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étonnans que ce demi Animal; auffi ne font ils pas fi rares. Deux Oeufs qui fe font rencontrés dans la Matrice: peuvent fe coler, & ils ne laifferont pas de fe nourrir, & alors, ou toutes les parties de l'un & de l'autre fe développent & fubfiftent, & ce font deux Animaux attachés. enfemble; ou quelques parties de l'un des deux periflent, & il refte un Animal & un demi Animal unis, de forte que le demi Animal trouve dans l'Animal entier tout ce qui lui manque. Mais un demi Animal qui ne tient point à un autre, qui eft privé de toutes les parties les plus neceflaires, telles que font le Coeur, les Poûmons, & le Foye, comment a-t-il pû fe former, & fe nourrir comment la nature a-t-elle pû détacher la moitié d'un Tout auffi bien lié, & auffi indivifible qu'un Animal & comment a-t-elle détaché la moitié la plus dépendante d'avec celle qui gouverne, & qui contient les principaux refforts de la Machine?

Il fuit necellairement du défaut de Cœur dans ce Monf tre, que l'impulfion du fang qui y circuloit ne partoit pas du Cœur, & par conféquent M. Antoine lui a cherché un autre principe.

Selon le Siftême commun, les arteres de la Matrice verfent leur fang dans le Placenta qui s'en nourrit, le furplus de ce fang entre dans les Veines Ombilicales qui font partie du Cordon, de là il eft porté au Foye du Fœtus dans le tronc de la Veine-Porte, d'où il paffe dans la Veine-Cave, & dans le Ventricule droit du Cœur. Le fang de la Mere une fois arrivé au Cœur du Fœtus, est enfuite diftribué à l'ordinaire dans les parties du Fœtus, à l'exception des changemens qu'apportent à fon cours le trou Ovale, & le Canal de communication. Il y a encore une autre difference neceffaire, c'eft qu'il faut que le Cordon & le Placenta foient compris dans la circulation ; & par cette raifon le fang qui fort des arteres Iliaques du Foctus entre dans le Cordon par les Arteres Ombilicales, de là dans le Placenta, où il eft repris par les veines de cette partie, enfuite par les Veines Ombilica

les qui le reportent avec de nouveau fang de la Mere au Foye, & au Cœur du Foetus.

Puifque le cœur manquoit dans l'Agneau monftrueux de M. Antoine, il a fallu ou que le fang de la Mere porté dans le Fœtus par les veines Ombilicales felon le Siftême commun, foit retourné au Placenta par les Arteres Ombilicales, contre les regles ordinaires de la circulation, qui ne femblent pas permettre ce retour du fang par des arteres, ou que ce même fang pouffé par la Mere dans les arteres du Placenta ait paffé de là dans les arteres Ombili. cales, se foit répandu dans toutes les parties du Foctus, & foit revenu au Placenta par les veines Ombilicales; ce qui paroît plus conforme aux loix de la circulation, mais renverse entierement le Siftême commun.

M. Antoine a mieux aimé abandonner ce Siftême, que d'admettre une exception aux loix ordinaires de la circulation. Il a même crû, que fi dans ce Monftre le fang de la mere entroit par les arteres Ombilicales, il fuivoit cette même route dans tous les Foetus, & il envoya à l'Academie un Ecrit où cette opinion nouvelle étoit ingenieufement exposée & foûtenuë.

Il fit même pour la prouver, & pour la rendre en même temps plus fenfible, le deffein d'une Machine Hydraulique affés bien imaginée, mais enfin comme ni la Machine, ni les raifons ne concluoient neceffairement, il fut refolu qu'on attendroit la décision de l'experience. M. du Verney s'engagea à la faire fur une Chienne plei. 'ne qu'il ouvriroit, après quoi il feroit une ligature à l'artere Ombilicale da Cordon de l'un des petits encore vivans Le gonflement qui arrivera de l'un ou de l'autre côté de la ligature, décidera.. Si c'eft entre la ligature & le Fœtus, le fang eft pouffé par le Foetus dans les Arteres Ombilicales felon le. Siftême commun; fi c'est entre le Placenta & la ligature, le fang eft pouffé par la Mere dans les Arteres Ombilicales, felon M. Antoine. L'operation eft difficile, & il la faudra tenter plufieurs

On ne doit pas oublier de remarquer dans l'Agneau monftrueux ce Cerveau extraordinaire, & plus extraordi nairement placé dans ce ventre, qui étoit tout l'Animal. On peut de là conjecturer combien un principe commun des nerfs eft neceffaire & indispensable dans toute Ma

chine animée.

V. les M. à la fin.

SUR LA CIRCULATION

DU SANG DANS LE FOETUS.

UN

Ne Question qui n'eft que curieufe, a du moins l'a vantage de le devenir d'autant plus, que deux habiles Adverfaires foûtiennent plus vivement les deux partis oppofés. Celle qui s'eft émûë dans l'Academie au fujet de la Circulation du fang dans le Foetus, a produit ces defcriptions que M. du Verney donna du Cœur de la Tortuë, de la Grenoüille, de la Vipere, & du Cœur *pag. 227. & des Oüies de la Carpe dans les Memoires de 1699.* & les recherches où il s'eft enfuite engagé fur la circulation du fang dans les Poiffons, & dont on a vû l'eflai pag. 46. dans l'Hiftoire de 1701.* Maintenant M. Méry, fans employer tant d'Anatomie comparée, répond à ce qui regarde le fond de la Question, & entre dans certains raisonnemens Anatomiques, propres à éclaircir toûjours la Mechanique des Animaux.

*

& fuiv.

& fuiv.

fuiv.
pag. 36.
& fuiv.

*

Si l'on fe remet devant les yeux ce qui a été dit fur cette pag.25.& matiere dans l'Hiftoire de 1699.* & dans celle de 1701.* on fuiv. 34. & verra qu'il s'agit de fçavoir quelle route tient dans le Fœtus le fang qui paffe par le trou ovale, s'il va de l'oreillette droite du coeur dans la gauche pour s'épargner une circulation autravers des poumons qui peut-être font difficiles à pénetrer, faute d'air, ou s'il va de l'oreillette gauche dans la droite, pour s'épargner une circulation par tout le corps, où la maffe entiere du fang ne couleroit pas affés libre ment, parce qu'elle n'eft pas affés animée d'air. M. Méry

M. Mery reprend fon premier principe. Dans l'Homme où la même quantité de fang qui circule dans les Poûmons circule auffi par tout le corps, tous les Vaiffeaux des deux côtés du cœur, Ventricules, Oreillettes, Arteres, font égaux. Dans le Foetus humain, M. Méry foûtient que les Vaiffeaux du côté droit font toûjours plus grands que ceux qui leur répondent de l'autre côté, loreillette d'un tiers plus grande, le ventricule & l'artere la moitié plus grands, preuve évidente qu'une plus grande quantité de fang eft contenue du côté droit, ou y coule; car comme les vaiffeaux qui font fibreux obciffent à l'impulfion du fang, il fe les fait jufqu'à un certain point aussi grands qu'il lui eft neceffaire, & par une moindre impulfion il leur permet de fe rétrecir.

De plus, les proportions de l'inégalité des vaiffeaux font précisément celles que le Sistème de M. Mery demande. Tout le fang rapporté par la veine cave, c'est. à-dire, tout le fang du fœtus, eft pouffé, felon lui, dans l'Artere pulmonaire, mais le canal de communication en dérobe un tiers, & il n'y a que les deux autres tiers qui circulent par le poûmon, & paffent dans le côté gauche du cœur. L'oreillette gauche reçoit donc un tiers moins de fang que la droite, & de là vient qu'elle eft d'un tiers plus petite. Si tout le fang de cette oreillette gauche tomboit dans fon ventricule, il ne devroit être non plus que d'un tiers plus petit que le ventricule droit; mais puifque dans l'opinion de M. Méry, il paffe du fang de l'oreil lette gauche par le trou ovale dans le côté droit, le ventricule gauche en reçoit moins que l'oreillette; il doit donc être encore plus petit par rappor au ventricule droit, que l'oreillette gauche ne l'eft par rapport la droite; & c'eft effectivement ce que M. Méry a trouvé toutes les mesures qu'il a prifes. Le ventricule gauche n'est que la moitié du droit, & par la même raifon la capacite du tronc de l'aorte n'eft que la moitié de celle du tronc de l'artere pulmonaire.

par

Il est vrai, & quelques-uns ont fait cette objection, que le

ventricule gauche & l'aorte étant formés de fibres beaucoup plus epaiffes, & plus puiflantes, que le ventricule droit, & l'artere pulmonaire, ils pourroient, quoiqu'ils fuffent moindres en capacité, pouffer en même temps une auffi grande quantité de fang, parce qu'ils la pouf feroient avec plus de force, & lui donneroient plus de vîteffe. Mais il faudroit pour cela qu'il y eût une espece de fource qui verfât dans le ventricule gauche, après qu'il fe feroit vuidė, encore autant de fang, dont il fe vuideroit encore, & qu'il pouffât ces deux quantités fucceffives de fang dans le même temps que le ventricule droit poufferoit hors de lui la feule qu'il contient. Or il est conftant que la ftructure & le mouvement du cœur ne permettent pas qu'on ait cette idée. Les deux ventricules ne se vuident que dans le même instant, chacun ne fe vuide que de ce qu'il contient dans cet instant unique, & le gauche n'eft le plus fort, auffi-bien que l'aorte, que parce qu'ils ont à pouffer le fang jufqu'aux dernieres extremités du corps, au lieu que le ventricule droit & l'artere pulmonaire ne le pouffent que dans le poûmon.

Les défenfeurs de l'ancien Siftême avoient répondu à M. Méry que les vaiffeaux du côté droit, fuppofé qu'ils fuffent plus grands, l'étoient, non à caufe d'une plus grande quantité de fang, mais à caufe du regorgement de ce fang, qui ayant peine à penetrer les poumons, refluoit ou fejournoit dans fes vaiffeaux & les dilatoit.

M. Méry oppose à ce regorgement, qu'il faut ou qu'il fe fafle uniquement dans l'artere pulmonaire, auquel cas il ne paroît pas poffible qu'elle ne crevât dans un auffi long efpace de temps que 9 mois, ou que le fang qui regorge dans l'artere pulmonaire reflue dans l'oreillette gauche, ce que les valvules de l'artere pulmonaire ne permettent point, difpofées exprès comme elles le font par la nature, & très-efficacement difpofées pour empêcher ce reflux; & fi elles avoient été une fois forcées, comme elles le feroient pendant un long-temps, il y a tout lieu

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