux qui étoient menacez de mort pour cette héréfié; & attirant par la vie licentieufe qu'il permettoit, tous les débauchez & les libertins du voifinage. Ainfi l'imperatrice Theodora, loins d'éteindre cette héréfie, lui donna occafion de : s'accroître, & fournit aux Mufulmans un puif fant fecours contre les Romains.

rium

3.

Sup. n. 2.
At. c.
Boll. to. 6.
p. 464.

Les Chrétiens emmenez à la prife d'Amo- XXVI. rium étoient toûjours dans leur obfcure prifon. Fin des Enfin au bout de fept ans, Boidize, qui avoit martyrs trahi la ville, & s'étoit fait Mufulman, vint à d'Amola porte de la prifon, le foir du cinquième de Mars 845. appella Conftantin fecretaire du patrice Aëtius, & lui parlant par un trou, lui recommanda que perfonne ne les entendit; parce qu'il avoit quelque chofe de fecret à lui découvrir. Alors il dit : J'ai toûjours aimé lè patrice vôtre maître. Ayant donc appris certai nement que le calife a réfolu de le faire mourir demain, s'il ne confent à faire la priere avec Jui, je fuis accouru vous donner le confeil, qui peut vous fauver la vie. Perfuadez lui d'obéir, & obéillez vous-même, confervant en votre. Q7.

cœur

845. coeur la foi des Chrétiens, & Dieu vous le pardonnera, à caufe de la néceflité que l'on Tous impofe.

Conftantin fit le figne de la croix contre la bouche de l'apoftat & dit: Dieu te fera périr, tentateur: retire-toi ouvrier d'iniquité. Il rentra au fonds de la prifon, & le patriarche lui demanda qui l'avoit appellé, & pourquoi. Copftantin le tira à part, & lui dit que fa mort étoit réfolue: fans lui parler du reste, de peur de l'expofer à quelque tentation. Le patrice rendit graces à Dieu, & dit ; La volonté du Seigneur foit faite. Puis il fit écrire fon teftament par Conftantin, & invita les autres prisonniers à chanter toute la nuit les louanges de Dieu, ce qu'ils firent. Le lendemain vint un officier envoyé par le calife avec des gens armez & un appareil terrible. Ayant fait ouvrir porte de la prifon: il ordonna aux plus con. fiderables d'entre les prifonniers de fortir. Ils fortirent au nombre de quarante-deux, & il fir refermer la porte. Puis il leur demanda: Combien d'années croyez-vous avoir été enfermez ? Vous le favez bien, dirent-ils, c'est ici la feptième année. Il reprit: Ce lung délai vous fait voir la bonté du défunt calife & celle de fon fucceffeur. C'est que le calife Moutafem, qui les avoit pris, étoit mort il y avoit trois ans, & fon fils Vatec ou Alouatec lui avoit fuccedé,

la

Après quelques autres difcours où les Chré hens reprocherent aux Musulmans de ne pas reconnoître le vrai Dieu, puifqu'ils le faifoient auteur du mal comme du bien, l'officier du calife leur dit : Vous ne voulez donc pas faire aujourd'hui la priere avec le calife: car c'eft pour celal qu'il m'a envoyé ; & je fai qu'il y en a d'entre vous qui le défirent ? Quand on verra

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comme ils feront honorez, ceux qui l'auront AN. 845refufé déploreront leur mauvaife fortune. Les Chrétiens répondirent tout d'une voix: Nous prions le feul vrai Dieu, que non feulement le calife, mais vous & toute la nation des Arabes renonce à l'erreur de Mahomet, & adore J. C.annoncé par les prophétes & par les apôtres, tant nous fommes éloignez d'abandonner la lumiere pour les ténebres. Prenez garde, dit l'officier, à ce que vous dites, de peur de vous en repentir: vôtre défobéiffance vous attireras de grands tourmens. Ils répondirent: Nous recommandons à Dieu nos ames, & nous efperons que jufques au dernier foûpir il nous donnera la force de ne point renoncer fa foi. L'of ficier reprit: On vous reprochera' au jour du jugement d'avoir laiffé vos enfans orphelins & vos femmes veuves, car le calife pouvoit lesi faire venir ici, & il eft encore tems, fi vous voulez reconnoître le prophéte Mahomet. Les Romains obéiffent à une femme, qui ne pourra réfifter aux ordres de notre maître. Pour les biens n'en foyez point en peine: une année du tribut de l'Egypte peut enrichir vos descendans fufques à la dixiéme génération. Les Chrétiens répondirent tout d'une voix: Anathême à Mahomet & à tous ceux qui le reconnoiffent pour prophéte

Auffi-tôt l'officier les fit prendre par les fol dats qui leur lierent les mains derriere le dos & les menerent au bord du fleuve, c'eft-à-dire s du Tigre, fur lequel étoit Samarra, la réfidence du calife. Une multitude infinie de Mufulmans & de Chrétiens accourut à ce fpectacle: Quand ils furent près du fleuve, l'officier appella un des martyrs, nommé Theodore Cra tere, & lui dit: Toi, qui étois prêtre parmi les Chrétiens, & as porté les armes & tué des hom

mes

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