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voit revélé plufieurs chofes, qui ne font con- AN. 848. nuës, qu'à lui: entre autres la fin du monde, qui devoit arriver cette même année. Plufieurs perfonnes de l'un & de l'autre fexe, épouvantez de ces predictions lui apportoient des prefens & fe recommandoient à fes prieres: il y avoit même des ecclefiaftiques quila fuivoient. Etant venuë à Mayence, elle fut amenée à S. Alban, en la prefence des éveques: qui l'ayant foigneufement interrogée, lui firent avouer qu'un certain prêtre lui avoit fuggeré ce qu'elle avançoit, & que le defir du gain étoit fon motif. C'est pourquoi le concile la condamna à être fouettée publiquement, comme ayant ufurpé le miniftere de la predication, contre les regles de l'églife.. Ainfi elle ceffa de prophetifer, & demeura chargée d'infamie..

XLI

L'année fuivante 848. Raban tint encore un Commen concile à Mayence à l'occafion des erreurs cement de dont le moine Gothescalc étoit accufé. Gothef

Gothescalc

c.1.Mabill

Bertin. an

calc, autrement nommé Fulgence, étoit Al- Mang.dift. leman, mais il avoit embraffe la vie monafti- pref to 6. que à Orbais dans le diocefe de Soiffon. Là c.2. n. 1390 fous l'abbé Baron il s'appliqua à la lecture des Ann. Fuldı peres, principalemenr de S. Auguftin, dont il $48. apprit par cœur un grand nombre de paffa- 849. ges. Mais il pouffoit trop loin fa curiofité, Hincm. ad comme il paroit par les fages avis de Loup Nicol.p.to. abbé de Ferrieres. Gothefcalc l'avoit confulté 2.p 262. fur la queftion, favoir, fi aprés la refurrection P 3: les bienheureux verront Dieu des yeux corpo. rels. Loup repond premierement, qu'il ne lui auroit point répondu, s'il avoit pû fe taire fans préjudice de la charité. Enfuite il traite la queftion & ajoûte: Je vous exhorte, mon venerable frere, à ne plus fatiguer vôtre esprit. de femblables queftions: de peur que vous en Qccupant plus qu'il ne faut, vous ne puffies

fuffire à examiner ou enfeigner des chofes plus AN. 848. utiles. Car pourquoi tant rechercher ce qu'il ne nous eft peut-être pas encore expedient de favoir? Exerçons-nous dans ce champ fi vafte des faintes écritures: appliquons-nous entierement à les méditer, & joignons la priere à l'étu de il fera digne de la bonté de Dieu de fe montrer à nous de la maniere qu'il nous convient, quand nous ne chercherons point ce qui eft au deffus de nous.

Il paroît auffi que Gothescalc étoit lié d'amitié avec Valafride Strabon fon compatriote. Il fut ordonné prêtre par Rigbold corévéque de Reims; & vers l'an 846. fous le pontificat de Sergius, il alla en pelerinage à Rome. Au retour il demeura quelques tems chez le comte Eberard, un des principaux feigneurs de la cour de l'empereur Lothaire. Là il parla de la predeftination d'une maniere qui ne parut pas sorrecte à Nothingue évêque de Veronne: qui étant venu quelque tems aprés en Germanie, dans le Longau, prés de la Veteravie, pour y Rab. ep. ad voir le jeune empereur Louis, en parla à RaNoth. Ap. ban, qui étoit deflors archevêque de Mayence; & ils convinrent enfemble, que Raban écriroit pour refuter cette erreur. Il accomplie fa promeffe, & adreffa cet écrit à Nothingue en forme de lettre. Il en écrivit une aufli au comte Eberard, où il dit: On affure que vous avez chez vous un demi favant nommé Gothefcale, qui enfeigne, que la prédestination de Dieu impofe neceffité à tous les hommes; enforte que celui qui veut être fauvé, & combat pour cet effet par la foi & les bonnes œuvres travaille en vain, s'il n'eft prédestiné à la vie. Il a déja pouffé par là plufieurs perfonnes dans le defefpoir; qui leur fait dire: Qu'ai-je affaire de travailler pour mon falut ?

Sirm. to. I. P.13 12. V.Baudr Logana,

Ap Sirm.t. 2.p.1342.

lau

Inutilement ferai je bien fi je ne fuis prédefti- AN. 848 né ; & quand je ferois mal la prédeftination me conduit à la vie éternelle. Raban combat enfuite cette erreur par l'autorité de S. Augustin, de S. Profper & des autres peres, & finit fa lettre en exhortant le comte Eberard à ne point garder chez lui celui qui enfeigne une telle do

trine.

Ces lettres obligerent Gothescale à quitter l'Italie: après avoir parcouru la Dalmatie, la Pannonie & le Norique, il vint à Mayence. Auffi-tôt Raban affembla fon concile vers le Hincm.de commencement d'Octobre 848. & le roi Louis predeft. to y affifta. Gothefcale y prefenta un écrit, où 25. 26. il expliquoit la doctrine & difoit, qu'il y a deux prédeftinations; & que comme Dieu avant la création du monde a predeftiné incommutablement tous fes élus à la vie éternelle, par fa grace gratuite de même il a prédestiné à la mort eternelle tous les mechans à caufe de leurs démerites. Ii reprenoit Raban de dire que les méchans ne font pas prédestinez à la damnation: mais qu'elle eft feulement prévûë. Car, difoit-il, Dieu connoît par la prefcience, qu'ils auront un mauvais commencement & une fin encore pire; & il les a prédeftinez à la peine é

ternelle.

Gothescale ayant ainfi expliqué fa doctrine, elle fut rejettée par le concile de Mayence; & on y refolut de le renvoyer à Hincmar archevê que de Reims, dans le diocefe duquel il avoit été ordonné prêtre. Raban en écrivit à Hinc mar une lettre fynodale, où il traite Gothescale de moine vagabon; & lui fait dire, que Dieu prédeftine pour le mal, comme pour le bien, & qu'il y a des hommes qui ne peuvent fe corriger, comme fi Dieu les avoit fait dés le commencement incorrigibles. Mais ĉe rapport ne

par

ap. Hincm. Ibid.c.2.to. 8.conc·p. 5. a

AN. 848. Paroît pas exactement conforme à l'écrit de Gorhefcalc, tel qu'il eft cité par Hincmar. Raban ajoûte: Nous vous le renvoyons, afin que vous le renfermiez dans vôtre diocefe; & ne lui permettiez pas davantage de feduire le peuple, comme j'apprens qu'il en a déja féduit plufieurs. Outre cette lettre, Raban en écrivit à Hincmar une plus ample, où il traite la do&trine.

XLII. Valafrid Strabon.

ch. 68,

Valafrid Strabon, que j'ai marqué entre les amis de Gothefcalc, étoit né l'an 806. & dés Bult. liv.v. fa premiere jeunesse avoit embraffé la vie monaftique dans l'abbaye de Richenou, où il eut pour maître Tatton, & dès l'âge de dix-huit ans mit en vers, comme j'ai dit, les vifions deVetin. On l'envoya à Fulde, où il étudia les Sp.l.xlv, faintes lettres fous Raban. A la priere des moines de S. Gal il écrivit la vie de S. Gal & celle de S. Othmar leurs fondateurs. On a de lui diver

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fes poëftes, où il fait mention de plufieurs perfonnes confiderables du tems: mais fes deux ouvrages les plus fameux font la glofe ordinai re & le traité des divins offices. La glofe ordinaire font des notes très courtes fur toute la bi ble, tirées principalement des commentaires de Raban: & il n'y a point eu d'explication de l'écriture fainte plus celebre pendant plus de

fix cens ans.

Le traité des offices divins fut compofé aprés l'an 840. puifqu'il y eft parlé de Louis le Debonaire comme mort, à l'occafion de la queftion des images, dont Valafrid parle trèsfagement: blâmant ceux qui les rejettent, ou leur rendent un culte fuperftitieux: mais aprou vant qu'on leur rende un honneur moderé. Quoi qu'il reconnoiffe l'ancienne coûtume de prierà F'Orient, il ne condamne pas ceux qui tournent d'un autre côté les autels ou les églifes, par quel

que

C. 5.

que raifon de commodité. Il reconnoit que l'ufage des cloches n'étoit pas fort ancien, & qu'il étoit venu d'Italie. Il y avoit plus de deux cens ans qu'elles étoient reçues en France: comme fup. liv. il paroît par l'hiftoire de S. Loup de Sens. L'au- xXXVIII. teur remarque, que la langue Tudefque avoit a. 16, emprunté du Grec & du Latin prefque tous les mots qui regardent la religion. Ce qui vient, dit-il, de ce que les barbares fervoient dans les c. 7. armées Romaines, & que plufieurs miffionnaires, qui parloient Grec & Latin, venoient chez eux pour les inftruire. Ainfi nos gens apprirent plufieurs chofes utiles, qu'ils ne connoilloient pas encore; principalement des Goths, qui, depuis qu'ils furent Chrétiens, habitoient dans les provinces des Grecs, & parloient nôtre langue,c'eft-à-dire la Tudefque.Enfuite leurs favans traduifirent en leur langue les livres facrez, dont quelques-uns ont encore des exemplaires. Et nous avons appris par des freres dignes de foi, que chez quelques Scythes, principalement ceux de Tomi, on celebre encore à prefent les divins offices en la même langue. Cette traduction de l'écriture pour Goths, étoit fans doute celle d'Ulfila, dont j'ai parlé en fon tems: mais je ne fache point d'autre lieu où il foit dit que l'on faifoit l'office divin en langue Tudefque.

les

Soc. 4. C.

33.

sp. liv. xvI. n. 36.

C. 8.

L'auteur condamne comme un refte de fuperftition Judaïque, l'ufage de faire benir un agneau près de l'autel pour en manger le jour de pâque, avant toute autre viande, & toutefois cette benediction fe trouve encore à la fin du meffel Romain. Il remarque que du tems c. 39. de faint Gregoire on ne jeûnoit point les jeudis de carême: mais que l'ufage s'étant depuis introduit de les jeûner, Gregoire le jeune, foir qu'il entende le fecond ou le troifiéme, avoit

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