Imágenes de páginas
PDF
EPUB

70, devels.

2.

nous oblige d'avouer, dit S. Auguftin, que Dieu permet quel- 1,2 quefois aux demons de faire divers miracles, [il ne faut pas trouver étrange qu'ils en aient fait quelques-uns en ce tempsci, pour obscurcir, s'ils euffent pu, l'éclat de ce grand nombre de prodiges que J. C. faifoit alors par fes Apoftres & par leurs Bar.71.57.8. difciples.] 'Ils tafchoient, comme remarque Baronius, de faire attribuer à Vefpafien par Jofeph & par d'autres, ce que les Prophetes avoient predit du Meffie: & ainfi il falloit qu'ils luy Aug.civ.1.18.c. fiffent auffi faire des miracles. 'Mais plus Dieu donne de pou19.p.225.1.c. voir aux demons dans les chofes de ce fiecle, plus nous devons travailler à fortir de cette Babylone par une foy vive, & à nous attacher à J. C. noftre mediateur, afin qu'il nous tire de cette terre[où le demon regne,] & qu'il nous eleve dans le ciel. [Il ne Tac.l.4.c.81.p. faut pas oublier que ] 'Tacite avoue que les medecins dirent à Vefpafien que cet aveugle, & ce paralytique, fe pouvoient gueBar.71.57. rir par les remedes de la medecine. 'Ainfi les demons le pouvoient encore bien plus aifément.

III.

[On ne fçait pas bien"jufqu'à quel temps Vefpafien demeura NOTE 7. Jof.bel.1.7.c.5. à Alexandrie.] 'Il en partit pour venir à Rome par mer, & vifita P.571.c Zon.p. en chemin l'ile de Rhode & diverfes villes de l'Afie mineure.

194.d.

C.

749.C.

Il aborda felon Jofeph,"au cap qui finit la terre d'Otrante du xv. Jof.c.10.p.974. costé du midi, & y prit terre. 'Comme on le fouhaitoit extreme. l'azív. ment, plus de la moitié de Rome alla bien loin au devant de Dio, 1.66. p. luy: & il recevoit tout le monde avec une extreme bonté. 'Il trouva Mucien qui l'attendoit à Brinde avec les perfonnes les plus qualifiées, & Domitien à Benevent dans la crainte que Jofbel.1.7.c luy donnoit fa mauvaise conscience. 'Il fut receu dans toutes 10 p.974.b.f.g les villes d'Italie avec toute la joye & la magnificence poffible, furtout à Rome, où tout ce qui reftoit de peuple, fortit audevant de luy. Il n'y arriva ce femble que dans les derniers mois Zon. p.194.d de cette année. 'Il fit diverfes liberalitez tant au peuple qu'aux foldats.

[blocks in formation]

par

["Ce fut peuteftre feulement alors qu'il prit la puiffance du Norь 8. Tribunat, & le titre de Pere de la patrie. J'Ĉar il n'accepta l'un & l'autre tard: a quoiqu'on voie que Tacite & par les medailles, que le Senat les luy avoit donnez des la fin de l'an 69. [Il femble auffi qu'il devoit eftre arrivé à Rome, ] lorfqu'il prit la qualité de grand pontife. Neanmoins il y a des medailles qui la luy donnnent des l'an 69, [ s'il ne s'y eft point gliffé quelque faute.]

70, develp.

[ocr errors][merged small]

Vefpafien travaille à rétablir l'Empire: Sa vie particuliere.

Ό

10. p.974. d.

Navoit attenduVefpafien à Rome comme un Empereur Jof.bel.1.7. c.
qui
qui n'eftoit elevé audeffus des autres que pour procurer
l'avantage de tout le monde: [& on ne fut point trompé dans

cette efperance.] 'Car il n'eut point de plus grand foin durant Suet.l.8. c.8.p.
tout fon regne, que de rétablir l'Etat ebranlé par les regnes 742.
precedens, & enfuite de l'orner & de l'embellir,'à quoi il réuffit Aur.V.epit.
fort bien en peu d'années. 'Ayant trouvé tous les foldats, tant Suet.c.8.p.743
les fiens que ceux de Vitellius abandonnez à toute forte de li-
cence, il arrefta ceux de Vitellius en en caffant une partie, &
les fiens en ne leur fouffrant rien que dans l'ordre. 'Il maintint Eutrop.
avec beaucoup de vigueur la difcipline parmi les troupes.
'Il travailla beaucoup à vider & à abreger les procés: a & il
rendoit fouvent la justice dans la grande place de Rome. Il
communiquoit toutes les affaires [publiques] au Senat, y alloit
toujours; & quand il ne le pouvoit pas, il y faifoit lire [non par
un Quefteur, mais ] par fes propres enfans, ce qu'il écrivoit à la
compagnie.

Suet.c.10.p.

746.
a Dio 1.66. p.

750. b.

'Il permit à quiconque le voudroit, de bastir dans beaucoup Suet. 1.8.c.8.p, de places de Rome qui demeuroient encore vides depuis l'em- 744. brafement [ de Neron, ] fi ceux à qui elles appartenoient ne le faifoient dans un certain temps.

ex. Cenf.

Suet. 1.8.c.9.

'Il prit cette année la qualité de Cenfeur, & la garda jufques Birag. p. 110.
à la mort. 'On marque qu'il en fit le dernier les fonctions, dont Vorb. p.323.2.
la principale eftoit la revue des citoyens & de leurs biens. Il
chassa du Senat & de l'ordre des Chevaliers diverfes perfonnes P.746.
qui en estoient indignes: & comme ces deux ordres se trou-
voient fort diminuez par les cruautez [des Princes & par les
guerres civiles, ] il les remplit de perfonnes les plus dignes qui

fe trouvaflent dans l'Italie & dans les Provinces; 'les faifant Aur. Vict.
monter jufqu'à mille familles, au lieu qu'il y en avoit à peine
trouvé deux cens. 'Il crea auffi de nouveaux Patriciens entre Tac.v.Agr.c.
lefquels il mit Cnæus Julius Agricola, dont les deux grands- 49.p.140.141.
peres cftoient fimples Chevaliers.

'Il fit de fort bonnes loix pour la reformation des mœurs.
Mais la meilleure de toutes, & celle qui contribua le plus à
abolir beaucoup de vices, fut fon exemple: d& parce qu'il eftoit

Ciij

Aur.V Suet. c. p.747 Dio, Aur. Vict.

1.66.p.749.c.

d Tac. an. 3. C. 55. p.87.83.

70, deve

fort frugal, & fort fimple dans fa vie particuliere, le defir qu'on 1, 2. eut de fe mettre dans fes bonnes graces en l'imitant, fut plus puiffant que toutes les peines, & que toute la crainte des loix, & fit que le luxe qui depuis cent ans s'eftoit toujours augmenté, Suet.1.8.c.8.p. commença enfin à diminuer. 'Il ne laiffoit echapper aucune occafion de rétablir la difcipline. Etun jeune homme à qui il avoit accordé"une charge, eftant venu tout parfumé pour l'en re- Prefecturam mercier, il le receut trés mal, en luy difant mefme: J'aimerois mieux que vous fentiffiez l'ail; & il luy ofta le brevet qu'il luy

743.

Dio, 1.66. p. 750.c.

Suet. c.21. P. 755.

Dio, 166. p. ༡༩༠.2.

a Plin.l.4.ep.5. p.161.

avoit donné.

cc

[ocr errors]

'Il ne paroiffoit Empereur que par le foin qu'il prenoit des affaires. Dans tout le refte il s'égaloit aux autres, & vivoit comme un fimple particulier. 'Il s'eveilloit toujours de fort bonne heure, & des la nuit, il lifoit les lettres & les memoires [qu'on luy apportoit.] 'Il recevoit fes amis particuliers eftant encore au lit:& c'eftoit l'heure que Pline l'ancien prenoit pour l'aller trouver. Les autres pouvoient le venir faluer lors Siet. p.755. mefme qu'il s'habilloit, cou qu'il alloit dans les rues. Car on avoit un fort libre accés auprés de luy. Les portes de fon palais eftoient ouvertes toute la journée, fans qu'il y euft aucun huifApol Ty.v.l.s. fier. 'Il vouloit [furtout] qu'elles fuffent ouvertes aux perfonnes fages; a & on prétend qu'il fit une fois cette priere: Que je puifle commander à des fages, & que les fages puiffent aufli me com- «

c Dio, p.750.a.

c.11.p.238. d.

dc.10. p.235.c.

Plin.l.33.c.3.P.

793. C.

mander.

Il avoit aboli la coutume établie depuis Claude, de ne laiffer entrer au palais que ceux qui avoient obtenu des affranchis Suct 1.5.c.35.p. une bague d'or où eftoit l'image du Prince,'auffibien que celle 5571.8.c.12.p. de fouiller tous ceux qui l'approchoient, introduite par la timidité du mefme Prince, ce que Vefpafien ofta dans le temps mefme que la guerre civile duroit encore. Il recevoit tout le monde moins comme Empereur que comme particulier, & comme le fouvenant toujours de ce qu'il avoir efté.

748 Dio, 1.60. p.666. 6. c.

Dio, 1.66. p. 749.d.

Suet. 1.8.c.21.
P.755.

Dio, l. 66. p.
750.b.c.

[ocr errors]
[ocr errors]

1.

'Aprés avoir donné le temps neceffaire aux affaires, "il fe pro- geftatio. menoit en chaise pour faire exercice; dormoit un peu, prenoit le bain, & puis foupoit, 'toujours avec un grand nombre de Senateurs, ou d'autres perfonnes inferieures, & fouvent chez fes Suet, c.22.p. amis, les entretenant avec beaucoup de douceur, de familiarité, & de gayeté.

756.

C. 12. P.747.

'Il ne diffimuloit point dutout la baffeffe de fa premiere fortune, & il fut le premier à fe mocquer de ceux qui luy vouloient Ι. σοφῶν μὲν ἐγὼ ἄρχοιμι, σοφοὶ δὲ ἐμοῦ.

I.

civilis & clemens.

patient fimus veri.

flectere.

dreffer une magnifique genealogie. 'Il alloit tous les ans paffer c.2.p.731| 24. l'été dans la petite maifon de campagne prés de Rieti où il P.760 eftoit né, & il n'y voulut rien changer. Dans les jours folennels

il buvoit dans une petite taffe d'argent, que fa grand❜mere

qui l'avoit elevé, luy avoit laiffée. Vologefe Roy des Parthes Dio, 1.66. p.
luy ayant écrit avec ce titre faftueux, Arface Roy des Rois, à Fla- 750.c.
vius Vefpafianus, il mit le mefme titre à la reponfe qu'il luy fit.

*********************************
ARTICLE X.

СЕРЕ

Bonté de Vefpafien; fa conduite envers Mucien & Domitien.
E Prince a toujours efté"bon & humain. a Il fouffroit com-
me nous avons dit, qu'on le raillaft,& repondoit de mefme
par des railleries, quelquefois un peu baffes, & quelquefois in-
genieufes. 'Quand on faifoit afficher des pafquins contre luy,
comme cela eftoit deflors fort ordinaire, il en faifoit afficher de
contraires, & ne s'en mettoit pas davantage en peine. 'Il ne fe
fafchoit point non plus ni des railleries couvertes des avocats,
ni des cenfures aigres des philofophes, bien loin de trouver
mauvais que fes amis luy diffent la verité avec liberté & avec
franchife. 'Un auteur du temps dit qu'il fouffroit la verité avec
une extreme patience.

[blocks in formation]

Tac. de orat.c.

3. p. 158.

Aur. Vict.

748.

Il aima mieux'gagner par des bienfaits ceux qui avoient efté les miniftres de la cruauté des tyrans, que les punir, voulant croire qu'ils avoient plutoft agi par crainte que par malice; & il n'en excepta que ceux qui s'eftoient fignalez par de grands excés. 'Entre fes autres bonnes qualitez, il avoit furtout vict.epit] Eutr celle d'oublier les injures, & de ne fe point venger de fes enne- Suct. c.14.p. mis. 'Il maria trés bien la fille de Vitellius. b Lorfqu'il fut difgra- Suct. 1.8. c. 1 4. cié fous Neron, Phoebus affranchi de ce prince le voyant emba. p. 748. bp. 748.7491 raffé de ce qu'il feroit, luy avoit dit d'une maniere fort dure, abire morbo "qu'il allaft fe faire pendre. Il luy vint demander pardon quand il le vit Empereur: & Vefpafien fe contenta de luy faire une reprimende un peu forte, & de luy dire auffi, [mais plus gayement,] qu'il allaft le faire pendre. 'Nonobftant fon extreme Eutr Aur.Vict. bonté, plufieurs conjurerent contre luy : & il ne les punit jamais guere que de l'exil, ajoutant qu'il avoit pitié de la folie de ceux qui afpiroient à l'Empire, parce qu'ils n'en fentoient poids & les épines.

niam is xvpaxas.

pas

le

Dio, 1.66. p. 750.d.

1. 'Les Rois des Parthes faifoient gloire d'eftre defcendus d'Arface. [ Mais je ne voy pas qu'ils euflent Amm. 1. 23. P. accoutumé d'en prendre le nom.] Sapor & d'autres mettoient leur noi propre.

248. dl. 17. F. 94. dj n. 13.

Suet. c. 14. P. 749] vicepit.

Il eftoit tres eloigne de faire mourir perfonne fur des craintes & des foupçons. Ses amis l'avertiflant de prendre garde à Metius Pompofianus, parce qu'on tenoit que fon horoscope luy promettoit l'Empire: au lieu de le faire mourir, il le fit Conful, ajoutant en riant: [ S'il devient Empereur, ] il fe fouviendra «< Set.v. Dom.c. que je luy ay fait du bien. 'Domitien le fit depuis mourir mal- « gré fon horofcope.

8. p. 99.

Eutrop.

'Il ne faut pas s'étonner aprés cela que Vefpafien ait efté extremement a mé du Senat, du peuple Romain, & de tout le Aug.civ.1.5.c. monde, & que S Auguftin l'ait appellé un Prince"tres bon & tres digne d'eftre aimé.

21.p.63. a. Suet. c. 13. P. 748.

Dio, 1. 65. p. 736. d.

fuaviffiraum

[ocr errors]

I.

'Entre les marques de la bonté de Vefpafien, on met la maniere dont il fe conduifit envers Mucien. ["Ce Mucien qui eftoit V. Vitellius gouverneur de Syrie 1 lorfque Vefpafien faifoit la guerre aux Juifs, avoit extremement contribué à l'elever à l'Empire, en l'animant plus que perfonne à cette grande refolution, l'appuyant enfuite de quatre legions qu'il commandoit, & de tout fon credit qui eftoit grand, & fe chargeant du foin d'amener les troupes en Italie pour faire la guerre à Vitellius.

Ces grands fervices euffent efté de grands crimes pour une ame balle & ingrate. Mais de plus, ]'Mucien qui n'avoit fait Vefpafien Empereur que dans l'efperance de l'eftre avec luy, Tac.l.2.c.83. 'agiffoit plutoft en collegue qu'en miniftre, avantoit infolemp.56.1.3. c.75. ment fon merite, & écrivoit hautement au Senat qu'il avoit eu l'Empire entre les mains, & l'avoit donné à Vefpafien.

p.8 1.

a 1.4.c.4.p.861 2. c.30. p.54.

c.78. p.82.

b Cependant on pretendoit qu'il avoit mefme tafché de re. 61.3.c.52.p.75 tarder la victoire de Vefpafien, pour pouvoir fe vanter d'y avoir eu part, 'que durant qu'on temporifoit un peu pour l'attendre, on avoit laiffé bruler le Capitole, & tuer Sabinus frere du Prince; & qu'il s'eftoit rejoui de cette mort, pour n'avoir perfonne qui luy difputaft le premier degré de l'autorité & de la 1.1.c.1o.p.8 2. faveur. 'Ses moeurs"eftoient d'ailleurs fi corrompues, que Vef- &c. pafien mefine [quelque peu chafte qu'il fuft, ]ne pouvoit s'empefcher de le condanner.

c.75.p.81.

C.5. P.35 Suet.

1.8.c.13.p.748.

Suet. p.7481
Vict.epit.

Dio, 1.66. P. 74. b. c.

e Tac. 1.1.c.10. P.7.

Pagian.67924

'Vefpafien fouffroit neanmoins & fa vie, & la maniere peu refpectueule ou mefme infolente dont il agiffoit avec luy, fans s'en plaindre jamais qu'en fecret & devant quelque ami commun. 'Il luy donnoit comme nous avons vu, un pouvoir absolu, l'appelloit fon frere, & [vouloit bien] qu'on le regardast pref que comme Empereur. [Cependant on ne peut douter qu'il ne 1. On a une medaille frappée à Antioche fous Galba & Mucien.

luy

1

« AnteriorContinuar »