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AN. 795. lorfqu'il perfecutoit les moines; & après la mort de cet empereur des affaires néceffaires l'ayant obligé de venir à C. P. il y étoit tellement oublié que fes propres neveux ne favoient

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pas s'il étoit encore au monde ; mais fa vertu le fit bien-tôt connoître, & par fes exhortations il fit de grands fruits. Il réunit des familles divifées, abolit les juremens, procura de grandes aumônes, & fit grand nombre de conver fons. On le pria inftamment de prendre le gouvernement d'un monaftere à C. P. mais il le refusa, auffi bien que l'évêché de Nicomédie, que le patriarche Taraife lui offrit, & retourna à fa chere folitude. Cependant l'imperatrice Irene ayant rendu la liberté d'embrâffer la vie monaftique, toute la famille de fain: Platon renonça au monde, & ils fonderent un monaftere près de C. P. qui fut nommé Saccudion, & dont il prit le gouvernement l'an 782. douze ans après qu'il eût été élû abbé des Symboles. Il ôta à fon monaftere les efclaves, à caufe de leurs femmes, qui en étoient inféparables joint qu'il trouvoit indécent, que des moines euffent d'autres hommes à qui ils fe fiffent craindre. Il eût peine à changer la coûttume fur ce point; & toutefois d'autres monaftéres l'imiterent. Tandis que faint Platon gouvernoit cette derniere communauté, on tint le fecond concile de Nicée, où il affista ; & on y voit encore fa foufcription au huitiéme rang après les évêques, en qualité d'hegumene At. 4. f. & d'archimandrite de Saccudion. Quelque tems après il fut attaqué d'une maladie qui parut mortelle: ce qui lui fut une occafion de fe décharger du gouvernement du monaftere, & d'en faire élire abbé Theodore fon neveu, fils de fa fœur. Saint Platon avoit été douze ans ab

339. D.

bé de Saccudion, ainfi c'étoit l'an 794. la foi- AN. 795. xantiéme de fon âge.

Theodore en avoit alors trente-cinq, étant né la dix neuvième année de Copronyme, qui eft l'an 759 & c'étoit la treiziéme année de fa profeflion monaftique. Saint Platon étant mala de, affembla toute la communauté, & fupofant que fa maladie étoit mortelle, il les conjura de lui déclarer, qui ils vouloient avoir pour fuperieur après lui, affurant qu'il aprouveroit leur choix, car il scavoit bien leur inclination. Ils répondirent tous d'une voix, que c'étoit Theodore, & faint Platon fans rien a jouter, le chargea auffi tôt du gouvernement, Theodore ne s'attendoit à rien moins; mais il ne pût refifter au confentement unanime.

Tel étoit donc faint Platon retiré & dégagé de tout, quand il crut devoir témoigner ouvertement, qu'il defaprouvoit le mariage de l'em pereur Conftantin avec Theodore, jufqu'à le Téparer de la communion du patriarche Taraife. L'empereur irrité le fit menacer d'exil, de foliet, de mutilation de membres; on lui en voya des moines pour le folliciter, on lui écrivit des lettres, mais le tout inutilement. L'abbé Theodore fon neveu fe déclara comme lui, & ne fe crut pas obligé au même ménagement que le patriarche Taraife: mais après y avoir bien penfé, il excommunia publiquement l'empereur, & le denonça à tous les moines. L'empereur diffimula fon reffentiment; & voulant gagner Théodore, il y employa fa nouvelle époufe Theodote, qui étoit parente du faint abbé; & qui s'efforça de le gagner par de grandes fommes d'argent & de grands prefens, & encore plus par la confideration de la parenté.

L'empereur voyant qu'elle n'avoit rien gagné, alla lui-même au monastere de Saccudion,

A 4

fous

III.

S. Theo

dore Studite. Vita per Michaël. m 1. 2. c.

Vi

Theod per
Mic. n. 20.

AN. 795. fous pretexte d'une affaire preffée : mais n l'abbé Theodore, ni aucun des moines, ne fe prefenta pour le recevoir; & pas un ne lui par la, ni ne l'approcha. Outré de colere, il retourna au palais, & envoya Bardane, domeftique des écoles, c'est-à-dire, capitaine des compagnies, & Jean, comte de l'obfequium: pour maltraiter à coup de foüet l'abbé Theodore & ceux de fes moines, qu'il favoit être les plus fermes dans les mêmes fentimens. On les déchira de coups, & on fit couler de leur corps des ruiffeaux de fang, puis on les envoya fur le champ en exil à Theffalonique, fuivant l'ordre de l'empereur. Ils étoient douze en tout, l'abbé & onze moines; & comme il y avoit un erdre de l'empereur, portant défense à personne de les recevoir, les abbez mêmes n'ofoient leur faire l'hofpitalité.

Theop. an. 6.p.397.6,

Les mêmes capitaines amenerent Platon à C. P. & l'empereur le fit venir devant lui; mais il lui refifta en face, & lui foûtint que fon mariage étoit illicite. L'empereur le fit enfermer dans une cellule, où on lui donnoit à manger par un trou; avec ordre de ne le laisser voir à perfonne; & il étoit gardé dans le monaftere de S. Michel, joint au palais; dont étoit abbé le prêtre Jofeph, qui avoit marié l'empereur avec Theodote. L'empereur envoya des évêques à Platon, pour lui perfuader de confentir feulement de parole, afin de fe délivrer de cette prifon. Il étoit attaqué par les railleries des moines & des laïques, de fes parens & des étrangers mais il demeura toujours ferme, & foûtint la perfecution un an entier. Elle ne fut Theod.p.23. pas fans effet; les moines & les évêques de la Cherfonefe, du Bofphore, des côtes & des ifles voifines, touchez de l'exemple de Platon & de

Vita S.

Theo

Theodore, déclarerent l'empereur excommu. AN. 795! nié; & ne fe laifferent fléchir ni par les menaces, ni par les prefens. Il les fit done bannir: mais ils n'en devinrent que plus hardis à parler contre ce mariage scandaleux, & ramenerent plufieurs de ceux qui s'étoient laissez entraîner à imiter l'empereur. Irene fa mere voyant combien cette conduite lui nuifoit auprès des gens de bien, prenoit le parti de ceux qu'il perfecutoit, pour le rendre encore plus odieux.

Theod. T

Saint Theodore n'arriva à Theffalonique que le Samedi, jour de l'Annonciation 25. de 3o Mars, par conféqueut l'an 797. De-là il écrivit à faint Platon, ce qui c'étoit paffé depuis leur féparation, & tout le détail de fon voyage. Il écrivit auffi au pape tout ce qui étoit arrivé, & en reçût une réponse pleine de louanges de fa vita Theod prudence, & de fa fermeté.

IV. Mort da

pape

Adrien.

Ce pape étoit Leon III. car Adrien étoit mort dès la fin de l'an 795. En deux ordinations au mois de Mars il fit vingt-quatre prêtres & fept diacres, & d'ailleurs cent quatre-vingt- Anaft. cinq évêques. Il fit aux Eglifes de Rome un très-grand nombre d'offrandes en vafes & en or. nemens de diverfes fortes, dont le poids montoit à treize cens quatre-vingt-quatre livres d'or, & dix-fept cens foixante & treize livres d'argent, où il faut toujours entendre la livre romaine de douze onces. Il fit quantité de re. parations aux églises, & en bâtit plufieurs nouvelles, il rebâtit plufieurs diaconies, & ordonna des diftributions confiderables d'aumônes, donnant plufieurs terres pour cet effet. Le mo naftere de faint Etienne, qui portoit le nom de Barbe praticienne, près de l'églife de faint Pierre, étoit tellement negligé, qu'on n'y faifoit plus le fervice divin. Adrien le rétablit, y mit As

des

P. 1741

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AN. 795.

y

des moines & un abbé; & ordonna qu'ils cele braffent l'office dans l'églife de faint Pierre comme les autres communautez qui venoient y P. 1741. B chanter. Il rebâtit le monaftere de faint André, fondé par le pape Honorius, mit un abP. 1745 E. bé avec des moines; & ordonna qu'ils chantasfent toutes les heures, dans la bafilique du Sauveur, qui eft l'église de Latran, avec les moines de faint Pancrace, à deux chœurs, dont chaque monaftere faifoit le fien. Il unit deux monafteres voifins, l'un de faint Laurent dans 1746.D. les ruines de l'ancien palais, l'autre de faint Etienne, & ordonna aux moines de faire l'office dans l'églife de faint Marc. Il rétablit le monaftere de faint Adrien & faint Laurent tombé en ruine, & habité par des feculiers, y P. 1750 D. donna de grands bien, & ordonna que les moines viendroient chanter jour & nuit dans l'é. glife de fainte Marie Majeure. L'églife de faint. Anaftafe ayant été brûlée avec la maifon de l'abbé & les autres bâtimens, enforte que l'on n'avoit fauvé la châffe du Saint le pape Aque drien alla lui même éteindre le feu, & rebâtit ce monaftere en meilleur état que devant, il repara plufieurs aqueducs & les murailles de Rome.

:

Ce pape tint le faint fiege vingt-trois ans dix mois & dix-fept jours, & fut enterré à faint Pierre le vingt-fixiéme de Decembre 795. indiction quatrieme. Il vécût au tems du roi Charles, au rapport d'Anaftafe: qui depuis ne marque plus le tems des papes par les empereurs de C. P. comme il faifoit auparavant. Charles ayant appris fa mort le pleura, comme s'il eût perdu un frere ou un fils; & quoiEgin. vita qu'il ne doutât point que fon ame ne fût dans le repos éternel, il ne laiffa pas de faire prier pour lui, & il donna pour cet effet de grandes

Car.

au

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