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En ouvrant les tegumens du ventre, j'obfervai qu'à l'endroit de l'enflure, la peau, la graiffe & les muscles étoient de couleur un peu brune, & beaucoup plus fecs, plus durs & plus épais qu'aux autres endroits, & que ce qui étoit à la place du peritoine, étoit dur & très épais.

Le ventre étant ouvert, je trouvai fa capacité féparée en 2. cavités d'inegale grandeur, par une cloifon continuë, qui étoit dure, épaiffe d'un pouce, & fituée obliquement; de forte qu'elle commençoit fur le rein droit, & alloit en defcendant fe terminer 3 pouces au deffousdu rein gauche, laiffant un paffage pour la fin de l'intest in colum.

L'une des cavités du ventre occupoit toute la region épigastrique & une partie de la lombaire, & l'autre occupoit le refte de fa capacité.

Il n'y avoit point d'eau épanchée dans la premiere cavité. Elle contenoit feulement le foye, la rate, le pancreas, les glandes renales, tout le rein gauche, une partiedu droit, l'eftomach, tous les inteftins grêles, le cæcum entier, & les 3 quarts du colum avec la partie du mefentere où ces inteftins font attachés. De toutes ces parties il n'y avoit que le foye, le rein droit, le cæcum & le. colum qui fuffent alterés.

Le foye étoit gros, dur, fec, de couleur verdâtre, fortement colé à la cloifon, & il pefoit 6 livres. Le rein étoit fcirreux, & par confequent peu en état de faire fa fonction. Le cæcum & le colum étoient fort adherans à la cloison, l'un & l'autre percés à l'endroit de l'adherance: d'un trou rond, qui pénetroit dans la cavité de ces intestins, larges chacun de 3 lignes.

La feconde cavité du ventre de ce cadavre contenoit un fceau & demi de liqueur noire, épaiffe, gluante & d'une puanteur cadavereufe, avec quantité de corps blancs, durs, de differente figure, de 3 à 4 lignes de groffeur, & qui étoient mêlés dans cette liqueur.

Les parois de cette cavité, à l'endroit de la cloison, . avoient un pouce de diametre, & environ 3 aux autres.

Elles étoient dures par tout & un peu petrifiées en quelques endroits, noires comme de l'encre, & percées de quantité de trous, dont 2 feulement les traverfoient entierement, & répondoient, l'un au trou du cæcum, & l'autre à celui du colum. C'eft fans doute par ces 2 trous que paffoit la liqueur noire, que la malade rendit par les

felles les dernieres femaines de fa vie.

3

L'épaiffeur extraordinaire des parois de la feconde cavité du ventre, fut apparemment cause que le Chirurgien, dont j'ai parlé, n'en tira point d'eau, quand il fit la ponction; parce que vrai femblablement elle excedoit la longeur du trois-quart dont il fe fervit pour la faire.

Il y avoit dans l'épaiffeur de ces parois beaucoup de corps approchans de la figure & de la groffeur d'un petit œuf de poule. Quelques uns de ces corps contenoient une matiere femblable à de la gomme à demi-fondue, les autres une matiere pierreufe, & les derniers qui étoient membraneux & parfemes de vaiffeaux fanguins, conte noient une liqueur claire & un peu vifqueule.

Peut-être que ces trois fortes de corps étoient des glandes du peritoine, dont la ftructure avoit été tellement dérangée par la longeur de la maladie, qu'elles féparoient du fang plus de matiere que de coûtume, dont une partie étoit fort differente de celle qu'elles féparoient dans l'état naturel.

Les vaiffeaux fanguins du ventre, qui traversoient les parois de la feconde cavité, avoient en cet endroit leurs tuniques plus dures & plus épaiffes qu'à l'ordinaire; cependant le diametre de leur cavité ne paroiffoit point di

minué.

Cela fuppofé, on peut rendre raison, 1°. Pourquoi les extremités inferieures du corps de la malade n'étoient pas enflées, comme il arrive toûjours dans cette maladie. L'enflure des extremités ne vient que de la ferofité qui s'y extravafe, à caufe de la difficulté qu'a le fang d'en revenir & de traverser le ventre, les veines par lesquelles fe fait ce retour, étant affaiffées par le poids des eaux qui

font alors renfermées en grande quantité dans la cavité du ventre. Or les tuniques de ces veines étant plus dures & plus épaiffes dans cette malade que de coûtume, elles ont pû résister à la compreffion des eaux. Ainfi le fang des extremités inferieures a eu la liberté d'en revenir par leurs veines comme dans l'état naurel.

20. On peut expliquer pourquoi le diametre de la cavité des mêmes vaiffeaux n'a point diminué. L'épaiffiffe. ment & l'endurciflement des parois de la feconde cavitė du ventre se font faits peu à peu, de même que l'amas d'eau, au rapport de ceux qui ont eu foin de la malade. Ainfi ils n'ont pû caufer qu'une foible compreffion fur les tuniques de ces vaiffeaux, d'autant plus qu'elles fe font épaiffies & endurcies à proportion que les parois de cette cavité font devenues plus dures & plus épaiffes.

Je détachai enfin des autres parties du ventre la cloïfon, & ce qui formoit le refte des parois de fa feconde cavité. Je pefai le tout, il pefoit 10 livres. Je l'examinai après avec beaucoup de foin, il me parut n'être autre chofe que le peritoine endurci & beaucoup épaiffi. En effet, ce corps étoit enveloppé d'une membrane uniforme & continue au refte du peritoine, & on appercevoit vers fon milieu quelques veftiges d'une autre membrane toute femblable. D'ailleurs quand j'eus détaché ce corps, la furface interieure des muscles tranfverfes du ventre étoit à nud dans toute l'étenduë qu'il y occupoit. Or on fçait que lè peritoine fert de membrane propre à ces deux muscles par cette furface.

Voici mes conjectures fur la maniere dont le peritoine a pû former le corps, où étoit renfermée la liqueur qui faifoit l'hydropifie de la malade.

Les parties du peritoine, dont le devant & le derriere de la cavité du ventre étoient revêtus à l'endroit où ce corps s'eft enfuite formé, ont pû infenfiblement s'épaiffir dans le même tems à l'occafion de quelques obftructions, en s'épaififfant s'approcher peu à peu l'une de l'autre, fe coler enfin ensemble, de deux n'en faire plus qu'u

ne, & chaffer à proportion de leur entre-deux la portion: des inteftins, & du mefentere qui y étoit contenuë.

Dans la fuite les humeurs portées & arrêtées entre les deux parties du peritoine colées ensemble, s'y font aigries par la longeur du féjour, & en ont rongé une partie,. principalement vers le milieu, où un elpace étant par confequent resté vuide, il s'y eft infenfiblement amaflé des humeurs, qui en dilatant & éminçant peu à peu les autres parties de ce corps, y ont enfin fait une cavité capable d'en contenir un fceau & demi.

J'ouvris enfin la poitrine du cadavre de cette Demoifelle. Je ne remarquai ni liqueur épanchée dans fa capacité, ni alteration confiderable dans les poûmons, au

moins exterieurement.

Je trouvai dans le cœur un polype à trois racines, gros. comme un petit œuf de poule: l'une de ces racines etoit attachée au tronc inferieur de la veine cave à l'endroit. du diaphragme; l'autre au milieu de l'oreillette droite, & la troifiéme étoit attachée à la partie fuperieure du ventricule du même côté. Le tronc de ce polype étoit dans ce ventricule, d'où il paffoit en diminuant peu à peu. de groffeur dans les poûmons par l'artere pulmonaire, & il fe terminoit dans ce vifcere en y faifant les mêmes ramifications que cette artere.

Voilà ce que j'ai observé dans ce cadavre de plus digne de confideration.

CONSTRUCTION NOUVELLE

ET GEOMETRIQUE

Des Cartes réduites, et des Echelles de latitude.

PAR M. DE LAGNY.

12 May.

I l'on pouvoit avoir dans les Vaiffeaux des Globes, 1703. ou, fi l'on veut des Spheroïdes terreftres, affez grands pour y diftinguer fenfiblement la route de chaque jour; que l'on pût les fufpendre de maniere que ni le roulis ni le tangage du Vaiffeau n'empêchaffent d'y faire les ope. rations neceffaires au pitolage; il eft certain que ces operations s'y feroient avec plus de jufteffe, plus de facilité, plus promptement que fur des Cartes. Au défaut des Glo. bes on a inventé les Cartes réduites, & c'eft une des plus belles & des plus utiles découvertes du Siecle paffé, par rapport à la navigation. Car il n'y a que cette feule ef pece de Cartes dont on puiffe fe fervir au large dans les navigations de long cours; parce que les rhumbs de vent obliques y font fenfiblement dans leur veritable pofition, par rapport aux meridiens & aux paralleles à l'équateur; au lieu que dans toutes les autres Cartes cette pofition est toûjours fauffe.

L'experience de plufieurs Siecles à fait connoître que pour l'ufage des Pilotes il faut des Cartes trés fimples, où les meridiens, les paralleles à l'équateur, & les rhumbs de vent foient reprefentez par des lignes droites; parce que s'il y avoit des lignes courbes, ils n'y fçauroient jamais pointer leur route. Mais comme les paralleles à l'équateur vont en diminuant vers les poles, & que les lignes droites Eft & Oüeft qui les reprefentent font par tout égales, il faut pour rendre les triangles compris par les lignes de rhumbs de vent obliques, les lignes Nord &

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