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fus Chrift & les anges, que vous faites un grand fchifmme dans notre églife. Les hommes peuvent fe fervir d: leur puiffance: mais quand ils ne le voudroient pas, ils font foumis à la puiffance des canons,

45.

Thephar

7. p. 499.

Après cette proteftation, Theodore fe fépara VitaTh de la communion du patriarche, avec tous les moines: ce qui en fépara une grande partie du peuple, c'eft à-dire, les plus vertueux. Toutefois la feparation de Theodore ne fut pas connuë d'abord; & par difcretion il la tint secrete autant qu'il put, ce qui dura deux ans : confiderant que comme il n'étoit pas évêque, il lui fuffifoit de fe conferver lui-même, & ne prendre point de part à ce mal. Mais enfin Theod.1.ep. le logothete du Drome, c'eft à-dire, l'inten- 25. dant des voitures publique, officier confiderable à la cour, dit à Jofeph archevêque de Theffalonique frere de Theodore; Pourquoi Th. l.1. ep. avez-vous laissé paffer tant de fêtes fans com. 31. muniquer avec nous & avec le patriarche ? Dites en hardiment la raison. L'archevêque répondit: Nous n'avons rien contre les empereurs ni contre le patriarche, mais feulement contre l'econome déposé par les canons. Les empereurs étoient Nicephore & fon fils Staurace, qu'il avoit fait couronner au mois de Decembre 803. Le logothete répondit: Les empe reurs n'ont pas befoin de vous, ni à Theffaloni- Theop. ar. que ni ailleurs. Ils n'en dirent pas davantage 2. p. 405. alors; mais la chofe étant devenue publique dans C. P. plufieurs prirent le parti de Theodore, fans toutefois ofer fe déclarer.

Saint Platon, ou plutôt S. Theodore fous fon nom, en écrivit au moine Simeon, parent de l'empereur, qui étoit de leurs amis, & fort affligé de la déclaration de l'archevêque Jofeph., Platon le prie d'appaifer l'empereur: pour le

quel,

XLII,

Lettre des.

Theodore
Studite.

1: ep. 21,

1.

Neocœf ean7 Sup

1. x. n. 17.

79.

AN, 808. quel, dit il, nous n'avons que toutes fortes de refpect, loin de rejetter fa communion. Notre differend n'eft que contre celui qui a fait ce mariage illicite, & que Jefus Chrift lui même a dépofé, par deux canons entre les autres. Le premier défend à un prêtre d'affifter au feftin d'un fecond mariage: car le canon n'a pas ofé parler d'un adultere : & combien auroit il plus défendu d'y donner la benediction nuptiale? Cod. can. Le fecond canon porte, que celui qui a été déAfric can. pofé pour un crime, n'eft pas recevable après un an, à demander fon rétabliffement. Celuici a été déposé plus de neuf ans. Voila mon pere, ce qui nous épouvante & nous ferre le Sup. n. 3. cœur. C'eft pour ne point communiquer avec lui & avec le defunt patriarche, que nous avons été enfermez, moi au lieu où vous demeurez, notre abbé & les autres à Theffalonique: & après notre retour nous ne nous ferions pas reconciliez au patriarche, s'il n'eût avoué que nous avions bien fait. Si donc pendant le regne du prince adultere, Dieu nous a fait la grace de ne nous pas relâcher: comment aujourd'hui fous un regne fi pieux trahirions-nous la verité au peril de nos ames? Nous fouffrirons toutjufques à la mort, plûtôt que de communiquer avec le coupable. Qu'il foit œconome à la bonne heure: qu'eft-il neceffaire qu'il celebre le facrifice? il n'eft plus prêtre. Nous n'avons rien dit jufques ici, nous avons diffimulé deux ans, depuis fon rétablissement, pour garder la paix, Et enfuite: Si on ne veut pas l'interdire, du moins qu'on nous laiffe en l'état où nous fom mes depuis dix ans. Quant à ceux qui commu niquent avec lui, évêques, prêtres, abbez, quand ils feroient dix mille, il ne faut pas s'en étonner. Ils ont bien communiqué avec l'adul, tere, & pas un n'a dit un mot,

Dans

AN. 808.

ep. 22. Matth. XIX 9. að

7

Euchol. fol.

69. 70.

Dans une autre lettre au même Simeon: il dit: Jefus Chrift déclare coupable d'adultere, celui qui quitte fa femme legitime, & ce crime, fuivant le canon de faint Bafile,eft égal à l'homicide & aux crimes les plus abominables : toutefois celui-ci prefentant le prince adulte- Amphil. c. re à l'autel, a ofe dire devant tout le peuple: Uniffez, Seigneur, votre ferviteur & votre fervante en une chair, fuivant votre bon plaifir; & le refte de la priere pour la bénediction nuptiale, que nous lifons encore dans l'Euchologue des Grecs. Puis il ajoûre: N'estce pas une chofe horrible à penfer? quelle a été l'indignation du faint Elprit fur un tel blasfême? Comment la terre n'a t-elle pas en glouti fur le champ, comme Dathan & Abiron, celui qui le proferoit? Et toutefois au lieu de pleurer jufques à la mort, & d'être en execration pour l'exemple de la posterité: il eft rentré dans l'église & a repris publiquement les fonctions facerdotales, comme s'il avoit fait une belle action. Et qu'il ne fe trompe pas, en ce que l'adultere étoit empereur : tous les hommes font foûmis aux loix de Dieu. Il prétend donc fe montrer plus faint que faint Jean-Baptifte, & l'accufer d'avoir repris Herode mal à propos, & d'être mort pour une mauvaise caufe. Que s'il veut s'excufer fur l'ordre du patriarche Taraife, pourquoi Taraise ne les époufoit-il pas lui-même ? car c'est aux patriarches à marier les empereurs, & non pas à un prêtre; cela ne s'eft jamais fait: mais je ne croi point non plus que plufieurs autres, qu'il ait reçû une telle commiffion. Que s'il dit, qu'il n'a point été interdit par le patriarche Taraife: pourquoi donc at-il été neufans fans fervir? Pourquoi prétendil avoir été absous par le concile? Il ne faut Tome X. D point

AN. 808. point d'abfolution à celui qui n'eft lié d'aucune cenfure.

1. cp. 3.1.

avons écrit au.

Cependant Theodore prevoyant bien la perfecution qui le menaçoit lui & les fiens, écrivit aux moines de Saccudion, ce qui s'étoit paffé entre l'archevêque Jofeph & le logothete: puis. il ajoûte: Treize jours le font écoulez depuis, fans qu'il y ait eu ni réponse, ni interrogation nouvelle feulement nous : Seigneur Simeon les lettres inclufes. L'affaire eft venue aux oreilles du patriarche, & prefque de toute la ville; plufieurs compa tillent à notre affliction & parlent comme nous: mais ce font des adorateurs nocturnes, qui n'ofent fe montrer le jour. Il explique enfuite, comme dans les lettres à Simeon, les caufes de leur féparation, & exhorte ses moines à la conftance, & à prier pour l'empe. reur, pour le patriarche & pour la paix de l'églife,

Comme quelques-uns foûtenoient que Theodore devoit au moins tolerer le rétabliffement de l'econome par condefcendance: il en écrivit une lettre à Theoctiste maître des offices, où il explique jufqu'où peut aller la condefcendence en matiere de religion. Nous avons, dit-il, gardé le filence autant qu'il a été poffible: encore à préfent nous difons: Que l'on éloigne du fervice celui qui eft dépofé, & auffitôt nous communiquons avec le patriarche, finon nous demeurons dans la même fouftraction de communion où nous étions auparavant, laiffant à Dieu la vengeance de cet excés. Aller plus loin, ce ne feroit plus condefcendanmais prévarication contre les canons. Car la regle de l'economie, comme vous fçavez, eft de ne violer en aucune maniere les loix établies; & toutefois de relâcher quelque cho

ce,

fe felon l'occafion & la raison, pour arriver à AN. 808. votre fin: au lieu que vous perdriez le capital en gardant une trop grande rigueur. Nous l'avons appris de faint Paul, quand il fe pu- A7.xv1.3. rifia & circoncit Timothée: & de faint Bafile, Sup xv1. quand il reçur l'offrande de Valens & cella n. 24. pour un tems de nommer le faint Efprit fim- n 48. plement Dieu: mais ils ne continuerent ni l'un ni l'autre; au contraire ils montrerent qu'ils mourroient plutôt. On ne s'eft jamais trompé en fuivant cette regle d'œconomie, & imitant le pilote, qui détourne un peu le gouvernail pendant l'orage,

Sup. xxI,

2.6.

Pall.

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Socr. TV.

& ibid.

Vous dites que S. Chrifoftome fe difpenfa du canon des apôtres contre les ordinations fimoniaques, à l'égard des fix évêques qu'il dépo- 137. fa; mais il ne s'en écarta point en effet ; car il les interdit de toute fonction facerdotale, & ne leur accorda que de communier dans le fanctuaire. Ici ce n'eft pas de même : celui qui a marié l'adultere facrifie, comme s'il n'avoit rien fait; & publiquement, comme pour fervir d'exemple aux prêtres. Et qu'avons-nous affaire de la bigamie payenne de Valentinien? hift. c. 3 Quelqu'un lui a-t-il donné la benediction nup- Vales. tiale, ou quelqu'un des peres a t-il écrit qu'il ait bien fait? Theodore fuppofe ce fait fur la foi de l'hiftorien Socrate; mais quelques fçavans en doutent. Il continue: Plufieurs autres comptant leur volonté pour loi, ont fait des chofes femb ables; mais l'églife ni fes loix n'en fouffrent point de préjudice. Faut il donc s'étonner, de ce que viennent de faire environ quinze évêques? Un concile n'eft pas fimplement une affemblée d'évê ues & de prêtres, quoique nombreufe: il faut qu'ils s'affemblent au nom du Seigneur, en paix & pour l'obfervation des canons. Ils n'ont pas le pouvoir de

D 2

lier

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