fonnement fuivi. L'on appelle cela des faillies d'efprit. Elles frappent, & on les retient plus aifément que ce qui demande des difcuffions. Les Libertins qui fe mêlent d'écrire ne connoiffent que trop ce foible, & fçavent bien en profiter. L'on s'attendroit que, répondant à fon titre, l'Auteur entrât dans fon quatrième Difcours dans le détail des moyens employez par le Clergé pour établir le joug de fon Autorité; mais l'on n'y trouve prefque rien qui vienne à ce but. Il remarque d'abord, que les Apôtres n'ont exercé aucune autorité dans l'Eglife que de concert avec tout le Troupeau. Il prouve cela par l'Election de Matthias; fucceffeur de Judas, & par celle des Diacres, auxquelles toute l'Eglife de Je rufalem concourut. Voici l'idée qu'il nous donne de ces Eglifes primitives.,, Les Apôtres alloient prêchant de lieu en ,, lieu: les perfonnes qu'ils convertif,, foient, formoient d'eux-mêmes de peti,, tes Societez, & le mieux qualifié d'en,, tr'eux étoit choifi pour les inftruire, ,, ou pour leur rappeller ce que leurs ,, premiers Pasteurs, les Apôtres, leur a,, voient enfeigné. Toutes leurs contri,,butions étoient des actes volontaires ,, de charité, qui n'étoient point desti,, nées à l'entretien des Apôtres, mais , au foulagement des pauvres. La garde de ces contributions, étant une foncTome XIX. Part. II. T » tion 59 ,, tion distincte de la Prédication de la pa role, étoit donnée aux Diacres. Quant ,, à la Difcipline, l'on cenfuroit d'abord ,, ceux dont la conduite étoit irréguliere, 99 & en cas de défobéïffance, ils étoient ,, chaffez *. Dans un autre endroit il remarque;,, que le Gouvernement Ec,, cléfiaftique a été inftitué pour le bien ,, du peuple, & non pas pour l'avantage & l'agrandiffement des Apôtres : que le ,, Peuple élifoit fes Prédicateurs, & don,,noit fon fuffrage, auffi bien que les A-99 pôtres, fur les matières de Discipline; ,, & que c'eft à lui que toutes les Epîtres ,, font addreffées: qu'en dépit du caractè,, re facré & indélebile de leurs Pasteurs, il les en privoit, lorfqu'il les jugeoit indignes de cet emploi, en vertu de leur ", autorité inaliénable: que les foudres ,,mêmes de l'Excommunication aparte,, noient uniquement au Peuple: enfin, ,, qu'il n'y avoit que la déclaration de la fentence qui, pour l'observation de ,, l'ordre, apartint aux Inspecteurs, ou, felon la traduction du Clergé, à l'E,, vêque, qui dans la fuite, au lieu d'ê ,,tre la bouche de l'Eglife, a voulu être ,, la tête, &, au lieu qu'il étoit lui-mê, me gouverné d'abord par le plus grand ,, nombre, a ufurpé le pouvoir infoutena"9 ble de gouverner tous les autres t NoIbid. pag. 33-33. 99 * Difc. IV. pag. 25% Notre Auteur s'étend enfuite beaucoup fur ces injuftes ufurpations du Clergé; il s'exprime là-deffus avec chaleur, & n'épargne aucuns des termes les plus emphatiques pour faire connoître les idées. Il rapporte de tems en tems quelques exemples de ces ufurpations; & il leur affigne pour première époque le Régne de l'Empereur Conftantin, & les fiécles. d'ignorance pour le tems de leur affermiffement. Après avoir dit fur ce fujet tout ce qu'il a jugé à propos, il en vient enfin à ce qu'il a promis dans le titre de fon Difcours. Comme il n'est pas fort long là-deffus, nous le tranfcrirons ici ; & c'eft par là que nous finirons cet Extrait. Il feroit naturel de conclure, dit-il, que tant d'Evenemens remarquables ,, doivent être les effets d'une conduite ,,habile & d'une grande dextérité. Quoique nous foyons obligé d'avouer, que ,, le caractère du Renard a toûjours eu , une grande influence dans la con"duite du Clergé, cependant celui du "Loup en a encore eu davantage. Les. "gens d'Eglife fe font gorgez de butin, au"tant par rapine que par fraude. Il faut ,,auffi avouer que l'Anerie des Laïques n'a "pas moins contribué à leurs étonnans fuccès, que leurs pieux artifices. Di-, "fons tout; l'ignorance & la fuperftition T 2 29 de ,, de notre part, ont parfaitement répon du à leur politique & à leur fourberie; & l'Hiftoire nous apprend, qu'il n'y a ,, aucun piége, fi groffier foit-il, auquel 99 la Bigotterie ne puiffe fe laiffer pren"dre *. ARTICLE I V. MÉLANGES de LITTÉRATURE & de PHILOSOPHIE. Le Tome I, qui contient 272. pag., renferme Essai sur la Critique; Effai fur l'Homme; Epitres morales fur le Caractère des Hommes, fur celui des Femmes, & fur l'Ufage des Richeffes. Ouvrages de Mr. POPE, traduits de l'Anglois, avec un Difcours préliminaire du Traducteur fur le Goût des Traductions. Le Tome II., qui contient 324. pag. renferme des Lettres philofophiques & morales, où l'on donne une Explication raisonnée du Système de Mr. POPE dans fon Esfai fur l'Homme, tirée d'une Réponse de Mr. WARBURTON au Commentaire de Mr. DE CROUZAZ, Profeffeur de Philofophie à l'Univerfité de Lausanne. In 12. à Londres, chez Guillaume Darrés 1742 E Titre fait fuffifamment connoître la nature des Piéces contenues dans ce Recueil. Les Refléxions fur le Goût des Traductions, l'Effai fur la Critique, & PEffai fur l'Homme paroiffent ici pour la feconde fois. Ils avoient déja été imprimez à Londres in quarto, avec l'Original à côté. Les changemens què l'on a fait dans cette nouvelle Edition font peu effentiels. L'on y a supprimé le Texte Anglois, & une Réponse à un Ecrivain qui avoit attaqué l'Efai fur la Critique. Comme l'attaque étoit peu fondée, la Réponfe n'étoit pas fort intéreffante: ainfi les Lecteurs n'y perdront pas beaucoup. Nous ne nous arrêterons donc pas dans cet Extrait à ces trois piéces ; d'autant plus que l'Effai fur la Critique, & l'EfJai fur l'Homme font fuffifamment connus par les différentes Traductions Françoifes qui en ont été faites. Il est vrai que le nouveau Traducteur ne les trouve pas fidèles. Cela peut être. Mais elles ne laifferont pas de donner une idée auffi juste de l'Original que nous pourrions le faire, en donnant un Extrait exact de cette nouvelle Traduction, Les * Cet Ouvrage fe trouve à la Haye chez Pierre de Hondt. |