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1.

ftruifoit avec grande application les peuples de Saxe: il déracinoit l'idolatrie, bâtiffoit des églifes,& mettoit en chacune un prêtre, du nombre de fes difciples. Il les pria fouvent de fe donner pour chef l'un d'entre eux,le faifant ordonner évêque, car il s'en croyoit indigne ; & comme Hildebalde, archevêque de Cologne, le preffoit de fe laifler ordonner lui même, il lui Tim 111. dit ces paroles de l'apôtre : Il faut que l'évêque foit fans reproche: à quoi Hildebalde répondit en foupirant: On n'a pas observé en moi cette regle. Enfin Ludger vaincu par le confentement commun, & craignant de refifter à la volonté de Dieu, fut ordonné premier évêque de Mimigerneford en 802. mais il continua de gouwerner les cinq cantons de Frife qu'il avoit convertis: & ils demeurerent unis à fon diocefe. L'empereur Charles lui donna encore le gouvernement d'un monaftere en Brabant, nommé alors Lotuse, aujourd'hui Leufe en Hainaut; & de plus, faint Ludger en avoit fondé un dans une terre de fon patrimoine nommé Helmftad, à prefent dans le duché de Brunfvic;. ainfi avec son diocefe il gouvernoit trois mo

nafteres.

Etant évêque il guerit encore un aveugle. L'ita per Car faifant fa vifite en un certain village de Anon. b. Saxe, comme il étoit à table il vint un pauvre, 6. 24. qui crioit dehors avec empreffement, que l'évêque voulut bien regarder un aveugle. Le diacre chargé du foin des pauvres, fortit promptement, lui portant à manger; mais il le refufa, difant qu'il avoit bien plus befoin d'autre chose. On lui prefenta à boire, il dit qu'il ne demandoit pas l'aumône mais à parler à l'évêque pour être fecouru. Le diacre ne comprenant point ce qu'il vouloit dire, le laiffa. Comme il continuoit de crier, faint Ludger en fit desreproches

ches au diacre, & ordonna de lui donner de l'argent il le refufa encore,& l'évêque l'ayant fait venir, lui demanda ce qu'il avoit. Il répondit: Faites que je voye, je vous en conjure pour l'amour de Dieu. L'évêque étonné repeta les mêmes paroles fans autre dessein, & auffi-tôt l'aveugle recouvra la vuë. On le fir mettre à table, il mangea & s'en retourna plein de joye. On raconte plufieurs autres miracles de faint Ludger, & il n'eft pas incroyable que Dieu en ait accordé le don à ces premiers apôtres de Frife & de Saxe.

XXXI. Vertus de

Le zele de faint Ludger le preffoit d'aller prêcher la foi aux Normans, c'est-à-dire, aux Danois & aux autres peuples du Nord; mais le s. Ludger roi Charles l'en empêcha. Le faint homme & fa mort. prédit les ravages qu'ils feroient dans l'empire François, en un tems où on ne les craignoit point encore: & avertit fa fœur Heriburge, qu'elle verroit ces maux, & qu'il ne les verroit point. Il étoit fort inftruit des faintes écritures, & en faifoit tous les matins des leçons à fes difciples. Pour éviter l'oftentation, il portoit des habits convenables à la dignité; & quitta la cucule, n'étant engagé par aucun vœu à la regle monaftique; mais il garda le cilice, parce qu'il étoit caché fous fes habits. Il mangeoit de la chair en certain tems, gardant toujours une exacte fobrieté. Quand il étoit invité à manger quelque part, tous fes entretiens pendant le repas étoient de pieté, & il fe retiroit promptement. Il étoit très-afable aux pauvres, & très-ferme contre les riches orgueilleux.

Il diftribuoit promptement tout le revenu de fon patrimoine & de fon evêché, fans faire aucune referve pour orner fon églife, de bâtimens ou de vafes précieux. Ce fut un pretexte de

l'ac

Anon c«33.

6.Mars

l'accufer de diffipation auprès de l'empereur qui le fit venir à la cour, il l'envoya querir dès le matin, par un de fes chambellans. Le faint évêque recitoit fes prieres, & dit au chambellan, qu'il le fuivroit fi. tôt qu'il auroit achevé; & fe fit appeller jufques à trois fois. L'empereur lui en ayant fait des reproches, il répondit: C'eft que j'ai crû devoir preferer Dieu aux kommes & à vous-même: comme vous me l'avez recommandé en me chargeant de l'épifcopat. L'empereur repliqua : je vous trouve tel que je vous croyois, & je n'écouterai plus de plaintes contre vous. Saint Ludger demandoit une telle attention en la recitation de l'office divin, que le disant la nuit dans fa chambre, avec fes clercs, parce qu'un d'eux se baiffa pour accommoder le feu & empêcher la fumée, il le mit en penitence pour quelques jours.

Dans fa derniere maladie, il continuoit fes Martyr. R. exercices de pieté, difant la meffe prefque tous les jours, & prêcha en deux églifes la veille de fa mort. Elle arriva l'an 809. le 26. de Mars, jour auquel l'églife honore fa mémoire. Il fut miş en dépôt dans fon églife jufqu'à la venue de fon frere Hildegrin évêque de Châlons, qui Prolog vita l'enterra dans fon monaftere de Verden le 25. Avril. Le fuccefleur de faint Ludger dans le fiege de Mimigerneford fut Gerfrix fon neveu à qui fucceda Altfrid, qui écrivit la vie du faint fur ce qu'il en avoit appris de fon frere l'évêque Hildegrin, de fa foeur Heriburge religicufe, de fon neveu l'évêque Gerfrid, & de XXXII. quelques autres.

Conciles de
Cliffe.

1. 7. conc.
P. 1153.

En Angleterre, Adelard de Cantorberi tint vers le même tems deux conciles de fa province à Cliffe alors nommé Cleveshou. On rapporte le premier à l'an 800. Le roi Quenulfe y

étoit prefent, & après y avoir examiné la foi, An. 806. & reconnu qu'elle étoit telle, qu'ils l'avoient

reçûë de faint Gregoire: on y traita des ufurpa- To 7 Conc tions des biens d'églife, dont les titres mêmes P11531 avoient été détournez ; & l'archevêque fit auto

rifer par le concile un échange qu'il fit avec une abeffe.

p. 1189.

Le fecond concile de Cliffe fut tenu l'an 803. le douzième d'Octobre. Adelard Y fut accompagné de douze évêques qui y foufcrivirent & après chacun d'eux les abbez & les prêtres de fa dépendance. Adelard s'y plaignit encore des ufurpations faites par le roi Offa, du tems del Jambert fon predeceffeur; & renouvella les a- Sup. n. 6. nathêmes contre ceux qui feroient de femblables attentats, en vertu du pouvoir qu'il en avoit reçû du pape Leon. Il défendit aux moines de fe choifir des laïques pour maîtres, leur recommandant l'obfervation de leur regle. On voit par les foufcriptions de ce concile les noms que portoient alors les évêchez dépendans de Cantorberi, dont la plupart ont tellement changé, qu'ils font difficiles à recon

noître.

XXXIII.

Vita Boll.

A C. P. le patriarche Taraife mourut le 25. Mort de de Fevrier, indiction quatorziéme ; c'est-à-di- Tarafe re, l'an 806. après avoir tenu le fiege vingt-un Nicephore an & deux mois, Quoi qu'accablé de vieilleffe patriarche. & de maladie, il ne laiffoit pas d'offrir encore Theoph an. le faint facrifice, s'appuyant fur une table de 4407. bois que l'on mettoit devant l'autel; ce qui montre qu'on n'eût ofé s'appuyer fur l'autel même. Il fut enterré près le Bofphore au monaftere qu'il avoit fondé dans l'églife de tous les martyrs, & il eft honnoré entre les faints. Cn celebroit fa fête à C. P. fous fon fucceffeur dis l'an 813.

to.s.p.588. Martyr. R. 25. Febr.

Theop 424 B.

Vitas Ni

Après fa mort l'empereur Nicephore conful- ceph. n 21.

Tome X.

ta

298.

Vita Plat.

C. 6.

Epift 16.

Sur. liv

XXIX. n. 8.

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AN. 806, ta fur le choix du fucceffeur les plus confide, Ball to. 7. rables entre les évêques, les moines & le fénat: entre-autres S. Platon & S. Theodore Studite, S. Platon donna fon fuffrage par écrit, & rompit même fa retraite & fon état de reclus pour aller trouver de nuit un moine parent de l'empereur, mais fon avis ne fut pas fuivi. Nous avons la réponse de faint Theodore, où il s'excufe de nommer aucun fujet particulier: mais i exhorte l'empereur à choifir non-feulement entre les éveques & les abbez, mais encore entre les ftylites & les reclus. Ce qui montre que l'obfervance des ftylites continuoit trois cens cinquante ans après S. Simeon leur auteur. L'empereur fe détermina fur Nicephore, qui avoit été fecretaire de fes prédéceffeurs ; & il Theoph. fut élû d'un commun confentement du clergé & du peuple: mais Platon & Theodore Studite s'y oppoferent fortement, foutenant qu'il Sup. liv ne falloit pas élever tout d'un coup un laïque XLIV. . à l'épifcopat. Ils craignoient fans doute, que cet exemple enfuite de celui de Taraise ne fût d'une dangereufe confequence. L'empereur en fut tellement irrité, qu'il fit enlever Platon, le tint vingt quatre jours dans une étroite prifon, après quoi il lui permit de retourner à fon monaftere. Il fit emprifonner quelques uns des moines, il en fit mettre à la question; & il vouloit les chaffer de C. P. mais on l'en detourna, en lui reprefentant que l'entrée de Nicephore dans le fiege patriarcal feroit odieuse, fi à son occafion on détruifoit une communauté de sept cens moines qui vivoient fous la conduite de Theodore. Nicephore fut done ordonné patriarche le jour de Pâque douzième d'Avril 806, Il étoit né à C. P. vers l'an 75 8. Son pere Theo Vita c. 1. dore étant fecretaire de l'empereur Constantin Copronyme, fut accufé d'honorer les images

24.

&

ce

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