SATIRA II. E facrificio, quo Macrinus natalem fuum diem celebrabat, ac vota Superis faciebat, occafionem fumit Perfius infectandi varia hominum vota, quorum alia funt impia, alia levia, alia inter fe pugnantia ; fub finem, quænam bona & facienda fint, docet. H UNC, Macrine, diem numera meliore lapillo Qui tibi labentes apponit candidus annos. Funde merum Genio : non tu prece pofcis emaci, 5 At bona pars procerum tacitâ libabit acerrâ. Haud cuivis promptum eft, murmúrque humilésqué fufurros Tollere de templis ; & aperto vivere voto. Mens bona, fama, fides, hæc clarè, & ut audiat hofpes; 10 Ebullit patrui præclarum funus ! &, ô fi SATIRE I I. A Poccafion du Sacrifice que Macrin offroit aux Dieux le jour de fa zaiffance, & des voeux qu'il leur adreffoit, Perfe reprend les hommes de l'impieté, de la légereté, de la contrarieté de la plupart de leurs vœux : & fur la fin il leur apprend à n'en former que d'utiles & de lonables. M eft ACRINUS, célébrez ce jour-ci avec plus de réjouiffance que les autres jours, puifqu'il Pheureux commencement d'une nouvelle année que vous allez ajoûter à celles que vous avez déja paffées. Contentez-vous pour cela de répandre fimplement du vin fur l'Autel de votre Génie : car vous ne prétendez pas acheter, fi j'ose parler ainfi, par de fomptueux facrifices, certaines graces qu'on ne demande aux Dieux qu'après avoir tâché de les corrompre. La plupart de nos grands Seigneurs ne vous reffemblent pas ; ils viennent préfenter de l'encens aux Dieux: mais leurs vœux & leurs prieres fe font fans que perfonne fçache ce qu'ils difent; ils ont pour cela leurs raifons. Hélas! Il n'eft pas facile de bannir des Temples ces fortes de prieres, qui fe font à voix baffe & à petit bruit. Voici ce qu'ils demandent tout haut, & ce que tout le monde entend. Grands Dieux, donnez-nous de l'efprit, du crédit, de la réputation. Et que demandent-ils tout bas, & marmottans entre leurs dents? Ah! dit l'un, fi mon oncle mouroit fubitement ! que je plaindrois peu la dépenfe d'un fuperbe convoi! Ah, dit l'autre, fi je pouvois, à la faveur d'Hercule, trouver un trésor en labourant ma terre ! Si je pouvois, dit celui-ci, fupplanter ce pupille, fubftituer dans ce teftament mon nom à la place du fien ! Je fuis le premier après lui; auffi-bien Bile tumet. Nerio jam tertia conditur uxor. 15 Hæc fanctè ut pofcas, Tiberino in gurgite mergis Manè caput bis, térque, & noctem flumine purgas. Heus age, refponde: minimum eft quod fcire laboro, De Jove quid fentis ? éftne ut præponere cures Hunc cuiquam? Cuinam? Vis Staio? an fcilicet hæres ? 20 Quis potior judex, puerífque quis aptior orbis? Hoc igitur, quo tu Jovis aurem impellere tentas, Juppiter! at fefe non clamet Juppiter ipfe? Ignoviffe putas, quia cùm tonat, ocyus ilex 25 Sulfure difcutitur facro, quàm túque, domúfque ? Idcirco ftolidam præbet tibi vellere barbam 30 Emeris auriculas ? pulmone, & lactibus unctis? Ecce avia, aut metuens Divûm matertera, cunis ne peut-il pas vivre long-tems; la bile eft répanduë fur tout fon corps ; il eft tout couvert de gale. Voilà déja la troifiéme femme que Nérius époufe ; qu'il eft heureux ! Hé bien, pour fanctifier tous ces vœux, vous vous plongez la tête le matin dans le Tibre à deux & à trois reprifes; vous ne manquez point de vous laver à votre réveil. Répondez-moi un peu, mon ami, je n'ai qu'un mot à vous dire ; ce que je veux fçavoir eft fort peu de chofe. Que penfez-vous de Jupiter? A qui ne le préferez-vous pas ? A qui? Oui; apparament vous le préferez à Staïus: hésitezvous? C'est un Juge incomparable; il n'y en a pas au monde un plus habile à expédier les affaires des pupiles & des enfans mineurs. Faites-lui pour voir, confidence des chofes que vous tâchez d'obtenir de Jupiter. Grands Dieux ! s'écriera Staïus tout effraïé, ah Jupiter! peut-on former de tels vœux, & vous en demander l'accompliffement! Crois-tu donc, miférable, que Jupiter ne fe récrie, & ne s'apoftrophe pas lui-même fur les indignes prieres que tu lui fais? Tu crois qu'il te pardonne, parce que fon tonnerre tombe plûtôt fur quelque arbre, que fur ta maifon & fur toi ? parce qu'en paffant par quelque Bois facré, tu n'y es pas frappé de la foudre; parce que ton corps n'y eft pas réduit en cendre par le feu du Ciel; parce qu'on ne l'y évite point comme un objet d'abomination & d'horreur, qu'on a coutume d'expier par les facrifices ordonnés par Ergenna: tu t'imagines que Jupiter te permet de l'infulter & de te moquer de lui? Eft-ce parce que tu lui immoles de groffes & graffes victimes, que tu comptes qu'il exaucera tes injufles vœux? prétens-tu acheter à ce prix le fuccès de tes déteftables defirs? Voici une autre forte de vœux. Je vois une tante fuperftitieuse, une bonne grand'mere, qui s'en vient tirer fon enfant du berceau, elle lui nétoye pieufement avec fa falive la bouche & le front, pour empêcher qu'il ne fois Expiat, urentes oculos inhibere perita; Tunç manibus quatit, & fpem macram, fupplice voto» 35 Nunc Licinî in campos, nunc Craffi mittit in ædes. Hunc optent generum Rex & Regina ; puellæ Hunc rapiant : quicquid calcaverit hic, rosa fiat, 45 Da pecus, & gregibus fœtum. Quo, peffime, pacto? Tot tibi cùm in flammis junicum omenta liquefcant? Et tamen hic extis, & opimo vincere farto Intendit. Jam crescit ager, jam crefcit ovile, Jam dabitur, jam, jam: donec deceptus, & exfpes so Nequicquam fundo suspiret nummus in imo. Si tibi crateras argenti, incusáque pingui |