Nomenoy n'étant pas content que le pape les eut renvoyez fans les dépofer, réfolut de le faire lui-même ; & trouver en même tems le moyen de le faire reconnoître roi. Car il s'étoit emparé de Nantes, de Rennes, de l'Anjou & du Maine, jufques à la Mayenne. Il fit donc affembler au monaftere de S. Sauveur de Redon les quatre évêques de Bretagne, favoir Subfanne de Vannes, Salacon d'Alet ou S. Malo, Felix de Cornouailles & Liberat de Leon, avec un grand nombre de feigneurs, & les obligea à renoncer à leurs fieges, en quittant les verges & les anneaux, qui étoient les marques de la dignité épifcopale. On dit même qu'il les avoit fait menacer fecretement de mort, s'ils ne fe confeffoient coupables. A leur place il fit or dohner quatre autres évêques : mais jugeant bien que l'archevêque de Tours leur métropo litain ne voudroit pas les confacrer, ni même venir en Bretagne, de peur de déplaire au roi Charles, il érigea trois nouveaux évéchez, à Dol, à faint Brieu & à Treguier, qui étoient des monafteres, déclara l'évêque de Dol métropolitain, & fépara ainfi la Bretagne de la province de Tours. Enfuite il fe fit facrer roî par ces fept évêques affemblez à Dol. Ces trois nouveaux évêchez ont toûjours fubfifté depuis, & Dol a joüi des droits de métropole pendant trois cens ans. Ceci le paffoit au plus tard en 848. & la même année, qui étoit la feconde du pontificat de Leon IV. il commença à enfermer de murailles l'églife de S. Pierre Toute la nobleffe de Rome étoit fenfiblement affligée du pillage que les Sarrafins y avoient fait; & craignoient encore pis à l'avenir. Pour les raffûrer, le pape refolut d'exécuter le deffein que Leon III. fon prédeceffeur avoit conçû de bâtir une nouvelle vil S 2 Narr. to . Conc. in fine poft. Cap. &ap.Sirm. Car. XLV. Le pape fortifie Ro. me. Annft in Leo. to.8. conc. p. 173 AN. 848. ville auprès de faint Pierre, dont il avoit mê. me commencé les fondemens. Leon IV. en écrivit à l'empereur Lothaire, qui reçut avec joye la propofition; exhorta le pape à mettre au plu tôt la main à l'œuvre, & envoya quantité de livres d'argent pour cet effet, tant de fa part que des rois fes frères. Le pape ayant reçû la répon fe de l'empereur, affembla les Romains & les confulta fur l'execution de fon deffein. Il fut réfolu de faire venir des ouvriers de toutes les villes, des terres qui appartenoient au public, & des monafteres, pour travailler tour à tour à ce grand ouvrage. On y employa quatre ans : le pape s'y appliquant continuellement, & y donnant tont le tems qui lui reftoit après les fonctions fpirituelles, fans que le froid, le vent ;ni la pluye l'en détournât, & l'empêchât de vifiter tous les travaux. Dans le même tems, c'est-à-dire, pendant la douzième indiction; qui commençoit cette année 848. le pape travailloit auffi à réparer les murs de Rome tombez en ruïne par le tems. 1 fit refaire les portes & rebâtir quinze tours de fond en comble, vifitant fouvent les ouvrages, tantôt à cheval, tantôt à pied. Il fit faire entre autres deux tours fur le Tibre, à la porte qui conduifoit à Porto, avec des chaînes, pour arrêter jufques aux moindres barques des ennemis fit aufli transporter dans la ville quantité de corps faints, pour les mettre en fûreté. L'année fuivante 849, indiction douzième, les Sarrafins vinrent à Tozar en Sardaigne, d'où ils partirent pour venir à Porto. Les Romains en étoient fort effrayez; mais les habitans de Naples, d'Amalfi & de Gaëte s'embarquerent & vinrent à Oftie, d'où ils envoyerent avertir le pape, qu'ils étoient venus au fecours', pour com Combattre les Sarrafins. Le pape voulant s'en AN. 849 affûrer d'avantage, les pria d'envoyer à Rome quelques-uns d'entre eux. Leur chef nommé Cefaire, fils de Sergius maître de la milice, y' vint avec quelques autres, & confirma au pape ce qu'il lui avoit mandé. Auffi-tôt le pape fe rendit à Oftie avec une grande fuite de gens armez, pour témoigner aux Napolitains l'affection avec laquelle il les recevoit ils lui baiferent les pieds, & le prierent de les communier de fa main, pour les fortifier contre les ennemis. Pour cet effet il les mena en proceffion à l'église de faint Aure, où s'étant mis à genoux, il prononça fur eux une oraifon accommodée au fujet, puis il celébra la meffe, & les communia tous. Le lendemain, le pape étant déja parti, les Sarrafins parurent fur la côte avec beau coup de vaiffeaux; les Napolitains commencerent à les atraquer vigoureufement: mais un grand vent qui furvint les fépara, & fit périr la plupart des Sarrafins. On en tua plufieurs dans les ifles, où on les trouva mourans de faim: on en pendir quelques-uns près de Porto, & on en mena grand nombre à Rome, où on les fit travailler à divers ouvrages, particulierement aux murailles que l'on bâtiffoit autour de faint. Pierre. Les Chrétiens furent alors perfecutez à Cordouë, capitale des Mufulmans d'Efpagne, qui étoient encore les maîtres de la meilleure partie du pays. Le refte obéifloit à trois princes chrétiens Alfonfe le chafte roi d'Afturie, ayant regné cinquante ans, étoit mort l'an 842. Ire 880. & Ramir fils de Veremond, avoit été élû roi à fa place. Il bâtit une fort belle églife en F'honneur de la fainte Vierge, à deux mille pas d'Oviedo & après avoir regné fept ans, il mourut en paix. Son fils Ordogno lui fucceda S3 l'am XLVI Etat d'Efpagne. Sp. lib. Sebaft.Sal mant.p. 53. XLIV.2.49 AN. 849. er. p 17. Marc. hift Bern. liv La col.liv. 3.1 L. C. L. Redenr c. l'an 849. Ere 887. & regna feize ans. Il repentpla plufieurs villes, dont Alfonfe avoit chaffe les Mufulmans, entre autres, Tuy, Aftorga & Leon. On dit que le corps de l'apôtre S. Jacques avoit été trouvé à Compoftelle en Galice du tems d'Alphonfe le chafte, & que ce prince y avoit fait bâtir une petite églife. Il eft certain que pendant ce neuvième fiécle on croyoit que les os de faint Jacques, frere de faint Jean, avoient été tranfportez de Jerufalem à l'extremité d'Espagne, & qu'il y étoit en grande veneration. C'eft ainfi qu'Ufuard & Adon en parlent dans leurs martyrologes. Cependant il s'étoit élevé un nouveau royau→ me vers les Pyrenées. Eneco ou Ignigo, furnommé Arifta, vicomte de Bigorre, fut reconnu roi par les chrétiens du pays vers l'an 830. pour réfifter aux Mufulmans, contre lefquels ils n'étoient protegez ni des Goths fujets d'Alfonfe le chafte, trop éloignez d'eux,ni des Fran çois, fous le regne foible de Louis le Debonaire. Ignigo mourut en 835 fon fils Chimene lui fucceda: puis Ignigo fils de Chimene, qui prit. Pampelune, & vivoit en 830. C'est le commencement du royaume de Navarre. D'un autre côté la Catalogne & le Rouffillon obéïffoient aux François ; & les églifes de Barcelone, Urgel, Girone & Elne, reconnoiffoient Narbonne pour leur métropole. hift. Arab. Le prince des Mufulmans d'Efpagne étoit Abderame III. du nom, qui regna trente-un an, depuis l'an 821. 106. de l'hegire jufques en 238. ou 852. La vingt-troifiéme année de fon regne, qui étoit l'an 343. une flotte de plus de cent bâtimens attaqua Lisbonne ; & l'année fuivante une plus grande vint affieger Seville, & attaqua enfuite Čadis C'étoit fans doute des Not Normans. Ils firent un grand dégât & livrerent Sup: :13 plufieurs combats contre les Arabes, qui enfin A. Bertin. les repoufferent. L'an 847. Abderame envoya 847. des ambaffadeurs en France, pour demander la paix au roi Charles, qui les reçut àReims. En même tems tous les chrétiens fujets d'Abderame envoyerent une requête au même roi, aux évêques & aux chrétiens de fon royaume, contre un nommé Bodon, qui de chrétien s'étoit fait Juifquelques années auparavant & excitoit Abderame & les Musulmans contre les chrétiens d'Espagne, pour les obliger fous peine de mort à fe faire Juifs ou Mufulmans Ce qui femble avoir été le prélude le la perfécution. Plufieurs Goths & autres chrétiens d'Espagne, pour le délivrer du joug des infideles, avoient paffé en France & obtenu des lettres de prorection de Charlemagne & de Louis le Debone naire en 816. Le roi Charles' le Chauve affie geant Touloufe en 844. en accorda de femblables à ceux qui s'étoient retirez à Barcelone & aux environs, afin qu'ils fuflent traitez comme les François. Dès le commencement du regne d'Abderame,deux frere Adolfe & Jean fouffrirent le martyre; & leurs actes furent écrits par Speraindeo abbé de Cuteclar, comme l'on croit. L'églife honore leur memoire le vingt-feptiéme de Septembre. En 840. deux vierges chrétiennes Nunilo & Alodia fouffrirent le martyre près de Najara en Navarre; & deux ans après, leurs corps furent transferez au monaftere de S. Sau veur de Leyre, nommé alors Legerenfe. L'égli fe en fait memoire le vingt-deuxième d'Octobre. Mais la grande perfécution commença l'an 850. Ere 888. la vingt-neuvième année du regne d'Abderame. Le prêtre Parfait né à Cordoue, & élevé dans le monaftere de S. Afcicle, te. 1. Cart. p.499 569. to. 2. Cap. p26. Coint. an. 844.ni XLVII. Cordoue. Eulog. Lib. Moral ad c.7.lib. 11. S. Eulog. Martyr. R. 22. Oct. Eulog ibid. c. 1.Boll to. 10. p. 584. |