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.16.19.

N. 859. Seigneur: mais feulement la memoire du vrai corps & du vrai fang: que les anges font corporels que l'ame de l'homme n'eft pas dans le corps: que la feule peine de l'enfer eft le fou. venir des pechez, & le tourment de la con-fcience. A quoi fe rapporte ce que dit un ana-lyfte du tems, que l'on remuoit plufieurs que ftions contraires à la foi, dans le royaume de Charles le Chauve, & qu'il ne l'ignoroit pas.. Les dernieres erreurs rapportées par Hincfe trouvent dans le livre de Jean Scot, de la prédeftination. La premiere n'est une erreur que dans l'opinion d'Hincmar, qui cho 0.1. p. 413. qué de ce que dans une hymne des martyrs on chantot Te trina deitas, & le refte, foûtient que c'étoit divifer l'effence divine: Gothefcale fit un écrit pour foûtenir que cette expreffion étoit catholique, & Hincmar compofa ungros traité pour le refuter: nonobftant lequel l'églife a continué de chanter ces paroles jufques a prefent..

LI. Ecrits de Pafcafe

Ratbert.

mar,

Quant à l'erreur qu'il rapporte fur l'euchariftie, on croit que c'étoit Jean Scot qui l'avoit avancée. Car il eft certain qu'il avoit écrit fur Mabil.praf cette matiere contre Pascafe Ratbert, un livre: to.6-At n. qui fut condamné environ deux cens ans après, 13. 1326 au concile de Verceil l'an 1050. Ce livre de Jean Lanfr. conScot ne fe trouve plus; mais il en refte un fameux de Ratram moine de Corbie, & deux au tres écrits du même tems fans nom d'auteurs.

tra Bereng.

C. 4.

Mabil ibid. 22.9.44. 45.

R. 10.94.

Pafcafe favoit bien que fa doctrine étoit combat tuë; & dans son douzième livre fur faint Matthieu, écrit plus de vingt ans après fon traité de l'euchariftie, à l'occafion de ces mots : Ceci eft mon corps ; il dit: Je me fuis étendu fur ce fu jet; parce que j'ai appris, que quelques-uns me reprennent, comme fi dans mon livre j'avois voulu attribuer à ces paroles plus que la verité

mês

même ne promet, craignant peut-être ce que craignirent ceux à qui Jefus-Chrift parloit, que je ne veuille mettre fon corps en pieces. Pafcafe compofa depuis fa retraite le livre de la vie de Vala, les quatre derniers fur faint Matthieu, trois fur le pfeaume 44. & cinq fur les lamentations de Jeremie: c'est-à-dire, près de la moitié de fes ouvrages.

Elog. to. 6.
A Ben n.
2.&c.p121
Sup. n. 8.

Ce fut auffi dans ces derniers tems qu'il écrivit la lettre à Frudegard, que l'on croit avoir Mabil.praf été moine de la nouvelle Corbie. Il avoit écrit 18. Pafch•• à Pafcafe fes difficultez & celles de quelques au- p 16196 tres, fur fon livre de l'euchariftie: & Pafcase lui répond pour le défendre, foûtenant que le corps de Jefus Chrift eft le même dans l'euchariftie que celui qui eft né de la Vierge, & qu'il eft réalité & figure tour enfemble. Relifez, ditil à la fin, le livre que j'ai fait fur cette matiere: car encore que l'aye écrit pour des enfans j'apprens toutefois que j'ai excité plufieurs perfonnes à l'intelligences de ce myftere, & à concevoir des penfées dignes de JESUS-CHRIST. Il joint à cette lettre l'endroit que j'ai rappor té de fon commentaire fur faint Matthieu &quelques paffages des peres.

Ce fut donc du tems de l'abbé Odon que Ratram prêtre & moine de Corbie écrivit par ordre de Charles le Chauvé un traité du corps & du fang du Seigneur, qu'il ad effa à ce prince. Il en propose ainfi le fujet: Votre Majusté demande fi le corps & le fang de Jefus-Chrift, qui eft reçu dans l'églife par la bouche des fidéles, fe fait en myftere & en verité, c'eft-à dire, s'il contient quelque chofe de fecret, qui ne paroiffe qu'aux yeux de la foi, ou fi fans aucun voile de myftere, les yeux du corps y voyent au-dehors ce que la vue de l'efprit voit au-dedans: en forte que tout ce qui fe fait y paroiffe

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LII. Traité de

Ratram fur

l'euchariftie

Mabil.præf

to. 9. n. 8.

83. Ratram. edit. Parif

1686.n.5.

manifeftement. Vous demandez encore fi c'eft le même corps qui eft né de la Vierge Marie, qui a fouffert, qui eft mort, qui a été enseveli; & qui étant reffufcité eft monté aux cieux, eft affis à la droite du pere. Ces deux questions font les deux parties de fon livre. La derniere eft. contre Pafcafe, qui foûtient que le corps de Jefus-Chrift dans l'euchariftie eft le même qui eft né de la Vierge mais la premiere queftion ne le regarde point; car il prouve expreffément dans fon traité de l'euchariftie, qu'elle est tout enfemble & verité & figure. Et dans fa lettre à Frudegard il dit: Si quelqu'un dit que cette: Ca. 4. p. chair & ce fang font fans myftere & fans figure,, il aneantit le facrement..

1964. 7. 1620. E.

:

Mais il y avoit alors des catholiques qui foû tenoient effectivement, que le pain & le vin n'étoient point des figures du corps & du fang de Jefus-Chrift: fondez fur cette raifon, que le figne n'étant pas la chofe dont il eft le figne, l'euchariftie ne feroit plus le corps & le fang de J. C. Cette opinion fe trouve foûtenuë vers le cop & fang même tems par Haimon évêque d'Halberftat Damafc.tv. après S. Jean Damafcene, & c'eft celle que Rade.fid.c.14. tram combat: prétendant qu'il s'enfuit qu'il n'y

Haim de

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a aucun myftere dans l'euchariftie: ni par confequent aucune matiere à la foi. Mais ceux qu'il attaque n'admettoient pas cette confequence: au contraire Haimon dit formellement, que dans ce facrement le goût & la figure du pain & du vin demeurent: afin qu'on le prenne fans horreur, quoique la nature des fubftances foit entierement changée au corps & au fang de Je fus-Chrift: mais autre chofe eft ce que nous rapportent les fens, autre chofe ce que la foi nous enfeigne..

Auffi Ratram n'accufe pas fes adversaires de nier ce qui eft de foi, mais feulement de fe con

tree

tredire. Car, dit-il, ils confeffent felon la foi,
que c'est le corps & le fang de Jefus-Chrift, &
par confequent que ce n'eft pas ce que c'étoit
auparavant. Et plus haut il explique ainfi fa
créance touchant ce myftere: Au dehors fere-
prefente la forme du pain qu'il étoit auparavant:
la couleur fe montre, la faveur le fait fentir:
mais au dedans, on apprend qu'il y a quelque
chofe de bien plus précieux & plus excellent,
parce qu'il eft divin; c'eft-à-dire, le corps de
J. C. qui eft vû, reçû & mangé, non par les
fens corporels, mais par les yeux de l'efprit
fidele. De même le vin, qui eft fait le facrement
du fang de Jefus-Chrift, par la confecration
du prêtre, nous montre en fa fuperficie autre
chofe, que ce qu'il contient au-dedans. Car que
voit-on, finon la substance du vin ? Goûtez-en,
il fent le vin, il en a l'odeur & la couleur. Mais
fi vous le confiderez au-dedans, ce n'eft plus la
liqueur du vin, mais la liqueur du fang de Je-
fus-Chrift, qui frappe le goût, les yeux & l'o-
dorat des ames fideles. Et enfuite : Le pain qui
eft offert, étant pris des fruits de la terre, eft
changé au corps de J. C. par la fanctification:
comme le vin, quoiqu'il foit forti de la vigne
eft fait le fang de Jefus Chrift, par la fanctifi-
cation du myftere; non pas vifiblement, mais
par l'operation invifible du S Elprit. C'est pour-
quoi on les appelle le corps & le fang de J C
parce qu'on les prend, non pour ce qu'ils pa
roiffent au-dehors; mais pour ce qu'ils font de-
venus au-dedans, par l'operation du faint Ef
prit, & que par cette puiffance invifible ils font
tout autre chofe, que ce qu'ils paroiflent vifi-,
blement. Et encore: Nous avons montré par
tout ce qui a été dit jufques ici, que le corps &
le fang de Jefus Chrift, qui font reçus dans
l'églife par la bouche des fideles, font des figu-

Z 9

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2. 10

n. 49.

ns1.n.11. Pafc. de Corp. c. I.

24.63.

res felon l'apparence vifible; mais felon la fuɓ ftance invifible, c'eft veritablement le corps & le fang de Jefus-Chrift. Ainfi la premiere queftion que traite Ratram, n'est pas de savoir, fi l'euchariftie eft figure ou réalité ; mais si outre la réalité elle eft encore figure.

La feconde queftion eft de favoir, fi le corps: Mabill.pr. f de J. C. dans l'euchariftie, eft précisément le même, qui eft né de la Vierge Marie. Pascase l'avoit dit, fondé fur un paffage de S. Ambroife: mais cette expreffion avoit paru nouvelle à Raban, & à plufieurs autres favans, qui fondez fur d'autres paffages des peres, vouloient que l'on diftinguât deux corps de J. C. le naturel & l'euchariftique; c'est-à-dire, comme on parleroit aujourd'hui, deux manieres d'être du mê-me corps; l'une naturelle & fenfible, l'autrefurnaturelle & myfterieufe: car ils convenoient tous également de la réalité. C'eft donc en ce fens que Ratram dit: Le corps qu'il a pris de la Vierge Marie, qui a fouffert, qui a été enseveli,, qui eft reffufcité, étoit un veritable corps ; c'està-dire, vifible & palpable; au lieu que le corps qui eft appellé le myftere de Dieu, n'eft pas core porel, mais fpirituel, & par confequent ni vifible, ni palpable. Ces deux queftions n'étoient donc que fur les expreffions, & non fur le fond. du myftere. Au refte il faut convenir, que dans le traité de Ratram, il ya des manieres de parler dures & obfcures, qu'il faut expliquer par les plus claires, puifque l'auteur a toûjours vêcu dans la communion de l'églife.

LIII.

Ecrit ano.

L'écrit anonyme que nous avons contre Pafayme con- cafe Ratbert, combat deux propofitions de fon tre Pafcafe. ouvrage : la premiere, que le corps de Jesus10. 6. at. Chrift dans l'euchariftie, foit le même qui est né Ben.p.591 de la Vierge; l'autre, que Jefus-Chrift fouffre de

nouveau,toutes les fois que l'on celebre la messe..

On

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