Imágenes de páginas
PDF
EPUB

AN. 854. vinaigre & de moutarde, pour diftribuer en forme de communion.

Ils faifoient des proceffions par la ville, où Gryllus étoit monté fur un afne, & fuivi de tous les autres. Un jour ils rencontrerent le patriarche Ignace, qui marchoit en proceffion avec fon clergé. Gryllus ravi d'une fi belle occafion, commença à fonner de la guittare levant fa chafuble: tous les autres l'imiterent avec grand bruit, & accablerent d'injures & de paroles infames le patriarche & fon clergé. Une autre fois l'empereur Michel envoya querir fa mere Theodora, pour recevoir la benediction du patriarche. Elle, croyant que c'étoit Ignace, vint avec refpect, & fe profterna fur le pavé. C'étoit Gryllus, qui cachoit fa barbe & fon viSim. Mag. fage. Il lâcha un vent dehonnête avec des pa roles infames, & ajoûta: Nous vous donnons, Madame, ce que nous avons. L'imperatrice ainfi outragée chargea de maledictions le faux pa triarche & fon fils, à qui elle prédit que Dieu l'abandonneroit.

id. 13.

8, 20.

id n. 12.

22 22.

1194.

Enfin la treizième année de fon regne, qui Poft Theop. étoit l'an 854 il obligea fa mere à fe retirer, & à fe faire couper les cheveux, pour embrasser la vie monaftique, avec fes filles. Il voulut persua Vita Ign.p. der au patriarche Ignace de leur donner l'habit, mais il refufa, difant: Quand j'ai pris le gou vernement de cette églife, j'ai promis par ecrit & avec ferment, de ne rien faire contre votre fervice ou votre gloire. Quel crime ont commis ces princeffes pour être traitées de la forte? Ayant ainfi parlé il fe retira; & l'empe reur fit enfermer fa mere & fes fœurs dans le palais nommé de Carien. Bardas frere de cette princeffe, homme habile, mais corrompu, prit toute l'autorité, profitant de la foiblefle de fon

eveu.

Ea

XVIII. s. Anfcaire

évêque de Brême. Sup liv. XLVII. n.

31. Vita n. 35. to 6.

act. p. 9

n. 36,

En Saxe faint Anfcaire chaflé de Hambourg, AN. 8540 par l'incurfion des Normans, dès l'année $45. ne laiffoit pas d'exercer fa miffion, tiraut fa fubfiftance du monaftere de Turholt dans la Belgigique, que Louis le Debonnaire lui avoit donné. Mais le roi Charles, dans les états duquel fe trouvoit ce monaftere, le donna à un feigneur nommé Reigner; ce qui téduifit Anfcaire à une extrême pauvreté. Les moines de l'ancienne Corbie, qui l'avoient fuivi, retournerent à leur monaftere, & plufieurs autres l'abandonnerent : mais avec le peu de difciples, qui lui reftoit, il ne laiffa pas de continuer fes fonctions. Le roi Louis, dans le royaume duquel il travailloit, touché de fes befoins, chercha à le faire fubfifter; & ne voyant dans le pays aucun monaftere qui lui pût convenir, il réfolur de lui donner l'évêché de Brême, qui étoit yoifin, & alors vacant par la mort de Leuderic, troifiéme évêque de ce fiege, décedé l'an 849. Comme Anfcaire faifoit difficulté de l'accepter, craignant qu'on ne l'accusât de cupidité, le roi propofa l'affaire en plein parlement,&demanda aux évêques, s'il la pouvoit faire fuivant les canons, Ils répondirent qu'oüii, &le prouverent par plufieurs exemples. Ainfi attendu que le diocefe de Hambourg, pour lequel Anfcaire avoit été ordonné, étoit trés-petit, n'ayant que quatre égli fes baptifmales, & qu'il étoit fort exposé aux incurfions des barbares: ils déciderent, que l'on y pouvoit joindre celui de Brême. Mais pour êter tout fujer de plainte à Valdegaire évêque de Verden, qui étoit voifin, & dont on avoit pris la partie du diocefe, qui étoit au-delà de Elbe, on réfolut de remettre les deux évêchez de Brême & de Verden, comme ils étoient du tems de Louis le Debonnaire A ces conditions

Anfeaire regur l'évêché de Brême, uni à celui

de

n. 379

74. 38.

XIX.

Eglife de

suede.

Vit. n. 25.

22. 26.

de Hambourg, la même année 849. neuvié. me du roi Louis.

Depuis la chose étant mieux examinée dans un autre concile, on trouva de l'inconvenient, que le fiege pour lequel il avoit été ordonné, & dont l'érection avoit été confirmée par le pape, fut dans un autre diocefe: car Hambourg se trouvoit au-delà de l'Elbe, & par confequent dans la partie rendue à l'évêque de Verden. On refolut donc qu'il reprendroit certe partie, en donnant un équivalent:& l'évêque de Verden y confentit. Mais on ne put avoir le confentement du métropolitain, qui étoit l'archevêque de Cologne: parce que ce fiege étoit vacant, & le fut environ dix ans.

Cependant l'églife de Suede étoit demeurée fans prêtre, depuis que l'évêque Gausbert, autrement nommé Simon, en avoit été chassé. Au bout de sept ans, c'est-à-dire, vers l'an 8 52. Anfcaire y envoya un prêtre anacorete, nommé Ardgaire, pour confoler ce qui y reftoit de Chrétiens, principalement un faint homme nommé Herigaire,qui avoit foûtenu cette églife pendant qu'elle manquoit de prêtres, & avoit beaucoup fouffert de la part des infideles: mais Dieu le foûtenoit par des miracles. Un jour tenant leur affemblée en pleine campagne, ils loüoient leurs dieux,dont ils prétendoient avoir reçû de grandes faveurs, & reprochoient à Herigaire, qu'il étoit feul engagé dans une vaine créance. Alors il leur dit: Eprouvons par des miracles, qui eft le plus puiflant, vos dieux ou le mien. Il va pleuvoir, comme vous voyez, priez vos dieux qu'il ne tombe point de pluye fur vous, & je demanderai la même grace à mon Seigneur Jefus Chrift. Ils s'affirent tous d'un côté, & lui avec un valet de l'autre : ils furent tellement trempez de la pluye, qu'il fem

fembloit qu'on les eût jettez tout vêtus dans la riviere mais il ne tomba pas une goutte de pluye fur lui, ni fur fon valet: ainfi les payens demeurerent confus, Il lui vint un mal de jambe qui l'empêchoit de marcher. Plufieurs le venoient voir: les uns lui confeilloient de facrifier aux dieux pour obtenir fa guérifon; les autres lui difoient qu'il n'avoit point de fanté, parce qu'il n'avoit point de Dieu. Ne pouvant plus fouffrir leurs reproches, il fe fit porter à fon églife, & dit devant tous les affiftans: J. C. mon Seigneur, rendez moi tout à l'heure la fanté, afin que ces pauvres gens connoiffent que vous êtes le feul Dieu, & fe convertiffent à vous. Auffi-tôt il fur fi parfaitement guéri, qu'il fortit de l'églife fans fecours.

n. 27,

Un roi des Sueones, ou Suedois, chaffé de fes états,étoit venu affieger Birca, avec le fecours des Danois: ils étoient prêts à prendre la ville & à la piller. Les habitans, riches marchands pour la plû part, n'étant pas en état de fe défen dre, avoient recours à leurs dieux. Herigaire, qui étoit gouverneur de la ville, leur dit en colere. Jufques à quand voulez-vous fervir les démons, & vous ruiner par des vaines fuperftitions? Vous avez fait de grandes offrandes à vos dieux ; & leur en avez promis encore davantage, de quoi vous ont-elles fervi? Les habitans remirent leur falut entre les mains: &

par

fon confeil ils voüerent à Jesus-Chrift un jeûne & des aumônes. Cependant le roi qui les affiegeoit, dit à fes Danois: Il y a là dedans plufieurs dieux, & une église autrefois dédiée à J. C. qui eft le plus puiffant de tous. Cherchons par le fort, fic'eft la volonté divine que vous preniez cette ville. Ils ne purent le refufer, car c'étoit leur coûtume, & ils trouverent que leur entreprise ne pouvoit réüffir. Ainfi ils fe reti

C. 25. 28.

3༠. .

24. 38 re

[ocr errors]

V. Mabill. praf to. 8. act. n. 78. Vita n. 33.

rerent & Birca fut délivrée. Herigaire profita de ce fuccès, pour exhorter les habitans à fe convertir, & precher hardiment la foi par tout où il fe rencontroit. Il perfevera jufques à la fin; étant tombé malade, il fut affifté à la mort par le prêtre Ardgaire, qui lui donna le viatique.

Il le donna auffi à une fainte femme nommée Friburge, l'un des principaux ornemens de cette églife naiffante Elle résista avec une fermeté inébranlable à toutes les attaques des infideles, difant :fi l'on doit garder la foi aux hommes,combien doit-on plus la garder à Dieu? Mon Seigneur Jefus-Chrift eft tout-puiffant : il peut, fi je lui fuis fidelle, me donner tout ce qui me fera neceflaire. Comme elle étoit âgée, & qu'il n'y avoit plus de prêtres en Suede, fe croyant proche de la mort, elle recommanda à fa fille un peu de vin qu'elle avoit fait referver, & lui ordonna de lui en mettre dans la bouche quand elle la verroir près de fa fin: parce qu'elle 'avoit pas le facrifice qu'elle favoit être le viatique des Chrétiens. Ce vin fe garda environ trois ans ; & l'on voit par cet exemple, que le viatique fe donnoit encore fous l'efpece du vin, Comme Friburge étoit riche & affectionnée à l'aumône, elle ordonna à sa fille de distribuer après fa mort tous les biens aux pauvres. Et parce, lui dit-elle, que nous avons ici peu de pauvres, vendez tout & portez de l'argent à Dorftat, où il y a plufieurs églifes & quantité de pauvres. La fille exécuta cet ordre fidelement, & trouva à Dorftat des femmes pieufes, qui l'inftruifirent du meilleur emploi de fes aumônes. Un jour étant revenue à fon logis, elle mit à part le fac où elle avoit porté fon argent, & qui étoit vuide; mais quelque tems après elle le trouva plein;& ayant appellé ces pieufes fem

mes

« AnteriorContinuar »