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Nous touchons au déclin du genre, dont madame le prince de Beaumont voulut retarder la chûte. Elle s'appropria les doutes qui entroient dans fon plan d'éducation tailla, rogna, fit des livres qui font devenus le manuel des enfans & des adolefcens. J. J. Rouffeau auroit pu donner un nouveau modèle. La reine Fantafque ne laisse rien à defirer.

La collection que nous donnons fervira à prouver que des hommes d'un âge mur peuvent s'occuper de la lecture des fées. Si les écrivains, qui vont pillant des plans & des caractères dans les romans, pour en faire des fujets de comédie, veulent l'ouvrir, ils trouveront affez de moiffons à faire. Fufelier leur a montré le chemin, & Saint-Foix s'eft fervi trop heureusement de la baguette, pour qu'il ne foit pas imité.

NOTICE

DES AUTEURS

QUI ont écrit dans le genre des Contes de Fées.

A

ARNAUD (M. François-Thomas-Marie DE BACULARD D'), originaire du Comtat Venaiffin, confeiller d'ambaffade de la cour de Saxe, né à Paris.

Cet Auteur eftimable, qui vit encore, & dont on lit avec le plus vif intérêt les Ouvrages périodiques connus fous le titre des Délaffemens de l'homme fenfible, a commencé de bonne heure fa carrière poëtique. Si nous prenions date pour fon âge fur l'époque où parurent fes Adages, on le croiroit plus vieux qu'il n'eft en effet. M. d'Arnaud eut un talent prématuré. Il compofoit à l'âge où les Adolefcens étudient les élémens de la latinité. Ses premières poëfies refpirent la fraîcheur & l'efprit, & promettoient

toient beaucoup. Déjà l'auteur y laiffe entrevoir fon ame & fes goûts. Il n'a point trompé cet horoscope; car il n'a jamais fouillé fa plume par la fatyre & par des ouvrages licencieux. S'il fe permit une fois une débauche d'efprit, il revint bien vîte à fon ton ordinaire.

On ne peut guères donner un genre particulier à M. d'Arnaud. Il les a traités tous avec affez de diftinction, &, dans la fuite, il en a négligé quelques-uns: fon penchant & fa fenfibilité femblent l'avoir fixé au drame & au roman fentimental. Le fuccès du comte de Comminge étoit fuffifant pour l'engager à tirer parti de toutes les reffources que fon ame mélancolique & profondément pénétrée lui offroit. Il intéreffe, il touche, il défole; mais il ne déchire point, il ne multiplie point les atrocités, il eft fombre, fans être noir & odieux. Il convient à des lecteurs honnêtes, fenfibles: fes épreuves du Sentiment, les Contes, fes Nouvelles, & enfin les Délaffemens de l'homme fenfible portent ce caractère de fenfibilité qui lui est propre, & que nul Ecrivain n'a fu développer comme lui. Toutes les fois

que M. d'Arnaud prend la plume, il est sûr d'émouvoir & d'intéreffer.

Nous ne donnons point la lifte de tous fes ouvrages, parce que nous fuppofons qu'ils font connus. Il eft peu d'auteurs qui foient auffi univerfellement lus, & qui aient autant à fe plaindre que lui du brigandage impuni des contrefacteurs qui lui ont ravi les deux tiers des honoraires que fes Ouvrages devoient produire.

On nous affure que le Gouvernement vient à fon fecours, & nous l'en félicitons, c'est un homme de bien qu'on aura récompensé fur la fin de fa carrière. Son éloignement pour toute espèce de follicitation l'a privé des honneurs du Théâtre. Ses Pièces n'ont jamais été représentées à Paris, parce qu'il n'a point voulu folliciter.

On trouve dans les Mercures, les Contes de Fées, & les Contes orientaux qu'il a compofés à différentes époques. On lira avec plaifir Fatime & Salem, conte indien; Néhamir, ou la Providence juftifiée, conte arabe.

ARRAS (Jean D'), né à Paris, vécut environ en 1360. Il paroît qu'il a joui d'une

elpèce de réputation. Le duc de Berry, fils de Jean, roi de France, & fa fœur Marie, ducheffe de Bar, lui ordonnèrent de compofer l'histoire de la fée Mélusine. Jean d'Arras puifa fon roman dans les archives de la maison de Lufignan, qui avoient passé dans les mains du duc de Berry. Ce roman étoit écrit (ainfi qu'il étoit d'ufage) en vers & en profe.

AUNEUIL. La comtesse d'Auneuil se nommoit Louise de Bolligny; elle avoit épousé le comte d'Auneuil de l'illuftre maifon de Barjot, alliée à celle de la Force. Son mari étoit Colonel du régiment de fon nom. La comteffe d'Auneuil, par fa naiffance, par fa fortune, par fon crédit & par les graces de fon efprit, tenoit à Paris & à la cour un rang confidérable. Sa maifon étoit ouverte à tous les beaux - efprits & à toutes les femmes qui écrivoient. Elle mourut le 10 Janvier 1700. Elle est auteur du roman intitulé: la Tyrannie des Fées détruite, qui a été dédiée à la ducheffe de Bourgogne. Elle a compofé le roman des Chevaliers errans & le Génie familier; elle a été célébrée dans tous les Journaux ·

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