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feulement à 16 pouces, en affés grande quantité pour former le plus petit ramas d'eau fur un fond folide.

Encore falloit-il que la terre fur laquelle il faifoit fon experience fût entierement dénuée d'herbes, & de plan. tes; car dès qu'il y en avoit, & qu'elles étoient un peu fortes, loin que la pluye qui tomboit fût fuffifante pour fe ramaffer au-delà de 16 pouces de profondeur, elle ne l'étoit pas pour nourrir ces plantes, & il falloit encore les arrofer de temps en temps.

Cette observation fit naître à M. de la Hire la pensée d'en faire une plus exacte fur la quantité d'eau que les plantes confument. Il mit au mois de Juin dans une phiole où il y avoit une livre d'eau exactement pelée, deux feuilles de Figuier de mediocre grandeur, & qui pefoient enfemble 5 gros 48 grains, les queues des feuilles trempoient dans l'eau, & le reste du cou de la phiole étoit très-bien bouché. Il expofa le tout au Soleil & au vent, & en 5 heures & demie l'eau de la phiole étoit diminuée de 2 gros, c'est-à-dire, d'une 64 partie que les deux feuilles avoient tirée, & que le Soleil & l'air avoient enfuite fait évaporer. Comme la fraîcheur des feuilles ne s'entretient, du moins pendant le jour, & dans le chaud, que par le paffage continuel qu'elles donnent à l'eau qui monte des racines, & qui enfuite fe diffipe, il eût fallu que ces deux feuilles, fi elles euffent été attachées à l'arbre, euffent tiré de la terre en 5 heures & demie, ces 2 gros d'eau pour fe conferver dans la même fraîcheur. On peut juger par là combien tout le Figuier en eût tiré en un jour, & par confequent quelle prodigieufe quantité d'eau fe depenfe à l'entretien des plantes. C'eft apparemment par cette raifon que les pluyes font plus abondantes en Eté, & que les trois mois de Juin, de Juillet, & d'Août en fourniffent communément autant que tout le refte de l'année. Il paroît par l'experience de M. de la Hire, qu'elles ne fuffiroient pas, même en ce temps-là, pour nourrir les Plantes, & il faut que l'humidité de la terre, les rofées, & les broüillards

V. les M. pag. 101.

ces deux exemples d'imaginer des caufes des Fontaines extraordinaires, dès que l'on en fçaura les circonftances en détail. La plus grande difficulté eft d'en avoir de bonnes Relations & bien purgées du faux Merveilleux, que les traditions populaires y ajoûtent toûjours.

De cette Theorie generale, M. de la Hire defcend à des remarques particulieres fur l'ufage des eaux de pluye & de Fontaine, & fur les Cifternes. On y trouvera un accident affés nouveau d'une eau de pluye ramaffée à l'Obfervatoire, & qui fentoit extrêmement la fumée, parce que l'Obfervatoire eft fitué au Sud de Paris, & que cette pluye étoit tombée par un vent de Nord, qui pouffoit vers l'Obfervatoire la fumée des Cheminées de Paris, & en avoit mêlé des particules dans la pluye qui tomboit. Cette raifon qui femble s'être prefentée naturellement, n'a peut. être pas été fi facile à découvrir, & il ne feroit pas trop extraordinaire, qu'on eût été chercher bien loin une cause de cet effet, en paffant par deffus de petites circonftances que l'on ne s'avise pas de confiderer.

SUR LE NOUVEAU THERMOMETRE

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DE M. A MONTONS.

Left de l'effence de la Verité d'être feconde, & une découverte ne va point feule. Le principe qui a conduit M. Amontons à imaginer une nouvelle construction de Thermometre, ainfi qu'il eft rapporté dans l'Hift. de *pag. 1. 1702, la conduit auffi à un moyen de rendre fenfible, & de réduire en calcul la caufe des plus violens tremblemens de terre.

& fuiv.

Si la place qu'occupe dans nôtre Tourbillon le globe de la Terre, étoit occupé par un globe d'air égal, l'air qui feroit vers le centre feroit prodigieufement condenfé. Car fi l'air que nous respirons fur la surface de

DES SCIENCES.

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la terre eft réduit à une certaine condenfation par le poids de 20 lieuës d'air en hauteur, ou environ, dont il eft chargé, que feroit-ce d'un air, qui outre ce poids, porteroit celui de 1500 lieuës d'air?

Il est vrai qu'il faut fuppofer pour cela que la condenfation de l'air n'a point de bornes, ou du moins va prodigieufement loin, & de grands Phyficiens ont trouvé par leurs experiences, qu'il ne pouvoit être condenfé que 800 fois plus qu'il ne l'eft fur la furface de la terre. Mais outre qu'il eft permis de douter de l'exactitude de ces experiences qui ont dû être très-difficiles, il fe peut que tout nôtre art foit incapable de pouffer l'air à une grande condensation; & enfin M. Amontons qui a reconnu certainement que le reffort de l'air eft mis en action par les particules ignées, ou ce qui revient au même, par la matiere fubtile, & qui ne conçoit pas que cette matiere puiffe jamais être entierement chaffée hors des interftices de l'air, eft affés bien fondé à croire que quelque industrie qu'on employe, il en refte toûjours à chaffer, & par consequent que l'air n'est point porté à sa derniere condensation. Le moyen, par exemple, qu'on pút jamais comprimer de la laine de forte qu'il n'y reftât aucune particule d'air?

Suppole donc que dans 1500 lieuës l'air foit toûjours condenfé à proportion qu'il fera chargé d'un plus grand nombre de couches fuperieures ; & d'ailleurs la proportion de pefanteur qui eft entre le mercure, & l'air tel que nous le refpirons, étant connuë, M. Amontons fait le calcul des differens degrés de condensation où seroient les differentes couches, & les differens Orbes de ce globe aërien égal au globe terreftre, & il globe terreftre, & il trouve que dès la 41931° toise, c'est-à-dire, un peu plus que la 18 lieuë en profondeur, l'air feroit fi condenfé, qu'il peferoit autant qu'un volume égal de Mercure, de forte que du Mercure tombé fur la furface du globe jufqu'à cette 41931° toife, s'arrêteroit-là, & feroit trop leger pour aller plus loin. L'Or étant plus pefant que le Mercure, la

couche ou l'Orbe dont l'ait égaleroit la péfanteur de l'Or, feroit à quelque 19 lieuës. Il eft aifé par les proportions de poids que nous connoiffons entre differentes matieres, d'affigner à chacune l'Orbe qui l'égaleroit en pefanteur; & comme l'Or, qui eft ce que nous connoiffons de plus pefant, ne feroit qu'à la 19° lieuë, il est clair qu'à une plus grande profondeur, la pefanteur de l'air furpafferoit toûjours toutes les pefanteurs qui nous font connuës, & les furpafferoit enfin à un excès presque incroyable.

Cela vient en general de ce qu'un pied d'air, par exemple, qui fe condenfe, fi l'on met un autre pied d'air au-deffus, & par confequent ne fait plus un pied en hauteur, fe condense encore davantage & fait moins d'efpace en hauteur, fi on le charge de deux pieds; & en même temps auffi le fecond pied fe condenfant parce qu'il eft chargé du troifiéme, la hauteur totale eft encore diminuée. Si l'on ajoûte un quatrième pied, le troisième fe condense & perd fa hauteur, & les deux premiers déja réduits à une moindre hauteur s'abaiffent encore, & ainfi de fuite; de forte que plus on ajoûte d'air en hauteur, moins on en augmente la hauteur, felon une certaine portion, & par confequent pour former une grande hauteur d'air, il en faut une quantité prodigieufe.

pro

Puifqu'un même degré de chaleur rend le reffort de l'air d'autant plus violent que cet air eft plus condensé, · ce qui eft le principe du nouveau Thermometre, l'air du globe aërien étant échauffé, deviendroit capable d'effets d'autant plus grands, qu'il feroit à une plus grande profondeur. Et en retranchant maintenant la fiction de ce globe aërien, & remettant les chofes en l'état où elles font réellement, l'air qui eft dans la terre a differentes profondeurs, étant toûjours plus condenfé, acquiert par la même chaleur une force de reffort d'autant plus grande. De plus, comme l'inflammation des matieres minerales produit dans la terre un degré de chaleur, fans comparaifon plus violent que celui de l'eau boüillante, il

n'est

n'eft pas étonnant
que cet air fi denfe, & en même temps
fi echauffé, foit capable de foulever de grandes parties
de la furface de la terre, & quelquefois de les boulever-
fer. Cet effet a dû être merveilleux, tant qu'on a jugé de
l'air fouterrain par celui qui nous environne, & que cet
air enfermé dans la terre, n'a été pris que pour de l'air,
& non pas pour une efpece de corps folide affes pefant,
ce qui a été fans doute une erreur fort naturelle, & dont
il ne devoit pas être aifé de revenir. Il falloit encore,
pour faire entierement ceffer cette merveille, nous ap-
prendre, comme a fait M. Amontons, que les effets de
l'air échauffé font proportionnés à fon degré de conden-
fation.

200.

Après cette application du principe qui a produit le nouveau Thermometre aux tremblemens de terre, M. Amontons a fait voir des ufages qui naiffoient immédia tement de fon Thermometre. Il s'en eft fervi pour examiner une Table des degrés de chaleur, inferée dans les Tranfactions philofophiques au mois d'Avril 1701. il ré. V. les M. duit d'abord en degrés de fon Thermometre, ceux du pag. so, &` Thermometre de l'Auteur Anglois, afin que les obfervations faites de part & d'autre puiffent être compa rées. Enfuite il vient au détail des obfervations, & donne une Table commune de celles de l'Auteur Anglois & des fiennes. On y verra l'évaluation précife, & le rapport d'un grand nombre de differens degrés, ou, ce qui revient au même, de differens effets de la chaleur. Ön ne connoît proprement dans la Phyfique que ce qui eft ainfi évalué, & c'eft un grand fecours pour découvrir les causes naturelles ; car quelquefois on trouve un degré plus fort, où l'on en auroit crû un plus foible, & delà peut dépendre le dénouement de quelque difficulté. H eft vrai auffi que ceux qui font des Siftêmes n'en ont pas une liberté fi entiere de fuppofer le plus & le moins où il leur plaît.

On peut avec le Thermometre mesurer la chaleur naturelle des Animaux, auffi bien que celle du Soleil ou

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