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femelle a un fac à la partie inférieure du ventre, pour y renfermer fes petits), auquel il donne le mufeau d'un Renard, la queue d'un Rat, les oreilles d'une Chauve-Souris, les pieds d'un Singe.

M. GAUTIER, qui a eu d'un Capitaine de Vaiffeau Hollandois un Philander mâle de l'Amérique, qui étoit mort depuis deux jours, en a donné dans fes obfervations fur l'Hiftoire Naturelle, la defcription intérieure & extérieure.

La tête de cet animal, dit-il, reffemble à celle du Renard; elle est même plus pointue, & fon mufeau eft garni de deux larges narines, telles que celles du Cochon; il a la gueule bien fendue, & garnie de dents pointues & extrêmement blanches & luifantes; Les oreilles font de forme ovale, chauves & défagréables; mais en revanche fes yeux font d'une extrême beauté: lorfque cet animal eft vivant, ils bril lent comme ceux d'un Chat, felon le rapport d'un Capitaine Hollandois. Ils font entourés de poils foyeux & touffus, qui pendent aux côtés des mâchoires. Sa couleur eft brune & tire fur le noir; fon poil eft roux & cotonneux, mais la queue eft tout-à-fait vilaine, & chauve à fon extrémité: elle n'a de poil que dans fon commencement; le refte eft garni d'efpeces d'écailles rhomboides. Cet animal eft different de celui de M. LINNEUS, qui n'a point d'écailles fur la queue, & il reffemble à la quatrieme éfpece de M. KLEIN, qui eft le très-grand Didelphe des Indes Orientales.

Les pattes antérieures font comme celles des Singes; les ongles cependant font un peu plus pointus. Les pattes poftérieures au contraire font moins organifées & plus mal faites, garnies d'un calcaneum long & plat, couvert d'un tégument dur & racorni. Cet animal eft de la grandeur d'un Lapin, ou d'une groffe Marmotte. Il s'affied

aifément fur fon cul, & fait mille fin geries avec fes pattes : il grimpe à merveille fur les arbres, & ne fe nourrit que de feuilles, de fruits, & d'écorce de certains arbres; c'est pourquoi il eft fi difficile d'en élever que nous n'en voyons point en Europe. M. LINNEUS dit que cet animal ou du moins un du même genre, fe nourrit de cannes, de fucre, & d'oifeaux.

M. GAUTIER, qui n'a pû voir la femelle dans le même état que le mâle, a apperçu fous la peau du ventre, une espece de manchon détaché & d'une forme finguliere, bien fourré en dehors & en dedans, où l'on pouvoit enfoncer le poing, qu'il a pris d'abord pour une piece rapportée ; mais l'ayant examinée de près, il a vû que c'étoit la poche. La femelle de cet animal eft avantagée par la nature de cette poche, pour fatisfaire à l'amour extraordinaire qu'elle a pour fes petits, qui naiffent nuds & pelés, les yeux clos, & par conféquent dans le befoin d'être fecourus. La mere les foigne elle-même, ne les quitte pas, les carreffe fans ceffe, les nourrit, les met dans fa poche ou dans fon manch on, pour les rechauffer: elle les porte partout avec elle, fans les expofer à l'air & au froid. Elle les alaite à l'entrée du berceau portatif avec ces mammelons rangés exprès pour la commodité de ces petits Marmots, à l'endroit qu'il faut & à leur portée. Cette mere, l'exemple de la tendreffe, les fait fortir de temps en temps, furtout quand il pleut, pour les la ver; elle les effuie avec fes pattes, les leche, les met promptement dans fa poche; quelquefois elle les met au Soleil, quand il fait beau, & lorfqu'ils ont les yeux ouverts, elle les amufe elle danfe avec eux, les agite, leur apprend à marcher; mais auffi-tôt qu'ils font affez forts pour chercher leur nourriture, elle les chaffe en apparence, pour les exciter à fe paffer de

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fes foins; cependant elle les fuit de loin, & veille à leur conduite; & fi par hazard le moindre bruit l'avertit de quelque danger, elle court aux uns & aux autres, les met tous dans fa poche, & les emporte dans un endroit plus fûr & plus tranquille; elle ne voit aucun mâle, jufqu'à ce que la petite famille foit en état de fe paffer entierement de fon fecours; elle ne la quitte qu'après mille careffes, & mille gambades.

Les mâles font des libertins qui courent les champs pendant ce temps-là. Ils n'approchent de leurs femelles que lorfqu'elles font libres de toutes les attentions qu'elles donnent à leur petit ménage. Tel eft le récit que fait M. GAUTIER de la tendreffe des Didelphes femelles pour leurs petits. On peut, dans fes Obfervations fur Hiftoire Naturelle, voir la defcription intérieure du mâle qu'il a anatomifé.

DIM

DIMBRIOS, efpece de Fourmi de l'Ifle de Ceylan. Voyez au mot FOURMI.

DIN

DINDON, oifeau domeftique. Voyez COQ D'INDE.

DIP

DIP, nom que M. ADANSON p. 151. donne à un Coquillage du Sénégal, du genre du Buccin, que l'Audu Buccin, que l'Auteur met dans la claffe des Operculés. Il a obfervé ce Coquillage dans les rochers de l'Ifle de Gorée, & du Cap Manuel, où il eft fort commun. Sa coquille, dit-il, a jufqu'à cinq lignes de longueur, & deux fois moins de largeur. Ses dix fpires font bien ren→ flées, arrondies & chagrinées de petits tubercules, comme dans le Nifot troifieme espece de ce genre, fuivant l'Auteur, mais mieux diftingués. Sa premiere fpire a dix à quinze rangs de tubercules; la feconde en a cinq; Tome II.

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la troifieme quatre, & les autres beaucoup moins. L'ouverture reffemble au Soni, autre efpece de Buccin du Sénégal. Ses deux lévres font fans dents, la gauche est couverte d'une petite plaque mince & luifante. Cette Coquille eft ordinairement d'un blanc de neige, fans mélange, elle porte cependant quelquefois du rouge fur les tubercules. L'animal ne differe de ceux du même genre que par fon pied, dont la longueur furpaffe à peine du double fa largeur, & par fon-opercule, qui eft taillé en demi-lune, & de moitié feulement plus long que large.

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DIPSAS, ou DIPSADE: KOLBE (Defcription du Cap de Bonne Efpérance, Tome III. p. 81.) dit qu'il a vû de ces Serpens au Cap de Bonne Efpérance. Avant que de donner la defcription qu'en fait ce Voyageur rapportons ce que les Naturalistes en difent. SOLIN compte ce Serpent parmi les efpeces d'Afpics: DiosCORIDE, veut qu'il differe entierement de ce dernier genre de Serpent. AETIUS , comme So LIN, le met dans la famille des Viperes, parcequ'il habite les lieux maritimes. SeIon M. GREW, la Vipere a de petites taches fous la queue, & caufe plus promptement la mort. Au rapport de GALIEN (L. II. Synop. Medicam.) les Marfiens, peuples d'Afie, nommoient Viperes, les Serpens qui vivent dans les terres marécageufes & Dipfades ceux qui fe retirent dans les terres falées. Quoi qu'il en foit, ce Serpent tire fon nom de la foif qu'il caufe à ceux qu'il a mordus. C'eft pourquoi on l'appelle Situla, c'eft-à-dire, un feau à puifer de l'eau. On le nomme en Grec Μελάγοι ρος, τα caufe de fa queue noire; Aμμelarus, parcequ'il fe roule fur le fable;

pap, parceque les coups qu'il porte font auffi brûlans que la flamme; mais felon AGRICOLA, il y a quelque différence entre le Prefter & la Dip

E

fade. Le Prefter, par fa morfure rend immobile, fait perdre connoiffance; le poil tombe, les démangeaifons font violentes, le ventre fe lâche, & le malade meurt; la Dipfade ne caufe pas les mêmes effets: cependant DIOSCORIDE dit qu'il n'y a de feule différence que dans les

noms.

ISIDORE, veut que la Dipfade foit fi petite qu'on ne la voie pas, quand elle fe roule. AETIUs, au contraire, lui donne une coudée de long, une groffeur qui va toujours en diminuant; elle a un corps blanc,moucheté de taches rouffes & noires. SosTRATES nous dit qu'elle a la queue marquée de deux lignes noires. Selon ABENSINA, fon col eft grand, fon dos eft noir vers la queue, & la queue eft très-mince.

La Dipfade, dit ÉLIEN, naît dans l'Afrique & dans l'Arabie. On lit dans LUCAIN, qu'il y en a dans la Lybie & dans la Syrie; elle cache fes œufs dans le fable parmi ceux des Autruches; elle a la tête feche: tout fon venin eft l'humeur qui fort de fon corps, & la foif que fa morfure caufe, eft fi grande qu'AULUS TUSCUS, un des foldats de CATON, qui en fut mordu, à ce que rapporte LuCAIN, dans fa Pharfale, ne put éteindre fa foif, ni avec l'eau, ni avec fon propre fang. Le ventre devient enflé, on eft comme un paralytique; on ne peut rendre l'eau, ni par la bouche, ni par les urines, ni par les fueurs, & il n'y a point de remede, dit DIOSCORIDE. Cependant on peut appliquer le feu à la partie bleffée & la fcarifier, GALIEN recommande la Thériaque d'Andromaque ABENSINA confeille d'avoir recours aux vomitifs ; & parle d'une emplâtre faite de fel de chaux, & de l'huile. PLINE eft pour une décoction de feuilles de Laurier, & veut que l'on mange des viandes faTées, que l'on boive du vin pur; le

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tout en affez grande quantité, pour pouvoir fur le foir exciter au vomiffement.

Pour KOLBE, qui a vû de ces Serpens au Cap de Bonne-Efpérance il nous apprend que ce Serpent eft long environ de trois quarts d'aune, fort gros au bas de la tête, & qu'il a le dos noirâtre. Lorfqu'il s'agit d'attaquer, il ett fort agile. Sa morsure enflamme tout-à-coup le fang, & cause une foif ardente. Le même Voyageur dit avoir connu un Bourgeois du Cap qui avoit été mordu par une Dipfade au gras de la jambe ; dès qu'il eut reçu cette bleffure, il eut la fage précaution d'attacher fa jarretiere très-fortement au-deffus du genou, de bander fa cuiffe bien ferrée avec un mouchoir; cela empêcha le poifon de monter; enfuite il gagna, en diligence, la maifon d'un Maréchal de fa connoiffance, qui étoit la plus proche; ce Maréchal avoit un reméde excellent contre ces morfures. Le bleffé avoit déjà la jambe toute enflée, & étoit dévoré par une foif brûlante. En entrant dans la maifon il demanda de l'eau avec empreffement. Le Maréchal qui connoiffoit la nature du poison, ne voulut lui fervir ni eau ni liqueur, & fans perdre un moment, il lui donna un coup de lancette dans la jambe, d'où il fortit une grande quantité de liqueurjaune: il mit fur l'incifion une emplâ-tre qu'il avoit préparée exprès, & exhorta le malade à s'abstenir de boire au moins un quart d'heure. La foiffe calma d'elle même peu-à-peu, & l'em plâtre attira encore une grande quantité de pus de la même nature que celui qui étoit forti. On leva l'appareil, & la jambe fut confidérablement défenflée au bout d'une demi-heure, & en peu de tems le bleffé fe trouva parfaitement guéri. SEBA parle de cinq différentes fortes de Dipfas.

La premiere, eft un Dipfas de l'Amérique ; il est bleu, tout le dessus de fon corps eft couvert de petites écailles,

de grandeur égale, & d'un bleu trèsvif; les écailles tranfverfales du ventre font blanchâtres, & entrecoupées par de petites raies noires. Il est repréfenté chez SEBA, Thef. II. Tab. 3.

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La quatrieme, eft un autre Dipfas de Surinam, de couleur bleue. Ce Serpent n'a rien de rare, par rapport à fes écailles, & a la figure de fa tête, mais il a de beaux yeux verds, brillans, pleins de feu; fon ventre eft blanchâtre par-deffous, & fes côtés font d'un bleu clair. Voyez fa figure qui eft représentée chez SEBA, Thef. II. Tab. 52. n. I.

La cinquieme, eft un Dipfas d'Amboine, couvert de taches de la figure d'une Lentille. Il eft revêtu d'une fort belle peau fur tout le corps ; fes écailles font d'un gris clair, marbrées de taches blanches & noires. Sa tête eft longue, groffe, peinte fur le fommet d'un beau luftré. L'on remarque entre fes deux yeux, fur les grandes écailles du front, deux taches blanches, cerclées d'un bord noir, qui imitent des yeux. Il y a encore au-deffus deux autres taches plus longues que les précédentes; mais qui font réunies ensemble & placées en travers; les écailles tranfverfales du ventre font grandes, blan

chiffantes, rayées d'un bord très-noir. SEBA, Thef. II. Tab. 44. n. 2.

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DOFAN, nom que M. ADAN SON donne à un Coquillage du Sénégal, troifieme efpece du genre, qu'il appelle Vermet. Cette espece, dit-il (p. 164.), s'attache par monceaux ronds d'environ un pied de diametre, fur les Coquillages & fur les morceaux de bois, que le hafard a fixés au fond fablonneux, & coquillier de la rade de Gorée. La longueur de fa coquille eft de huit à neuf pouces, & fa largeur eft de trois à quatre lignes; elle eft contournée plus irrégulierement que la premiere efpece nommée Vermet par l'Auteur, & fait un peu moins de fpires, qui vont auffi de droite à gauche. Sa furface eft relevée de cinquante petits filets longitudinaux, fort ferrés, & traversés par d'autres filets femblables, qui forment

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un treillis extrêmement fin. Son ou verture ne s'éleve pas d'un demi-pouce au-deffus des fpires. Elle s'incline toujours un peu fur le côté; elle eft jaune au dehors, & de couleur de corne audedans.

Les cornes de l'animal ont deux fois plus de longueur que de largeur. Son pied paroît comme plié en deux à fon extrémité. C'est dans ce pli qu'eft placé l'opercule qui eft fi petit, qu'on a de la peine à le diftinguer fans le fecours d'un verre lenticulaire. Il n'a gueres plus d'un huitieme de ligne de diametre. Le manteau eft bordé tout autour de douze petits tubercules jaunes. La tête, les cornes, le pied & le manteau, font bruns, pointillés de jaune & de rouge; le refte du corps eft blanc de corne dans fa moitié fupérieure, & blanc de lait, taché de brun, dans l'autre moitié..

DOG

DOGLINGE: C'est une efpece de Baleine, ainfi nommée dans la Baye de Qualhoé de l'Ile de Suderoé. Il eft furprenant qu'elle ne paroisse en aucun autre endroit des Ifles de Feroé. Tous les ans, dans l'automne, en en prend tout au plus une demidouzaine dans cette Baye. Elles ont quatorze à feize aunes (environ trentedeux pieds de France) de longueur, & quatre aunes ( huit pieds de France) de diametre. Les Pêcheurs les attaquent, & les prennent d'une façon finguliere dès qu'ils apperçoivent une Baleine près du Golfe, ils courent à elle dans leurs canots, munis feulement de cordes & de lances. Si le vent leur eft contraire, ils chaffent le poiffon vers la côte, & le font entrer dans la Baye; fi la mer eft calme, ils l'approchent le plus qu'ils peuvent, & avec leur lance ils lui font un trou profond dans la graiffe, ordinairement à la paupiere, & y attachent le bout de leur corde, fans que cela lui paroiffe faire une douleur bien fenfible;

rame,

puis ils gagnent le rivage à force de tirant au bout de la corde la Baleine, qui ne peut s'empêcher de fuivre. Enfuite ayant attaché l'autre bout à de groffes pierres, ils percent l'animal à coups de lance, jufqu'à ce qu'ayant perdu tout fon fang, il ne donne plus aucun figne de vie. La chair de cette Baleine n'eft pas bonne à manger, non plus que le lard, qui a cela de fingulier, que fi quelqu'un en mangeoit, il pénétreroit à travers les pores de la peau, avec l'humeur de la tranfpiration, communiqueroit même à fa chemise une couleur jaunâtre,& une odeur fétide. Cette graisse eft fi pénétrante qu'elle tranffude à travers les tonneaux où on la met. L'hiftoire de cette efpece de Baleine fe trouve dans les Curiofités naturelles obfervées dans les Ifles de Feroé par LUCAS-JACOB DEBES, dont P'Ouvrage est écrit en Danois, que BARTHOLIN a inférées dans les Actes de Coppenhague, & qu'on lit dans le quatrieme Tome des Collections Académiques, p. 194.

DOGUE, Chien de la grande efpece: on s'en fert pour garder les maifons; ils combattent contre les Taureaux, & autres bêtes. Les plus beaux viennent d'Angleterre.

DOGUINS & DOGUINES, ce font de petits Dogues, mâles & femelles, qui s'apprivoifent aifément. Voyez CHIEN.

DOI

DOIGT MARIN, en Latin Digitus marinus, ou Solen du Grec Zony, poiffon Teftacée, qui a encore d'autres noms. Les Grecs l'appelle Auλoc, parcequ'il reffemble à un tuyau; DIOSCORIDE, Cypria arundo, parce qu'il eft gros & creux comme un Rofeau. Il n'y a que les pauvres gens qui en mangent. GALIEN dit que la chair en eft dure & diffi cile à cuire. Selon P LINE, ce poiffon Teftacée donne de la clarté pen

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