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gans, à la tête defquels étoit le redoutable Caracayoli ; il étoit dangereux de fréquenter les chemins; mais le comte de Caylus s'avifa d'une ruse. Vêtu d'une fimple toile de voile, ne portant fur lui rien qui pût tenter le voleur le plus avide, il fe mit fous la conduite de deux brigans de la bande de Caracayoli. Venus à Smyrne, il convint avec eux d'une fomme, à condition qu'ils ne toucheroient l'argent qu'au retour. Comme ils n'avoient intérêt qu'à le conferver, il n'y eut jamais de guides plus fidelles. Caracayoli, inftruit du motif de fon voyage, voulut fervir fa curiofité ; il l'avertit qu'il y avoit dans fon voifinage des ruines dignes d'être connues; & pour l'y transporter avec plus de célébrité, il lui fit donner deux chevaux arabes, de ceux que l'on appelle chevaux de race. C'étoient les ruines de Colophon. II retourna paffer la nuit dans le fort qui fervoit de retraite à Caracayoli ; & le lendemain, il se transporta fur le terrein qu'occupoit anciennement la ville d'Ephèse. De retour en France en 1717, il fit encore quelques voyages hors du Royaume. Il alla deux fois à Londres en différens temps. A Paris, il s'occupa de deffin, de mufique, de

peinture; il écrivit, il grava. On lui doit les pierres gravées du roi. Bouchardon en fit les deffins, Mariette en fit les explications. Il compofa la vie des plus fameux Peintres & Sculpteurs de l'Académie Royale de peinture & fculpture. Il a fondé dans cette Académie un prix annuel, pour celui des élèves qui réuffiroit le mieux à caracté rifer une paffion. Les deffins coloriés qu'avoit faits à Rome le célèbre Pietro Santo Bartoli, d'après des peintures antiques, lui tombèrent entre les mains. Il les fit graver: c'est un des livres d'antiquité les plus finguliers. Toutes les pièces en font peintes avec une précision, une pureté inimitable. L'Académie des Infcriptions lui donna en 1742. une place d'honoraire. Il travailla fur les embaumemens des momies égyptiennes fur le Papyrus, fur les maffes énormes que: les Egyptiens transportoient d'une extrémité à l'autre. Il éclaircit plufieurs paffages: de Pline qui ont rapport aux autres. Il fit revivre les tableaux de Polygnote. Il reconf truifit, pour ainfi dire, le théâtre de Curion: & le magnifique tombeau de Maufole. II chercha dans les laves des volcans, la pierre obfidienne, inconnue aux plus habiles Na

turaliftes. Enfin il inventa le moyen d'incorporer les couleurs dans le marbre, & dé couvrit la peinture à l'encauftique. A l'Académie des Infcriptions, il fonda un prix de 500 liv. pour expliquer, par les auteurs, par les monumens, les ufages des anciens peuples. Il raffembloit de toutes parts les antiquités de toute espèce. Il les faifoit enfuite deffiner & graver, en les accompagnant d'observations favantes & judicieuses! C'est ce travail qui a produit fon Recueil d'antiquités égyptiennes, étrufques, grecques romaines & gauloifes; le dernier tome de cette collection a paru en 1767 avec l'éloge de M. de Caylus, par le Beau, 1767.

Nous ajouterons à cette notice qu'il s'en faut bien qu'on trouve le même mérite dans les romans, les traductions, les féeries & les autres rebus qu'il a mis au jour. Les fées dans fa bouche, parlent, à peu de chofe près, le même langage que celui des Étrennes de la Saint-Jean. Elles font bien licencieuses, & fi nous nous fommes déterminés à inférer les contes qu'on a lus, c'eft par respect pour un auteur fi recommandable à tant d'autres égards. Perfonne n'a autant

aimé les lettres & l'humanité. Il encourageoit les Artistes, & fecouroit les malheureux. Perfonne n'a pouffé peut-être auffi loin que lui la haine du luxe; elle en étoit venue au point, que fa modeftie pouvoit être prise pour infouciance & malpropreté.

On trouve dans le Dictionnaire des GrandsHommes la notice de fes ouvrages.

COLINOT. La fée aux Têtes, conte, imprimé en 1758.

Nous ne favons point fi cet auteur eft le même qui s'appelle André, prêtre, né à Verfailles, & mort en 1765, qui a compofé: Penfez-y bien, Penfez-y mieux.

Celui-ci a écrit dans des genres affez légers, & fon conte de la Fée aux Têtes, fans annoncer beaucoup d'efprit & d'imagination, se fait lire avec une forte de plaifir. L'autre a compofé quelques poëfies qui font médiocres, & qui font reftées closes dans les mercures où elles ont paru. Il a concouru fans fuccès pour les prix de plufieurs académies de province. Nous ignorons la date de fa mort.

CHEVRIER (François-Antoine), né

à Nancy, d'un fecretaire du roi, mort en Hollande, en 1762. Il abufa fouvent de la liberté de la plume, & fe permit des fatyres affreufes & perfonnelles : il ne fut le plus fouvent qu'un libellifte dangereux. Ce n'est pas qu'il n'eût des talens réels qui auroient pu lui obtenir de l'eftime, & une forte de confidération; mais il se montra si peu jaloux de ce prix, qu'on eft autorisé de penfer qu'il ne connoiffoit guères la vertu, & qu'il n'écrivoit que parce qu'il étoit méchant. Il a publié

Bibi, conte, in-12;

Cela eft fingulier, in-12, 1755 ;
Les Amusemens des Dames;

Almanach des Gens d'Esprit ;

Maga - Kou;

Voyage de Rogliano ;

Les Ridicules du fiècle;

Mémoires d'une honnête femme ;

Effai hiftorique fur la manière de juger des hommes;

Le Quart-d'Heure d'une jolie femme;

Mémoires pour fervir à l'Hiftoire de Lorraine; Obfervations fur le Théâtre ;

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