Imágenes de páginas
PDF
EPUB

ep. 34.

1. ep. 41.

1. ep. 35.

XLVIII. Conferen

ce avec le Filioque. Egin. an.

pape fur le

809.

Ado. Chr.

bouche & fe jetent avec moi aux pieds de votre fainteté.

Le pape fit réponse par une lettre que nous n'avons pas ; & Theodore au nom de faint Platon & au fien l'en remercia par une feconde lettre, dont Euftathe fut le porteur. Il y nomme fes adverfaires Mechiens, comme s'il difoit adulterins, car Mochos en Grec fignifie adultere; & il foûtient qu'ils font heretiques, en cet qu'ils prétendent autorifer par difpenfe un mariage adulterin, contre la défenfe expreffe de laloi & de l'évangile ; & en ce qu'ils fe mettent au deflus des canons. Il remercie le pape des riches prefens qu'il leur avoit envoyez; & fe purge de la calomnie qu'on lui impofoit, det recevoir les heretiques Barfanuph, Elaïe & Dorothée. Illeur dit anathéme, com ne anathematifez par S. Sophrone: & à tous les heretiques en general. Le prétexte de cette accufation pouvoit être qu'il avoit un ami nommé Barfanuph. Theodore écrivit en même tems à l'abbé Bafile, qui étoit à Rome, & du confeil du pape, le priant de continuer à appuyer la bonne caufe.

Au mois de Novembre de la même année. 809 l'empereur Charles tint un concile à Aixla Chapelle, où on traita la question si le saint Elprit procede du Fils comme du Pere; qui avoit été premierement agitée à Jerufalem, par un moine nommé Jean. Pour la décider l'empereur envoya à Rome Bernard ou Bernaire évêque de Vories, & Adelard abbé de Corbie: chargez d'une lettre compofée par Smaragde, to 7. Conc. abbé de faint Michel au diocefe de Verdun, aujourd'hui faint Michel: où il avoit recueilli les paffages de l'écriture & des peres, qui prouvent que le S. Efprit procede du Fils comme du pere. Les peres de l'Eglife qu'il cite, font S, Gre

2. 1199.

goire pape, S. Cyrille, S. Ambroife, S. Jerô- AN. 810me, S. Auguftin.

tom.7.conc..

Les envoyez étant arrivez à Rome lurent cet p. 1194, écrit au pape, qui en ayant écouté attentivement tous les paffages, dit: Je crois ainfi, conformément à l'autorité des peres & de l'écriture. Les envoyez dirent: puifque vous reconnoiffez qu'il faut croire ainfi, ne faut-il pas Penfeigner, à ceux qui l'ignorent, & y confirmer ceux qui le favent? Le pape en convint.. Les envoyez lui demanderent: Peut-on être fauvé fans croire cette verité? Le pape répondit: Celui qui pourra l'entendre, & ne voudra pas la croire, ne pourra être fauvé: car il y a des myfteres, comme celui ci, que plufieurs peuvent entendre, & que plufieurs autres n'entendent pas, à caufe de leurs bas âge, ou de leur peu de pénétration. Cela étant, reprirent les envoyez, il eft permis d'enfeigner & parconfequent de chanter, ce qu'il n'eft pas permis de ne pas croire. Il eft permis de le chanter, dit le pape, mais non d'ajoûter ce qui eft défendu.

Les envoyez répondirent: Nous favons pourquoi vous dites qu'il n'eft permis de rien ajoûter au symbole : c'eft que ceux qui l'ont fait n'y ont pas mis ceci : ils veulent dire le mot. Filioque, & que les conciles generaux qui ont fuivi, fcavoir celui de Calcedoine & & le 'cinquiéme,ont défendu de rien ajoûter aux fymbole. Mais ne feroit-il pas bon de le chanter, s'ils l'y avoient inferé? Il feroit fort bon, dit le pape. Les envoyez reprirent: N'auroient-ils pas bien fait de faire connoître aux fiecles fuivans un myftere fi important, en ajoûtant feulement quatre fyllabes? Le pape répondit: Je n'ofe dire qu'ils n'euffent pas bien fait; mais je n'ofe dire non plus qu'ils ne l'ayent pas vû auffi-bien

que

AN 810. que nous. Ils ont défendu même d'examiner pourquoi ils l'avoient omis. Voyez quelle opinion vous avez de vous: pour moi loin de me préferer à eux, je n'ofe pas même m'y égaler. Dieu nous garde, reprirent les envoyez, d'avoir une autre opinion de nous; nous cherchons feulement à être utiles à nos freres, felon le tems où nous fommes. C'eft pourquoi ayant trouvé que quelques-uns chantent ainfi le fymbole; & que par-là plufieurs ont été inftruits de ce myftere, nous croyons qu'il eft mieux de le chanter, que de le laiffer dans l'ignorance: car fi vous faviez combien de milliers de perfonnes l'ont appris ainfi, vous feriez peut-être de notre avis. Dites-moi, répondit le pape, croyez-vous qu'il faille inferer au fymbole toutes les veritez neceffaires à la foi catholique, qui n'y font pas contenuës? Non, dirent les envoyez, parce qu'elles ne font pas toutes également neceffaires. Le pape reprit : fi elles ne le font pas tou-tes, il en a du moins plufieurs fans la créance defquelles on ne peut être catholique. Pouvezvous, dirent les envoyez, nous dire quelque verité femblable à celle-ci, qui manque au fymbole? Le pape demanda la nuit pour y penfer: afin de ne rien avancer legerement fur une matiere fi importante; & la conference fut ainfi terminée pour lors.

Le Lendemain le pape dit: Eft-il plus neceffaire de croire que le faint Efprit procede du Fils comme du Pere, que de croire que le Fils eft la fageffe engendrée par la fagefle, & laverité engendrée par la verité. & que l'un & l'autre eft toutefois effentiellement une feule verité. Nous pourrions donner plufieurs autres exemples, non feulement touchant l'effence de la divinité mais touchant le myftere de l'incarnation. Les envoyez répondirent: Nous favons

gra

graces à Dieu, fur ce fujet, tout ce que favent AN. 81 les autres, ou nous le pouvons apprendre. C'eft ce que nous admirons, dit le pape, que Vous vous donniez tant de peine inutile, pouvant vous tenir en repos. Nous craignons, dirent les envoyez, de perdre une grande récompenfe, faute de prendre un peu de peine; & nous cftimons un plus grand bien, d'inftruire par là ceux qui le défirent, que le mal n'a été grand de faire cette addition: puifque ce n'a été ni par arrogance, ni par mépris des decrets de nos peres. Le pape répondit: Quelque bonne intention que l'on ait, il faut prendre garde de ne pas gâter ce qui eft bon par foi-même, en quittant la maniere permife d'enfeigner, ce qui ne fe peut faire fans préfomption: car les peres, en défendant de rien ajoûter au fymbole, n'ont pas diftingué la bonne ou la mauvaise intention, ils l'ont défendu abfolument.

Les envoyez reprirent: N'eft-ce pas vous, qui avez permis de chanter le symbole dans l'églife? Cet ufage eft il venu de nous? J'ai permis, dit le pape, de le chanter, mais non pas d'y rien ajoûter; & tant que vous l'avez chanté comme l'église Romaine, nous ne nous en fommes point mis en peine. Quant à ce que vous dites que vous le chantez ainfi, parce que vous en avez oüi d'autres en certain pays, qui l'ont fait avant vous : cela ne vous regarde point. Ce pays c.z. étoit l'Espagne, où par ordonnance du troifié-fup liv. me concile de Tolede le fymbole eft raporté XXXIV.. avec l'addition Filioque. Le pape continue: conc. p. Nous ne chantons point le fymbole, nous le li- too..E. fons, mais fans y rien ajoûter, & nous enfeignons en tems & lieu les veritez de foi, qui n'y font pas contenuës. Les envoyez reprirent: yous voulez donc, que l'on commence par

ôter

56.com.5.

AN. 810. ôter du fymbole le mot dont il eft queftion: aprés quoi vous permettez de le chanter & de Penfeigner? C'eft fans doute ce que nous décidons, dit le pape, & nous vous le confeillons. Les envoyez dirent; Il eft donc bon de chanter le fymbole, pourvû qu'on en ôte ce que vous defirez? Oui, dit le pape, & toutefois nous le permettons fans l'ordonner. Mais dirent les députez, puifque vous convenez qu'il eft bon de chanter le fymbole fi on ôte ce mot: tout le monde ne croira-t-il pas qu'il eft contre la foi? Que nous confeillez-vous, pour éviter cer inconvenient? Le pape dit : Si on m'avoit de mandé mon avis avant que de chanter ainfi, j'aurois confeillé de ne le pas inferer. Maintenant l'expedient qui me vient à l'efprit, fans toutefois le propofer affirmativement: c'eft que peu à peu on ceffe dans le palais de chanter le fymbole non plus que dans notre églife: ainfi ce qui s'eft introduit fans autorité, feraabandonné de tout le monde, fi vous l'aban. donnez. C'est peut-être le meilleur moyen d'a bolir cette mauvaise coutume, fans préjudice

de la foi.

Telle fut la conference du pape Leon avec les envoyez de l'empereur Charles: fuivant qu'elle fut recueillie par l'abbé Smaragde qui étoit prefent; & qui déclare toutefois qu'il n'en a pas rapporté les propres paroles, mais feulement le fens, autant qu'il s'en put fouvenir. On ne voit point que cette conference ait eu aucun fruit; & chacun demeura dans fon ufage. En France on continua de chanter le fymbole avec Anaft.7 le mot Filioque à Rome on continua de ne le point chanter. Seulement le pape pour la confervation de la foi, fit fufpendre deux écus d'ardift. n.b. gent du poids de prés de cent livres dans l'églifé de faint Pierre, à droit & à gauche à l'entré

conc. p.

TO୨୨

A.

1. (entent.

de

« AnteriorContinuar »