Sust.p.81c. p.811.

96, de Domi

en 15

esté tué; & comme Domitien lifoit ce memoire avec grande attention,il tira un poignard qu'il avoit caché dans fon echarpe, & luy en donna un coup dans le ventre.'Auffitoft Domitien demande fon épée, & qu'on aille querir du fecours. 'Un"page pur. qui eftoit dans la chambre, court au chevet du lit, où devoit eltre l'épée, & ne trouve que le foureau; & toutes les portes Dio,p.767.e. fermées[par Parthene]'qui avoit auffi ofté l'épée.

p.768.al Apol. Ty.v.p.485.a.

'Domitien dont la plaie n'eftoit pas mortelle, fut quelque a Suet.p.811 temps à fe battre avec Eftienne, qu'il terraffa mesme,& quoiApol. Ty.v.p. qu'il fe fuft bien bleffé les doits au poignard en tafchant de fe le 485.a. tirer du corps, il s'efforçoit encore de luy arracher les yeux; Dio,p.768.a. invoquant [fort inutilement"]fa Minerve. Enfin comme on eut &c. peur qu'il n'echapaft,[fi les foldats avoient le temps de venir,] alSuet.p.810. Parthene ou y entra luy mefme, ou y fit entrer plufieurs perDio,p.768.a. fonnes, qui acheverent de le tuer.'Mais d'autres qui n'eftoient point de la conjuration, eftant accourus au bruit, Eftienne fut Plin. pane.p. auffi tué. C'eft ainfi que mourut Domitien malgré toutes fes b.Dio,p.768.b. furetez,malgré fa divinité pretendue;baprés avoir vécu 44 ans, 10 mois, & 26 jours, & avoir regné 15 ans & cinq jours,[depuis. le 13 feptembre 81.].

$9.

Suet.c.23.p.8151
Aur.V.c.

'Le peuple n'eut ni joie ni douleur de fa mort. Les foldats [dont il avoit augmenté la paie,]& à qui il faifoit fouvent part de fes rapines, la regretterent extremement, & l'euffent ven-gée deflors, comme ils le firent quelque temps aprés, s'ils euffent trouvé leurs chefs dans le mefme fentiment. Ils vouluThilft.Coph.7. rent auffi faire fon apotheofe. 'Les troupes qui eftoient vers le pays des Getes, furent preftes auffi d'en venir à une revolte fur la nouvelle de fa mort. Mais Dion Chryfoftome, qui comme nous avons dit,fe cachoit en ces quartiers là, s'eftant alors fait connoiftre, les retint dans le devoir par un difcours qu'il leur fit fur les crimes de ce tyran..

R.492.493.

323.b.

e Suet.c.23.p. 816..

v.Ap.1.7.c.2.p. Au contraire le Senat qui avoit perdu par fa cruauté les plus illuftres de fes membres, ne diffimula point la joie qu'il avoit de fa mort. Il s'affembla en diligence pour le charger de toutes fortes d'injures, fit auffitoft apporter desechelles pour arracher Plin.pane.p. fes images & les jetter par terre. On brifa & on fondit le nom. bre infini de ftatues d'or & d'argent que la crainte ou la flaterie Dio,l.68.p. luy avoient dreffées : 'on abatit fes arcs de triomphe: d& par 769.a. un celebre arreft du Senat, on fit effacer fon nom dans les inf 816/Macr.far. criptions de tant d'ouvrages magnifiques qu'il avoit fait faire, 1.1.c.12.p.213 & dans tout ce qui en pouvoit conferver la memoire. On voit

98.99.

d Suet.c.23.P.

La&t.perf.c.3.

P.4.

Suet.p.816/0.3.

encore

2

gien 15.

encore plufieurs marbres où on a effacé fon nom. On fit des Lact.perf.c.3.
edits fanglans pour noircir fa memoire dans toute la fuite des P-4.
fiecles ; & on caffa generalement tout ce qu'il avoit ordonné, Proc.arc.c.8.
'Procope remarque que de fon temps on ne trouvoit qu'une P-25.26.
feule ftatue de Domitien,à laquelle if dit que Juftinien reffem-
bloit affez.Mais pour la manière dont il dit que cette statue fut
faite,[ceux qui connoiffent Domitia femme de Domitien ne
peuvent pas ne s'en point moquer: outre que l'hiftoire en elle
mefme fent parfaitement fa fable, auffibien que plufieurs au-
tres du mesme auteur.]

peu

811|

'Phyllis nourrice de Domitien fit enlever fecrettement fon Suet.c.r.p.. per vefpillo- corps"par ceux qui avoient foin d'enterrer les pauvres, dans Dio,l.67 nes populari une biere commune dont on fe fervoit pour les derniers du p.768.b. Landapila. ple; & le fit porter à une maison qu'elle avoit à la campagne, où elle luy rendit comme elle put les derniers devoirs. Elle mit fes cendres fans qu'on s'en apperceuft dans le temple qu'il avoit fait baftir pour la maison des Flaviens, & les mefla avec celles de Julie fille de Tite. 'Le Senat avoit ordonné qu'il feroit en- Aur.Vict. terré comme un gladiateur.

[Nous ne pouvons pas omettre ce que Philoftrate raporte de

fon Apollone de Tyanes, ]'qu'eftant à Ephese, & faisant un Apol.Ty.v.1.8.
difcours au peuple dans le temps qu'on tuoit Domitien, il com- c.10.P-425-426 · ·
mença à baiffer fa voix comme un homme qui a peur, & con-
tinua fon difcours foiblement, & en hefitant, comme s'il euft
fait attention à quelque autre chofe; puis s'eftant tu tout à fait,
& regardant fixement à terre,il fit trois ou quatre pas en avant,
& fe mit à crier, Frape le tyran, frape. Comme tout le monde
eftoit étrangement furpris, il ajouta qu'on n'avoit qu'à fe re-
jouir, parceque le tyran venoit d'eftre tué à cet inftant mefme;
'Dion le raporte auffi comme une chofe dont il n'y avoit
moyen de douter : & il ajoute mefme qu'Apollone nomma ex-
pas Dio;I.67.p.
preffément Eftienne; [ce que Philoftrate ne dit point.]'Baro- Bar.98.§ 11.
nius ne trouve point de difficulté à croire que ce fait est veri-
table, estant aisé aux demons de connoiftre ce qui se fait par
tout le monde, & de le faire connoiftre aux hommes quand il
plaift à Dieu de le leur permettre. C'est ce que S.Antoine en- Ath.v.Ant.
Teignoit à fes disciples, comme nous l'apprenons deS.Athanase.

768.

Hier.chr.

1.p.137.

a Quint.1.9.c.

3.P.25.1.

MA

ARCUS Fabius Quintilianus enfeignoit la rhetorique Rome avec beaucoup de reputation fous Domitien. chr| Auf.prof. 'Il eftoit"de Calahorra en Espagne. Il cite un plaidoyer ou Noti une declamation de fon pere.bOn marque qu'il fe forma particulierement dans l'eloquence fur l'exemple de Domitius Afer, b prol. cdéja vieux lorfque Quintilien encore fort jeune s'appliquoit 1.10.c.1.p.52.2 à l'écouter : & il mourut en l'an 59.Quintilien plaida quelPlin.l.2.ep.14. que temps devant la Reine Berenice, f& en d'autres occafions, d Tac.an.14.c. Quand Quand il plaidoit avec d'autres avocats, on le chargeoit d'or19.p.225. dinaire de faire le recit & l'expofition de la cause.

el.s.c.7.p.9.11

p.120.b.

1.P.ICS.2.

P.751.

90|Auf.deMof.

Quint.l.4.c. 8 Vefpafien ayant commencé à affigner des gages pour les profc.2.p.123.1. feffeurs en eloquence,hQuintilien fut le premier qui les receut, g Suet.1.8.c.18. & qui eut une ecole publique à Rome. Il s'acquita de cet Hier.chr. emploi avec beaucoup d'honneur kdurant vingt ans. [Outre ce Mart.l.2.ep. qu'il recevoit du public,]lles peres dont il inftruifoit les enfans P.268/Sid.car. luy donnoient encore quelque chofe; mais peu à comparaifon 9.v.318. de leurs autres depenfes, parcequ'ils plaignoient l'argent à Quint.præf. tout moins qu'à l'education de leurs enfans. Il ne laissa /Juv.fat.7.v. de devenir fort riche par un bonheur particulier, dit un poete fat.6.v.75.279. du temps. 'Juvenal en parle comme d'un orateur habile, qui Plin.l.2.cp.14. eftoit moins au gouft des fous[que des fages.]'Pline le jeune fut p.120|1.6.ep.6. de fes difciples, & il l'appelle fon precepteur.

186.

P-356.

154.

pas

m Quint.præf. Au bout de vingt ans, il obtint d'eftre dechargé de l'inftruc1.6.pr.p.177.2. tion de la jeuneffe; '& écrivit[vers ce temps lajun livre des Tac.de orat.p. caufes de la corruption de l'eloquence. 'On ne fçait pas bien v.Vefpa neanmoins fic'est le dialogue que nous avons encore aujour- fien § 16. d'hui fur cette matiere, & que l'on attribue communément à c.1.p.ssc.17. Tacite. Ce qui en fait douter, c'est que l'auteur dit qu'il eftoit encore fort jeune en 76.

P.161.

Quint.præf.

'Mais Quintilien fut engagé par les amis à entreprendre un plus grand ouvrage, qui font fes douze livres de la rhetorique, [extremement eftimez par les perfonnes les plus habiles, pour leftyle, pour les preceptes, & pour la folidité du jugement.] Il fut plus de deux ans à y travailler, & vouloit les garder encore du temps avant que de les publier, pour les revoir avec plus de maturité comme un ouvrage étranger. Mais on les luydemanda

avec tant d'inftance, qu'il fut obligé de les donner. Il les adreffe
à un Marcellus Victorius. Il y flate Domitien par des louanges 1.4.pr.p.ics.2.
baffes & indignes d'un homme d'honneur.[On trouve auffi de
l'excés dans la maniere]'dont il pleure la mort de fon fils en 1.6.pr.p.178.
une de fes prefaces. On peut voir au mefme endroit quelques
particularitez de fon domestique.

du

1.4.pr.p.105.20

'Lorfqu'il compofoit cet ouvrage, Domitien le chargea foin de fes petits-neveux, [qui eftoient apparemment les deux fils de Flavius Clemens. Ainfi c'eft fans doute le mefme Clement]'qui luy fit donner les ornemens Confulaires felon Aufo- Auf.conf.p. ne. Je ne fçay fi le mefme Aufone ne veut point dire qu'après 387. avoir acquis tant de gloire à Rome, il fut reduit à aller enfeigner à Besançon & à Lion:[ce qu'on pouroit croire avoir esté une fuite de la mort de Clement. Mais il ne faut pas apparemment prendre ce fens, fi c'eft, comme on le croit, & comme il y a toute apparence, lemefme Quintilien à qui Pline écrit fur le mariage de fa fille. J'Ce Quintilien ayant un tres grand merite Plin.l.6.cp.32. & des biens mediocres[en comparaifon des plus riches, ]Pline P-400. le prie fort civilement d'agréer qu'il donne une fomme d'argent à fa fille, afin qu'elle puft foutenir la dignité de Nonius Celer qui la devoit epoufer.

a

'Outre les autres auteurs qui ont parlé de Quintilien, aSaint Quint.prol. atrimoniam. Sidoine releve beaucoup fes écrits, & luy attribue"un ftyle vif, 4 Sid.l.s.ep.10. & comparable à un foudre.

P.141 car.2.v. 1909.v.318.

'Pour les declamations qui portent le nom de Quintilien, Auf.n.p.268.bl [données par Mr Pithou en 1580,]& qui font fort celebres dans Quint.prol. l'antiquité, on croit qu'elles ne font pas de celui dont nous parlons, mais d'un autre plus ancien, qui pouvoit eftre fon pere, [ou plutoft fon grand-pere, comme le croit Mr Pithou,'puifque j'Seneque le pere en parle[des le temps d'Augufte,]comme Sen. dec.l.10. d'un homme plus agé que luy, & déja mort.

pr.p.ios.ajc.4.

p.115.a.

'Il y a encore dixneuf autres declamations[imprimées avant voff.thet.c. celle-ci, fous le nom de Quintilien, que Voffius ne croit estre 5.p.192. ni de luy, ni de fon grand-pere,mais plutoft du jeune Postume, qui prit le nom de Cefar & d'Augufte dans les Gaules[avec

V.Galliens Postume fon pere,"en l'an 260.]

3.

1. Au lieu de gloriofius, un manufcrit lit gloriofus.

2. Dans fon epiftre dedicatoire à Mr de Thou.

265.

46.

Quint.l.10.c.

1163.P.396.

VAYAYAYAYAYAYAYAYAYAYAYAYAYAYAYAYAYAYAYAYAYAYAYAYAYAYAYA

ARTICLE XXIII.

Des poetes Valerius Flaccus, Martial, & Stace.

OмME le regne d'Augufte a porté les plus excellens des
poetes latins, auffi celui de Domitien nous a donné les

plus confiderables d'entre les poetes du fecond ordre. Je ne Suet.v.Dom.c. Içay fi c'est à caufe que]'Domitien"s'eftoit meflé de faire quel- v.sa 2.p.781. ques vers dans fa jeuneffe: car depuis il n'y fongea plus.[Nous Val.Fl.l.1.p. pouvons commencer par]'C. Valerius Flaccus Setinus Balbus, dont nous avons encore le poeme heroïque du voyage des Argonautes, divifé en huit livres. Ce poeme fut commencé sous Vefpafien à qui il eft adreffé. [Mais il fut continué fous DomiVoff.po.lat.p. tien, s'il eft vray]'qu'il foit demeuré imparfait par la mort de l'auteur, comme l'écrit Voffius, puifque Flaccus"n'eftoit mort nuper amifi 1.P.49.50. que depuis peu lorfque Quintilien écrivoit fa rhetorique[dans mus. Bail.poet.c. les dernieres années de Domitien. J'On a efté partagé fur le jugement de cet ouvrage. Mais il femble que les plus habiles en aient une opinion affez mediocre, parcequ'ils y trouvent diverfes fautes contre les regles de l'art, point de grace & de beauté, & un ftyle qui pour avoir affecté une grandeur malfoutenue, devient froid & languiffant. On veut mefme qu'il n'y Quint.p.49.50. ait ni genie, ni rien de grand.'Et neanmoins Quintilien dit que Mart...epi. la poefie latine avoit beaucoup perdu par fa mort. 'Martial luy écrit comme à fon ami, & l'exhorte à quitter la poefie pour plaider & faire quelque chofe qui luy puft apporter plus d'arepi.61.87.p. gent que toutes fes mufes. 'Il luy donne plufieurs fois le pays de Voll.po.lat. Padoue pour patrie, comme à Tite-Live:bde forte que ceux qui P.46. le font natif de Sezze dans la Campanie, [peuvent bien n'en avoir d'autre fondement que fon nom de Setinus.']

77.P.370.

369.370

P.46 Mart.1.

Baud Bail.

412.

d Voff.p.46.

'Le poete M. Valerius Martialis fi celebre par fes epigram12.epi.18.p.445. mes, eftoit Espagnol de la ville de Bilbilis, qu'on dit avoir efté poet.c.1165.p. peu eloignée de celle de Calataïud en Arragon. On marque qu'il naquit fous Claude, vint à Rome fous Neron à l'age de Mart...ep. Vingt ans,& y en demeura trente, faimé des Empereurs,furtout de Domitien, qui luy accorda diverfes graces. On croit que fvoff.p.46. Mart.l.1. n'eftant pas fibien traité après la mort de Domitien, gilfe retira en fon pays, où aprés avoir paffé trois ans à ne rien faire & en filence, à caufe qu'il y trouvoit des envieux, il fit fon 12 livre 1. qui en ce fens devroit cftre aprés tous les noms ; & on le met devant celui de Balbus,

18.

g

Fræflep.18.