ce confeil', & fe reconcilia avec le roi Charles, AN. 859. fans étre jugé par les évêques.

ALVII.

Lettres aux

Bretons.

C. S

Sup. liv.

Le concile de Savonieres écrivit auffi aux é- An. Bertin vêques de Bretagne, qui demeuroient toujours 859. dans leur fchifme. La lettre n'eft adreffée qu'aux quatre anciens évéques, car on ne reconnoiffoit pas les trois autres, & le concile les exhorte à rentrer fous l'obéïffance de l'archevêque de Tours leur métropolitain : & ne plus commu- XLVII. niquer avec ceux qu'il avoit excommuniez pour 43. leurs crimes. Enfuite eft un mémoire des avis P 95. qu'ils doivent donner à Salomon, qui fe prétendoit fouverain de la Bretagne, pour la réduire à l'obéïffance du roi Charles. Le concile écrivit en particulier à neuf feigneurs Bretons, qui étoient les principaux entre les excommu niez, pour les exhorter à fe reconnoître & à penfer à leur falut; les menaçant d'anathême s'ils perfiftent dans leur endurciffement. On voit par cette lettre, que les pillages & les autres défordres n'étoient pas moins fréquens dans la Bretagne que dans la France.

C. TO.

Sup n.21.

On relût en ce concile les articles qui avoient été dreffez fur la matiere de la prédeftination, Hincm.praf par Remy de Lyon, & par Hincmar de Reims: de prædest c'eft-à-dire, les fix premiers du concile de Va- V. Mauglence, & les quatre du concile de Quiercy. A la diff. c. 40. lecture des canons de Valence, les évêques du parti d'Hincmar voulurent faire quelque remontrance: mais Remy les appaifa doucement, & dit avec beaucoup de gravité, que fi quelques-uns d'entre eux n'approuvoient pas ces articles, on apporteroit de part & d'autre les livres des peres au premier concile, où l'on décideroit d'un commun accord, ce qui fe trouveroit le plus conforme à la tradition de l'églife. Quelques-uns du parti oppofé voulurent les fi. Acr, prétendant qu'ils n'étoient pas les auteurs

AN. 859. de ces articles qu'ils foûtenoient: mais Hincmar & la plupart de ceux de fon parti, qui connoif foient la doctrine & la capacité de leurs adverfaires, firent entendre aux autres que les deffenfeurs des articles de Valence pouvoient avoit eu de bonnes raifons, de fouffrir quelque tems agiter ces questions, avant qu'elles fuffent décidées d'un commun confentement. Il paffa donc à l'avis de Remy, & le concile de Savoniers prononça que les articles conteftez feroient examinez au premier concile après la paix rétablie.

.10.

XLVIII

Concile de Langres. to.8 p. 673.

touchant

Ces articles de Valence avoient été confirmez dans un concile tenu le dix-neuvième d'Avril la même année 859. dans l'Abbaye des faints Jumeaux près de Langres, où préfidoient Remy archevêque de Lyon & Agilmar de Vienne, accompagné d'Ebbon de Grenoble & de plafieurs autres évêques, en la prefence de leur roi Charles le jeune, fils de l'empereur Lothaire Ce concile de Langres fit feize canons, qui à la pourfuite de Remy furent lûs & approuvez au concile de Savonieres, auquel ils font inferrez comme en faifant partie. Les fix premiers ne font que les fix du concile de Valence, la predestination, excepté que dans le quatriéme canon il n'eft point fait mention des quatre articles de Quiercy: ce qui fut peut-être ôté en les relifant à Savonieres, pour ne point choquer Hincmar & ceux de fon parti. Quoi qu'il en foit nous n'avons point dans ce neuvième écle de décifion auténtique touchant la grace & la prédeftination, que ces fix canons publiez en trois conciles. Car nous ne voyons point que la matiere ait été agitée dans un concile pofterieur, comme il avoit été convenu à Savonieres: au contraire il femble que ces fix ca nons ayent été confirmez à Rome, puisqu'un analiste du tems dit fur cette année 859. Le

pape

pape Nicolas confirme la doctrine catholique AN. 8598 touchant la grace de Dieu & le libre arbitre, la

verité de la double prédeftination, & le fang. An-Bertini de J. C. répandu pour tous les croyans

6.7.

Les dix autres canons du concile de Langres font de difcipline; & les deux plus remarquables font ceux qui parlent des conciles & des écoles. On priera les princes de permettre les conciles provinciaux tous les ans, & tous les deux ans une affemblée generale dans leur palais. On lés priera auffi, & on exhortera très-inftamment c. iot les évêques, d'établir des écoles publiques des faintes écritures & des lettres humaines, par tout où il fe trouvera des perfonnes capables d'enfeigner, comme avoient fait les empereurs dans les années précedentes, au grand avantage de l'églife: au lieu qu'à prefent, dit le concile, nous voyons avec douleur, la vraye intelligence de l'écriture fainte décheoir de telle forte, qu'à peine en trouve-t-on quelque veftige.

XLIXI Statuts

to. 7. cap.

P. 1283.

Entre les évéques qui affifterent au concile de Savonieres, il y en a deux dont il nous refte des d'Herard' canons de difcipline: Herard archevêque de & d'Ifaac.. Tours, & Ifaac évêque de Langres. Ceux d'He- to. 8. conc rard font des ftatuts publiez dans fon fynode P. 617. diocefain le feiziéme de Mai l'an 858. troifiéme de fon pontificat, indiction fixiéme ils to. 8. conc. contiennent 140. articles, tous tirez de divers p. 598. endroits des capitulaires des rois, comme M. to. Capit. Baluze a remarqué. Le recueil d'Ifaac eft auffi p. 283. tiré des capitulaires, que l'auteur cite lui-méme en ces termes: Parce que ceux que nous vou lons corriger,méprifent les regles que nous leur propofons, difant qu'elles font de notre invention, nous avons crû les devoir retenir par l'au torité des rois & du pape. C'eft qu'il y a quel ques-uns de ces capitulaires pris des conciles te nus par S. Boniface de Mayence, & autorisés par

Chr. S Be.

nig. P. 416.

to,1. Spicils

AN. 859. le pape Zacharie. Ifaac a tiré fon recueil princi palement des trois derniers livres des capitulaires,compilez par le diacre Benoît, Il eft fort ample,divifé en onze titres, dont chacun comprend plufieurs articles. Le premier titre eft des penitens, & de leurs peines: le dixiéme eft de là ftabilité des clercs dans les églifes de leurs titres.

I.

Second Traité

d'Hincmar

deftina

tion.

6.45.

Mang.

Hincmar voulant toûjours foûtenir fes quatre articles de Quiercy, commença peu de tems après le concile de Savonieres un fecond fur la pie traité de la prédeftination; qu'il adreffa, comme le premier, au roi Charles le Chauve, en fon nom, & au nom des autres évêques. Il est Maug.diß. divifé en trente-huit chapitres, & commence par l'hiftoire de l'herefie des Prédestinatiens. Il prétend qu'elle avoit paru dès le tems de faint Auguftin: & en allegue pour preuve la difpute des moines d'Adrumet, & les objections des Sup.l.xxiv. Gaulois, rapportées dans les lettres de Prosper n. 45 58. & d'Hilaire. Mais on peut fort bien expliquer 59.V.Sırm. tous ces écrits, fans fup pofer d'autres hereti bft. predest ques, que les Pelagiens & les demi-Pelagiens, choquez de la doctrine de faint Auguftin, faute de la bien entendre. Auffi plufieurs favans theologiens foûtiennent qu'il n'y eût jamais d'heretiques Prédeftinatiens ; & il eft certain qu'Hincmar s'eft trompé en plufieurs fairs fur cette matiere: comme fur le concile d'Arles, où le prêtre Lucidus fe retracta, qu'il dit avoir été tenu par ordre du pape faint Celeftin, mort Hincm.c.. dès l'an 432. plus de quarante ans avant ce conp. 5. cile; & quand il prend Hilaire laïque, qui écriSup.l.xxvi. vit à S. Auguftin, pour faint Hilaire archevên. que d'Arles, Il s'eft encore mépris en foûtenant, que l'Hypognofticon eft un ouvrage de faint Augustin, & le traité de l'endurciffement de Pharaon de faint Jerôme; deux livres fur lefquels il appuye beaucoup.

confut.

22.15.

XXXIX,

C. 2.

6. 3.

Hincmar vient enfuite à Gothescale, qu'il pré- AN. 859% tend avoir renouvellé l'herefie des Prédeftina tiens, & s'efforce de répondre à l'autorité de S. Fulgence touchant les deux prédeftinations. c. 6. I Le corps de l'ouvrage eft l'examen des fix articles du concile de Valence. Hincmar ne dit rien fur le premier; mais il attaque le fecond & le troifiéme puis à l'occafion du quatrième, il travaille à juftifier fes quatre articles de Quiercy. H déclare qu'il ne prétend point foûtenir les dix-neuf articles de Jean Scot ; & convient. 31 du cinquième de Valence, foûtenant en même tems qu'il ne le regarde point. Il ne dit rien du fixiéme.

Sup. n.

€37.

Mais il s'étend fur le feptiéme canon,qui étoit 36 le premier de difcipline, contre les ordinations irregulières des évêques, prétendant qu'il a été compofé malicieufement contre lui, comme s'il n'avoit été ordonné que par la faveur du prince. Il en prend occafion de rapporter toute l'histoire de fon ordination, & les actes du concile de Soiffons,où elle avoit été confirmée. Et enfuite, fuppofant avoir prouvé que fes adverfaires ont renouvellé l'ancienne herefie des Prédeftina. tiens; il rapporte fous douze articles tous les reglemens des conciles & des papes, touchant c. 38. ceux qui foûtiennent des herefies déja condamnées. Enfin il fait une longue récapitulation de tout ce qu'il avoit dit touchant la doctrine de la prédeftination. En tout cet ouvrage Hincmar 31.p.2.3 20 fait paroître plus d'érudition que de jugement & de jufteffe d'efprit.

En parlant des dix-neuf articles de Jean Scot,

il ajoûte: Il y a d'autres erreurs contre la foi: Ann. Bert avancées par ceux qui cherchent une vaine ré- 855, putation par des nouveautez de paroles: favoir, que la divinité est trine, que le facrement de Fautel n'eft pas le vrai corps & le vrai fang du