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plufieurs Chrétiens, même des religieufes & AN. 859% des prêtres. Euloge fans s'émouvoir faifoit fouvent changer de retraite à Leocritie, & paffoit les nuits en prieres pour elle, profterné dans l'église de faint Zoïle. Eile de fon côté jeûnoit & veilloit, couchant fur la cendre & couverte d'un cilice.

verges

Une nuit étant venuë voir Euloge & fa fœur, c. f elle ne put retourner, parce que la perfonne qui devoit l'accompagner vint trop tard, & qu'il étoit déja jour. Le cadi en étant averti, envoya des foldats entourer la maison, d'où ils tirerent Leocritie, avec Euloge, & les amenerent en fa prefence. Il demanda à Euloge Pourquoi il tenoit cette fille chez lui, & Euloge répondit, que les prêtres ne pouvoient refufer l'inftruction à ceux qui la demandoient. Le cadi le menaça de le faire mourir à coups de mais Euloge répondit, que le glaive étoit un moyen plus für; & commença à parler haute-. ment contre leur prophete & leur religion. On le mena auffi-tôt au palais devant le confeil. Un des confeillers qui le connoiffoit particulie rement lui dit. Si des ignorans fe précipitent malheureusement à la mort, un homme favant & vertueux comme toi, ne doit pas imiter leur folic. Crois-moi, je te prie, dis feulement un mot à prefent, puifqu'il le faut, tu reprendras enfuite ta religion,& nous promettons de ne te point rechercher. Euloge lui répondit en foûriant: Ah! fi tu pouvois connoître les récompenfes qui attendent ceux qui confervent notre foi, tu renoncerois à ta dignité temporelle. Il commença alors à leur propofer hardiment les veritez de l'évangile : mais pour ne le pas écouter, ils le condamnerent auffi-tôt à perdre la

tête.

Comme on le menoit au fupplice, un des cu

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AN. 859. nuques du roi lui donna un foufflet. Il tendit l'autre jouë, & en fouffrit patiemment un fecond. Quand il fut arrivé au lieu de l'exécution, il pria à genoux, étendit les mains au ciel, fit le figne de la croix fur tout fon corps, & prefenta fa tête, qui fut promptement coupée. C'étoit l'heure de none ou trois heures après midi, le famedi onzième jour de Mars 859. Il fut enterré à faint Zoile. Leocritie fut auffi décolée quatre jours après, & jettée dans le fleuve Betis: mais elle en fut tirée & enterrée à faint Genés de Tertios. L'églife honore l'un Mart R. & l'autre le jour de leur martyre. La vie de faint 15. Mart. Euloge a été écrite par Alvar fon ami; & depuis il nous refte peu de monumens de l'églife d'Efpagne fous la domination des Muful

mans.

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En France comme les pillages continuoient, XLIII. principalement à l'occafion de la guerre civile Lettres entre les deux freres Louis & Charles, Hincd'Hincmar mar archevêque de Reims adreffa à fes curez un contre les mandement pendant le carême de cette année pillages. 859. avec ordre de le publier. Et parce, dit il, Opufc.7 to. 2. p.148. que ces pillards ne viennent à l'église que par coûtume, & ne demeurent à la messe que jufques à l'évangile, lifez cet avertiffement auffitot après l'épître. Hincmar y exhorte ceux qui fe rencontrent dans fon diocese, à s'abftenir des pillages, des violemens & des autres crimes qui fe commettoient impunément, rapportant les paflages de l'écriture, pour montrer qu'ils meritent l'enfer. Renoncez-y, dit-il, principalement en ce tems, où vous devez fatisfaire à Dieu pour les fautes de toute l'année, afin de recevoir la communion au jour de notre redemption, & ne vous en pas approcher comme Ju das, pour votre perte. Et ne dites pas: Si le peril de communier indignement eft fi grand,

com

comme nous dit cet évêque, nous nous abftien- AN. 859% drons de communier, plutôt que de changer de

vie. Car le feigneur a dit de la communion, Joan.111. comme du batême, que l'on ne peut être fau- 11. VI. 54% vé fans la recevoir. Ainfi il ne refte autre parti à prendre, pour quiconque fe veut fauver, que de renoncer au peché, par une fincere penitence; & après avoir purifié la confcience, recevoir le corps & le fang de Notre Seigneur, Et fachez que fi vous ne vous corrigez, vous qui commettez ces maux dans mon diocefe, je deffenderai à mes prêtres de vous donner la communion. Et fi quelqu'un dit: Je pafferai dans un autre diocefe pendant ces jours là: il doit favoir, qu'il ne fe moque pas des hommes, maist de Dieu, & qu'il fe trompe lui même: car fi étant excommunié il communie dans un autre diocèfe, il se charge devant Dieu d'une plus grande condamnation, croyant fe cacher à ceJui qui eft par tout.

Hincmar envoya ce mandement au roi Charles, le priant de le tenir fecret, jufques à un jour, où il affembleroit fes fideles ferviteurs, & leur feroit une remontrance mêlée de force & de douceur. Vous pourrez enfuite, ajoûtet-il, faire lire cet avertiffement, tous les jours,' à ceux qui viendront de nouveau auprés de vous. Et ne negligez pas les articles, que le concile de Quierci envoya l'année paffée à Loüis; & que mon fils Hincmar, c'eft fon neveu Vous donna de ma part, quand il vous fuivit en Bourgogne. Croyez-moi, ils ont été faits pour vous, plus que pour votre frere.

,

J'ai appris trois chofes, que j'avois refolu de vous cacher: mais après y avoir bien penfé, je crains de me rendre coupable moi-même, fi je ne vous faifois connoître les bruits qui courent contre vous. Le premier, c'eft que vous ne

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Opufc.

141.

AN. 859. voulez point vous mêler de ces pillages, & que
vous prétendez que chacun fe deffende comme
il pourra. Je fçai que c'est une calomnie, mais
j'ai voulu vous inftruire, afin que vous en
montriez la fauffeté par les effets. Car ce feroit
une impieté à un roi d'exiger de fes fujets des
dons & des contributions; & ne leur pas confer-
ver les biens dont ils les tirent. Le fecond
point eft, que ceux qui vont porter des plaintes
à votre cour, n'y reçoivent ni confolation, ni
bonne réponse. Je ne le crois pas non plus: mais
je croi malgré moi le troifiéme: qu'après que
l'on a pris aux dépens des églifes tous les vi
vres neceffaires, on exige encore de l'argent,
pufc. 6. finon, l'on fait de grands débris.
1461

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Enfin Hincmar écrivit aux clercs de la cour, qui marchoient à la fuite du roi & de la reine; & dont les domeftiques commettoient les mêmes crimes que les autres: pillant par tout, pour nourrir hommes & chevaux, & abufant des femmes qu'ils rencontroient. Il reprefente à ces clercs qu'ils doivent non-feulement s'abstenir du mal mais en détourner les autres; & qu'ils font refponfables des pechez de leurs domestiques; puis il ajoûte: Si vous ne vous corrigez, vous qui êtes de ma province, je vous interdirai de Vos fonctions & de la communion, jufques à un concile, & ceux qui n'en font pas, je les excommunierai de mon diocèle & de ma province, & je les renvoyerai à leurs évêques pour les corriger.

Le voyage du roi Louis n'eut guere d'autre effet, que de multiplier en France les defordres & les pillages, il fut obligé de retourner chez lui au commencement du printems 859. & il s'arrêta à Vormes. Cependant on tint un concile à Mets le ving-huitiéme de Mai, du confen

te

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tement des rois Charles le Chauve & Lothaire AN. 859. fon neveu, pour procurer la paix entre eux & le roi Louis. Ce concile députa vers Louis trois archevêques, Hincmar de Reims, Gonthier de Cologne, Venilon de Rouen; & fix évêques, Herluin de Coutance, Hildegaire de Meaux, Adventius de Mets, Ebbon d'Auxere, Hincmar de Laon, neveu de l'archevêque, Ercanra de Châlons. On leur donna une inftruction portant les conditions aufquelles ils devoient abfoudre le roi Loüis, de l'excommunication, qu'il avoit encourue, pour les exces commis dans le royaume de fon frere, du moins comme ayant communiqué avec les excommuniez. En voici la fubftance.

Il fe reconnoîtra coupable de tous les maux qui ont été faits dans nos diocèfes, par les mau- c. 6. vais confeils qu'il a fuivis; & promettra d'en c. 5 faire une digne penitence. Il promettra auffi de c. 3. venir le plutôt qu'il pourra traiter la paix en perfonne avec nos princes Charles & Lothaire : & de la garder, s'ils la gardent de leur côté. Il promettra de ne plus donner de protection. à ceux qui l'ont fait offenfer Dieufi griévement. c. 7. Au contraire il fera venir, s'il peut, devant fon c. 8, frere Charles & fon neveu Lothaire au parlement prochain, ceux qui les ont quitté, pour fe donner à lui, comme il a promis à Mersen : afin qu'on leur pardonne s'ils fe juftifient, ou qu'on les condamne. Les évêques parlent des promeffes reciproques de s'affifter & de ne p. 46. tit, point recevoir les vaffaux les uns des autres, que les trois freres Lothaire, Louis & Charles fe firent en 851. au parlement tenu à Merfen près de Mastric,

L'inftruction continuë: Si le roi Louis promet tout cela, & de rétablir l'églife de tout fon pouvoir donnez-lui abfolution de tous les pe

to 8. cap.

10.

c. 9.

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