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AN. 850. fans être accompagnez de fpectacles ridicules, ni de fous & de bouffons: mais on y verra des pellerins & des pauvres, on y lira l'écriture fainte, & on s'entretiendra de dicours fpirituels. L'évêque n'aimera ni les oiseaux, ni les chiens, ni les chevaux, ni les habits précieux & tout ce qui fent le fafte; & fera fimple & vrai dans fes difcours. Il méditera continuellement l'écriture fainte, pour inftruire exa&tement fon clergé, & prêcher aux peuples fe lon leur portée.

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3.

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On diftinguoit deux fortes de paroiffes, les moindres titres, gouvernez par de fimples pretres, & les plébes ou églifes baptifmales, gouvernées par les archipretres, qui outre le foin de leurs paroiffes avoient encore l'infpection fur les moindres cures, & rendoient compte à l'évêque, qui gouvernoit par lui-même l'églife matrice ou cathédrale. Le concile ordonne aux archiprêtres de vifiter tous les chefs de famille: afin que ceux qui font des pechez publics faffent pénitence publique. Pour les pechez' fecrets, ils fe confefferont àceux qui feront choifis par l'évêque ou l'archiprêtre s'ils trouvent de ladifficulté; iis confulteront l'évêque, & l'évêque' confultera fes confreres. Les prêtres de la ville & de la campagne veilleront fur les pénitens, pour voir comment ils obfervent l'abftinence qui leur eft preferite: s'ils font des aumônes, ou d'autres bonnes œuvres, & quelle eft leur contrition: pour abreger, ou étendre le tems de leur penitence. Quant à la réconciliation despenitens, elle ne doit pas être faite par les prétres, mais par l'évêque feul, fuivant les canons: fi ce n'eft en cas de péril, ou d'abfence de l'évêque. Ceux qui font en penitence publique, ne peuvent ni porter les armes, ni juger des caules, ni exercer aucune fonction publique,

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ni fe trouver dans les affemblées ni faire des AN. 85% vifites. Quant à leurs affaires domestiques, ils peuvent en prendre foin: fi ce n'eft, comme il arrive fouvent, qu'ils ne foient touchez de l'é-normité de leurs crimes, jufques à ne pouvoir s'y appliquer. Ce font les paroles du concile.

Ceux qui ayant commis des crimes publics, ne veulent pas recevoir la penitence, doivent être retranchez de l'église & anathematisez : mais l'évêque n'en doit venir à cette extrêmité qu'après avoir tout effayé, & par l'avis commun de fon métropolitain & des comprovin-ciaux. Quant à la fimple excommunication, elle doit être prononcée fi-tôt que le crime public a été commis, pour obliger le coupable à faire penitence; & c'eft à l'évêque du lieu où le crime a été fait, à l'impofer: pour éviter la fraude de ceux, qui ayant des terres en differens diocefes, difoient à l'évêque, qui les vouloit mettre en penitence, qu'ils l'avoient déja reçûë d'un autre. Or l'évêque qui aura excommunié un pécheur public, doit en écrire à tous les évêques, dans les diocefes defquels il a des terres. Celui qui eft en penitence publique, ne peut recevoir l'extrême onction, jufques à ce qu'il foit reconcilié, non plus que les autres facremens. Les penitens ne peuvent le marier pendant le cours de la penitence; & fi un pere ou une mere ont confenti à la corruption de leur fille, il faut qu'ils ayent auffi accompli leur penitence, avant qu'elle puiffe être mariée. On ne doit pas fouffrir de elercs acephales : c'est pourquoi il faut apprendre aux féculiers, que s'ils veulent que l'on celebre continuellement les divins mysteres dans leurs maifons, ce qui eft très-louable, ils n'y employent que ceux qui auront été examinez par les évêques; & quis porteront dans les voyages des lettres de recom-

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AN. 850. mandation de ceux qui les auront ordonnez. On examinera foigneufement les femmes, que l'on accufe de donner par art magique de l'amour ou de la haine, ou même de faire mourir des hommes; fi on les en trouve coupables, on leur impofera une fevere penitence, & fi elles en profitent, elles feront reconciliées, mais feulement à la mort.

to 8. conc, 7.79.10. 2. capit.p.345

4.4.

Outre ces canons ecclefiaftiques l'empereur Louis, qui affiftoit à ce concile ou parlement de Pavie, y fit un capitulaire pour le affaires fecu-` lieres, qui fut depuis confirmé par l'empereur Lothaire fon pere. Le premier article regarde la fûreté des pelerins qui alloient à Rome, & des autres voyageurs: par où l'on voit combien les brigandages étoient frequens. On le plai gnoit auffi des vexations, que les prélats, comme les autres feigneurs, faifoient à leurs hôtes, An.Berlin quandils alloient à la cour. Louis avoit été cou$50° ° ronné empereur l'année précedente 849. par le pape Leon, fuivant l'ordre de fon pere', qui Chr.Caffin. Pavoit envoyé à Rome. Ce jeune empereur fut 1.6 29. prié en 851. par Baface abbé du mont-Caffin‚' au nom des Lombards, de les délivrer de la ve xation des Sarrafins.Louis vint donc à Benevent où il fut reçu par Radalgife, & on lui livra les Sarrafins, qu'il fit tous égorger hors de la ville avec Maffar leur chef, la veille de la pentecôte, neuviéme de Mai.

LIV.

Cordoue

Ifaac.

Eul. mem:

La perfécution continuoit à Cordouë. Le marMartyrs à tyr du prêtre faint Parfait excita plufieurs moines à quitter leurs folitudes, & à venir publi quement parler contre le faux prophete: enforte que les Mufulmans en furent épouvantez, & craignirent une révolte, jufques à prier les chrétiens de fe contenir. Car ils étoient en grand nombre, comme on voit par les églifes & les monafteres, dont il eft parle dans l'histoi

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te de cette perfecution, & cette hiftoire eft AN. 854 hors de tout foupçon, étant écrite dans le tems même, par faint Euloge prêtre qui étoit préfent, & qui fut lui-même un des martyrs. Nous voyons donc ici l'état des chrétiens en Espagne fous les Mufulmans. C'étoit deux nations diftinctes: comme aujourd'hui les Grecs & les Turcs. Les chrétiens gardoient leurs mœurs, leur langue, qui étoit un latin corrompu, & leurs noms, partie Goths, partie Romains.

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Le premier moine; qui fouffrit le martyre en cette perfécution, fut Ifaac. Il étoit né à Cordoue de parens nobles & riches, & comane il favoit bien l'Arabe, il faifoit la charge de greffier public, étant encore dans la fleur de fa jeuneffe quand tout d'un coup il la quitta pour embraffer la vie monaftique à Tabane monaftere fitué à fept milles de Cordoue, dans le fond des bois fur les âpres montagnes ; & qui étoit double, d'hommes & de femmes. Il y avoit été fondé par Jeremie coufin d'Ifaac, homme fort riche, qui s'y étoit retiré avec fa femme Elifabeth, leurs enfans & prefque toute leur famille. Martin frere d'Elifabeth en étoit abbé & Ifaac y demeura trois ans fous fa conduite.

Enfuite il vint à Cordoue, dans la place publique s'adreffa au cadi, & lui dit: J'embraf ferois volontiers votre religion fi vous vouliez bien m'en inftruire. Le cadi lui dit, qu'il faloir croire ce que Mahomet avoit enfeigné, fuivant les révélations de l'Ange Gabriel; & commença à lui expliquer fa doctrine. Il a menti, reprit Ifaac, parlant Arabe, il eft maudit de Dieu, pour avoir attiré en enfer avec lui tant d'ames qu'il a féduites. Vous autres qui

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lib. 1. Me

mor, pref.

AN. 851. êtes favans, comment ne fortez-vous pas de cet aveuglemement, & n'embraffez-vous pas la lumiere du chriftianifme? Il dit beaucoup de chofes femblables, dont le juge furpris & hors de lui, le frappa au vifage: mais il en fut repris par fes confeillers, qui lui reprefenterent qu'il ou. blioit fa gravité, & que leur loi deffendoit de maltraiter les criminels. Alors le cadi fe tournant vers Ifaac, lui dit: Peut-etre es-tu yvre ou frenetique: tu ne fais ce que tu fais. Ifaac lui répondit: Ce n'eft ni vin ni maladie qui me fait parler: c'est le zele de la justice & de la verité, pour laquelle je ne refuse pas, s'il eft befoin, de fouffrir la mort.

Martyr. R

3.Fuin.

LV.

Sanche,

Pierre, Vaabonfe.

3.

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Le cadi l'envoya en prifon, & en fit auffi-tôt fon rapport au roi, qui le condamna à mort., pour avoir ainfi parlé du Prophête. On lui coupa donc la tête, puis on pendit le corps par les pieds au-delà du fleuve, pour être en fpectacle à toute la ville. C'étoit l'Ere d'Efpagne 889. c'eft-à dire, l'an 851. le mercredi troifiéme de Juin, jour auquel l'églife honore la memoire de ce faint martyr. Quelques jours après fon corps fut brûlé avec ceux des martyrs qui l'avoient fuivi & les cendres jettées dans le

fleuve.

Le

Le vendredi cinquième du même mois de Juin , fut auffi décapité, Sanche, jeune homme laïc, natif d'Albi, d'où il avoit été autrefois Enleg:11. amené captif, & depuis mis en liberté, & reçû au nombre des gardes du roi & à ses gages. dimanche feptiéme de Juin furent martyrifez fix autres chrétiens; favoir, Pierre, Valabonfe, Sabinien, Viftremond, Habentius & Jeremie, Pierre étoit prêtre natif d'Aftigi, & avoit étudié à Cordouë. Valabonse étoit natif d'Eleple, fon pere avoit épousé une femme Arabe, & l'avoit convertie à la foi chrétienne : ce qui l'o

c. 8.

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