Imágenes de páginas
PDF
EPUB

que partout où il alloit, dans les villes & à la campagne, il y a. mettoit de ces fortes de figures & de"talifmans.

326.

'Il s'efforça de foulever tout le monde contre l'Empereur Apol.Ty.v.l. Domitien, particulierement Nerva qui regna depuis. On ra- 7.c.2-4-P-323porta à Domitien quelque chofe qu'il faifoit pour cela : & on a c.4 p.326.b. ajoutoit qu'il avoit mefme facrifié un enfant auprés de Rome,c.5.10.p.329. bl344.34511.8. pour trouver dans fes entrailles la connoiffance de l'avenir en C.3.P.400-406. faveur de Nerva. 'Sur cela Domitien manda au Gouverneur de c.4.5.p.326.d l'Afie d'arrefter Apollone qui eftoit alors en cette province, & 330.d. de le luy envoyer. Mais Apollone prevint cet ordre, & s'en vint 'de luy mefme en Italie, dans le temps que Domitien en p.327.b/328.c. V. Domi- chaffoit tous les philofophes,[c'est à dire"en 94 ou 95, quoique d/329.a. sien note 9, Philoftrate le mette un peu pluftoft.Il trouva à Pouzoles De- c.

c1.8.c.3.P.398.

327.b.

metrius le cynique, qui l'exhorta à fe retirer promtement de 1.7.c.4.p.
peur de perdre la vie. Mais il répondit qu'il ne le pouvoit fans ec.6.p.334.c.
trahir Nerva, que Domitien avoit alors banni, & qu'il estoit d.
bien affuré que pour luy le tyran ne le pouvoit faire mourir.
'Ainfi il fe remit en mer pour arriver à Rome, avec son habit c.8.p.340.c.d.
de philofophe, qu'il avoir neanmoins fait quitter à Damis l'u-
nique compagnon de fon voyage, afin qu'il ne fuft pas pris avec
luy.

'Des qu'Apollone fut arrivé à Rome, [Cafperius] Elianus P-341.a.
Prefet du Pretoire qui eftoit fon ami, 'fut neanmoins obligé de c.3.p.342.a.
le faire arrefter.'Il luy parla en particulier fous pretexte de c.9.10-p-342-
l'interroger, pour luy donner moyen de fe défendre: f& puis 3.345.345.
ayant efté parler de luy à l'Empereur,'il le mit[par fon ordre] c.1.p.347.ac.
dans une prifon, où il eftoit libre[& fans chaines.] Il y avoit au 12.P.351.c.
mefme lieu cinquante autres prifonniers, 'dont l'un avoua à P-349-350.
Apollone que lorfqu'il avoit peu de bien, il vivoit content &
fans crainte; mais qu'eftant devenu fort riche par beaucoup de
fucceffions qui luy eftoient echues, il eftoit auffi devenu mife-
rable, obligé pour se conferver, de flater & d'enrichir les uns
& les autres, reduit à craindre ses propres valets, & enfin traité
comme criminel. 'Apollone le confola, luy & les autres, du C.12.p.350-354-
mieux qu'il put, fe gardant bien de ne rien dire contre Domi- p.354.
tien, qui avoit là fes efpions.

359. que

gc.14.p.360.

'Six jours après il fut amené à Domitien,qui l'interrogea c.12-14.P.354auffitoft fur le fujet de Nerva: & Apollone nia hardiment Nerva cuft jamais fongé à aucune confpiration, ni à l'Empire, 361. 'quoique fon hiftorien dife le contraire. Sur cela Domitien en c.3.p.325.d." colere luy fit couper fa grande barbe & fes cheveux, & le ren- 14.p.362.3,

C.15.p.36.b. voya en prison chargé de chaines. 'Il demeura deux jours en 6.17.p.368.d. cet état, dont Domitien mefme le retira à la priere d'Elien, 5.p.366.367. pour le laiffer comme auparavant dans une prifon libre. Du

17.p.368.dl 369.b.

d.

d.

p.377.c.

P:378.a..

rant qu'il eftoit enchainé il affura Damis, qui le fuivoit jusque dans la prifon, que Domitien ne luy feroit point de mal, & pour luy montrer ce qu'il pouvoit, il tira fa jambe de la chaine qui la tenoit, & puis l'y remit,

'Au bout de cinq jours, il fut amené devant Domitien,aen 21.8.c.2.p.3 5. prefence de toutes les perfonnes de qualité; & aprés qu'on luy eut fait quelques queftions fans le preffer beaucoup, Domitien bp.376.377 le dechargea de tout ce qu'on difoit contre luy, & luy ordonna neanmoins de demeurer là, jufqu'à ce qu'il l'euft entretenu en particulier. Philoftrate ne dit point d'où luy venoit cette dou-ceur extraordinaire. 'Il ajoute feulement qu'Apollone aprés: avoir remercié Domitien en un mot, le pria de confiderer de combien de maux les calomniateurs rempliffoient l'Empire, & de luy donner lieu[de l'entretenir fur cela.]'Sinon, ajouta't-il, « envoyez quelqu'un pour me prendre. Car pour mon ame, per- « fonne n'en fera le maiftre. Mais je puis mefme dire que vous ne « le ferez pas non plus de mon corps, & que vous ne m'ofterez « pas la vie: parceque ce n'eft pas là mon deftin. Après ces paro- « 4.p.410.b. les,dit Philoftrate, il ne parut plus dans l'affemblée, &fetrouva 1.7.c.17.p.369. le foir mefme à Pouzoles, qui eftoit à trois journées de là. Domitien ne dit rien fur cela: mais on remarqua qu'en voulant 410. examiner une autre affaire il paroiffoit avoir l'efprit fort troublé. [Nous avons voulu raporter cet evenement le plus celebre de la vie d'Apollone, dans les propres termes de fon hiftorien, qui n'a pas trop fongé à le faire paroiftre croyable, ou y a mak réuffi.]

c..

d.1.8.c.4.P.409

C.6.p.415. P.416.

'Apollone s'en alla enfuite en Sicile au commencement de l'autonne, & de là à Olympe dans le Peloponnefe,'où Philoftrate dit que l'on accouroit de tous les coftez de la Grece pour le voir, fans que Domitien femift en peine de le faire prendre.] .9.p.423.c. Il paffa[pres de] deux ans en divers endroits de la Grece, fuivi fp.422.b.c. partout d'un grand nombre de jeunes gents, qu'il menoit dans les endroits eloignez du bruit & des avocats: car il les regardoit comme les caufes des maux que l'on fouffroit alors, par les faux crimes que leur eloquence faifoit trouver dans les perfon9.p.423.c. nes les plus innocentes. 'De Grece il paffa en Ionie[vers le commencement de l'an 96, Joù il couroit diverfes villes,eftant C10.p.425.426. plus ordinairement à Smyrne & à Ephese. Ce fut dans cette derniere:

le 13 de fep- derniere qu'on pretend qu'il vit la mort de Domitien"au moment qu'on le tuoit.*

tembre 96.

* V.Domitien § 21.

K

c.d.

'Nerva qui fucceda à Domitien, luy écrivit bientoft pour le C.II.P.426.427. prier de le venir affifter de fon confeil: mais il témoigna par la réponse qu'il luy fit, qu'ils ne feroient ensemble que par la mort.'Il luy écrivit quelque temps après une lettre, où il luy p.427.a.b. donnoit divers avis pour bien gouverner, & il la luy envoya par Damis qui luy devoit dire encore certaines chofes de bouche. 'L'evenement fit croire à Damis qu'il l'avoit envoyé en Italie, c. afin qu'il ne fuft pas témoin de fa mort, [qu'on juge par là estre arrivée fur la fin de 96, ou au commencement de 97.]'Damis c.12.p.428.a n'en avoit rien marqué dutout dans fes memoires: & on n'en favoit rien d'affuré des le temps de Philoftrate. Les uns difoient qu'il eftoit mort à Ephefe entre les mains de deux fervantes, [fans qu'on fache ce qu'eftoient devenus ce grand nombre de difciples qu'il avoit eus:]'D'autres contoient qu'ef- p.429. tant entré dans un temple, foit à Lindo[dans l'ifle de Rhode,] foit à Dictyne dans celle de Crete, il eftoit difparu; à quoy on ajoutoit divers prodiges. 'Philoftrate affure que quoiqu'il euft c.13.p.431.d. vu beaucoup de pays, il n'avoit jamais pu trouver fon tombeau nullepart: & Apollone avoit dit fouvent qu'il vouloit mourir fans qu'on le fceuft, [afin de paffer pour immortel comme Empedocle. Ainfil'nous avons grand lieu de croire que fa mort Bar.99.§ 11. a efté tragique: '& Lucien appelle toute l'hiftoire d'Apollone Luci.v.Alex.p une tragedie.

[Cet abregé que nous avons fait de sa vie, eft amplifié par Philoftrate d'un grand nombre de propheties & de miracles

476.C.

qu'il luy attribue.]'Il y marque entre autres la refurrection Apol.Ty.v.l. d'une fille fortie d'une maifon confulaire, & déja preste à ma 4.c.15.p.206. rier. Mais il n'ofe affurer que cette fille fuft tout à fait morte.

461.

'Et veritablement fi ce miracle eftoit veritable, il auroit dû Eufin Hier.p.
eftre beaucoup plus celebre qu'il n'a efté, comme le remarque
Eufebe.

[Tous ces prodiges font fondez fur l'autorité de Philoftrate,]
'qu'Eufebe nous affure avoir eu plus d'erudition que d'exacti- p.426.C..
tude & d'amour pour la verité. On pourroit affurément faire Tac.l.3.n Es.p.
voir par beaucoup d'exemples,qu'il ne favoit pas affez l'histoi- 80.
re Romaine, dans laquelle il fait beaucoup de fautes, comme
le remarque Lipfe, [& qu'il fe contredit mefme en bien des ren-
contres. Il n'y a rien de moins probable que ce qu'il dit s'eftre

& non pas en la fettieme année d'Adrien, comme veut la chronique d'Alexandrie p.s98.

Tom. II.

R

467.d.

Euf.in Hier.p. paffé entre Apollone & Domitien:]'& Eufebe foutient qu'il feroit facile de montrer qu'une grande partie de fes narrations "fe détruisent d'elles mefmes,ou font aifées à refuter, & qu'elles acúsaroy. ne fentent que la fable & le roman. Auffi il ne craint point d'affurer que tout fon ouvrage eft plein de fictions & de fauffePhot.c.44.p. tez. Photius qui raporte en abregé une partie des faits de cette hiftoire, en traite plufieurs de fables impertinentes;& qualifie tout l'ouvrage un travail inutile.

29.

a p.32. Aug.ep.49.p. 78.1.d.

3.t.1.p.418.c.

que

[C'eft donc avec raifon que]'S. Augustin soutient ce qui fe dit des miracles d' Apollone"n'a point d'auteur assuré, nullo fideli Chry.inJud.h. 'S. Chryfoftome foutient auffi que ce ne font que des menfon- autore. Suid..p.376. ges & des illufions.Suidas en parle de mefme.[Que fi l'on y veut joindre les fentimens des plus habiles de ces derniers Euf.chr.n.p. temps, 'Scaliger dit que tous les vains prodiges que Philoftrate raporte de fon impofteur, n'ont pas mefme l'apparence de la Voff.h.g.l.2.c. verité.'Vivés, & Voffius qui le fuit, nele traitent pas plus favo IS.P.235. rablement, non plus que Cafaubon.

e.

191.1.

Spart.n.C.p. 229.2.f.

C.8.12.p.420.cl

[Mais quand on voudroit ne pas douter de la verité des faits qu'il raporte, on ne fauroit les lire fans voir que ce font des effets du demon & de la magie, & non d'une puiffance divine, comme Philoftrate tasche en divers endroits de nous le perfua

der. C'est ce que les payens ont reconnu du vivant d'ApolloApol.Ty.v.l.4. ne, & aprés fa mort.]'Car ceux mefmes qui n'estoient pas fes c.6.p.175.all.8. ennemis, ont refufé plufieurs fois de l'admettre à leurs myfte429.C. res, le regardant comme un magicien & un demoniaque'; d& 1.1.c.3.p.3.a. c'est le jugement que beaucoup de perfonnes en faifoient enLuci.v.Alex.p. core du temps de Philoftrate mesme. Lucien parlant d'un de fes plus fideles difciples, luy donne pour principale qualité d'eftre un celebre magicien, & d'en faire profeffion. 'L'abregé de Dion par Xiphilin, dit que Caracalla l'aimoit, parcequ'il avoit esté un fourbe & un magicien achevé.

476.

Dio,1-77.p. 878.c.

c.19.P.38.c.

[Outre cette qualité il avoit une vanité qui n'est digne que Apol. Ty.v.l.1. d'un demon.]'Des devant fon voyage des Indes, comme on luy montroit l'image d'un Roy des Parthes pour l'obliger de luy rendre les refpects ordinaires,il dit ces paroles: Celui que vous « adorez fera trop heureux s'il merite que je l'eftime & que je le « C.14.p.26.c. loue. Il s'imaginoit poffeder toutes fortes de vertus; & vouloit « que les autres l'en cruffent. 'Il fe regardoit comme le maistre, le docteur, & le cenfeur de toute la terre;[& c'est le caractere 1.7.c.6.p.334. qu'on peut dire regner dans toute fa vie.]'Il fe vantoit de tout favoir,& de connoiftre jusqu'à l'avenir, fIl ne trouvoit pas

c.15.p.28.c.

b.c.

[merged small][ocr errors]

l.t.c.20.p.43.

f1.8.c.2.p.376.

[ocr errors]
[ocr errors]

C.

mefme mauvais qu'on le traitast de dieu: '& il fouffroit qu'on 1.7.c.1o.p.346. l'adoraft comme une divinité. Que s'il empefcha en une ren- b.cl1.c.13.p.25. contre qu'on ne luy rendift publiquement des honneurs divins, 1.4.c.10.p. ce fut, dit fon hiftorien, par la crainte de l'envie.

189.a.

'Quoiqu'il fe vantaft de poffeder toutes fortes de vertus, & l.1.c.10.p.17. que Philoftrate releve furtout la pureté de fa vie, & fon defin- &c. tereffement,'on ne laiffoit pas de l'accufer d'aimer l'argent: 1.7.c.14.p.361.· [& luy qui ne vouloit rien recevoir des Rois & des Empereurs,]

C.

Te trouvant un jour en avoir peu de refte, demanda tout d'un 1.8.c.6.p.417. mille drag- coup"pres de cinq-cents livres à un pontife des idoles. S. Au- b Aug.cp.B. guftin paroift accorder aux payens qu'au moins il valoit mieux 138.518.p.418.a. que leur Jupiter: '& neanmoins le bruit commun l'accufoit Apol.Ty.v.l.1. auffi de n'eftre nullement chaste; & on marquoit quelques hif-philft.Toph. toires particulieres. Lucien nous apprend au moins que les 31.p.568.c. plus fideles difciples eftoient des hommes abominables.

c.10.p.17.b.

d Luci.v.Alex.>

[La croyance de la metemplycofe, que Philoftrate luy attri- P-476, bue en divers endroits, n'eft digne que d'un efprit capable des plus grandes réveries, auffibien que la folie qu'il eut]'de faire Apol.Ty.v.l.s. adorer un lion, en qui il vouloit que fuft l'ame d'Amafis autres.p.254-255fois Roy d'Egypte. [On voit encore un grande baffeffe d'efprit] 'dans la reprimende fevere qu'il fit à ceux de Smyrne, fur ce que 1.4.c.2.p.161.bi dans un acte signé de diverfes perfonnes, il y avoit un Lucullus c. & d'autres noms qui n'eftoient pas Grecs.[Dans les occafions les plus importantes, il s'amufoit à parler du cours du Nil, & d'autres chofes qui ne meritent pas d'occuper l'efprit d'un vray philofophe.

e c.7.p.492.a.b..

Philoftrate excufe comme il peut fes difputes avec le philofophe Euphrate, fur lequel il en veut rejetter toute la faute. Mais ou le mefme auteur dans un autre ouvrage, ou un autre Philoftrate]'qui avoit vu la vie d'Apollone, & qui y renvoie, Philft.foph.37.cavoue que l'un & l'autre n'agiffoient point en cette rencontre p.568.d. en philofophes. Auffi quoique Philoftrate & Apollone difent fEuf.in Hier. pour décrier Euphrate, il ne laiffoit pas d'eftre regardé gene-p-464.465. ralement deux-cents ans aprés fa mort, comme le plus illuftre & P·465.b.c. & le plus eftimé des philofophes de fon temps.'Apollone mel-p.463.464, me en parla en ces termes à Vefpafien, fans prevoir, tout prophete qu'on veut qu'il fuft, qu'il alloit bientoft le décrier comme un avare, un calomniateur, & un des plus méchans hom-mes du monde. [Pline le jeune qui n'aimoit nullement ces for-res de perfonnes,]'releve Euphrate par de grands eloges: & il Plin.l.1.epro le connoifsoit à fond. Epictete dansArrien non feulement efti- P-2530

h Arri.exEpic..

Rij 1.3.c.15.P.320.

« AnteriorContinuar »