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AN. 853.

XII.

Atticles de
Quiercy.
Ann. Bert.

853.

to. 8. conc. p. 56.

G. 3.3.

moine le fuivirent & l'accompagnerent tof jours.

Après le concile de Soiffons, le roi Charles vint à Quierci fur Oife, où avec quelques évêques & quelques abbez il foufcrivit ces quatre articles compofez par Hincmar contre la doctrine de Gothefcalc. 1. Dieu par fa prefcience a choifi de la maffe de perdition ceux que par fa Maug. di grace il a prédeftinez, & aufquels il a prédestiné la vie éternelle. Il a laillé les autres par je jugement de fa justice dans cette malle, & a connu parla prefcience qu'ils periroient: mais il ne les a pas predeftinez à perir, quoi qu'il leur ait predeftiné la peine éternelle. Ainfi nous ne reconnoillons qu'une feule predeftination, qui appar tient au don de la grace, ou à la retribution de la juftice. 2. Nous avons perdu dans le premier homme la liberté, que nous avons recouvrée par Jefus-Chrift: ainfi nous avons le libre arbitre pour le bien, lorfqu'il eft prévenu & aidé de la grace, & nous avons le libre arbitre pour le mal, quand il eft abandonné de la grace. Or il eft libre, parce qu'il eft délivré & guéri par la grace. 3. Dieu tout puiffant veut le falut de tous les hommes fans except ion, quoique tous ne foient pas fauvez. C'eft par la grace du Sauveur que quelques-uns font fauvez, & par leur faute que quelques-uns periffent. 4. Comme il n'y a point d'hommes dont Jefus Chrift n'ait pris la nature, il n'y en a point pour lequel il n'ait fouffert quoique tous ne foient pas rachetez, ce n'est pas que le prix ne foit fuffifant, c'eft qu'il y en a qui ne croyent pas de cette foi qui opere par la charité. La medecine fautaire compofée de notre infirmité, .& de la vertu divine, eft de foi capable de profiter à tous:mais alle ne guérit que ceux qui la prennent.

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XIII. Enée évê

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Hinem. de predeft. c.

21.c. 26 to 8. conc. p.

1845, Lup epift. 98.

Prudence évêque de Troyes fut un de ceux AN. 853~ qui foufcrivirent à ces quatre articles ; & toutefois la même année 853. il se déclara contre par un écrit folemnel. Ercanrad évêque de Paris étant mort, le roi Charles fit élire à fa place Enée, notaire de fon palais. Nous avons le décret de l'élection, compofé par Loup abbé de Ferrieres, adreffé à Venillon archevêque de Sens & aux évêques dela province, au nom duclergé de l'églife matrie de Paris & des freres de faint Denys, de Saint Germain, de fainte Geneviéve, de faint Pierre des foflez, & des autres monafteres, & par ce decret ils déclarent, que fuivant l'intention du roi, ils défirent Enée pour leur évêque. Le concile étant donc affem. pour confimer cette élection, & Prudence de Toyes ne pouvant s'y trouver à cause de ses infirmitez, il envoya une lettre d'excufe, par laquelle il dit, qu'il confent à l'ordination du futur évéque, à la charge qu'il fouferira à tous to. 8. les decrets du faint fiege, & aux écrits des 1885... peres; & en particulier à quatre articles contre les Felagiens; favoir, 1. Le libre arbitre perdu en Adam, nous a été rendu par Jefus Chrift: en telle forte que nous avons befoin de La grace pour toute bonne œuvre. 2 Dieu avant tous les fiécles a prédeftiné les uns à la vie par la mifericorde gratuite; les autres à la peine par fa juftice impénétrable. 3. Le fang de Jefus Chrift à été repandu pour tous les hommes qui croyent en lui, non pour ceux qui n'y croyent point. 4. Dieu fauve tous ceux qu'il veut fauver, & ne veut point fauver ceux qui ne font pas fauvez. Voilà les quatre articles que Prudence vouloit faire foufcrire au nouvel évêque, comme étant la pure doctrine de faint Auguftin,

il eft à éroire qu'Enée y foufcrivit, puifque

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AN. 853. Prudence confentit à fon ordination. Car il eft nommé avec les autres évêques de la province, dans la lettre écrite au nom de Venilon & de fes fuffragans à l'église de Paris, par laquelle ils déclarent qu'ils ont approuvé l'élection d'Enée, dont le travail & le zele est connu de tous ceux qui frequentent le palais, & qu'ils ont tous foufcrit à fon ordination. Cette lettre fut auffi compofée par Loup de Ferrieres.

Lup. 9.

to. 8. p. 99. Capit. to. 2.

P. 58,

Un plus grand concile fe tint à Verberie aut mois d'Août de cette année 853. Quatre métropolitains y affiftérent avec leurs fuffragans, favoir, Venilon archevêque de Sens, Hincmar de Reims, Paul de Rouen & Amauri de Tours, Sup. n. 8. & quelques évêques de la province de Lyon. On y parla encore de l'infirmité d'Heriman évêque de Nevers, dont il avoit été fait mention au concile de Soiffons ; & comme le foin que fon archevêque avoit pris de lui avoit eu fon effet, on lui rendit le gouvernement de fon églife. On approuva auffi dans ce concile les articles que le roi Charles avoit publiez en celui de Soiffons,

XIV.

Martyrs à
Cordoue.

Eulog. 111.

A Cordoue le nouveau roi Mahomet continuoit la perfecution. Dès le premier jour de fon regne il chaffa du palais tous les Chrétiens, Memor.p.1. qui étoient au fervice de fon pere; & peu de tems après il leur impofa le tribut, & ôta la paye à ceux qui fervoient dans fes troupes. Il établit des officiers auffi ennemis des Chrétiens que lui: en forte que non feulement ils ne fouffroient pas qu'aucun parlât contre leur prophete, mais ils en obligeoient plufieurs par la crainte, à embraffer leur religion. Entre ces apoftats on remarque le Cateb ou écrivain, qui l'année précedente s'étoit déclaré contre les martyrs. C'étoit le feul de tous les Chrétiens qui fût de

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meuré dans le palais, à caufe qu'il parloit Arabe AN. 853. très-élégament: mais quelques mois après, il fut chaffe comme les autres, & privé de fa charge. Ne pouvant fouffrir la perte de fa fortune, il fe fit Mufulman, & commença à fréquenter la mofquée, bien plus affiduëment qu'il n'alloit à l'églife étant Chrétien. Alors on lui rendit fa charge & fon logement au pala's, pour fervir d'exemple à en pervertir d'autres.

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Cependant le roi commanda d'abattre toutes les églifes bâties de nouveau; & tout ce que F'on avoit ajoûté aux anciennes, depuis la domination des Arabes. Il vouloit chaffer de fon royaume tous les Chrétiens & les Juifs, & n'y fouffrir d'autre religion que la fienne : mais les révoltes qui s'éleverent au commencement de fon regne, l'empêcherent d'exécuter ce deffein, & il eut au contraire la douleur de voir plu fieurs Mufulmans fe faire Chrêtiens, & méprifer la mort, faus compter ceux que la crainte tenoit cachez. Comme la révolte avoit diminué fes revenus, il furchargeoit les Chrétiens pour y fup- c. 5% pléer; & de faux freres entreprenoient le recouvrement de ces exactions. Les principaux des Mufulmans voyant les Chrétiens ainsi abbatus, leur difoient: Qu'eft devenu vôtre courage & votre ardeur pour le combat? Ceux qui s'empreffoient tant à attaquer notre prophete,ont été punis comme ils meritoient: qu'ils y viennent maintenant, fi c'eft Dieu qui les pouffe. Alors un jeune moine nommé Fandila, aimable c. 7. & par fa bonne mine & par fa vertu, fe prefenta le premier au martyre. Il étoit de la ville d'Acci, aujourd'hui Guadix; & étant venu étudier à Cordoue, il embrafla la vie monaftique, & fe retira à Tabane, fous la conduite de l'abbé Martin. Après qu'il y eut vêcu quelque tems, les moines de Pegna-Mellar le demande

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Ax. 853.

Martyr. R. $3. Jun.

rent à son abbé, & malgré lui le firent ordonner prêtre pour gouverner la double communauté d'hommes & de femmes de ce lieu-là. Etant abbé il redoubla ses jeûnes, ses veilles & fes prieres. Un jour donc il vint à Cordoue fe prefenter hardiment au cadi, lui précher l'évangile, & lui reprocher les impuretez de fa fecte. Le cadi l'ayant mis en prifon & chargé de chaînes, en rendit auffi-tôt compte au roi, qui entra en grande colere, admirant cette hardieffe & ce mépris de fa puiflance. Il ordonna d'arrêter l'évêque de Cordoue: mais il s'étoit fauvé par la fuite. Le roi avoit auffi donné un ordre general de faire perir tous les Chrétiens, & vendre leurs femmes pour les difperfer: mais les grands lui firent révoquer cet ordre, lui reprefentant qu'il n'étoit pas jufte de perdre tant de peuple pour la temerité d'un seul, à laquelle aucuns des plus fages & des plus confiderables n'avoit pris part. Il fe contenta donc de faire couper la tête à Fandila, & expofer fon corps au-delà du fleuve, le treizième de Juin 853. L'églife en fait memoire le même jour.

Le lendemain Anaftafe aufli prêtre & moine. fouffrit le martyre. Il fut inftruit dès l'enfance à faint Acifcle de Cordoue: étant diacre, il en quitta les fonctions, pour embraffer la vie monaftique, & fut enfin ordonné prêtre. S'étant donc préfenté aux juges, & ayant parlé contre leur prophete, il fut auffi-tôt exécuté, & avec lui Felix moine natif de Complut, mais Africain d'origine. Ils eurent l'un & l'autre la tête tranchée. Le même jour vers l'heure de none, une religieufe nommée Digne du moaftere de Tabane, que-gouvernoit Elifabeth, fe prefenta au martyre. Peu de tems auparavant elle crut voir en fonge fainte Agathe, qui tenant,

des

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