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Mais las! fi me faites mourir,
J'ai peur que chagriniez ma belle,
J'ai peur que chagriniez ma belle.

CHANSON JOYEUSE.
HEUR où malheur qu'amant puiffe endurer,

Il n'en eft onc deffus la terre
Qui puiffe à moi fe comparer :
Merci, Amour, j'ai mon falaire.
*

A MAN S, aimez, après mes longs foupirs,
N'ai, comme vous, les grâces de ma Dame

Et fi pourtant n'avez tous mes plaifirs,
Faudroit encor avoir mon ame.

LA

NOUVELLETÉ,

CHANSON.

IL eft certain qu'un jour de l'autre mois,

M'eft advenu très-merveilleufe chofe,
Toute feulette étois au fond du bois,
Vint mon ami, plus beau que n'eft la rofe;
Il me baifa d'un baifer fage & doux
Et puis après il me fit chofe amère:
Si que je dis, avec un grand courroux "
Tenez-vous coi j'appellerai ma mère.

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IL eft certain qu'il devint tout transi,
Voyant courir larmes fur mon visage;

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Et cela fit que je fus moins sauvage :
Quand il me vit que je parlois fi doux,
L'ami s'y prit de tant belle manière,
Que je lui dis, fans avoir de courroux,
Tenez-vous coi, j'appellerai ma mère.
**

It eft certain que lors il m'arriva
Chofe nouvelle, à quoi n'étois pas faite,
Et quafi morte, un baiser m'acheva,
Qui me rendit les yeux clos & muette;
Puis m'éveillai, mais d'un réveil fi doux,
Que remourus, tant il me fit grand-chère ;
Enfin befoin ne fut d'être en courroux :
Il devint coi, fans qu'appelai ma mère.

SENEÇAI ( Antoine BAUDERON DE SENEÇAL ou SENECÉ), né à Mâcon en 1643, étoit arrière petit fils de Brice Bauderon, favant médecin, connu par une pharmacopée. Son père, lieutenant-général au préfidial de Mâcon, qui mérita par fon zèle patriotique un brevet de confeiller d'état, lui donna une excellente éducation, il fuivit le barreau pendant quelque temps, moins par inclination que par déférence pour les parens. De retour dans fa patrie, il accepta un duel qui l'obligea de se retirer à la cour du duc de Savoye, poursuivi partout par fon mauvais deftin, il eut une autre affaire avec les frères d'une demoiselle

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amoureuse de lui qui vouloit l'époufer malgré eux. Ce nouvel incident l'obligea de paffer à Madrid. Sa première affaire ayant été accommodée, il revint en France, & acheta en 1673 la charge de premier valetde-chambre de la reine Marie-Thérèse, femme de Louis XIV; à la mort de cette princeffe arrivée en 1684, la ducheffe d'Angoulème le reçut chez elle, avec toute fa famille qui étoit nombreuse. Cette princeffe étant morte en 1713, Seneçai retourna dans fa patrie, où il mourut en 1737 à 94 ans. La littérature, l'hiftoire, les muses françoises & latines étoient l'objet de fes plaisirs, il ne négligea pourtant pas la fociété, & il y plut autant par fon caractère que par fon efprit: il conferva, jusqu'à la fin de fa vie, un efprit fain & animé de cette gaieté & de cette joie innocente, qu'il appeloit avec raifon le baume de la vie, les poéfies que nous avons de cet auteur le mettent au rang des favoris d'Apollon. Sa verfification eft cependant quelquefois un peu négligée; mais les graces piquantes de fa poéfie dédommagent bien le lecteur de ce défaut; il a fait des épigrammes, 1724, in-12; des

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in-12, &c. Son conte du Kaimac eft d'un ftyle plaifant & fingulier; il fe trouve dans l'élite des poéfies fugitives, ainfi que la manière de filer le Parfait Amour, autre conte eftimé. On diftingue auffi le poëme intitulé les Travaux d'Apollon, ouvrage original, & dont le poëte Rousseau faifoit grand cas.... On trouve dans les Mercures du temps de bonnes differtations du même auteur, fur différens fujets (1).

Il a réfuté les mémoires du cardinal de Retz dont il a contesté l'authenticité, & il prouve qu'il eft impoffible que ce cardinal en foit l'auteur. Senecé avoit connu tous les perfonnages qui font indignement traités dans les mémoires, & il en fait lui-même des portraits plus décens, nous n'ofons point affirmer qu'ils foient plus ressemblans.

V

VIELAND (M.), qui vit encore dans la cour de Saxe-Gotha, est trop connu pour

(1) Cet article eft tiré du Dictionnaire Historique, & nous aimons mieux tranfcrire, que de déguifer des plagiats, quand nous n'avons rien de nouveau à dire.

que nous croyons devoir dire quelque
chofe fur fa perfonne. On fait qu'il s'eft
- exercé dans prefque tous les genres de
poéfie, qu'il a fait des pieces de théâtre,
& des romans de différens genres. Son
roman d'Agathon eft le premier ouvrage
É moderne allemand qui ait été traduit. Il
eft en effet le meilleur, le plus ingénieux,
le plus philofophique & le plus agréable
de tous ceux qui ont paru en Allemagne ;
l'auteur voulant le faire paffer pour la
traduction d'un roman grec, a fuivi la-
méthode des Héliodore, des Tatius & des
Longus, c'eft-à-dire, que comme dans les
amours de Théagènes & Chariclée, de Leu-
cippe & Clitophon, & d'Ifmène, il commence
3 à raconter les aventures de fes héros
lorfqu'ils font déjà au milieu de leur car-
rière, ce n'eft qu'au bout de plufieurs livres
qu'il nous apprend le commencement de
fa vie. L'auteur a voulu représenter un
honnête homme qui a le courage de pra-
tiquer la vertu.

Dans un Difcours qui précède le roman
d'Agathon, M. Vieland claffe les principaux
auteurs de la littérature allemande : Utz,
Leffeing, Gleim, Geftemberg font diftingués

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