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I, 2.

eftant forti du fang royal, ayant un grand cœur, beaucoup d'a. 70, deVeip. dreffe, & l'ambition d'égaler la gloire de Sertorius & d'Ânni13. 14. p.91. bal, qui avoient perdu un œil comme luy. 'Il avoit efte"maltrai- &c. té par les Romains; de forte que les voyant embaraffé en l'an 69, dans les guerres de Vitellius & de Vefpafien, il prit la refolution de faire foulever fon pays contre eux. Mais afin qu'ils s'oppofaffent moins à luy, il fit femblant de prendre les armes pour Vefpafien, y ayant effectivement efté follicité par Primus: & mefme Hordeonius Flaccus qui commandoit les troupes de la Germanie au nom de Vitellius, mais qui favorifoit Vefpa e.131.2.c.97.p. fien, l'y exhortoit [ fecrettement, J'eftant bien aise d'avoir une raifon de ne point envoyer les troupes à Vitellius qui les demandoit.

$8.

1.4. c.14. p.90.

'Civilis commença donc par empefcher les nouvelles levées C.15.16.p.90.91. que Vitellius avoit ordonné de faire dans fon pays. 'En mefme &c. temps il follicita les Caninefates, qui habitoient une partie de leur ifle, & ceux-ci elurent auffitoft un Brinion pour leur chef, en l'elevant fur un bouclier felon leur coutume. Ce Brinion homme hardi, mais fans jugement, ayant attiré les Frisons à fon parti, alla fans differer attaquer les garnisons Romaines qui eftoient dans l'ifle, & les tailla en pieces, ou les contraignit de quitter leur pofte, & de fe retirer"vers Nimegue. Civilis & les in fuperioHollandois fe joignirent alors ouvertement aux Caninefates, rem insula donnerent bataille aux Romains conduits par Aquilius fur les bords du Rhein, & remporterent aifément la victoire, parce que la Cohorte de Tongres, & 24 vaiffeaux, avoient quitté les Rocas.p.11. c. mains pour fe joindre à eux. 'Mais de plus Vitellius avoit em. mené avec luy prefque tout ce qu'il y avoit de vieux foldats dans les troupes de la Germanie, & avoit mis à leur place des gents levez depuis peu parmi les peuples voifins, qui n'avoient encore [ni experience] ni courage.

57.p. 48.

1.4.c. 17. p.91.

6.25. p. 94.

e. 18. p.91.

partem.

'Le bruit de cette victoire fut grand. "Les Allemands depute- Germania. rent auffitoft à Civilis pour fe joindre à luy. Il fit ce qu'il put pour ébranler les Gaulois; '& non fans effet comme la fuite le fit voir. 'Hordeonius qui d'abord avoit diffimulé, ayant enfin envoyé contre luy Memmius Lupercus avec deux legions de la Cavalerie de Cologne, de Treves, & de la Hollande mefme, celle-ci fe joignit à Civilis dans le combat; ceux de Cologne & de Treves tournerent le dos, & les legions furent obligées de Buch. de Belg. fe retirer au Vieuxcamp, 'qu'on croit eftre vers Santen fur le 17. Rhein au pays de Cleves. En mefme temps les [huit] cohortes

172 Not.G.p.

A Tac.c.15.19.

1, 2.

70, develp Hollandoifes renvoyées par Vitellius à Mayence, 'se mirent en 19.20.p. 92. marche comme pour retourner en Italie, où Vitellius les mandoit, mais auffitoft elles rebroufferent chemin pour s'aller joindre à Civilis, & défirent prés de Bonn Herennius Gallus, qui vouloit s'opposer à leur paffage.

I.

Vafconum.

31.P. 95.

'Civilis qui avoit alors affez de troupes pour une armée; leur c. 21-23. p. 927 fit prefter ferment au nom de Vefpafien; envoya fommer les 93 c. 28-30. deux legions du Vieuxcamp de le prefter, & fur leur refus, les P.94.95. vint attaquer avec un grand nombre d'Allemans qui s'estoient venus joindre à luy. Les deux legions ne faifoient alors que cinq mille hommes: & cependant elles fe défendirent si bien, que Civilis fut reduit à tafcher de les prendre par la famine. 'Ainfi c.24-27.p. 93. Hordeonius eut le loifir d'envoyer des troupes à leur fecours 94. fous Dillius Vocula, & Herennius Gallus, qui eftoient encore campez à1Gelduba fur le Rhein, 'lorfqu'on fceut la nouvelle de la défaite des Vitelliens à Cremone. [Ainfi c'eftoit au commencement de novembre 69. ] 'Les principaux officiers qui avoient 27. p. 94. toujours efté pour Vefpafien, 'fe declarerent alors, & oblige- c. 31. p. 95. rent les foldats, quoiqu'affectionnez à Vitellius, à faire ferment au victorieux. 'On en envoya auffitoft avertir Civilis, pour luy c. 32. dire que s'il avoit pris les armes pour Vefpafien, il eftoit alors obligé de les quitter: mais ce n'eftoit nullement son dessein. Ainfi il déclara ouvertement qu'il vouloit affranchir fon pays & toutes les Gaules du joug des Romains, & qu'il l'efperoit.. 'Il envoya à l'instant attaquer les Romains à Gelduba, les fur- c.35. prit, & les défit: mais quelques regimens de Galcons arrivant à l'heure mefme à Gelduba, prirent les Hollandois par der. riere, & les défirent eux mefmes entierement. 'On croit que c. 34.35. p.96. Vocula qui commandoit les Romains, n'ufa pas comme il pouvoit de cet avantage, ni d'un autre qu'il eut encore peu aprés, & par lequel il fit lever le fiege du Vieuxcamp. 'Il laiffa pren- c. 36. dre le camp de Gelduba, & fut battu dans une rencontre prés de Nuys où il s'estoit retiré.

I, aujourd'hui Gelb ou Geloub, village pres de Linn ou d'Ordingen, où le pays de Cologne confine avec le comté de Mœurs,

I, 2.

eftant forti du fang royal, ayant un grand coeur, beaucoup d'a. 70, devel dreffe, & l'ambition d'égaler la gloire de Sertorius & d'Annic.13. 14. p.91. bal, qui avoient perdu un œil comme luy. 'Il avoit efte"maltrai- &c. té par les Romains; de forte que les voyant embaraffé en l'an 69, dans les guerres de Vitellius & de Vefpafien, il prit la refolution de faire foulever fon pays contre eux. Mais afin qu'ils s'oppofaffent moins à luy, il fit semblant de prendre les armes pour Vefpafien, y ayant effectivement efté follicité par Primus: & mefme Hordeonius Flaccus qui commandoit les troupes de la Germanie au nom de Vitellius, mais qui favorifoit Vefpa e.131.2.c.97.p. fien, l'y exhortoit [ fecrettement, J'eftant bien aife d'avoir une raifon de ne point envoyer les troupes à Vitellius qui les demandoit.

$8.

1.4.c.14. p.90.

'Civilis commença donc par empefcher les nouvelles levées C.15.16.p.90.91. que Vitellius avoit ordonné de faire dans fon pays. 'En mefme &c. temps il follicita les Caninefates, qui habitoient une partie de leur ifle, & ceux-ci elurent auffitoft un Brinion pour leur chef, en l'elevant fur un bouclier felon leur coutume. Ce Brinion homme hardi, mais fans jugement, ayant attiré les Frisons à fon parti, alla fans differer attaquer les garnisons Romaines qui eftoient dans l'ifle, & les tailla en pieces, ou les contraignit de quitter leur pofte, & de fe retirer"vers Nimegue. Civilis & les in fuperioHollandois fe joignirent alors ouvertement aux Caninefates, rem infula donnerent bataille aux Romains conduits par Aquilius fur les bords du Rhein, & remporterent aifément la victoire, parce que la Cohorte de Tongres, & 24 vaisseaux, avoient quitté les Ro esp. l. c. mains pour fe joindre à eux. 'Mais de plus Vitellius avoit em. mené avec luy prefque tout ce qu'il y avoit de vieux foldats dans les troupes de la Germanie, & avoit mis à leur place des gents levez depuis peu parmi les peuples voisins, qui n'avoient encore [ni experience] ni courage.

57.P.48.

1.4.c. 17. p.91.

6.25. P. 94.

e. 18. p.91.

Buch. de Belg. 1..9 $7.P.

172 Not.G.p.

A Tac.c.15.19.

partem.

'Le bruit de cette victoire fut grand. "Les Allemands depute. Germania. rent auffitoft à Civilis pour fe joindre à luy. Il fit ce qu'il put pour ébranler les Gaulois; '& non fans effet comme la fuite le fit voir. 'Hordeonius qui d'abord avoit diffimulé, ayant enfin envoyé contre luy Memmius Lupercus avec deux legions de la Cavalerie de Cologne, de Treves, & de la Hollande mesme, celle-ci se joignit à Civilis dans le combat ; ceux de Cologne & de Treves tournerent le dos; & les legions furent obligées de fe retirer au Vieuxcamp, 'qu'on croit eftre vers Santen fur le Rhein au pays de Cleves. En mefme temps les [huit] cohortes

I, 2.

70, develp Hollandoifes renvoyées par Vitellius à Mayence, 'fe mirent en 19.20. p. 92. marche comme pour retourner en Italie, où Vitellius les mandoit, mais auffitoft elles rebroufferent chemin pour s'aller joindre à Civilis, & défirent prés de Bonn Herennius Gallus, qui vouloit s'opposer à leur paffage.

I.

31.P. 95.

'Civilis qui avoit alors affez de troupes pour une armée; leur c. 21-23. p. 92. fit prefter ferment au nom de Vefpafien; envoya fommer les 93 c. 28-30. deux legions du Vieuxcamp de le prefter, & fur leur refus, les P.94.95. vint attaquer avec un grand nombre d'Allemans qui s'estoient venus joindre à luy. Les deux legions ne faifoient alors que cinq mille hommes: & cependant elles fe défendirent fi bien, que Civilis fut reduit à tafcher de les prendre par la famine. 'Ainfi c.24-27.p. 93. Hordeonius eut le loifir d'envoyer des troupes à leur secours 94 fous Dillius Vocula, & Herennius Gallus, qui eftoient encore campez à Gelduba fur le Rhein, 'lorfqu'on fceut la nouvelle de la défaite des Vitelliens à Cremone. [Ainfi c'eftoit au commencement de novembre 69. ] 'Les principaux officiers qui avoient c. 27. p. 94. toujours efté pour Vefpafien, 'fe declarerent alors, & oblige- c. 31. p. 95. rent les foldats, quoiqu'affectionnez à Vitellius, à faire ferment au victorieux. 'On en envoya auffitoft avertir Civilis, pour luy c. 32. dire que s'il avoit pris les armes pour Vefpafien, il eftoit alors obligé de les quitter: mais ce n'eftoit nullement son dessein. Ainfi il déclara ouvertement qu'il vouloit affranchir fon pays & toutes les Gaules du joug des Romains, & qu'il l'efperoit.. 'Il envoya à l'instant attaquer les Romains à Gelduba, les fur- c. 39. Vafconum. prit, & les défit: mais quelques regimens de Galcons arrivant

à l'heure mefme à Gelduba, prirent les Hollandois par der.
riere, & les défirent eux mefmes entierement. 'On croit que c. 34.35. p.96.
Vocula qui commandoit les Romains, n'ufa pas comme il pou-
voit de cet avantage, ni d'un autre qu'il eut encore peu aprés,
& par lequel il fit lever le fiege du Vieuxcamp. 'Il laissa
pren- c. 36.
dre le camp de Gelduba, & fut battu dans une rencontre prés
de Nuys où il s'eftoit retiré.

I, aujourd'hui Gelb ou Geloub, village pres de Linn ou d'Ordingen, où le pays de Cologne confine avec le comté de Mœurs,

Tac. 1. 4. c.36. 37. P. 96.97.

6.54.55.P TO 2. 103 Jol bel 1. 7.C II. P.975.

Tac. c. 67. P. 107.

c. 55.66.

c. 67. p. 107.

[ocr errors][merged small]

Les troupes Romaines fe mutinent, tuent leurs chefs,&fejoignent à
Civilis,qui fouleve une partie desGaules: Mais Sabinus de Langres
eft défait, ceux de Reims veulent la paix, & les Romains arment.

[ocr errors]

A R M I ces defordres, rien ne faifoit tant de tort aux Ro-
mains que leurs propres divifions, n'y ayant aucune union
entre les foldats & les chefs. Ils en vinrent enfin jufques à tuer
Hordeonius Flaccus, [qu'ils avoient toûjours accufé de favori-
fer Civilis, & ils rejettoient toutes leurs pertes fur la foiblesse
fa
& fa lafcheté.] Cependant la confufion augmentant, ils releve.
rent les images de Vitellius déja mort, & auffitoft aprés celles
de Vefpafien. Ils prirent les armes pour s'oppofer à Civilis
qui venoit affieger Mayence, & les quitterent pour s'enfuir.
Ils les reprirent enfin, & fous la conduite de Vocula qu'ils
avoient voulu tuer avec Hordeonius, ils revinrent faire lever
le fiege de Mayence à Civilis, qui fe retiroit déja.

70, deVelp.

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'La mort d'Hordeonius, celle de Vitellius, & l'embrasement du Capitole qu'on apprit en mefme temps, produifirent [au commencement de l'an 70,] un étrange changement dans les Gaules: & comme fi l'Empire Romain euft efté ruiné, chacun y fongeoit à la revolte. Les chefs furent Clafficus, Julius Tutor, & Julius Sabinus, celui-ci de Langres, les deux autres de Treves. 'Sabinus qui fe prétendoit defcendu de Jule Cefar, en prit le nom. Mais ayant auffitoft mené ceux de Langres contre les Saguanos. Francontois fideles aux Romains, il fut défait, & réduit à mettre le feu à une Maison de Campagne où il s'eftoit retiré, pour vivre caché durant qu'on le croiroit mort, & il vécut en effet ainfi durant neuf ans, comme nous le dirons dans la fuite.

'La revolte de Clafficus & de Tutor fit bien plus de bruit. Ils engagerent mefme les legions à prendre leur parti, à tuer Vocula & leurs autres principaux officiers, & à faire ferment pour la fouveraineté [& la liberté] des Graules, ce que nean- pro imperio, moins Civilis ni les Hollandois ne faifoient pas, quoiqu'unis au mefme parti. On peut voir dans Tacite les autres particularitez de cette revolte, & jufqu'où alla la lascheté & la honte des legions, dont aucune n'attendit mesme à estre forcée que celles qui eftoient dans le Vieuxcamp.

Cependant la défaite de ceux de Langres par les Francon

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