Imágenes de páginas
PDF
EPUB

a.b.

64.65.

[ocr errors]

les faire mourir fans y eftre forcé par leurs crimes. 'On affure Plin.pane.p. qu'il ne fit jamais la moindre injuftice en faveur du1fifc, 'qui est le nom qu'on donnoit alors au threfor & au domaine particulier de l'Empereur. Ce fifc,dit Pline,n'a jamais tort que fous un « bon prince. Mais ni le fifc ni le threfor public n'avoient point de privilege fous Trajan. Ses Intendans eftoient souvent tels que l'on eltoit bien aife de les avoir pour juges: mais ceux qui ne le vouloient pas, pouvoient aller devant les magistrats ordinaires, recufer ceux qu'ils croyoient ou trop timides ou trop favorables à l'Empereur, & obliger l'Intendant à venir plaider devant ceux qu'il avoit choifis.

Vict.epit.v.
Conftantii.

'Il condannoit & deteftoit mefme les vexations[qui vont à opprimer le peuple, ]difant que le fifc eftoit comme la rate, qui ne s'augmente qu'à mesure que les autres membres fe deffechent. Il caffa la loy que l'avarice de fes predeceffeurs avoit introduite, par laquelle les biens de ceux que l'on releguoit, eftoient confifquez. [Mais l'avarice de fes fucceffeurs la rétaCyp.ep.19.p. blit depuis, l'comme on le voit par S.Cyprien. On affure qu'il Auf.conf.p. remit une partie de ce qui eftoit dû des anciens impofts: ce qui 40 Spanh.I. a depuis efté imité par Adrien,]par Antonin, & par plufieurs 9.p.812. autres de fes fucceffeurs.

43.1.

[ocr errors]

Plin.pane.p.

73.

P.105.

P.73.

Dio,l.68.p. 772.2.b.

Plin.pane.p. 144.

Aug pf.B.146.7. 8.p.1648.d.c.

Spanh.1.9.p.811.

'Sa generofité eftoit tellement connue, que ces flateurs intereffez, qui favent fi bien, dit Pline, plaider la caufe du fisc avec un front grave, & une mine trifte & fevere, n'ofoient pas feulement ouvrir la bouche devant luy, ni luy reprefenter qu'il ruineroit bientoft fon Epargne, en l'epuifant d'une part par tant de liberalitez, & en fermant de l'autre tant de voies que fes predeceffeurs avoient prifes pour la remplir. Ils ne parloient point, parcequ'il n'y avoit perfonne qui les ecoutaft. Et Trajan qui ne depenfoit rien inutilement,'trouvoit un plus grand fond dans fa frugalité,que les princes les plus avares dans leurs rapines. 'Quelque grandes depenfes qu'il fift pour ses bastimens & pour les guerres, jamais, dit un historien, il n'y depenfa le fang de perfonne.

Il ne fongeoit dans le jugement des affaires qu'à trouver la
verité pour la foutenir, & non pas à tirer de l'argent : & ceux
qui plaidoient devant luy n'eftoient pas en peine de cacher
leurs richeffles,[comme fous les autres princes, mais de luyfaire

1. Ce mot pat luy mefme ne fignifie autre chofe qu'un fac & une bourse.
2. Ou devant une chambre particuliere établie pour cela. Car l'endroit de Pline n'est pas bien clais,
3.'Spanheim foutient qu'il ne l'a point fait, & que c'eft une faute dans Aufone.

I.

2.

3.

voir leur droit, & de paroiftre digne de fon approbation & de
fon eftime.'Claudius Arifto le premier de la ville d'Ephefe, 1.6.ep.31.p.395.
ayant efté accufé par quelques perfonnes envieufes de ce qu'il
s'attiroit l'affection du peuple par fon humeur magnifique &
populaire, Trajan le renvoya auffitoft abfous & dechargé de
tout ce dont on l'accufoit. Gellius cite le livre d'un Arifton Gell.l.1.c.18.
jurifconfulte & habile dans les lettres: [Je ne fçay fi c'est P-279.
celui-ci.]

'Pline le jeune manda à Trajan que perfonne ne vouloit Plin.l.io.ep.5.
prendre l'argent du public pour le faire profiter au denier p.60L
qu'on prenoit celui des particuliers, & qu'ainfi il croyoit qu'il
faudroit le donner à un intereft plus bas, & mefme obliger les
magistrats des villes à s'en charger. 'Ce prince confentit qu'on ep.56.p.601.602
diminuaft l'intereft, mais pour obliger perfonne à prendre de
l'argent qui luy pourroit eltre à charge, il répondit à Pline
la juftice & l'honneur] de fon regne ne le fouffroit pas.

que

641.

Il avoit défendu les prefens que les villes faifoient quelque- ep.117.p.640. fois en argent à des particuliers. Mais il ne voulut point qu'on retiraft ce qui avoit efté donné, audelà de vingt ans, depeur que cela ne ruinaft plufieurs perfonnes : & il finit fon refcrit » par ces termes: Car je ne veux pas prendre moins de foin du » bien des particuliers que de celui du public.

'En failant un nommé Saburan Prefet du Pretoire, & luy pane.p.127. donnant l'épée nue qui eftoit la marque de cette dignité, il luy 128 Dio,1.68.g. 778.a.b Aur. » dit ; Servez vous de cette épée pour moy, fi je fais mon devoir, Via. » & contre moy fi je ne le fais pas; puifque celui qui gouverne les » autres, doit faire moins de fautes que perfonne.

'Il n'aimoit point à s'attirer le jugement des affaires: & il Plin.l.6.cp.37 vouloit que les magiftrats euffent l'exercice libre de toute leur P-396. jurifdiction, augmentant leur autorité plutoft que de la dimi- pane.p.141

nuer.

a

'Sous [prefque tous] les princes precedens, leurs affranchis p.157. avoient efté les maiftres des affaires, & des princes mesmes. Mais cela ne fe vit pas fous Trajan. Il ne fe fervoit que de ceux que luy mefme, ou Nerva, ou d'autres bons Empereurs avoient fummum choifis comme les meilleurs;]"& il les traitoit fort bien, mais neanmoins comme des affranchis, voulant qu'ils fe fouv inffent toujours de ce qu'ils eftoient, & qu'ils miffent leur principale gloire à eftregents de bien & gents d'honneur. Ainfi ils eftoient honorez parcequ'ils eftoient dignes de l'eftre : & on les honoroit d'autant plus que ce n'eftoit point leur credit qui obligeoit

bonorem

babes.

de les honorer.

Tom. II.

y

1,6.cp.31.p.397. Dans une affaire où Eurythme fon affranchi & fon Intendant avoit intereft,il dit à ceux qui craignoient cet Eurythme, Il n'eft pas Polyclete, ni moy Neron: & comme Eurythme mefme témoignoit craindre qu'on ne le foupçonnast d'abuser

Plin.pane.p.

152

P.15 3.

p.153.154 Vict. epit.

772.c.

a Plin.pane.p. 154.

Eutrop.

du pouvoir qu'il avoit auprés de luy: Je ne crains pas ce foupçon
là pour vous, dit Trajan; je le crains pour moy.

爽爽爽

ARTICLE V.

Trajan uray ami: Les vices de Domitien le font eftimer.

ON

濃濃濃淡
冰糕

[ocr errors][merged small]

Na beaucoup eftimé dans Trajan la maniere dont il agiffoit envers les amis.]'L'amitié eftoit un bien qui fembloit eftre alors banni du monde,[à la reserve des Chrétiens, que l'on reconnoiffoit felon la promeffe de J.C, par l'amour qu'ils avoient les uns pour les autres.]'Parmi les payens,"la affentatiocomplaifance, la flaterie, &une apparence d'amour pire qu'une nes, blandi haine ouverte, avoient pris entre les particuliers la place de l'amitié: & lesEmpereurs fe confideroient comme des maistres, & les autres comme des efclaves:[au lieu que l'amitié veut des egaux, ou elle en fait.]

tia.

Mais pour Trajan il avoit des amis, parcequ'il aimoit,& qu'il aimoit comme un egal, comme mettant fa joie dans la douceur de l'amitié,"comme ne trouvant pas moins de fatisfaction à ai- &c. Dio,1.68.p. mer qu'à estre aimé.'Il vivoit avec fes amis dans une familiarité & une liberté toute entiere, fe rabaiffant à tous les devoirs communs de l'amitié, fi l'on dire que peut ce foit fe rabaiffer; Dio.p.772.c & ne jugeant rien de bas pour un prince que de haïr.'Il alloit fouvent vifiter fes amis dans leurs maladies ou dans leurs rejouiffances, les faifoit monter dans fon caroffe, ou montoit dans les leurs; railloit avec eux, alloit manger chez eux, fouvent fans gardes, femefloit dans leurs chaffes, dans leurs feftins, & leurs autres divertiffemens, & venoit mefme aux affemblées qu'ils faifoient pour confulter leurs amis fur leurs affaires domeftiques. 'Il leur eftoit tres fidele, ne croyant pas aisément ce 6 Dio, 1.68.p. qu'on luy difoit contre eux:[& nous en verrons un bel exemple touchant Sura.]

Aur.Vict.

772.a.

Plin.pane.p.

155.156.

'Pline donne de grands eloges à ce qu'il fit"à l'égard d'un avant l'an homme excellent qu'il aimoit beaucoup, & qu'il avoit obligé 101. de prendre la charge de Prefet du Pretoire. Cet homme aimant

1. C'eftoit un celebre affranchi de Neron.

V-S 14.

mieux le repos d'une vie privée que l'eclat de cette charge, de-
manda la permiffion de fe retirer. Trajan qui fouhaitoit beau-
coup de l'avoir auprés de luy, en fut attrifté. Cependant
voyant qu'il perfiftoit, il ne put le refufer, aimant mieux ceder
à un ami, que le vaincre, & le laiffa ainfi aller malgré luy. Il
luy fit de grandes liberalitez ; & quand il partit, il voulut l'ac-
compagner jufqu'au vaiffeau où il devoit s'embarquer, l'em-
braffa, & ne fe fepara de luy qu'en pleurant, & en fouhaitant
qu'il voulut bientoft revenir.(On ne dit point qui eftoit cette
perfonne.]'Car pour Licinius Sura dont Catanée l'entend,[i] n.p 154.
paroift eftre demeuré toujours auprés de Trajan, & il eftoit
d'un rang fuperieur à celui des Prefets, puifque nous le ver-
rons Conful des l'an 102. Saburan dont nous avons parlé pou-
voit eftre ce Prefet mefme, ou fon fucceffeur,

[ocr errors]

L'affection & la confiance que Trajan avoit pour les amis, euft pu nuire beaucoup à l'Etat, s'ils euffent eu la volonté de mal faire.J'Mais il avoit foin de les choisir parmi les meilleurs p.so. citoyens, parmi ceux que Domitien avoit haïs, & qui avoient haï la tyrannie. C'estoient des perfonnes dans les moeurs & dans la vie defquels on voyoit avec joie ce qu'il falloit faire pour estre aimé d'un bon prince.'Il aimoit furtout ceux qui vi&t.epit. avoient [comme luy] beaucoup de franchise & de candeur.'Ôn Dio,l.68.p. marque entre les principaux amis Licinius Sura, dont nous 777.d. venons de parler,'Sofius[Senecio, Cornelius]Palma, & Celfus, p.778.b. [qui eft apparemment Lucius Publilius Celfus Conful pour la feconde fois en 113.] Il leur fit à tous dreffer des ftatues.

'Trajan tira un grand avantage des vices de Domitien. Car plin.panc.p. il avoit fceu par fa propre experience, quelle mifere c'est que 77.78. de trembler fous un tyran, tous les jours en danger d'eprouver fa cruauté. Il avoit vu combien les méchans princes font detestez de tout le monde, & de ceuxmefmes qui les rendent méchans par leurs mauvais confeils & leurs flateries.] Ainfi il voyoit dans ce qu'il avoit fouhaité ou blasméestant particulier, ce qu'il avoit à faire ou à eviter eftant Empereur.

[Ses bonnes qualitez eftoient mefme d'autant plus agreables, qu'elles eftoient oppofées aux vices de Domitien. J'Auffi il n'avoit garde de trouver mauvais qu'on blasmast & Domitien, & les autres méchans princes. Comme il en eftoit fi different, il ne s'intereffoit nullement à leur défense, fachant bien que tout ce qu'on difoit contre eux ne pouvoit retomber fur luy; & que mefme on n'aime pas affez les bons quand on ne hait pas

pane.p.100.

p.101.

Vict.epit.

Eutrop.

Aur.Vict.

cpit. Aur.Vial Eutr.

Eutrop.

les [dereglemens des] méchans.'Quand on ne blafme point, dit Pline, un méchant prince aprés la mort,c'est que fon fucceffeur luy reffemble.

[Outre que la comparaifon de Domitien avec Trajan rendoit celui-ci plus eftimable, l'on l'aimoit encore parcequ'on avoit l'imagination, à caufe de quelques prefages, qu'il eftoit -destiné pour reparer les maux que ce tyran & tant d'autres avoient faits à l'Empire, & qui l'avoient prefque entierement ruiné. 'Il fut au moins le premier depuisAugufte qui releva par les armes la gloire du nom Romain.

[Ainfi comme fes vertus eftoient toutes humaines, elles ont efté recompensées en ce monde par l'estime qu'elles luy ont acquife parmi les hommes.]'Car il a paffé pour un prince accompli dans la paix & dans la guerre,'tel qu'à peine les plus grands genies font capables de reprefenter fon merite,'& qui peut eftre comparé ou preferé mefme à tout ce que l'hiftoire nous fournit de plus illuftre. On a eu une veneration toute extraordinaire pour luy, auffibien aprés la mort que durant fa vie, & jufques au temps des Valentiniens, le Senat dans fes acclamations ne fouhaitoit rien de plus grand aux Empereurs, que d'eftre plus heureux qu'Augufte, & encore meilleurs que Trajan.

3.

LA

ARTICLE VI.
Defauts de Trajan.

règle eternelle de la veritable vertu voyoit bien des vices dans les vertus apparentes de Trajan. Mais les hommes,& les payens mefmes en ont auffi remarqué quelques uns.] Dio 1.68.p.772. Les hiftoriens le blafment d'avoir eftéfujet à des excés de vin Adr. VIAlex: a& de viande. Dion dit qu'il n'en perdoit jamais la raison, & v.p.127.blAdri. v.p.z.b. que ce defaut ne luy fit jamais rien faire contre fon devoir. Neanmoins Aurele Victor affure qu'il fut obligé d'ordonner, qu'on n'auroit point d'égard à ce qu'il commanderoit aprés fes Adri.v.p.2.b.c. feftins. Spartien remarque qu'Adrien obtint beaucoup de choJuli.caf.p.39. fes de Trajan, parcequ'il luy tenoit tefte à boire: '& Julien l'apoftat luy reproche qu'il auroit eu affez de genie pour l'elo quence, fi le vin ne luy euft fouvent abatu l'efprit.

a Vict.epit.
¿Dio,l.68.p.

772.C.

Plin.pane.p.36] 'Pline loue extremement fa chafteté. Mais Dion avoue en-
Vict.epit.
LaSa regle eftoit de vider encore cinq verres, pocula, aprés le repas, avec les plus familiers.

e Dio,l.68.p.

a Alex.v.p.127.b.

« AnteriorContinuar »