Imágenes de páginas
PDF
EPUB

XXII. Suite de l'églife dee Danemarc.

mit de proteger en tout la religion chrétien-
ne: ainfi S. Anfcaire ayant heureusement accom-
pli fon deffein retourna en Saxe. Quelque tems
après le roiOlefattaqua les Chores, peuple au-
trefois fujet aux Suedois; & dont le pays eft la
Curlande. Il affiegea une de leurs villes; où fes
troupes fe trouverent en grand péril; & ayant
jetté le fort, aucun de leurs dieux ne leur pro-
mettoit du fecours. En cette extrêmité quel-
ques marchands fe fouvenant des inftructions
de faint Anfcaire, exhorterent les Suedois à
invoquer le Dieu des Chrétiens. Ayant jetté le
fort, & trouvé que Jesus-Chrift devoit les se-
courir, ils reprirent cœur, & marcherent au com-
bat ; mais les Curlandois fans les attendre ren-
dirent la ville, á des conditions plus avantageu-
fes qu'ils ne demandoient. Aprês cette victoire
les Suedois demandoient quel vœu ils devoient
faire à Jefus-Chrift. Les marchands leur con-
feillerent de lui promettre des jeûnes & des au-
mônes. Savoir qu'à leur retour, après avoir
demeuré fept jours chez eux, ils s'abftien
droient de chair pendant les fept jours fuivans
& qu'après quarante autres jours, ils feroient la
même abftinence quarante jours durant. Ils
l'obferverent religieufement; & depuis ce tems
le prêtre Eremberg exerça librement fes fonc-
tions, & la religion chrétienne fit de grands
progrès en Suede.

Mais en Danemarc il y eut une grande révolution. Car les Normans, qui en étoient fortis, & avoient ravagé la France pendant vingt années de fuite; fe raffemblerent,& retournerent en leur pays. Là, il s'émut une querelle entre An. Fuld. le roi Horic, & fon neveu Guturm; qu'il avoit chaffé de fon royaume, & qui avoit jufques là vêcu en pirate. Ils en vinrent aux mains; & le

. 54.

458.

Bertin eod.

Chr. Norm. carnage fut fi grand, qu'il périt un peuple in

nom

nombrable, Dieu vengeant ainfi la mort de tant de Chrétiens, que les Normans avoient égorgez. Le roi Horic fut tué, & de la race de Godefroy fon frere, il ne refta qu'un enfant, auffi nommé Horic, qui fut reconnu pour roi. Mais les feigneurs qui l'environnoient, & qui n'étoient gueres connus de faint Anfcaire, confeillerent à ce jeune prince d'abolir le Chriftianifme: difant que la défaite qui leur venoit d'arriver, étoit un effet de la colere des dieux, pour avoir reçû le culte d'un Dieu inconnu. Le plus ennemi du Chriftianisme étoit le gouverneur de Slefvic nommé Hovy, qui fit fermer P'églife, & défendit l'exercice de la vraye religion: ce qui obligea le prêtre qui y résidoit â fe retirer

Saint Anfcaire penetré de douleur, ne favoit à qui s'adreffer: n'ayant auprès du nouveau roi aucun de ceux, dont il avoit gagné l'amitié par fes liberalitez. Abandonné des hommes il eut recours à Dieu, à fon ordinaire, & ce ne fut pas en vain. Comme il fe difpofoit à aller trouver le roi, ce prince ayant chaffé & difgracié le gouverneur de Slefvic, pria de lui-même le faint évêque de renvoyer le prêtre à fon église, difant qu'il ne vouloit pas moins mériter la protection de Jefus-Chrift & l'amitié de l'évêque, que le roi fon prédéceffeur. Anfcaire alla trouver le roi, & lui fut préfenté par le comte Bouchard, parent de l'un & de l'autre prince. Le jeune Horic reçut très-bien le faint évêque, & lui donna toutes les permiffions, que l'ancien lui avoit données. Il accorda même aux Chrétiens d'avoir une cloche pour leur églife, ce qui auparavant paroiffoit abominable aux payens, & il permit de bâtir une autre églife dans la ville de Ripa, & d'y établir un prêtre.

XXIII.
Troifiéme

Concile de
Valence.

Sor.

Cependant l'évêque Gausbert envoya en Suede un Prêtre nommé Anfrid, Danois de naisfance, & élevé dans le fervice de Dieu, par Ebbon autrefois archevêque de Reims. A fon arrivée le prêtre Erimbert en revint, & Anfrid: y demeura plus de trois ans,, cheri de tout le monde: mais ayant appris la mort de l'évêque Gausbert, il revint, & mourut lui même quelque tems après. Saint Anfcaire ne voulant pas laiffer perir l'églife en Suede, y envoya un prêtre qu'il avoit, nommé Ragimbert, qui fut pillé en chemin par des pirates Danois, & mourut. Le faint évêque fans fe rebuter, ordonna exprès pour cette commiffion un autre prêtre nommé Rimbert, Danois de Nation, qui y fut bien reçû par le roi & par le peuple, & y exerçoit encore les fonctions en toute liberté quand le fucceffeur de faint Anfcaire écrivit sa vie. Le faint évêque recommandoit à tous ces prêtres qu'il envoyoit chez les payens, de ne demander rien à perfonne; mais de travailler de leurs mains à l'exemple de l'apôtre faint Paul, & de fe contenter du vivre & du vêtement. Il ne laiffoit, tant qu'il pouvoit, de fournic abondamment à leurs befoins, & de ceux qui étoient à leur fuite; de leur donner de quoi gagner des amis. Tels furent les commencemens des églifes de Suede & de Dane

marc.

En France les quatre articles dreffez par Hincmar en l'affemblée de Quiercy, furent envoyez à l'églife de Lyon, par le foin de quelques homDe ton.ver. mes vertueux ; & ayant été examinez par l'ar chevêque Remy, avec les plus favans de fon clergé, ils en furent choquez, & trouverent que Mang.diff. l'on y attaquoit l'autorité de l'écriture & des peres, particulierement de S. Auguftin. C'est Pourquoi Remi entreprit de refuter ces quatre

6. 2.

6.35

ar

[ocr errors]

articles, par un écrit intitulé: Qu'il faut s'at- AN. 855, tacher à la verité de l'écriture, où il foûtient principalement la double prédeftination des élûs & des reprouvez. Il établit encore plus autentiquement la même doctrine au troifiéme to. 8. $1321 concile de Valence affemblé par ordre de l'empereur Lothaire,la quinziéme année de fon regne, indiction triofiéme, qui eft l'an 855. le huitiéme de Janvier, à l'occafion de l'évêque de Valence accufé de divers crimes. Il y avoit quatorze évêques de trois provinces, avec leurs métropolitains, qui les préfidoient: favoir, Remy de Lyon, Agilmar de Vienne, & Roland d'Arles. Ebbon de Grenoble s'y d'iftinguoit let plus entre les évêques. Après que l'on eut terminé l'affaire de l'évêque de Valence, on dreffa vingt-trois canons, dont les fix premiers font de doctrine. Nous évitons, difent les évêques, les nouveautez de paroles, & les difputes préfomptueufes, qui ne caufent que dul fcandale, pour nous attacher fermement à l'écriture fainte, & à ceux qui l'ont clairement expliquée, à Cyprien, Hilaire, Ambroife, Jerôme, Augu ftin, & aux autres docteurs Catholiques. Quant à la prefcience de Dieu; la prédeftination & les autres queftions qui fcandalifent nos freres; nous nous en tenons à ce que nous avons appris dans le fein de l'églife.

C. IS

Dieu par fa prefcience a connu de toute éter- c. 24 nité les biens que devoient faire les bons, & les maux que devoient faire les mauvais. Il a prévu que les uns feroient bons par fa grace, & par fa même grace recevroient la récompenfe éternelle ;& il a prévû que les autres feroient mauvais par leur propre malice, & par fa juftice fondamnez à la peine éternelle. La prefcience de Dieu n'impofe à perfonne la neceffité d'être mauvais perfonne n'eft condamné

par

le:

pré-

[ocr errors]
[ocr errors]

AN. 855. préjugé de Dieu, mais par le merite de fa propre iniquité. Les méchans ne periffent pas, parce qu'ils n'ont pû être bons: mais parce qu'ils ne l'ont pas voulu, & foat demeurez par leur faute dans la maffe condamnée. Nous confeffons hardiment la prédestination des élûs à la vie, & la prédeftination des méchans à la mort: mais dans le choix de ceux qui feront sauvez, la mifericorde de Dieu précede leur merite, & dans la condamnation de ceux qui periront,leur démerite précede le jufte jugement de Dieu. Il n'a ordonné par la prédeftination, que ce qu'il devoit faire par fa mifericorde de gratuite ou par fon jufte jugement. C'eft pourquoi dans les méchans il a feulement prévû, & non pas prédeftiné leur malice, parce qu'elle vient d'eux, & non de lui. Mais il a prévû, parce qu'il fait tour, & prédeftiné, parce qu'il eft juste, la peine qui doit fuivre leur démerite. Au refte, que par la puiffance divine quelques-uns foient prédeftinez au mal, comme s'ils ne pouvoient être autre chofe : : non feulement nous ne le croyons point, mais fi quelqu'un le croit, nous lui di fons anathême. Quant à la redemption du fang de J. C. ceux-là fe trompent, qui difent qu'il a été répandu, même pour les méchaus, qui étant morts dans leur impieté, ont été damnez, depuis le commencement du monde jusqu'à la paffion de J. C. Et nous difons au contraire, que ce prix n'a été donné, que pour ceux qui croyent en lui. Nous rejettons au refte comme inutiles, nuifibles & contraires à la verité, les quatre articles qui ont été reçûs avec peu de précaution par le concile de nos freres. Nous rejettons auffi les dix-neuf autres articles qui font des conclufions de fyllogifmes impertinens, & contiennent des articles du diable, plutôt que des propofitions de foi. Nous les inter

τότ

« AnteriorContinuar »