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le feu, mais quand il favoit que M. Coypeł devoit venir Faites bon feu, difoit - il, car il eft frilleux. Ce même prince ayant compofé une pièce de vers, la donna à M. Coypel, & le pria de lui en dire fon fentiment. Celui-ci, après l'avoir lue, en fit l'éloge; mais M. le duc d'Orléans lui ayant demandé s'il pouvoit la faire imprimer & y mettre fon nom. Sur fa réponse qui étoit négative, il la déchira & la jeta au feu.

Une autre fois l'appartement du prince. étant plein de courtifans, un homme de lettres célèbre arriva, & s'étant placé à côté de lui, il faifoit l'étalage de fon efprit. M. le duc d'Orléans que cela n'amufoit point, ayant regardé autour de lui, apperçut Coypel & lui fit figne d'approcher. Depuis quand, lui dit-il, êtes-vous ici? Vous favez que j'aime à vous voir & à caufer avec vous; Pourquoi n'approchez-vous point? J'aime mieux, lui dit Coypel, être derrière yous, à ma place, qu'à côté, fans conféquence. Ce mot dit fans malice fut entendu du bel efprit qui s'en vengea.

En traçant ces traits de la part d'un prince vertueux, fenfible & bienfaifant

nous nous rappelons avec attendrissement celui de M. le Régent, vis-à-vis d'Antoine Coypel, père de celui dont nous parlons. Sachant qu'il étoit follicité pour aller en Angleterre, & tenté de s'y rendre par des chagrins qu'il avoit éprouvés, il arrive à fa porte, fans fuite, & dans un fiacre; il le fait demander fans fe faire connoître, & le voyant étonné de rencontrer fon alteffe dans un pareil équipage: Montez lui dit-il, je veux me promener avec vous. Vous avez des chagrins, il faut les diffiper. Un trait pareil étoit bien capable de faire évanouir & les chagrins & les projets.

CAZOTTE (M.) né à Dijon: il a été Commiffaire de la Marine; il eft Auteur

De la Patte du Chat, conte Zinzimois; Des Mille & une Fadaifes;

D'Obfervations fur la lettre de J. J. Rouffeau; De la Guerre de l'Opéra ;

De Silène éveillé par les Nymphes;

D'Olivier, poëme;

De Milord, impromptu, roman.

Cet Auteur, qui eft vivant, a beaucoup

de gaîté, beaucoup d'imagination, & des tournures originales. Il s'eft acquis une forte de célébrité dans un genre furtout qui n'a aucun rapport avec les fées, quoiqu'il tienne beaucoup au merveilleux & aux procédés de la cabale.

D

DEBLANES (Henri-Barthelemi), de........ meftre-de-camp de cavalerie, né en Auvergne, mort le mort le 27 Février 1754, âgé de qua

rante fept ans, eft auteur

De Nerair & Meloé, roman oriental, in

12, 1759.

DIXMERIE (M. de la). Cet Auteur vit encore; il paffe les jours au fein de l'amitié, en cultivant doucement les mufes fans fe mêler dans les partis & fans embraffer aucune fecte. Ses loifirs font ceux d'un honnête littérateur qui a des talens & des connoiffances, & qui fait un ufage estimable de tous les deux.

Il a coopéré à la rédaction du Mercure, auffitôt que M. Marmontel en eut cedé le

brevet à M. de la Place. Il a inféré dans ce Journal des Contes Moraux, qui n'entrent point dans le genre de ceux que M. Marmontel écrivoit, & qui ne font point dépourvus d'agrément & d'invention; l'allégorie y eft plus prodiguée; les mœurs y font traitées en grand, & peignent toutes les nations avec autant de délicateffe que dé vérité. La morale de ces Contes cft toujours pure & intéressante. Il a embraffé également la féerie, le roman, proprement dit, le Conte Oriental, & dans tous les fujets il a fu intéreffer.

Il a travaillé à un Journal Espagnol dont nous regrettons la difcontinuité. Ce Journal qui nous manque pouvoit établir des rapports entre nous & une nation avec laquelle les lettres n'ont guères de communication. On ne nous reprochera point de ne pas multiplier les ouvrages périodiques, & de ne pas pouffer trop loin cette fabrication mais on doit nous accufer de mettre trop d'indifférence dans la recherche des livres étrangers. On écrit de bonnes chofes ailleurs auffi bien qu'en France; pourquoi ne ferionsnous pas jaloux de compofer par nos feuilles périodiques, un Catalogue univérfel de

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toutes les productions littéraires de l'Europe? L'Angleterre, l'Allemagne I'EL pagne & l'Italie ont des favans, des littérateurs inftruits qui s'occupent de matières inftructives & curieufes. Il faut traduire ou du moins annoncer ces bons ouvrages. M.. de la Dixmerie qui fait l'Espagnol avoit conçu le plan dont nous venons de parler, & donnoit une espèce de fupplément au Journal étranger. Il eft fâcheux que ni l'un ni l'autre n'ait point été continué.

Les poéfies de M. de la Dixmerie font faciles & ingénieufes. Il auroit pu traiter des fujets d'une étendue plus confidérable, & ne l'a pas voulu; le travail des Journaux lui a enlevé bien, des momens, car il a coopéré comme nous avons dit, au Mercure, à l'Avant-Coureur, à la Bibliothèque des Romans, & il a rédigé le Journal Espagnol. Il a eu beaucoup de part à l'ouvrage fur l'Ori gine des Arts, par M. Goguet.

Les Dialogues des morts qui ont été publiés dans les Mercures font remplis de philofophie; ces perfonnages y confervent leurs caractères la morale fort du füjet fans. effort.

Il eft auteur de l'ouvrage qui a pour titre :

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