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AN. 7954

I.

Conftan

tin épouse fon Theodote. Supl. XLIV. 2. 47 48. Theoph. an. 5. p.

OмME l'empereur Conftantin avoit époufé, malgré lui, l'imperatrice Marie, il la prit en averfion, & chercha à rompre mariage quand il fe vit le maître; & Irene fa mere qui l'avoit obligé à le contracter, lui confeilla elle-même de le diffoudre voulant le rendre odieux à tout le monde, & ramener ainfi à elle la fouverai ne autorité. Ce qui pouffoit principalement le jeune empereur, étoit l'amour qu'il avoit conçu pour Theodote, une des filles de la chambre de

:

Tome X.

A

Ma

396,

AN. 795.

Vita S.Ta

raf.c.7. ap. Boll. 25.

Feb. tom. 5.

P. 584.

Sup, l.

X LIV. n.

26.

G

Marie qu'il vouloit époufer. Pour cet effet it publia que Marie avoit voulu l'empoisonner; mais il ne put le perfuader à perfonne.

Il fit tous les efforts pour gagner le patriar. che Taraife, & lui faire approuver ce divorce, Il lui envoya premierement un magiftrat, qui lui expliqua toutes les circonstances de la prétendue entreprise d'empoifonner l'empereur ; & l'inftruifit exactement de cette accufation,l'aflurant qu'elle étoit très bien fondée. Le patriarche lui répondit en foupirant: Je ne fai comment l'empereur pourra fouffrir l'infamie dont il fe couvrira devant toutes les nations: & comment il pourra reprimer les adulteres & les autres débauches, après avoir donné un tel exemple. Quand le crime de l'imperatrice Marie feroit aufli certain que vous prétendez, le Seigueur défend de quitter la femme, finon pour caufe d'adultere. Dites donc à l'empereur, que je fouffrirai plutôt la mort & les plus cruels fupplices; que de confentir à fon def fein.

L'empereur voulant lui parler lui-même, l'envoya querir & Taraise vint au palais, accompagné du moine Jean, qui avoit affifté au feptiéme concile de la part des patriarches d'orient. Je n'ai rien voulu vous cacher, dit l'empereur, parce que je vous regarde comme mon pere. On ne peut nier, que je ne puiffe quitter une perfonne qui a attenté à ma vie : elle merite la mort, ou tout au moins une peni, tence perpetuelle; & pour vous convaincre de fon crime, voyez-en les preuves de vos yeux. Làdeffus il fit apporter des vaiffeaux de verre avec une liqueur trouble, difant que c'étoit le poifon, dont fa femme avoit voulu fe fervir, pour lui faire perdre la vie, ou la raifon. Le patriarche ne donna pas dans cet artifice: il

fit connoître à l'empereut, qu'il favoit fa paf- AN. 795. fion pour Theodote, & lui déclara nettement qu'il ne pouvoit diffoudre fon mariage, & qu'il feroit obligé de lui défendre l'entrée du fanctuaire, c'eft-à-dire, de l'excommunier. Le moine Jean, qui étoit un venerable vieillard, parla long-tems aufli & fortement à l'empereur, & s'attira l'indignation des preteurs & des patrices, dont il y en eut qui le menacerent de lui paffer l'épée au travers du corps. Enfin l'empereur brûlant de colere, les fit chaffer l'un & l'autre, n'ayant rien à leur répondre.

Vita S.

Theod.

Il perfifta dans fon deffein, obligea l'impera- Theoph.att. trice Marie à fe rendre religieufe, & la fit rafer f au mois de Janvier de la troifieme indiction l'an 795. Au mois d'Août fuivant il déclara imperatrice Theodote, & la fiança: mais n'ayant pû perfuader au patriarche de celebrer les nôces, il chereha un prêtre pour cette fonction : & la fit faire dans le palais de Mamas, par Jofeph abbé, & econome de l'églife de C. P. le quatrieme du mois de Septembre fuivant, l'in. diction quatrième étant commencée. Cet action de l'empereur caufa un grand scandale, non feulement à C. P, mais dans les autres villes & les provinces les plus éloignées, comme du Bofphore & de Gothie; les gouverneurs & les autres perfonnes puiffantes fuivoient l'exemple de l'empereur: les uns chaffoient leurs femmes, les autres en gardoient plufieurs à la tois, & la débauche étoit publique.

S. Platon & S. Theodore fon difciple furent les feuls qui s'oppoferent ouvertement au fcandale, en fe féparant de la communion de l'empercur. Car le patriarche Taraife n'executa pas fa menace, & ne crut pas devoir excommunier l'empereur: de peur de lui donner oc cafion de prendre le parti des Iconoclastes

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Stud per

Mich.c. 18.

19. &c.

ANT 795. qui étoient encore en grand nombre, ce que le jeune Prince menaçoit déja de faire. Taraife crut donc à propos de diffimuler, & ne pas le pouffer à bout; & toutefois l'empereur ne lailla pas de le maltraiter, en lui donnant des efpions pour l'obferver fous le nom de Syncelles, qui ne laiffoient approcher de lui perfonne fans leur permiffion L'empereur fit encore maltraiter & exiler les domestiques & les proches du patriarche.

II. Commencement de

ton.

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Vita ap Bella. to. 5. P. 354.

Platon, qui fe fignala en cette occafion, étoit né l'an 735.à C. P. de Sergius & d'Euphemie, perfonnes nobles & riches. Il perdit l'un & l'autre, & la plûpaat de fes parens, dans une pefte qui défola C. P. l'an 746. mais il fut élevé par un de fes oncles, qui étoit tréforier de l'empereur; & comme Platon écrivoit trèsbien en notes, il le foulageoit, & enfuite exerçoit fa charge, dont il ne lui manquoit que le titre. Il étoit aimé de tous les grands & connu de l'empereur même. Dans cet emploi menant une vie reglée, & s'éloignant des divertiffemens ordinaires de la jeuneffe: il amafla de grands biens, outre ceux que fes parens lui avoient laiffez, & on lui propofa plufieurs mariages avantageux. Mais l'amour de Dieu l'élévoit au-deffus de la vie féculiere: il faifoit fon plaifir de la lecture: il fréquentoit les églifes & les monafteres, & fe confeffoit à un abbé, à qui il découvroit fon interieur, & qui admiToit fa vertu.

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Enfin réfolu de tout quitter, il donna la liberté à fes efclaves; & vendit tous fes biens, dont il diftribua la plus grande partie aux pauvres, & en laiffa quelque peu à fes deux fœurs. Il quitta le voisinage de C. P. & paffa au mont Olympe en Bithynie, dans le monaftere des Symboles, fous la conduite de l'abbé Theocti

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e. Platon avoit alors vingt-quatre ans, dont il avoit paffé douze chez fon oncle: ainfi c'étoit l'an 758. Etant entré dans le monaftere il s'exerça à toutes les vertus, mais principalement à l'obéiffance, avec une confiance entiere à fon fuperieur : il s'appliquoit au travail des mains, particulierement à l'écriture; où il excelloit toutefois il ne dédaignoit pas de paîtrir le pain, d'arrofer la terre, & de por

:

ter du fumier.

Pour exercer fa vertu, Theoctifte le reprenoit quelquefois, fans qu'il eut fait aucune fau te: ajoûtant aux reproches de paroles, les foufflets & les coups de poing; & Platon le prioit lui-même de le traiter ainfi. Enfin Theoctifte le goûta tellement, & le trouva d'un fi grand fecours, qu'il ne pouvoit s'en paffer, & lui confioit toute la conduite & tous les biens du monaftere, fans qué Platon en tournât une, obole à fon profit. Theoctiste étant mort, Platon paffa dans fa cellule pour y vivre en ana. corete, s'y étant fuffifament préparé par la vie commune: mais il lui fucceda auffi dans fa charge, & fut élû abbé des Symboles. C'étoit l'an 770. douze ans après fon enrrée dans le monaftere, & il en avoit trente-fix. Sa nourriture étoit du pain, des féves, des herbes fans. huile excepté les jours qu'il mangeoit avec. la communauté, favoir les dimanches & les fêtes: il ne bûvoit que de l'eau, encore rarement, & paffoit quelquefois jufqu'à dix jours. fans boire. Il faifoit dans la priere de fréquentes genuflexions, il travailloit affidument, & c'étoit une de fes principales vertus : enforte qu'il laiffa à fes monafteres un très-grand nombre de livres écrits de fa main , particulierement des extraits des peres.

Il demeura inconnu à Conftantin Copronyme

A 3

lorf

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