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contemporains & le méritoit par fes

écrits.

AULNOY. La comteffe d'Aulnoy étoit fille de M. le Jumel de Barneville, allié aux meilleures maisons de Normandie, & qui avoit été long-temps au fervice. Elle fut mariée à François de la Mothe, comte d'Aulnoy, qui fut accufé du crime de lèze-majesté par trois Normands, enfermé & menacé de perdre la tête. Un remords de conscience toucha un des accufateurs, qui se rétracta, & la liberté lui fut rendue. Sa femme s'étoit liée avec la fameufe & belle madame Tiquet, qui eut la tête tranchée en place de grève, & fut compromise durant cette procédure. A la beauté, madame la comteffe d'Aulnoy joignoit beaucoup d'efprit & une grande facilité de s'exprimer. Elle plaifoit généralement à tout le monde, & rendoit inftruifantes les moindres chofes qu'elle difoit. Elle avoit beaucoup lu, fa mémoire étoit excellente; & de quelque manière qu'on s'entretînt, elle étoit toujours au courant de la converfation. Perfonne ne favoit mieux amener l'anecdote, & la faire fortir par l'à propos. Sa facilité pour la compofition,

étoit égale à celle de converfer. Ses contes conviennent à tous les ordres de lecteurs & à tous les âges. Ils font diftingués par la fécondité de l'imagination, la naïveté des récits, la pureté & les grâces de fon ftyle. M. de Vertron lui adreffa ce quatrain:

Si l'on récompenfoit tes vers,
Si l'on paycit ton éloquence

Qui brille en mille endroits divers,
Tu pourrois épuifer les tréfors de la France.

Elle étoit nièce de la célèbre madame Defloge, & mère de madame de Héere, qui qui a fi bien marché fur fes traces, à laquelle le président de Vertron écrivoit :

Dans la profe & les vers de l'aimable de Héere,
Je le dis comme je le croi,

On

La fille eft femblable à la mère,

y voit tout l'efprit de l'aimable d'Aulnoy.

Madame la comteffe d'Aulnoy eft auteur

D'un Voyage en Espagne ;

Des Mémoires de la cour d'Efpagne;
Des Mémoires de la cour d'Angleterre ;

Des Aventures d'Hypolite, comte Douglas;
Du comte de Warvick;

Du Prince de Carency;

Et des Contes des Fées que nous avons inférés en entier. Elle mourut à Paris, dans le mois de Janvier 1705, âgée de cinquantecinq ans.

AUNILLON (Pierre - Charles Sabiot), Abbé du Gay de Launay, mort le 10 Octobre 1760, âgé de foixante-feize ans. Il eft traducteur

D'Azor, ou le Prince enchanté, roman Anglois, in-12, 1750;

De la force de l'Éducation;

Et d'une Oraifon Funèbre de Louis XIV.

B.

BLANCHET (l'abbé), naquit le 26 Janvier 1707, au bourg d'Angerville, dans le pays chartrain, de parens peu fortunés mais libres & honnêtes. On peut dire qu'il fe créa lui-même. Il vint à Paris pour y finir fes études au collège de Louis le Grand. Les Jéfuites le diftinguèrent, & le comblérent de tant de bontés, qu'il entra dans leur noviciat en 1724, où il ne refta pas long-temps, fans autre motif de fa réfolu

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tion, que le fentiment d'indépendance inné en lui.... Il prit le parti de fe confacrer tout entier à l'éducation de la jeuneffe, & réfolut, malgré fon averfion pour toute forte de gêne, de faire pour les autres ce qu'on avoit fait pour lui d'une manière fi généreufe. Il n'eût pas la peine de chercher; . on le prévint, on l'annonça. Ses anciens maîtres veilloient fur lui à fon infçu. Les pères Brumoy, Bougeant, Caftel & l'ingénieux Greffet lui avoient procuré une forte de réputation....

Il profeffa avec diftinction les humanités & la rhétorique dans deux collèges de province. M. de Merinville, évêque de Chartres, témoin de fon zèle & de fes fuccès mais qui voyoit que fa fanté commençoit à s'altérer, lui offrit un canonicat, à condition qu'il fe feroit prêtre. Monfeigneur, lui répondit-il, je fuis trop honnête homme pour cela. Le fait eft qu'il ne fe croyoit pas digne de cet important ministère; il eut cela de commun avec l'illuftre Nicole fon compatriote.

Sa fanté qui dépériffoit fenfiblement, le força de defcendre aux éducations particufières, fouvent plus utiles que les autres ;

mais cette confidération n'entroit pour rien dans fes calculs il ne fongea qu'à faire le bien & il l'a fait. Son ami le plus intime, M. de Chavane, mort doyen du parlement. de Paris, lui donna un premier indult qu'il oublia de placer & qu'il garda pendant cinq ans. Il lui en donna un autre qui lui valut un canonicat dans la cathédrale de Boulogne fur Mer. Il part & dans fa première lettre, - me voilà donc arrivé (écrit - il) à Boulogne; il ne s'agit plus que de favoir fi j'y refterai; c'eft ce qu'aucun mortel ne fauroit décider, & je ne l'ofe moi-même.

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C'est à partir de cette époque, que les fcrupules, l'indécifion & les fingularités de l'abbé Blanchet, alloient en augmentant. Son Chapitre le preffa d'entrer dans les ordres, il répondit comme la première fois & fit fa démiffion pure & fimple entre les mains de M. de Mirepoix, qui lui donna huit jours pour y penfer : il persista. Délivré de fon canonicat, il reprit, ce qu'il appeloit en riant, fon collier de misère, & redevint précepteur, titre dont il s'honora conf tamment. La fingularité de fa démiffion excita la curiofité de bien des gens. Des grands voulurent connoître un homme qui;

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