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gourmande; on va loin avec ces trois qualités; elle ne fe compromit cependant point affez pour ceffer d'avoir des droits à l'eftime publique ; les princes de Condé & de Conti eurent pour elle une forte d'attachement, qui ne pouvoit être pris pour un fentiment de protection; elle étoit d'ailleurs fi obligeante & fi affable: elle nacquit en 1682, & mourut le 31 Mai 1758, âgée de foixante-quinze ans. On a foupçonné l'abbé de Boifmorand, le romancier la Serre, Baudot de Juilly, d'avoir contribué effentiellement à fa réputation littéraire, & peut-être a-t-on eu raison de le croire; il eft certain qu'elle a montré au dernier des fentimens de reconnoiffance très-caractérisés, en lui cédant la moitié d'une penfion de deux mille livres que le roi lui avoit accordée, & en partageant avec lui le produit de la vente de fes manufcrits. On ne lui reproche dans fes ouvrages que d'avoir multiplié les volumes, parce qu'elle écrivoit pour vivre, dure néceffité pour elle & pour fes leteurs. On peut voir la lifte de fes œuvres dans le dictionnaire des perfonnes célèbres, Les Veillées de Theffalie eurent un grand

fuccès, tous les Journaux en firent des éloges, & les éditions en furent multipliées.

M.

MAILHOL (Gabriel), né à Carcaf fonne il eft auteur.

Des Anecdotes Orientales, in-12, 2 vol. 1752.

Voyez la France Littéraire, pour fes Ou-vrages. Nous ne nous permettons point des jugemens rigoureux; mais il paroît d'après la lecture des productions de cet auteur, qu'il devoit vivre & mourir fans beaucoup de célébrité. Il réuffit mieux dans les vers légers, quoiqu'il fût très - souvent un louangeur très-affectueux & trop fade. Il foupira pour la célèbre Puvigné, danfeufe de l'Opéra, & la déifia dans ses vers du mieux qu'il pût. Nous ignorons fi la Déeffe a fouri à fon galant Apollon, elle qui fourioit fi volontiers à fes amis. Nous diftinguerons cependant l'Épitre Héroïque du Comte de Fayel à fon frère, qui a été imprimée dans le Mercure. On y trouve

des vers heureux, de l'énergie, & quelque connoiffance du fentiment de la jaloufie,

MALFONTAINE (Mademoiselle RAIGNÉ DE), eft auteur d'un conte qui a pour titre :

Alzahel, traduit d'un manuscrit arabe, imprimé dans le Mercure, 1773 ;

Hilas, ou la Préfomption punie, Conte.

Elle a fait inférer dans les Mercures la plupart & prefque tous fes contes. Ils font écrits avec fenfibilité, & d'un style éloigné de la prétention & de la flatterie. Elle a compofé des Proverbes & des Dialogues. Celui du Divin Abdallah & du jeune Mendiant eft très-philofophique. L'auteur doit être jeune encore, & à coup sûr trèsestimable.

MANDA. Il eft auteur d'un Conte de Fées, intitulé Brochures Nouvelles, in-8°. 1746.

MARIVAUX (Pierre - Charles DE), naquit à Paris fur la paroiffe de Saint-Gervais en 1688, & non en Auvergne comme on le trouve écrit en plufieurs endroits. Son

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père, qui avoit été directeur de la monnoie à Riom, étoit d'une famille ancienne dans le parlement de Normandie. Il ne négligea rien pour l'éducation de fon fils qui annonça de bonne heure, par des progrès rapides dans fes études, cette fineffe d'efprit qui caractérise ses ouvrages.

Un des premiers qui foient fortis de fa plume, font les Jolies Remarques en deux volumes qui fe reffentent de la jeuneffe de fon auteur. C'eft une imitation du Roman de Don Quichotte. M. de Marivaux l'a retouché depuis, & ce Roman fait partie de la dernière édition de fes œuvres, fous le titre de Don Quichotte moderne. Cet ouvrage respire la gaieté.

A peine forti du collège, M. de Marivaux, s'étoit avifé de dire qu'une comédie n'étoit pas une chofe difficile. Pour le prouver, il composa le Père Prudent, petit drame en un acte, & il fit voir en effet qu'une mau vaise pièce est une chose aifée pour un homme d'efprit.

Il s'effaya enfuite dans le tragique, & donna en 1720 la Mort d'Annibal. Le peu de fuccès qu'eut d'abord cette Tragédie, quoiqu'eftimable à bien des égards, le dé

termina pour toujours à abandonner ce genre & ce ftyle, & ce parti fage, en le rendant à fon génié naturel, lui ouvrit une carrière brillante à laquelle il étoit beaucoup plus propre. Il a foutenu feul pendant trente-deux ans la fortune du Théâtre Italien, qui, fans ce fecours, & faute de spectateurs, étoit presque contraint d'abandonner fon Spectacle. Il leur a donné vingtune Pièces, dont la plupart reftées au théâtre, fe jouent avec fuccès. Celles qui repaffoient le plus fouvent à la Comédie Françoise, font:

La Surprife de l'Amour;

Le Legs & le Préjugé Vaincu.

AUX ITALIEN S.

La Mère Confidente;

Le Jeu de l'Amour & du Hafard;

L'Heureux Stratagême ;

Arlequin poli par l'Amour;

La Double Inconftance;

La Fauffe Suivante;

L'École des Mères;
Les Fauffes Confidences;
L'Ifle des Efclaves.

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